Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)
Ambiance Blade Runer, The Island, Total Recall, et tant d'autres où les libertés sont étranglées... Chut! Big Brother... La délation est l'arme des cafards...Bienvenue dans notre Monde!
Image de la salle d'un bar miteux des bas quartiers. Quelques lumières violacées et jaunes qui rappellent vaguement le désir d'ambiance chaleureuse. Il n'y a pas encore de clients mais il en viendra (et oui, il y a des gens qui arrivent à boire là-dedans). Derrière le comptoir, un type blond barbu et hors d'âge lance des insultes en se bagarrant avec une holocaméra.
Quelques coups sur la lentille qui ne la rendent pas moins opaque.
Cole « Matos de merde ! On se croirait chez les NOD. Bien la peine d'être augmenté pour pas être foutu de faire marcher une p*** de caméra. Randy ! Viens ici !»
Un vieux robot humanoïde, un modèle miliaire à roues, sort du trou dans le mur le plus large de la pièce et s'approche du type blond.
Randy : « Vot service Commandant ? »
Cole : « Je t'ai déjà dit de ne plus m’appeler comme ça. »
Désignant la caméra :
Cole : « Ce truc ne marche pas »
Randy : « Permettez patron ! »
D'un geste souple et mécanique, le robot Randy saisit la caméra. Après quelques mouvements incompréhensibles pour un œil humain, la caméra s'allume sous les sourcils froncés d'un Cole contrarié, mais soulagé.
Cole : « Bien, tu peux y aller. »
Randy : « Vot service Commandant.»
Et Randy s'en retourne par le trou d'où il est sorti, sans doute l'accès à la cuisine.
Cole s'éclaircit la voix et commence à parler, face caméra.
Cole : « Bien, hum. Fichier d'archive numéro 1. Je me présente : Cole Scwartz, commandant réformé du NOD. Enfin réformé, mis à la poubelle selon la procédure légale en vigueur. J'ai pris possession de cet endroit, le bar du rat qui tousse. Il y a bien le chat qui prise et le chien qui fume, il en faut bien un qui tousse, ce sera le rat : question de logique. Avant moi, cinq propriétaires se sont succédés ici : tous morts et de mort violente. Le premier était un citoyen qui voulait égayer son quartier avec un établissement typique. Le gars qui l'a braqué au deuxième jour d'ouverture a emporté la caisse et la cervelle du patron en cadeau. Le second proprio était un Auto qui se croyait malin en investissant pour sa retraite. Quel flair ! Il ne faut pas toujours écouter le gouvernement. S'il y a une subvention, c'est qu'il y a une raison. Malgré les systèmes de sécurité renforcés, la grande explosion du dôme a fait tomber un tas de gravas qui a obstrué l'entrée. Il est mort asphyxié avec ses rares clients, à moins qu'ils ne se soient mangés entre eux, on ne sait pas trop. Le troisième et le quatrième ont voulu en faire une plaque tournante de trafic de drogue. Le problème de la drogue c'est son côté réglementé, surtout par ceux qui tiennent le marché. On a retrouvé leurs deux paires de pieds, coupés ras des chevilles au coin de la rue devant les poubelles (enfin les anciennes poubelles). Le reste des deux types doit voler dans l'air autour de nous. Le cinquième a été fumé par des NOD sous ma supervision. Un déviant, enfin je crois. J'ai appris après qu'il tenait un bar et comme personne ne l'avait repris depuis, m'y voilà. »
Cole se gratte la nuque lentement tout en reprenant.
Cole : « Je ne vais pas trop m'étendre sur moi. J'ai débuté au NOD et j'ai gravi les échelons. Aspirant au bout de 6 mission réussies, puis enseigne au bout de 12. Lieutenant après 18 missions puis 24 pour passer Capitaine, 30 pour le grade de commandant et enfin je suis devenu formateur au bout de 36 affaires réglées. 36 ça paraît con comme chiffre, mais j'ai mis du temps à remarquer que le gouvernement aimait compter en base 6. Sais pas pourquoi... Bref, j'ai été un des piliers de notre gouvernement Européen, j'ai formé des ribambelles de ces petits salopards qui vous massacrent à la première oscillation suspecte du signal de contrôle de votre implant Endvice. J'en suis pas fier, plus maintenant surtout depuis que le mien a commencé à dérailler. Je me souviens c'était après un nettoyage de groupe : des sortes excursions que j'organisais avec les aspirants. En voyant une vibrolame traverser les corps enlacés d'une valkyrie « dépucelée »(*) et d'un orthodoxe fugitif, je ne sais pas ça a du faire comme un choc. Sur le coup j'ai ressenti un picotement dans le bras, comme si un insecte m'avait piqué et puis plus rien. Mais c'est à partir de ce moment là que les rêves ont commencé. J'aurai pu le signaler, mais j'ai eu peur qu'on me lobotomise alors je n'ai rien dit. Au fil du temps j'ai perdu en efficacité, mes constantes sont devenues merdiques. Personne ne s'en est vraiment soucié, c'était au moment où le dôme s'est écroulé. Puis un jour on m'a donné mon congé, réformé comme un vieux sac. En fait j'étais content... Je me suis tiré de là et j'ai fait couper mon traceur qui ne marchait déjà plus que par intermittence. J'ai pris le pognon que j'ai pu et je me suis réfugié ici. »
Cole renifle un grand coup puis ajoute, presque nonchalant :
Cole : « Ah oui, un jour en pleine bourre j'ai laissé filer un insurgé. Le gars ne l'a pas oublié, c'est grâce à lui que j'ai pu reprendre ce bouge. J'en dis pas plus pour l'instant. Je le souligne parce que la reconnaissance n'est plus monnaie courante ces temps-ci. »
Prenant une longue inspiration :
Cole : « Donc ouverture du rat qui tousse, tout est à volonté uniquement si vous payez.Et pour ceux qui en aurait après la caisse, n'oubliez pas que si le plaisir est interdit, la souffrance ne l'est pas ! Merci, fin de transmission. »
Cole se met à triturer la caméra rencontrant autant de succès pour l'éteindre qu'il n'en a eu pour l'allumer.
Cole : « Nom de chiotte. Randy ! Comment on éteint ce truc ? »
Une voix provenant de la cuisine répond :
Randy : « Comme pour l'allumer Commandant ! »
Cole (grommelant) : « Tout est dit... »
Cole (criant) : « Bon bah amène toi et t'en profiteras pour déverrouiller la porte. J'ai autre chose à faire que de jouer les stars de télécran. »
Randy : « Ok chef »
Et Cole se sert un verre tandis que Randy éteind la caméra et court ouvrir la porte du Bar du rat qui tousse. Établissement trois étoiles.
(*) terme de l'argot NOD pour dire « sans implant », réservé aux valkyries
Sujet: Cole Schwartz : NOD au rebut 
Lun 12 Aoû 2019 - 22:07