Tour d'horizon

Sujet: Tour d'horizon Sam 27 Mar 2010 - 16:06

Je suis assis là, à cette table dans un coin du Bagdad. Un coin sombre, à l’écart comme toujours.
Je cherche rien.
Je bois un truc commandé à la va vite, je sais même pas ce qu’y a dans mon verre. C’est bleu. Je m’en fous, ça pourrait être noir ou rose tarlouze, je m’en cogne. Je suis pas là pour apprécier la couleur de mon verre ni ce qu’il y a dedans.
Je suis là pour…
C’est mon job.
Je fouille.

Ce soir, j’ai pas de mission, aucun mandat, rien. Je suis mon instinct comme on m’a appris, comme un bon soldat. Je traine dans ce café à putes pour trouver un putain d’insurgé ou un de ces sale rat qui balance pour leur compte.
Je bois, je matte, j’enregistre chaque mouvement de foule, les regards qui se croisent d’un peu trop prés, les signes que les autres ne voient pas et que moi, j’ai appris à repérer. Je suis un bon chien, j’ai du flaire.
Les va-et-vient, les chassez-croiser, c’est le ballet des Valkyries qui font leur job, elles aussi. Refiler du plaisir à tous ces moutons, quelle plaie.
Le plaisir… un truc que j’ignore et que je veux pas connaître. Je veux pas qu’on fouille dans ma cervelle. D’habitude, c’est moi qui fouille dedans et si c’est pas la mienne, je fouille à grands coups de bâtons pour que ça gicle.
C’est mon job, embarquer, faire parler.

Merde, je m’enfilerai bien un truc qui déménage plus que ce liquide bleu.
Oublier… oublier ce monde pourri et sa crasse à tous les étages.
Même ici où tout est lustré, feutré, propre, la crasse se sent dans l’envers du décor.

Sujet: Re: Tour d'horizon Dim 28 Mar 2010 - 17:11

Près du bar, une jeune femme discute avec le barman. Elle sourit, boit une gorgée de son cocktail favori.
Elle se retourne et regarde la salle, concentrée, elle scrute les clients et ses compagnes.

Un couple qui s'en va, en voilà un qui a trouvé son bonheur. Un autre assis dans le fond, les yeux rivés sur la danseuse de charme qui bouge devant lui. Près de là, à l'ombre d'une colonne, deux filles discutent en regardant un bel homme qui fait sa commande, sûrement pas d'accord sur celle qui ira l'aborder.

Son regard se perd plus loin dans la salle, vers ces tables discrètes que beaucoup apprécient pour le côtés voyeurs qu'elles offrent. Son regard se pose sur lui, seul et concentré. Il scrute, comme elle.

Elle le regarde un instant, ses yeux se plissent tandis que ses lèvres dessinent un sourire de circonstance. Lentement, elle s'approche de la table de ses pas léger et félin.
Ses mains en appui sur la table, elle se penche près de lui, de son oreille, si proche qu'elle sent son souffle dans son cou, dans son oreille elle chuchote d'une voix douce.

Bonsoir, ne cherchez plus, c'est pour vous que je suis là ce soir.

Elle se recule un peu, mais pas trop, son regard se planta dans celui de son interlocuteur durant quelques secondes, comme pour l'hypnotiser. Elle s'installe à ses côtés sans le lâcher du regard et pose doucement une main sur la sienne, sensuellement et elle ajoute.

J'ai très soif, pas vous?

Sujet: Re: Tour d'horizon Lun 29 Mar 2010 - 11:12

Curieux. Elle n’a pas peur.
J’ai pas d’uniforme, pas de signe qui indique ma fonction. Je pourrais presque jouer avec elle pour voir si la dinde connaît du beau monde.

Te penche pas trop prés, je pourrais cisailler ton artère et te regarder crever sur le sol, entourée de ton sang comme une madone trop curieuse.
Tu es là pour moi ? C’est bien, moi je suis là pour la pourriture qui vient squatter tes jolis formes.

Elle sent bon. Ça pourrait être agréable si je savais que c’est. Agréable… une sensation que j’ignore, une de plus. J’en connais le mot, la définition, mais le sens m’échappe.
Faut que je prenne un cacheton, j’ai besoin d’une turlutte chimique pour me remettre les idées bien en ordre, bien rangées, bien conformes.
Merde, je transpire comme un porc. Trop de temps depuis ma dernière dose.

Je sursaute quand elle pose sa main sur la mienne. Un mouvement de recul, une méfiance. On fait tous ça, les NOD. Pas l’habitude d’être touché. Pas de cette façon. C’est trop doux, trop sirupeux, trop…
Je retire ma main.

Bordel, une dose… rien qu’une… si je lui demande, je flingue ma couverture.
Je suis coincé là et ça commence à m’énerver. Je crispe la main sous la table, les ongles déchirent la peau. Rien de grave, que du superficiel discret, juste de quoi faire monter l’adrénaline et calmer le manque, redescendre sur terre le temps de bazarder cette entrevue avec la dinde.
Un truc de soldat, l'adrénaline.

Un verre, pourquoi pas.
Demandez, vous êtes chez vous ici, pas moi.

Sujet: Re: Tour d'horizon Lun 29 Mar 2010 - 17:37

C'est la première fois, elle le sent, elle le sait. Il transpire, elle regarde une goutte descendre le long de sa tempe, elle approche doucement un doigt pour la stopper, mais se ravise au dernier moment. Il a déjà retiré sa main. Ne pas trop les brusquer, ne pas aller trop vite, leurs laisser le temps d'assimiler ces sensations nouvelles. Comme une bonne élève, elle se tourne en direction du bar et fais un petit signe de tête à l'homme qui se tient derrière, il sourit, il n'attendait que ça, il sait ce que les hommes ont besoins quand une fille jette son dévolu sur lui, il en a trop souvent vu ce faire emmenés les pieds devant.

Tandis que le barman prépare deux verres, Samia regarde à nouveau l'homme. Il parait nerveux, ou en manque si elle se fie à ses yeux, ce regard qu'elle a déjà trop souvent vu ici. Elle repousse doucement sa frange. Chaque gestes étudiés mille fois, répétés encore et encore, ces gestes si simple mais qui prennent une toutes autres ampleur quand c'est l'une de ses femmes qui les fonts.

Je m'appelle Samia.

Elle se penche légèrement de côté, appliquant soigneusement ses mains sur les épaules du NOD, elle lui dit, en faisant de légère pression, d'une voix toujours aussi douce.

Détendez-vous, ça ne vous fera que du bien.

Elle n'attend pas qu'il se présente, inutile vu que la plupart du temps ils mentent, la honte, des envies qu'on préfère cacher et enfouir au fond de soi. Elle n'attend rien de ceux qui se présente ici, elle est là pour donner, donner tout ce qu'on lui a apprit sans rien demandé, sans rien vouloir. Elle suit l'enseignement de ses souvenirs, tel un GI entrainer pour le plaisir corporelle et la transmission de tendresse.

Sujet: Re: Tour d'horizon Mar 30 Mar 2010 - 13:10

Je recule, comme je peux, comme un sursaut avorté, bloqué par la raideur de la nuque.
Je suis pas un chien qu’on caresse et qui tire la langue en bavant. Je suis Mad, le Mad Hatter, pas Médor. Je me couche si je veux, j’ai pas d’ordre la dessus, pas de toi.
Et arrête de me dévisager.
Je pourrais t’arracher un œil.

Bordel, pourquoi je me laisse faire.
Je suis une vraie chiffe, bientôt on va m’appeler Castra en dentelle.
J’ai la tête qui tourne, putain mais y a pas de dope dans ce claque ?

Mad, Mad Hatter.

Ses mains…. C’est comme des griffes qui s’aiguisent sur ma peau. Ça arrache le cuir sans laisser de trace, c’est… je peux pas… je peux pas !

Je repousse, je la repousse, brutalement, sauvage, au bord de la crise, prêt à trancher
Sa gorge
Faire gicler son sang
Et éteindre ce regard qu’elle a plongé dans le mien
Sectionner ses mains
Et arrêter ce supplice
Insupportable.

Les verres sont renversés. La table est couverte de liquide, les couleurs noyées les unes dans les autres. Ça dégouline sur les bords et goutte, à goutte, comme le sablier, grain après grain, compte le temps, s’écoule comme le liquide fuit la surface pour s’affaler sur le sol, et nourrie le plancher, goutte, à goutte…
Flic
Floc
Le temps s’est arrêté sur cette table, dans le vrac des verres et des couleurs.
Le temps de réaliser mon geste, l’incompréhension qu’il suscite, qu’il sous-entend.
Trahi.
Peut-être

Je ne suis pas désolé.
Je suis un soldat
J’obéis
Je chasse
Je stoppe
Je tue

C’est pas une pute qui va changer ça.

Pourtant…

Les griffes sur ma peau… ont laissé une sensation différente. Je reste suspendu, incapable de parler, touché.
A vif.

Sujet: Re: Tour d'horizon Mar 30 Mar 2010 - 18:40

Il la repousse. Ses gestes démontrent qu'il ne veut rien mais pourtant son corps la réclame, l'appelle. Peut être elle se trompe. Il ne bouge pas, ne dit rien, ne fuit pas, non elle ne se trompe pas.

Elle sourit, elle a tant l'habitude de ce genre de réactions, c'est si dur pour eux d'accepter qu'ils sont comme les autres, qu'ils sont comme tous ces hommes qu'ils ont surement critiquer plus d'une fois.
Elle regarde le barman approché, il essuie la table, sans rien dire. Plus de trace de son refus, de ce geste vif, sauf une tache au sol, témoignage silencieux de la scène qui vient de se dérouler devant ses yeux. Une fois la table essuyée de tout liquide, il pose les deux petits verres sur la table, sourit à Samia et retourne à sa place.

Elle prend les deux verres et en tant un à l'homme assis à ses côtés.

Buvez cela, ça vous remettras les idées en place.

Elle avait dit cette phrase accompagné d'un petit rire sans moquerie. Elle le regarde prendre le verre, elle le regarde boire, elle semble le jauger, voir jusqu'où elle peut aller avec lui, comment le faire dépenser sans qu'il ne s'en rend compte.
Elle descend son verre cul sec, ce qui la fit légèrement frissonner, sans le lâcher du regard. Elle tente une nouvelle approche, doucement.

Peut être préférez vous une visite des lieux? Vous ne pourrez que y trouver votre bonheur ici.

Et je pourrais vous guidez dans les méandres de vos envies, se dit-elle intérieurement. Guidez le client, l'amener petit à petit à avouer ses désirs les plus profonds.

Sujet: Re: Tour d'horizon Mar 30 Mar 2010 - 23:06

Petit oiseau fragile… tu as tellement confiance en toi.
Si tu lisais en moi, ta main tremblerait comme une feuille, le verre vacillerait et se briserait comme le reste, comme tout ce qui est en moi, comme tous ceux que j’ai brisé, écrasé, éviscéré comme des porcs à l’abattoir.
Tu vois en moi la même chose qu’en ces chiens qui lapent le comptoir et qui bavent dans le cou des autres, celles qui sont comme toi, celles qui vendent le plaisir.
Si tu lisais en moi, tu vomirais la haine en maudissant ce que je suis.

Oui, je prends ton verre
Non, je ne veux pas ce que tu as à offrir.

Le bonheur ?
Je ne sais pas de quoi tu parles.

Pourtant, je me lève et me tiens prêt à te suivre.
Comme un bon toutou.

Emmènes-moi, conduis-moi vers ton bonheur pour voir à quoi ça ressemble.

Sujet: Re: Tour d'horizon Mer 31 Mar 2010 - 21:15

Elle se lève lentement, Elle a réussi à l'amadouer? Le rendre docile, comme les autres? Probablement pas. Il a le regard dur, il est distant. La peur de l'inconnu? La peur d'aimer ce qu'elle peut lui offrir? Ou est-il ainsi, distant, solitaire, autoritaire. Samia commence à prendre plaisir à s'occuper de lui, ça lui change des autres qui sont si... si redevable... Si facile à mener par le bout du nez, à satisfaire.
Oui, il n'est pas comme les autres, seul certitude dans l'esprit de Samia.

Lentement, elle s'approche de lui, lui prend la main tendrement et lui dit presque en chuchotant.

Je suis là pour ça, vous apprendre, vous donnez ce bonheur que tout bon citoyen mérite.

Elle l'entraine doucement, sans le brusquer, surtout ne jamais les brusquer la première fois. Elle l'emmène, sans dire un mot, à l'extérieur du Bagdad, suivant le couloir vitré et froid de sa maison, son chez elle. Elle connait chaque endroit par cœur tellement elle y a passé de temps enfant.

Elle lui montre les salles différentes, lui expliquant ce qu'il peut y trouver, le plaisir qui l'attend à l'intérieur, les secrets qui se cachent derrière chaque mur. Le plaisir de l'ouïe, le plaisir du palais ou le plaisir charnel, ou même les trois l'un après l'autre.

Après lui avoir tout montré, tout fait visité, elle s'arrête au milieu du couloir. C'est le moment, qu'elle préfère, connaître les désirs cachés de ses clients, connaître leur envie secrète. Elle le regarde, s'approche de lui doucement sans lâcher sa main qu'elle caresse doucement du bout des doigts.

Dites moi quel plaisir vous voulez découvrir, dîtes moi celle que vous voulez que je sois et je serais cette femme, plaisir de vos rêves avec la femme de vos rêves, je peux faire tout ça.

Elle reste ainsi sans bouger, a-t-elle été trop vite, Elle attend, son regard plongé dans le sien, ses doigts caressant doucement sa main d'un geste apaisant de va et vient.

[Hrp : je te laisse choisir la pièce que tu préfère pour continuer, sauf si il veut retourner au Bagdad Smile

]

Je sais pas pourquoi je la suis, pourquoi sa main procure une sensation… agréable ?
C’est ça, agréable.
J’ai jamais ressenti le besoin de savoir ce que les Valkyries peuvent faire. C’est pas mon affaire. Au centre, on m’a dit « chacun son boulot », j’ai fait ce qu’on m’a dit, mon boulot. Le reste, rien à foutre.
Tellement rien à foutre que je la suis et que je me laisse mener comme un bon toutou. Y a vraiment un truc qui tourne pas rond chez moi.
Peut-être le manque.

La visite est terminée, faut que je choisisse ce que je veux. Ce que je veux… si j’en avais la moindre idée, je serais pas là à faire le pingouin et à transpirer à grosse gouttes.
Sauvez par le gong. La vitre du Bagdad vole en éclats.
Chouette, les affaires reprennent.

La machine est rodée. En une demi-seconde le soldat est prêt. Prêt à faire son job.
Arme en main, dos au mur, dans l’autre demi-seconde, mon autre bras plaque Samia contre la paroi de verre. Je sens son cœur qui bat à fond la caisse. C’est le genre de détail qu’on remarque malgré le laps si court du temps qui vient de s’écouler.
Ensuite, j’observe. Juste le temps d’enregistrer la scène et de repérer chaque détail. Là, un type avec une blessure au bras, la bas un autre… Et eux, combien sont-ils, quelle est leur position, définition du choix d’intervention… Le tout étant d’en buter le maximum avec un minimum de perte. C’est mal vue les pertes quand il s’agit du beau monde…

Je l’avais pas repéré.
J’ai ressenti la douleur à la tête, sur la tempe. Et puis le sang qui coule dans les yeux et brouille la vue. Aveuglé. J’ai eu ce geste que j’ai pas compris, je me suis retourné et contre elle, j’ai fait le mur. Je l’ai protégé des terroristes au lieu de vider mon chargeur dans le tas.
Tout le reste est devenue flou, les idées dans la pâtée pour chien.
Il y a eu cette douleur dans les cotes, et puis… plus tard, je sais plus combien de temps, une autre détonation m’a écrasé le tympan, le bruit du verre qui explose avant de tomber en pluie sur le sol.
Le silence.
Ils sont plus là.

Mes genoux ont joué les filles de l’air, j’ai failli m’écrouler en glissant contre elle et le mur de verre. Je me suis ressaisie, un peu secoué, et j’ai récupéré mon flingue que j’avais laissé tomber.
J’étais plus bon à grand-chose.
J’ai juste dit « retapes-moi » en passant ma manche sur mes yeux plein de sang.

HRP : il est HS, c'est toi l'infirmière Smile

Tout allait si bien pourtant, trop bien sûrement. Elle sentait qu'il était à point, qu'il allait craquer, du moins il ne la repoussait plus.

Un bruit, des cris, ses cris également. Est-ce ce bruit qui résonne encore dans ses oreilles ou d'autres détonations?
Elle sent son bras contre elle, il la protège, pourquoi il la protège. Elle ne comprend pas, mais le fait est là. Elle a peur, se revoit enfant, vulnérable, elle n'aime pas cette sensation. Elle ferme les yeux, plus fort, encore plus fort. Ses mains, se plaquant sur sa bouche, en tremblant. Va-t-elle mourir? Comme ça, aussi tristement, sans avenir et sans espoir, ses idées se bousculent dans sa tête, jamais elle n'aurait pensé que l'on puisse avoir tant de chose qui nous traverse l'esprit en un temps aussi court.

Puis elle le sent contre elle, tout son corps sur le sien. Ce n'est pas qu'elle n'a pas l'habitude de ce poids sur elle, mais celui-ci est différent. Instinctivement, elle ouvre les yeux, les gardent droit devant elle, aussi effrayée par les évènements que par ce sentiment. Il la protège, préférant donner sa vie à la place de la sienne
Encore, une détonation, elle retient son cri, se mordant la lèvre si fort qu'une goutte de sang perla légèrement sur son menton. Elle le sent glisser comme si ses jambes ne le soutenaient plus, lui, son client... Mad... Elle a à peine esquisser une geste pour lui venir en aide, que déjà il se ressaisit, s'empare de son arme et...
Sa demande, son envie là, tout de suite.

Cette simple phrase, réveille en elle son instinct. Elle prend une profonde inspiration et le regarde. Autour le silence, tout à l'air fini, mais en elle tout son corps bouillonne tandis que les gestes viennent facilement, comme une évidence.

Rapidement elle examine les blessures, juge leurs gravités ainsi que les premiers soins à effectués. Sans réfléchir, elle déchire le bas de sa tunique noir, l'applique rapidement sur sa tempe afin d'en recueillir le sang. Elle prend la main libre de Mad et la dirige sur le pansement de fortune. Elle délivre rapidement le dos de Mad de tout tissu et parcours des yeux les blessures. Elle déchire un autre morceaux de tissu, plus long cette fois. Elle pose la bande de fortune et fait le tour, une fois, deux fois et bloque le bout en le passant sous la dernière couche.

En un coup d'œil elle juge les autres parties de son corps. Des éclaboussures de sang rien de plus. D'une voix calme, trop calme, elle lui dit.

Il faudra surement recoudre et désinfecté.

Elle le fixe, semble vide et pourtant si vivante. Elle déchire un dernier morceau de tissu, jette encore un coup d'œil sur sa blessure à la tête et elle effectue les mêmes gestes que pour les côtes du NOD. Quand elle eut fini. Toujours aussi calmement elle ajoute.

Là, comme ça, c'est tout ce que je peux faire.

Elle ne le lâche pas du regard, n'osant pas lever les yeux sur le Bagdad, son bagdad. Elle pense aux autres, à ceux qu'elle a laissé en faisant ce tour avec lui. La route étrange du destin a choisi de lui laisser une chance cette fois, elle a basculé dans un sens tandis que les autres finissent dans un gouffre de douleur ou dans le trou noir de la mort.

Tout ça fait mal, mais je n’ai qu’une idée en tête, retrouver les pourritures qui ont voulu me griller la cervelle.
Pendant qu’elle me soigne, je peux voir passer une NOD. Un peu tard. Dommage.

A l’intérieur du Bagdad, ça doit pas être joli à voir. J’ai déjà la scène dans la tête. Le sang sur les murs, les morceaux de chair éclaboussés un peu partout, une vraie boucherie, et dans ce bordel, les cris, les larmes. Rien qui facilite le boulot. Pourtant, va falloir s’y mettre et chercher des indices, le moindre petit détail pour démarrer la chasse.

Ouch… coté fêlée. La balle est pas passée loin. Plus de sang que de mal. Je m’en sors pas mal finalement. J’ai la tête dans la choucroute, la désagréable sensation d’être passé sous une bagnole, mais ça va… ça va aller.

Retapé.

Merci, ce fut un plaisir. Mais, je dois.
Tu comprends, c’est mon… job.

J’aperçois mon reflet dans la vitre.
Ouais, c’est pas la panacée.
Putain, c’te gueule…
J’ai eu des jours meilleurs, et l’air plus frais. Mais alors là…

Je…
Je suis sur que tu es douée dans ce que tu fais.

Je sais pas faire ça.
Je dois lui dire au revoir et ça me fait un truc étrange dans le bide. Va savoir, encore ce mauvais trip.

Fais attention à toi.
Il faut pas rester ici, rentres chez toi, enfermes-toi. Dans 2 minutes ça va grouiller de NOD, faudrait pas que tu fasses partie d’une bavure.

Je dois…

Pas le temps. Je reviendrai.
Je file dans le Bagdad.

Sans dire un mot, elle le regarde fixement, la tête droite, elle le regarde s'éloigner d'elle. Elle dit doucement, plus pour elle.

Je comprend...

Elle le regarde s'éloigner, s'enfoncer dans le brouillard de poussière et d'horreur. Elle se laisse tomber à genoux, regardant fixement l'endroit où Mad avait disparu. Elle avait envie de suivre ce même chemin, de voir par ses propres yeux.

Elle ramène le reste de sa tunique devant, sur sa taille, elle se balance de droite à gauche durant quelques secondes, comme le temps qui s'écoulent, où au rythme des questions dans sa tête.

Rentrer
Aller au Bagdad
Pourquoi m'avoir protéger
Ne pas faire partie d'une bavure
Il s'inquiète
Pourquoi s'inquiéter pour elle

Elle reste ainsi quelques secondes. Elle finit par se relever et commence à reculer lentement, un pas après l'autre sans cesser de fixer ce lieu cher à son cœur. Ses pas s'accélèrent, plus vite, encore plus vite. Elle se retourne, avec regret et se met à courir, courir aussi vite qu'elle pu en direction de ses appartements.

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