Nous voilà arrivés dans le hall d'entrée. Il est presque désert, la plupart des orthodoxes sont dans les rue, dans le parc, dans leur lit ou alors à l'intérieur des magasins en train d'acheter ce qui leur a toujours fait envie. Acheter, ou voler? Peu importe, je me demande s'il y a encore des personnes pour s'assurer que les clients payent d'ailleurs.

Je ne pas sais combien de temps on a marché depuis qu'on a quitté le bar. J'ai bien fait attention à la ménager, quitte à faire quelques pauses, mais je crains que cela n'aie pas été suffisant. Je la dirige vers l'un des bancs au centre du hall et, pour qu'elle puisse s'asseoir, lâche sa main. Je l'ai lâchée... Enfin, déjà? Peu importe, je ferai en sorte de la reprendre à un moment où l'autre. Je me mets debout sur le banc, à sa gauche, et j'écarte le bras.

-Et voilà, nous sommes dans le centre commercial! Vous trouverez ici de quoi vous vêtir quels que soient vos goûts et vos envies, il y a aussi de quoi se restaurer ou meubler votre lieu de vie. On trouve de tout tant que c'est légal, et cher bien entendu. Mais de toutes façons, j'ai de quoi payer et au pire il sera aisé de subtiliser une chose ou deux... Mais d'abord!

Je me laisse tomber sur le banc, de manière à être assis correctement, mes bras posés sur le dossier. Mon bras droit passe derrière elle et je pourrais toucher son épaule sans difficultés, mais on n’est pas là pour ça. Je reprends, essoufflé:

-D'abord je fais une pause. Excusez moi, j'ai peut être été un peu vite, j'espère que vous n'avez pas eu trop de mal à me suivre

Je lève la tête et admire le plafond, je pense qu'elle a aussi besoin de reprendre son souffle. Je ferme les yeux, je suis heureux. J'ai l'impression de n'avoir jamais été aussi heureux qu’ici, assis aux côtés de cette insurgée. Non, je ne dois pas la ramener à cela. Elle est 'milie, une personne entière et unique. Douce et fragile, elle est gentille aussi.
Je craque, ce n'est pas bien mais tant pis, et pose ma main sur son épaule et la regarde droit dans les yeux. Ils sont jolis c'est yeux, mais ce n'est pas le moment.

-Je vous propose de vous refaire une tenue complète. Il y a des boutiques spécialisées au premier étage. Manteaux, pantalons, hauts... Par où voulez vous commencer?

C'est quand la dernière fois que j'ai autant marché ? C'est vrai qu'en général je ne m'aventure pas bien loin de ma cave.
Mais où trouve-t-il toute cette énergie ?
Moi rien que de sentir la main avec laquelle il tient la mienne, j'ai les genoux qui faiblissent. Cette chaleur, sa poigne ferme et délicate à la fois, je me sent bien dedans. Il n'y a que ma petite main qui est prise, mais c'est tout mon corps qui répond et qui devient du coton. Et je voudrais rentrer toute entière dans sa grande paluche. Comme ça, je peinerais moins à le suivre.

Quand il m'amène à un banc, je ne me fais pas prier pour m'y poser avant de perdre l'équilibre. Je suis un peu essoufflée. Et en levant la tête pour le voir debout, si grand à côté de moi, j'ai le vertige. C’est l’alcool ? Sans doute, sinon ça y contribue.
Il est beau n'empêche ce NOD. Enfin, ce n'en est pas vraiment un... pas aujourd'hui. Et j'ai du mal à croire qu'il puisse l'être un jour. Pourtant quand je le regarde, comme ça, si imposant dans cet uniforme... impressionnant. J'en ai des frissons. C'est pas désagréable... Si, en fait je l'imagine bien être très méchant, une grosse brute sans pitié. Mais ce mélange de crainte et d'admiration… c’est pas bien… c’est dangereux. Mais je kif !

J’ai un léger sursaut quand il atterri d’un coup sur le banc en se laissant tomber dessus. Il est pas léger. Ca a vibré avec le choc. C’était si bref, mais je l’ai senti. Je m’en mord les doigts.
Je pourrais peut-être lui demander de recommencer… non ! faudrait pas abuser quand même. Et de quoi j’aurais l’air à lui demander une chose pareil ?

-hmmfh

Mi-gémissement mi-soupir. Sa main sur mon épaule… j’ai comme un réflexe, celui de m'y blottir, de me rapprocher, me lover contre son bras qui m’entoure. Tant et si bien que je me retrouve bien proche de lui. Peut-être un peu trop proche. Je peux sentir son souffle près de mon visage. Tient, j’ai ma main sur sa cuisse. Je ne m’étais pas rendu compte. Du coup je n’ose plus la bouger, pas même pour la retirer. Et quand je lève les yeux pour voir si ça ne le gène pas, c’est son regard qui m’attrape. Un regard si pénétrant… je fond…

J’en oubliais que nous sommes au centre commercial. Qu’est-ce qu’on fait là déjà ? Ah oui, les vêtements. Il fait bien de me le rappeler. Ça fait pourtant pas longtemps qu’il m’en a parlé, mais je crois que le temps s’est arrêté et il a pas l’air pressé de repartir, tant que je suis là, si près de lui, captivé par ses yeux, son visage, cette peau lisse sur sa joue qu’on a envie de toucher, ses lèvres qui bougent tendrement pour dire des choses si aimables…
Mais se serait bien de lui répondre au lieu de rêvasser.

-Je sais pas…

Ah bravo ! Ça c’est constructif.
Mais j’arrive pas à penser.

-euh… d’accord.
On a qu’à commencer par… quelque part.

C’est pas beaucoup mieux en fait. Mais j’arrive à rien. C’est son bras autour de moi et ses yeux. Je n’arrive pas me détacher de ses yeux. Il y en a un qui est pas comme l’autre, mais celui-là, si brillant, il m’attire, m’absorbe… je m’y noierais. Mais où est-ce que je vais m’échouer si je me laisser attirée comme ça ?

Elle sait pas... C'est pas pratique ça, mais à vrai dire je m'en moque.

Premièrement, elle est déjà bien assez jolie comme ça. Miss Novlangue 2040, rien à jeter et tout d'origine y compris sont troisième bras qu'elle ne devrait pas avoir à cacher. En parlant de bras elle a déposé une de ses mains sur ma cuisse, et c'est parce que je ne veux pas lui lâcher l'épaule sinon je la saisirais bien. Il y a bien ma deuxième main mais j'ai pas envie de la bouger, elle est très bien là où elle est.

Elle est si belle... C'est bizarre de penser ça, ça doit être la première fois que je m'attarde sur l'aspect physique de quelqu'un. Enfin, il m'arrive de les trouver moche ou séduisant, mais elle... Sa peau est douce, son sourire m'hypnotise et ses yeux rêveurs me donnent envie de me plonger dedans.
Elle est belle, elle est vraie, elle ne fait pas partie de ces gens qui simulent de fausses émotions ou qui sont bloquées par leur implant.

Au final elle n'a pas besoin de relooking, ses vêtements lui vont à merveille. Donc qu'elle sache où aller ou pas, je m'en moque. On n'a qu'à rester ici en attendant qu'elle trouve, et puis si elle ne trouve pas on restera là jusqu'à ce qu'on en ait marre. Et je suis pas près d'en avoir marre moi... Je resterais bien là un jour ou deux comme ça, elle contre moi et lovée dans mes bras. Est-ce elle qui s'est mise comme ça, ou est-ce moi qui ai été plus franc que prévu.
Je m'en moque aussi, si elle n'était pas d'accord elle me le ferait savoir.

-Et bien, n'allons nulle part alors.

Oui c'est cela, restons sur ce banc assis l'un à côté de l'autre, tranquilles loin de la réalité. Car dehors, c'est l'enfer et si mon moniteur n'était pas en mode silencieux elle entendrait tous les messages d'alerte et d'appel à l'aide. La police des pensées a abandonné la poursuite des gens qui se contente du pêcher de chaire et se concentre maintenant sur les émeutes. Il y en a un peu partout et plusieurs bâtiments importants sont attaqués.

Heureusement, le centre commercial a déjà été pillé, donc ici nous sommes à l'abri. Et tant que mon implant ne m'y oblige pas il est hors de question que je retourne au boulot. Il est hors de question que je la laisse seule, il est hors de question que je la quitte.

Je l'ai serrée un peu plus fort dans mes bras à la pensée de la quitter. Non, je ne le veux vraiment pas, et je ne le ferai pas. Et quand mon implant se remettra en marche, je trouverai un moyen pour que le cyborg ne lui fasse pas de mal, quitte à me tirer une balle dans la tête.

Elle est insurgée, elle est mutante, elle n'apporte rien à la société, mais elle est humaine, elle est libre, elle vaut plus que moi. Je suis un peu jaloux de cette liberté, mais je ne dois pas y penser, cela me rend triste. Elle est insurgée, mais elle est belle. Elle me regarde depuis tout à l'heure et j'ai l'impression de fondre, que son regard porte jusqu'aux tréfonds de mon âme. J'ai du rougir, je ne sais pas et ne veut pas vraiment savoir, ça ne compte pas.

Je craque, ma deuxième main bouge toute seule et je l'attrape pour la serrer fort contre moi. Peut être un peu trop fort alors je relâche mon étreinte directement, mais pas trop non plus. Je veux lui déposer un baiser, mais comme je suis plus grand il atterrit dans ses cheveux. Eux aussi sont doux, et ils sentent bon.

-Euh... Désolé. Je… j’ai eu de mauvaises pensées et j’ai cru vous perdre.

Excuses bidonnes, mais ça peut marcher. Je ne devrais pas lui mentir, mais comment réagirait-elle si je lui disais que j’ai juste envie de rester là, avec elle dans mes bras? Elle me prendrait sans doutes pour un fou, peut être suis-je ce fou.

Après tout, je me mens sur ce que je veux, car je ne sais pas vraiment ce que je veux, et ce que je peux. Bah, tant qu’elle n’a pas peur de moi je suis heureux, donc elle peut bien décider pour moi le pouvoir, le vouloir finira bien par se clarifier de lui-même.

-Et bien, une fois que nous nous serrons reposés, pourquoi ne pas simplement nous balader? L’inspiration viendra peut être en marchant. Ou alors… moi non plus je sais pas.

Moi non plus je sais pas, je sais plus. Et puis tant pis d’abord !

Il m'a serré si fort qu'un instant je me suis demandé si les implants n'étaient réparés et s'il n'allait pas me broyer.
J'aurais eu très peur si je n'étais pas droguée.

Je frissonne quand il relâche un peu la pression, mais j'aurais même envie de lui demander de recommencer. Plus fort. Plus près, que je puisse sentir si son cœur est de sang ou de fer.
Ses bras sont durs, mais je peux sentir comme il est tendre. Je peux profiter de chaque élan de tendresse avant qu'il ne redevienne une machine à tuer.

"de mauvaises pensées"... à quoi pense-t-il ?
Et quand il parle de me perdre j'ai l'œil humide, car c'est bien ce qu'il risque d'arriver. Il va me perdre, sans doute dès qu'ils l'auront rebranché.
Ça fait mal de savoir ça. J'en ai la gorge nouée.

Mais au diable la fatalité. S'il ne doit vivre qu'un jour ou une semaine avant de se remettre en service, autant en profiter.
J'aimerais lui donner le meilleurs tant qu'il est capable de l'apprécier et oublier le pire.

-Ou alors, on pourrait... faire ce qui te ferait plaisir.

J'ai toute une vie pour profiter. Je pourrais même profiter pour deux ou trois tellement un rien me fait prendre mon pied. Mais lui n'a que le sursis accorder par l'ingérence du gouvernement.
Le bichonner un peu, ça vaut plus qu'une montagne de fringue. Si j'y tenais, je pourrais toujours en piquer plus tard, d'une façon ou d'une autre. Mais lui, il ne sera plus disponible. Ça ne se trouve pas dans les rayons d'un super-marché.

-je suis sûre que ça me plaira aussi.

Car pour l'instant, mon bonheur est dans ses yeux. Le plaisir de le voir sourire. Et même rougir ? Tient donc, ça rougis, un cyborg.
Et ça fait quoi si je passe mes bras autour de son cou en caressant quelques prises dans son col, au passage ?

-Ou alors, on pourrait... faire ce qui te ferait plaisir.

"Te ferait plaisir", ça résonne dans ma tête. Ce ne sont trois mots, trois petits mots, mais quels mots!

Tout d'abord, "plaisir". Le plaisir, c'est la première fois que j'y pense depuis mon réveil, et donc depuis pas mal de temps. Est ce que je sais encore ce qu'est le plaisir? Certes, je ressens des choses quand je suis avec elle, mais je ne pense jamais avoir ressenti ça. Avais-je jamais ressenti le plaisir avant? En tous cas, pas celui là.

Ensuite, "ferait" plaisir. On ne parle pas seulement de plaisir, mais de faire plaisir. Ne pas attendre qu'il vienne à nous, mais aller le chercher là où il est. Avoir le droit d'aller chercher le plaisir, car il n'est plus tabou.

Ensuite, "te". Deux lettres, un bête mot pour me désigner, mais ce n'est pas "vous", c'est "te", c'est "toi". Fini le vouvoiement réservé aux étrangers, bonjour le tutoiement de... l'intimité? Je ne sais pas si on est intimes, mais en tous cas on est plus tout à fait étrangers. Des étrangers ne se tiennent ni ne se parlent comme ça.

En plus, elle a dit que ça lui ferait plaisir aussi, et je la crois. Et puis elle a passé ses bras autour de mon cou et a commencé à tripoter mes . Logiquement mon instinct me dit que c'est dangereux, qu'elle a ainsi du pouvoir comme ça, mais je me réponds gentiment d'aller me faire foutre. Tant pis si elle est dangereuse, au début je l'étais plus qu'elle et elle m'a fait confiance.

Je n'arrive plus à détacher mon regard du sien, j'arrive à peine à réfléchir. Me faire plaisir? Qu'est ce qui pourrait me faire plaisir, encore plus? Je suis bien là, assis avec elle.

Faut dire, je ne suis pas réveillé depuis longtemps et je n'ai pas vraiment d'identité, ni de caractéristique spécial. Juste des bouts de métal par-ci par-là et qui me gêneraient pour la protéger le cas échéant. Mais faut bien trouver quelque chose...

En attendant de trouver, tout ce que j'arrive à faire, c'est rire. Un rire léger, je pense qu'il ne l'a jamais autant été. Un rire libre, non contrôlé mais sincère. Elle veut me faire plaisir, j'arrive pas à y croire.

Je la prends pas la taille et la soulève pour la poser sur mes genoux, elle est toute légère et je n'ose plus la lâcher, de peur qu'elle s'envole. J'aurais peut être pas du la prendre comme ça sans prévenir, mais j'ai été suffisamment doux je crois. Et puis comme ça elle paraît un peu moins petite ou plutôt c'est moi qui paraît un peu moins grand.

J'ai déjà tout ce qu'il me faut. Je n'ai pas vraiment vécu depuis un bout de temps donc je n'ai pas vraiment d'envie. T', V'... Pas d'idée?

Pitoyable... J'aimerais la tutoyer mais je n'ose pas, peut être était-ce une distraction de sa part? Mais si je la vouvoie alors qu'elle veut qu'on se tutoie, ne se sera-t-elle pas triste, ou déçue? Et à part ça j'ai pas d'autres questions débiles pour me compliquer la vie inutilement?

Sinon, on peut simplement se balader au hasard ça peut être chouette aussi. Comme ça, je pourrais découvrir, non... Redécouvrir Novlangue, en tant qu'esprit libre. Il y a des coins sympas à voire en priorité selon toi? Ou un truc que tu as toujours eu envie de visiter? Faut en profiter, je peux ouvrir toutes les portes ou presque!

Je me suis donc décidé, ça sera "tu", 'milie. Quand tu m'auras répondu on bougera, mais pas tout de suite parce que je suis bien dans tes bras, assis sur ce banc comme jamais je n'aurais pu imaginer l'être avant.

Il me soulève comme de rien, une poupée en papier entre ses mains de fer.
Ça prise sur ma taille est une étreinte de velours. Assez ferme pour que je ne puisse pas m'échapper et assez chaleureuse pour que je n'en ai pas l'envie.
Un sourire à la pensée un rien perverse que pour un flic, s'il devait me passer les menottes de la même façon qu'il me tient, il y aurait sans doute un revêtement de plumes duveteuses ou de la fourrure rose autour.

Il rie. Aurait-il entendu ma pensée ? S'il savait... j'en rougis et je rie aussi avec lui.

Il a envie de se balader? Pourquoi pas... c'est une bonne idée.
Pour l'instant, ce sont mes ptites mains qui se baladent sur sa nuque, farfouillent dans son col, remontent à la racine de ses cheveux de feu, viennent se perdre dans les flammes douces à se damner.

Et plus bas, à ma taille, c'est comme des vapeurs volcaniques qui émanent de ses grandes mains à lui, me pénètrent pour venir s'échapper frémissantes entre mes lèvres entre-ouvertes.

Mais je dois rester calme, même captive, enchainée à ses yeux. Ce regard qui me sonde, me transperce de désir.
C'est difficile...
Un truc à dire... il faut que je lui dise quelque chose pour me distraire de son emprise... pourquoi pas lui répondre, tout simplement ? Oui, ça me parait bien, déjà :

-Bonne idée... je sais pas où on pourrait allez, mais allons-y. Je ne connais pas grand chose ici, ça fait bien trois ans que je ne suis pas revenue.
On peut faire tout ce qu'on veut. Tous ce qui est interdit d'habitude.

Oups. Ma mains droite c'est un peu trop cramponnés à ses cheveux en disant ça. Pas fait exprès, c'est l'émotion. J'espère qu'il n'est pas trop sensible du cuir chevelu.
La gauche d'en bas est jalouse, elle voudrait bien fourrer ses doigts quelque par, elle aussi, au lieu de rester cachée sous ce manteau étouffant.

-On pourrait commencer par... par... par exemple... hhhumhf

On n'est plus au Bagdad, mais il fait chaud ici aussi. J'en perd mes mots et me mordille la lèvre.

Elle me trifouille de ses doigts magiques. Ça me fait frissonner et c'est plutôt agréable.
Toute ma vie, que je le reconnaisse ou non, j'ai été un instrument du gouvernement, un instrument de mort. Mais entre ses mains, j'ai l'impression d'être un piano. Oui, un piano dont elle arriverait à tirer le meilleur j'en suis sûr.

Mais je ne suis pas un piano, je suis un cyborg-pas-tout-à-fait-NOD assis sur un banc avec une magnifique demoiselle sur mes genoux. Demoiselle que je dois écouter, pas contempler comme un idiot qui oublie tout le reste.

-[...]Je ne connais pas grand chose ici, ça fait bien trois ans que je ne suis pas revenue.
On peut faire tout ce qu'on veut. Tous ce qui est interdit d'habitude.

Je n'ai pas bien eu le début, mais de toute façon cela me semble maintenant sans importance. J'ai eu un flash, comme si une multitude de choses à faire s'imposaient à moi en image. Elle l'a peut être vu mon flash, parce qu'elle a tout d'un coup serré sa main droite, m'arrachant quelque cheveux au passage.

Elle essaye de continuer sans y parvenir, ou alors elle n’ose pas dire. Mais bon, si j'ai bien compris c'est à moi de décider. Réfléchissons, qu'est ce que je veux faire, et où je veux aller? J'aimerais probablement passer plus de temps avec elle, pour qu'elle puisse continuer à me trifouiller, j'aimerais bien revoir le troisième bras aussi. C'est dommage qu'elle aie à le cacher.

J'aimerais qu'on reste seuls aussi, manquerait plus qu'on croise un de ses amis parce qu'à ce moment là je risquerais de la perdre. J'aimerais la serrer fort contre moi, la garder ainsi pour toujours, mais c'est pas très constructif. J'aimerais...
Autant ne pas me mentir: J'aimerais l'embrasser, la caresser, et puis déposer mes lèvres un peu partout sur son corps. La serrer contre moi toujours, mais sensuellement aussi, me lover dans ses bras le cœur en premier.
Ça serait bien si on pouvait retourner dans les toilettes du bar, histoire d'avoir un peu d'intimité. Parce que ce banc il est confortable, mais fortement exposé, il peut arriver n'importe quoi ici. Faut que je trouve, mais quoi?

-On pourrait faire beaucoup de choses. Mais laisse-moi le temps de réfléchir. Et puis on est bien là, non? Pas besoin de se presser.

Je la serre un peu plus contre moi et me recroqueville un peu, j'en arrive ainsi à déposer mon front sur épaule. Je me rends compte que j'ai désormais mes mains sur ses cuisses et non plus sur ses hanches. C'est interdit ça, mais elle a dit qu'on pouvait non? Je les remonte quand même pour ne pas abuser, et ma main gauche va attraper son bras droit pour le caresser.

Ma tête n'a pas bougé et je n'ai toujours pensé à rien, je n'y arrive pas, je préfère profiter de la douceur de sa peau et de son odeur. Je ferme mes yeux pour me concentrer, et pense à voix haute:

-On pourrait rester ici, mais on risque d'être dérangés et on ne sait pas quelle sorte de gens risquent d'arriver. On peut aller se balader dans les magasins pour voir, ou alors il y a le parc. Le quartier des Valkiries on en vient, mais il y a mon ancienne maison là bas, j'ai toujours les clés.

Je ré ouvre les yeux, et tombe sur les siens. Ça me donne encore plus envie, envie de la dévorer de baisers, de caresses et de tendresse. D'ailleurs je craque, mais juste un peu. D'un geste vif j'ai posé mes lèvres sur sa joue, et je suis persuadé que j'ai réussi à capturer un petit bout de sa bouche au passage.. Je ne les décolle pas, pas tout de suite j'ai pas envie.
Quand enfin, ou plutôt déjà je m'écarte, j'ai un grand sourire c'est plus fort que moi. Mais je me rends compte que j'ai peut être fait une erreur alors je baisse les yeux.

-Euh, hem... Et toi, tu as une maison? Sinon on peut aller voir la mienne et je verrai pour te donner les clés. De toutes façons moi je vis au Quartier Général maintenant.

J'ai relevé les yeux et arbore désormais un petit sourire gêné. Un mélange d'invitation et de demande de pardon pour mon geste peut être trop osé.

Je lui ai dit qu'on pouvait faire ce qui était habituellement interdit et c'est ce qu'il fait.
Je comprend alors pourquoi c'est interdit.
Ce n'est pas permis d'avoir des mains si chaudes, si grandes, si enveloppantes pour venir prendre mes cuisses avant de remonter sur mes hanches.
Ce n'est pas permis non plus d'y être si sensible.
Ce n'est pas permis de le faire sentir avec une main crispée sur son épaule, tandis qu'une autre l'y encourage en lui caressant les cheveux.
Ce n'est pas permis non plus de me laisser captiver par son regard de braise.

Mais comment peut-on interdire de telles choses ?
Ce serait un crime contre nature de vouloir les contrôler et pourtant...

Ses lèvres ont touché le coin des miennes.
Je ne l'ai pas vu venir, à la fois hypnotisée et ivre.
Et son baisé qui dure sur ma joue... un baisé qui arrête le temps.
Je le laisse me consumer mais c'est seulement quand il décolle ses lèvres que je me rend compte, le feu aux joues, comme il était brûlant.

Il se remet à parler, les yeux baissés. Je capte ses mots avec un temps de retard.
Il veut qu'on aille chez lui.
Mais on y sera que tout les deux ? Lui et moi, seuls dans la même pièce ? C'est dangereux... Je suis peut-être jeune et naïve, mais pas complètement stupide. Je sais qu'il me veut. Je sais aussi que c'est risqué pour moi.
Mais... si, je suis stupide. Ne me demandez pas d'être ivre, droguée, bouillante et intelligente à la fois. En plus j'ai décidé qu'on ferait ce qui lui plait, alors pas question que je résiste à son invitation, fut-elle dans l'antre du diable en personne.

-Je vis dans une cave. Mais je serais ravie de voir ton chez toi.

J'en tremble rien qu'à l'idée. Est-ce par impatience, excitation fébrile ou par crainte ? Peut-être tout ça à la fois. Et toutes ces émotions, c'est comme un feu d'artifice abrutissant dans ma tête. Je pourrais le suivre n'importe où, je ne sais déjà plus où je suis.

-Alors on y va ?

Pourquoi cet air gêné ? Vas-y. Emmène-moi je te dis !

-Je vis dans une cave. Mais je serais ravie de voir ton chez toi.
Elle a donc une maison. Peut être que j'irai voir un jour.

-Alors on y va ?
J'ai fermé les yeux et je souris, je suis heureux. Je suis heureux, mais stupide. Pourquoi est ce que je me pose toutes ces questions? Pourquoi est ce qu'à chaque question que je lui pose j'ai peur qu'elle s'enfuie? Je devrais avoir confiance, alors pourquoi?
Je souris toujours, mais plus amère, car finalement je crois que je sais pourquoi...

-Oui, mettons nous en route. Il faudra juste faire un petit détour pour trouver à manger, et à boire.

Je me lève et la pose délicatement au sol, lâchant ses hanches mais prenant ses mains au passage. Ne me laisse pas seul, je ne le veux pas! Et puis ses mains sont chaudes, elles sont douces. Je l'avais remarqué quand elle me caressait, mais pas à ce point. J'ai envie de les ouvrir et d'y enfouir mon visage, pour qu'il n'en ressorte plus jamais. Sa troisième main qu'elle cache, je la veux aussi! Je la veux toute entière, toute à moi et moi tout à elle.

Parce que c'est marrant, ce pouvoir qu'elle exerce sur moi sans trop en user. Elle pourrait me damner mais se laisse faire, et donc au final c'est moi qui ai l'ascendant. Ou alors je crois l'avoir...
Je peux garder une main mais je dois lâcher l'autre pour qu'on puisse marcher côte à côte: Je ne veux plus qu'elle me suive mais qu'elle m'accompagne. Et du fait que je connaisse mieux le coin qu'elle, je mène la danse.
On monte au premier et on prend tout de suite à droite, c'est là qu'il y a un magasin de nourriture. Je prends un peu de tout, mais on ne peut pas aller partout: il y a des caméras et il vaut mieux les éviter, juste par sécurité. Je la laisse choisir aussi ce qu'elle veut, en lui précisant de ne pas regarder le prix. On s'en fout, y a personne à la caisse.

Oh, et on avait dit qu'on allait chez moi mais... C'est juste un petit détour, pour regarder.

Plutôt que de directement reprendre les escaliers pour redescendre, je l'entraîne un peu de l'autre côté pour y arriver: La boutique de fringues. C'est un peu en désordre, des clients ont du se battre pour avoir ce qu'ils voulaient. Mais il reste beaucoup de choses, plus ou moins en état.
Au fond du magasin il reste un ensemble en parfait état. Un T-shirt uni et un Jean. Ca a l'air d'être sa taille en plus. Je me mets derrière elle et passe mes bras autour de ses épaules pour lui glisser à l'oreille.

"-Tu veux essayer? On peut faire un trou pour ton bras. Et puis vu le peu de monde qu'il y a je crois qu'on peut laisser tomber le mant' oh!"

J'ai lu une expression un jour: "Avoir une chance de cocu". Et bien je dois être cocu, car j'ai beaucoup de chance: En tournant la tête, j'ai aperçu un truc qui retient le regard. Une magnifique robe, c'est rare d'en trouver. Et en plus elle est presque en parfait état, juste un peu froissée. Les gens qui la voulaient on du trouver autre chose j'imagine.
D'un bleu foncé tellement foncé qu'il en est presque noir, elle est assez courte sans pour autant en dévoiler trop. Le décolleté inhérent à l'habit suffit à éveiller la tentation, mais pas trop. On dirait un habit pour Valkyrie ou dame de la haute société. Ca doit valoir une fortune, mais il n'y a que nous donc bon...

J'ai à nouveau le sourire aux lèvres, j'aime ma chance de cocu. Je lui embrasse le lobe de l'oreille avant de lui proposer:

"-L'ensemble devant nous ou la robe? Ou alors les deux? Tu veux essayer ou on embarque et on verra plus tard?"

-hhhummhf

Si tu m'attrapes comme ça dans tes bras, surtout ne me lâche pas.
J'attrape son bras comme si ça pouvait m'empêcher de tomber, parce que je sent mes genoux faiblir quand ses lèvres taquinent mon oreille.

-hhhanh ouih... euh... on embarque le tout !

La robe est très belle, mais comparée à ce qui se passe dans ses bras et du côté de mon oreille...
J'ondule contre lui, comme le dos d'un chat qui cherche la caresse. Une façon qu'à mon corps d'en réclamer encore. Plus près, la tête en arrière qui s'incline un peu pour mieux offrir le lobe, la joue, le cou, tout ce qu'il veut...

Mais s'il continue comme ça, il devra me porter pour m'emmener chez lui.
Remarque, j'ai rien contre, mais on sera déjà assez chargés par les sacs à commissions.
Des vêtements neufs, de la bonne nourriture et juste lui et moi dans un appartement, tranquilles à l'abri des regards... rien que d'y penser, je plane. Alors qu'est-ce que ce sera quand on y sera ? Ça fait limite un peu peur. Tant de si bonnes choses en même temps, je crois que ça ne m'ait jamais arrivé depuis qu'on a tuer ma puce.

Ça me rend un peu nerveuse, à la fois impatiente, inquiète, rêveuse, excitée... j'ai faim !

Elle veut embarquer le tout, super! Et dommage aussi, je la regarderais bien se changer pour essayer... Mais chaque chose en son temps, et là il commence à se faire faim. Faim de nourriture ou bien d'elle? Même plus besoin de me poser la question que la réponse s'impose déjà à moi.

La faim appelle l'action, mais l'action implique qu'il faut prendre les vêtements et les ranger, donc que je la lâche. Mais bon, il faut ce qu'il faut... Avant le grand saut, je replonge une fois mon visage dans son cou et respire un grand coup. Je n'aurai plus son corps mais son odeur, ça devrait suffire, non?

"-Je suis sûr que ça t'ira à ravir."

A peine l'ai-je lâchée que je veux la retrouver, mais je tiens bon et fais ça vite. Vite mais sans empressement, il ne faudrait pas abimer le lot. Cela fait un nouveau sac à porter, léger mais volumineux. Je le prends dans ma main droite, alors que le sac de provisions termine dans ma main gauche. Chevalier servant jusqu'au bout, elle ne portera rien. Si j'osais... Oh, j'oserai peut être plus tard. Ca me fait une idée me trotte dans la tête comme un petit poney.

D'un signe de tête je l'invite à me rejoindre. Mais mains sont prises mais je peux toujours passer mon bras autour de ses épaules, et comme les sacs sont légers elle en sentira à peine le poids.

On marche jusqu'à la sortie du centre commercial, et mon poney est toujours là: J'ose ou j'ose pas? Question stupide, je ne suis pas un lâche et jusque maintenant ça payé. Je m'arrête pour lui faire face, dépose les sacs au sol et entrouvre son manteau pour laisser apparaître son troisième bras. Et je ne peux m'empêcher d'avoir un air enjoué quand je lui dis:
"-L'important, c'est d'avoir confiance et de se relaxer. Mais surtout, surtout de ne pas lâcher prise."

Hop-là: je fais volte-face, lui saisi les jambes et les lance en l'air tout en m'abaissant à reculons. La voilà sur mon dos, je peux me pencher tant bien que mal pour reprendre nos marchandises.
Ainsi elle ne portera rien, ni les vêtements ni la nourriture, et pas même son corps. Je me charge de tout, comme un parfait chevalier servant. Parfait... enfin presque, ce n'est qu'un détail non?

-Si tu te plaques sur mon dos on ne verra pas ton bras, et comme ça il est à l'air libre. Détends toi, je m'occupe du reste.

Je me mets en marche vers ma demeure. Normalement c'est à 10 minutes de marche, 15 si je suis chargé... avec ma motivation cela sera fait en 8!