- Tu sais si tu pars, tu pourras plus écrire.
Elle essayais de me toucher, elle s'y prenait assez bien. Mais trop tard. Je crois qu'elle a compris. C'est en parti de sa faute de toutes façons.
Elle a raison peut-être, Je ne pourrais plus écrire. Peu importe, j'écrivais mal.
Et puis trop tard, je suis déjà sur le quai, j'attends mon train.
Pas de train? Tant pis, je pars quand même.
Je ne composte pas mon ticket, pas besoin, ce train là, je le prends en pleine gueule. Je me suis assis sur les voix. Menotté je ne craint plus ma lâcheté. Il devrait m'arriver bien en face, me passer sur le corps, m'emmener, m'écraser, m'éparpiller, sans s'arrêter.
Quel train de vie on mène quand même.
Tous ici se battent pour le plaisir. C'était bien ça. Une lutte pour notre bon plaisir. Une guerre pour la liberté et le gout du steak. On vie terré et on crève de faim.
On se bat pour notre petit bonheur, on est pas différent d'eux au final.
J'ai presque l'impression de sentir sa main sur mon dos, elle me touche bel et bien.
- Et l'amour?
Je l'emmerde.
Qu'on ne me parle plus de lui. Je n'écoute plus.
Il se débrouillera bien sans moi, il ne vaut plus que je me batte pour lui. Au fond, c'est pour lui qu'on se battait tous. Il nous le rend comment? Cotes cassés, coups dans les dents. Il se débrouillera bien sans moi, ça n'y changera rien. Pas que je ne veux plus, je ne peux plus. Je ne crois plus en rien, et certainement pas en l'Homme, pas même en moi.
Encore une voix, une annonce sur le quai. Mon train approche, pile à l'heure, même un peu en avance. C'est qu'il sait tenir la cadence, il ne s'arrête pas aux obstacles, pas plus que sur moi.
Fuir c'est pour les lâches. Renoncer, c'est mourir. Les implants sont pires que la mort.
Mais la mort, l'amour en a le gout et trois quart des lettres. C'est un putain de cancer, je préfère encore le train. Mort rapide.
- Et tu fais quoi après ?
Après je me réveille.
[Orthodoxe non-implanté]