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 La reine du théatre

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April Thursday
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La reine du théatre Vide
MessageSujet: La reine du théatre   La reine du théatre Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 22:49

Elle est la reine dans son théâtre, celui de sa vie.

Ici, c'est elle qui décide, les autres, ce ne sont que des figurants, quelques acteurs par ci par là pour pimenter le tout. Bien sur, il faut qu'ils soient beaux, qu'ils soient attachants, sinon ce n'est pas intéressant, et pas aussi drôle de les briser. Eh bien quoi, elle est la reine, il faut bien qu'elle s'amuse non? Les autres ne sont là que pour ça, ils ne sont pas "humains", juste des poupées dont elle dispose à loisir.

Elle n'existe que par le regard des autres, il faut qu'ils la voient, prêtent attention à elle, pour cela elle est prête à tout.
Pour cela, elle s'habillera différemment des autres, pour qu'on la remarque, qu'on parle d'elle, mais pas trop différemment non plus. La différence entraine un rejet de certaines personnes, or elle a besoin du regard et de l'attention du plus de gens possibles.
Pour cela aussi, intriguer, créer des situations, toujours s'impliquer dans les histoires. Elle est la reine de son théâtre, il faut bien qu'elle s'amuse, et si des histoires il n'y en a pas, elle n'a qu'à en créer. Quoi de plus facile, ses marionnettes ressourcent de vices, elle n'a qu'à les révéler, et s'ils n'en ont pas, elle n'a qu'à leur en inventer. Elle est la reine, elle fait ce qu'elle veut.
Mais elle n'est pas que la reine, elle a aussi le rôle principal dans sa vie, voilà pourquoi elle se doit de faire preuve de tels talents d'actrice. Une bien légère peine à se donner, si elle veut pouvoir manipuler et conserver ses marionnettes autour d'elle. Chaque fois qu'ils font mine de vouloir quitter son théâtre, elle n'a qu'à leur faire la scène de la fille épleurée, qui a changé, qui reconnu ses erreurs et veut une nouvelle chance. Haha, et ils y croient à chaque fois... On ne peut pas leur en vouloir, ce ne sont que des mannequins là pour meubler sa vie.

Leurs sentiments? Quels sentiments? Seuls comptent les siens, si tant est qu'elle en ai, autre ce besoin de reconnaissance des autres.
Curieux, non? Tu méprisent ces êtres que tu manipules à ton gré, que tu n'estimes en aucune mesure malgré tes sourires et tes embrassades hypocrites, et pourtant sans eux tu es désespérée, car tu n'existes que dans leur regard et leur pensée. S'ils ne te voient pas, ne font pas attention à toi, quelle différence avec la mort alors? Voilà pourquoi tu joues avec ta vie si facilement, parant ton corps d'émotions factices, créant une attention encore plus grande autour de toi. Voilà pourquoi tu balade allègrement ceux qui tiennent à toi, pour te convaincre que tu es importante, que tu en fais ce que tu en veux, que tu compte pour eux, preuve une fois de plus que tu existes.

Est-ce si effrayant de ne pas exister? Je crois que oui. Je crois aussi qu'il y a d'autres solutions à l'existence que de sacrifier celle des autres, mais cela tu ne veux pas en entendre parler, car ces solutions sous-entendent que tu te mette au même niveau que ces "marionnettes" avec lesquelles tu joues, ce qui voudrait dire pouvoir éprouver leurs souffrances, et ça non, tu ne le veux pas... C'est bien mieux de souffrir à cause de sa propre médiocrité plutôt qu'à cause des autres, ça oui... Tellement plus confortable... Car ainsi, tu peux te leurrer, te réfugier dans ton beau théâtre, cadavre parmi les vivants qui le peuplent, mais persuadée de leur être supérieure... Ainsi, tu es la reine, la reine désincarnée d'un théâtre qui n'existe que dans ta tête...




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