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Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

Ambiance Blade Runer, The Island, Total Recall, et tant d'autres où les libertés sont étranglées...
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 Le rêve

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Orthodoxe
Esclave de corps et d'esprit

Blanche
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Le rêve Vide
MessageSujet: Le rêve   Le rêve Icon_minitimeMer 6 Avr 2011 - 23:31




" Doucement, à petit pas, elle traversait le cimetière.
Il ne faisait ni jour, ni nuit; les réverbères étaient allumés mais la lumière qu'ils diffusaient ne dessinait pas sur le sol de cercles lumineux. Il faisait gris, sombre. Le soleil fragile, revendiquait tout de même sa présence, effacé derrière les monceaux de nuage dans le ciel. On avait posé sur le monde, un voile transparent, qui estompait les impuretés, noircissait le bonheur, lissait la vie, étouffait les cris.
Les cyprès de leurs corps longs et verdâtres déchiraient l'étoffe de coton pour imposer leur présence. Ils se balançaient au rythme du vent d'ouest, égrainant dans leur danse un sifflement insipide. Leurs corps de contorsionnistes pliaient sous le souffle parfois violent, et luttaient avec prestance contre la perfidie des aspirations. Ceux qui les auraient crus faibles, se seraient trompés, ils avaient pour eux la sagesse immobile, la respiration infinie, l'oxygène en suspension. Ils étaient vivants, pas elle, plus elle.

Le froid ne la faisait pas frissonner, pourtant elle était nue. Complètement. Sa peau blanche, rougie par endroits par une ébauche de soleil, se laissait caresser par l'air froid d'un été manqué. Ses lèvres bleuissaient presque, ses yeux fixaient un point à l'horizon, par delà la vie, par delà la réalité. On aurait dit qu'elle rêvait, il n'en était rien. Elle tentait vainement de comprendre l'incompréhensible, d'encaisser le lourd tribut du temps qui passe, d'aimer celui dont le doux sourire lui échappait, d'avancer un peu plus loin.
Le mur gris lui faisait face, elle marchait vers lui.
Son coeur ralentissait doucement ses battements. Il s'éteignait comme s'il sentait l'hibernation proche. Elle avait bien assez de réserves pour passer le restant de sa vie entre vie et mort, en attente d'un prochain départ, d'un printemps. Son ventre arborait des bourrelets ronds, jolis presque, qui s'étageaient en cascade de la courbure de ses seins à son bas-ventre. Ses épaules s'affaissaient légèrement et ses bras se balançaient en rythme le long de ses hanches, à chacun de ses pas.

Le vent avait arrêté de souffler, il semblait attendre l'instant où elle s'endormirait, pour lui chanter en silence la dernière berceuse de son enfance. Elle le remercia dans un murmure de lui accorder un répit, de laisser le temps au temps.
Un sourire se dessinait sur ses lèvres, tandis que doucement des larmes se mirent à couler sur ses joues. De fines gouttes salées qui striaient son regard bleu terne et finissaient leur course à la commissure de ses lèvres ou au creux de son cou, laissant une trace humide de leur passage furtif. La vie, éphémère, tenta de la prendre à la gorge, elle la repoussa bien loin. Elle n'était pas triste, elle n'était pas joyeuse, ni heureuse, ni malheureuse, pas non plus morose ou mélancolique, comme elle avait si souvent pu l'être. Non, elle prenait juste conscience que ses espoirs étaient vains, que sa vie n'avait aucun but, que son âme ne demandait qu'à fuir.
Elle savait qu'elle mourait, que ses espoirs la tuaient, et que son âme s'éteignait. A quand la fin? Pourquoi pas aujourd'hui?

Le vent reprit sa course interminable, soufflant dans ses cheveux à tel point qu'elle ne voyait plus la tombe qui s'ouvrait devant elle. Elle y tomba, dans un bruit sourd, d'os brisés, de nerfs éclatés, de tendons déchirés. Sa vie s'éloigna, ne restèrent plus que les regrets. Regret de n'avoir su percer le voile gris, de ne pas avoir su éclairer son monde, et celui des autres. Son âme s'envola, son cœur s'éteignit, ses espoirs s'embrasèrent.
Et alors que le fossoyeur se mit à son travail, déversant sur elle par pelletées la terre meuble et brune, elle versa sa dernière larme. "




J'ouvris les yeux sur un pan de mur encore gris et sale. Le rêve flotta quelques instants dans mon esprit, puis s'estompa, tout du moins en surface. Je le connaissais par coeur, à force de faire le même, toutes les nuits ou presque.
Dans mon dos la lumière de l'aube filtrait au travers des fenêtres. Il n'y avait aucun bruit au dehors, il devait être tôt, car l'agitation ici commençait dès sept heures du matin. J'écartais la couette, la repoussais au bout du canapé; je n'avais pas encore eu le temps d'aménager les lieux, pas de lit, seulement un canapé, le béton froid sous mes pieds, quelques vêtements posés sur une chaise près de la fenêtre. Je les enfilais.
Il n'y avait encore ni cuisine, ni salle de bain, pas même un lavabo. Seulement une ébauche dans un coin de la pièce: des tuyaux qui jaillissaient du béton, inutiles. J'avais engagé un plombier pour qu'il me fasse le boulot, mais il ne passerait que sous deux jours. Alors d'ici là, j'étais contrainte de prendre mes repas au rez-de-chaussée, et mes douches là où on voulait bien.

Je pris un billet de dix dans une poche de mon imperméable et refermait la porte derrière moi. Pieds nus dans les escaliers, alors que je dégringolais les marches, enfin, je cessais de revoir ce visage, celui de mon rêve: mon visage.



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MessageSujet: Re: Le rêve   Le rêve Icon_minitimeLun 11 Avr 2011 - 10:40




" Tu mets ça sur ma note, Balt, je paierais demain. "
" T'as déjà dit ça hier. "
" Ouais, mais là c'est différent. J'aurais de quoi régler mes dettes ce soir. "

J'attrapai l'assiette posée sur le comptoir, et montai les escaliers quatre à quatre.
Il était presque deux heures, j'avais passé toute la matinée, assise devant la fenêtre à regarder les gens traverser la rue, se disputer un morceau de toile de jute, trinquer, rire aux éclats, tout ça pour oublier le rêve. Il était revenu et ne me quittait plus. La toute première nuit il avait fait son apparition, puis s'était absenté pendant quelques semaines. Et depuis lundi, il revenait dès que je m'endormais. Je me réveillais en sursaut aux aurores; Balt venait tout juste d'ouvrir L'Epave, et le déhanchement des cyprès, le bruit de chair déchirée me hantait toute la journée. Je ne pouvais rien y faire.

Je déposai l'assiette sur la table. Maintenant, il y avait une table. Il y avait même un lit, un vrai, pas un clic-clac, trois fauteuils autour d'un vieux coffre qui faisait office de table basse, des casiers en métal le long de certains murs, une bibliothèque immense et vide. Je n'avais plus assez pour m'acheter de quoi remplir les étagères, ni pour payer l'électricité. Aussi, j'avais beau avoir une cuisine digne de ce nom, j'en étais malgré tout réduite à prendre mes repas à crédit au rez-de-chaussée.
De l'autre côté de la pièce, le plombier m'avait finalement installé une salle de bain, mais pour les douches, c'était la même chose, je devais me contenter d'eau froide.
Toutes mes économies étaient parties dans l'aménagement de cet endroit. Je ne le regrettais pas, cela en valait la peine. Pour la première fois, j'avais un véritable chez-moi. Un endroit qui m'appartenais, que j'avais obtenu "honnêtement" sans usurper une quelconque identité. Un endroit où je faisais des cauchemars mais où personne ne venait m'ennuyer.

Dehors il faisait beau, sans doute, car la fumée des docks non loin, le brouillard quotidien, diluait la lumière du soleil. Sous mes pieds nus, pourtant, le parquet neuf était tiède.
J'attrapai quelques feuillets posés à même le sol, et les posai devant moi. Du bout de la fourchette, je triai les morceaux dans mon assiette. Balt n'était pas ce qu'on pourrait appeler un fin cuisinier. Il faut dire que L'Epave n'accueillait pas non plus les plus fins gourmets de la ville. Il avait tenté d’accommoder les restes d'un vieux pâté industriel avec une sauce au beurre... Et c'était comme le reste sans saveur, sans odeur, mais mangeable.
Du bout des doigts je caressais les pages jaunies. Je les avais eues pour pas cher à un type louche trois rues plus loin qui revendait sous le manteau des objets d'autrefois miraculés. J'y avais laissé mes dernières économies. Sur la première page s'étalait un titre en lettres capitales, presque illisible, et dessous en minuscule le nom du compositeur. C'était une édition originale d'un vieux morceau de jazz qui me tenait à coeur. Je le jouerais peut-être ce soir, si l'envie me prenait, en attendant, il prendrait gentiment la poussière sur l'une des étagères...

Je déposai l'assiette dans l'évier, et me glissai dans mon lit. J'étais fatiguée, usée un peu; les cicatrices sur ma nuque me faisaient mal, c'était mauvais signe. Je fermai les yeux et presque aussitôt le sommeil vint.
Il n'était pas seul, avec lui...
" Doucement, à petit pas, elle traversait le cimetière... "



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