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Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

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 Rêver à grande échelle ? | libre

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Insurgé
Libre, même dans l'esclavage

Roxx'
Roxx'

Féminin
Age : 29
Fan Club RP : 1

Fichier Edvige ♫ ♪♪
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Rêver à grande échelle ? | libre Vide
MessageSujet: Rêver à grande échelle ? | libre   Rêver à grande échelle ? | libre Icon_minitimeDim 8 Aoû 2010 - 22:35

    » Rêver à grande échelle ?


    Elle ne rêvait pas souvent. A vrai dire, elle devait bien penser à des trucs, inconsciemment, se les projeter dans son sommeil, mais elle ne s'en souvenait jamais, le matin venu.

    Elle en était donc arrivé à la conclusion qu'elle ne rêvait jamais. Ou, tout du moins, pas souvent.

    Le rêve, c'était le lot de chacun, son petit paquetage personnel, ce truc dont on ne pouvait se défaire, ce truc qui nous caractérisait et décrivait notre être avec un soucis du juste qu'on pouvait considérer comme franchement étonnant, venant d'un truc aussi abstrait. Comme quoi le cerveau était malgré tout quelque chose de grandiose. Quelque chose dont on ne pouvait cerner l'entière nature. La preuve était qu'elle ne rêvait jamais, enfin, qu'elle en était arrivé à penser cela. Sans doute que son petit côté adepte à la douleur se faisait laminer par son instinct de survie. Sans doute que ce qui hantait ses songes avait de sales allures de cauchemars, une dégaine peut-être même trop horrible pour elle. Sans doute qu'elle se protégeait elle-même. Quelle ironie. Elle qui se méprisait tant. Faible chose.
    Et pourtant, cette nuit, oui, cette nuit-là, il semblait que quelque chose ait décidé de se produire. Elle s'était endormi relativement tôt, trop épuisé par quelque chose dont elle ignorait la nature - voilà que Roxy l'insomniaque s'écroulait comme une souche à peine sa couchette atteinte, là, tout au fond de la baraque -car oui, depuis peu, Roxy vivait chez un homme chez qui elle servait de souffre douleur et d'esclave-, comme quoi quelque chose ne tournait pas ou plus rond, comme quoi bientôt les souris auraient des ailes et les oiseaux ramperaient comme des merdes par terre en priant pour qu'on ne les voie pas. Le soleil n'avait même pas disparu qu'elle avait plongé dans un noir abyssal et opaque. Ce noir qui habitait ses nuits.
    Et elle avait rêvé.

    Ça l'avait agitée pendant un bon moment. Maintenant, elle ne se souvenait plus de ce qu'il s'était passé, exactement. Elle s'était juste retournée, retournée encore, comme un steak dont on peaufine la cuisson sur le grill, elle avait sans doute parlé, légèrement - heureusement pour elle son esquisse de chambre était protégée par une sorte de rideau un peu miteux de la masse humaine pour qu'on fasse attention à la sombre silhouette qu'elle représentait, là-bas -, peut-être même crié, un peu. Elle avait tout su, tout vu, elle avait perçu ce qu'il se passait. Elle avait rêvé. Et puis, alors qu'elle contorsionnait sa frêle carcasse pour la énième fois, dans un soubresaut angoissé, elle avait heurté l'étagère sur la soupente, dure, coupante, avec sa tête. La douleur l'avait arraché aux griffes acérées de Morphée. Et, pour la première fois depuis bien des lustres, Roxy la jeune fille angoissée s'était réveillé en sursaut. Légèrement haletante, elle avait tout oublié. Comme à chaque fois. Sauf que cette nuit-là, elle était parfaitement consciente d'avoir vécu quelque chose, là, tout au fond d'elle-même. Mais elle ne s'en souvenait pas. Elle s'était juste senti étonnamment ... triste. Triste comme elle ne l'avait pas été depuis quelques années déjà, c'est l'impression qu'elle avait tout du moins.
    A croire que le fait de se taper l'autre pervers pédophile qui se prétendait son sauveur au quotidien ne lui semblait pas suffisant. Elle devait aussi endurer ses brimades jusque dans ses plus profonds retranchements. Au fond d'elle.
    Aujourd'hui, Roxx' ne rêvait plus, ou au moins, ne se souvenait plus.
    Jusqu'à maintenant.

    Sachant pertinemment qu'elle ne parviendrait pas à se rendormir rapidement et ce même si elle était toujours aussi crevée qu'un ballon de baudruche chauffé à blanc, crevant de chaud sous écharpes, pull et épaisseur de couverture draconienne, assoiffée comme une entrecôte servie à point, elle s'était discrètement extirpé de son antre et avait décampé loin, bien loin du baraquement de l'homme aux besoins bestiaux et profondément immoraux où roupillaient les âmes en peine - parce qu'en plus, elle n'était pas la seule jeune fille -. Quittant là cette troupe qu'elle était supposée chérir comme la prunelle de ses yeux - dans les faits, elle était strictement incapable de dire si elle arrivait à éprouver de l'affection pour ce tas de chair ambulant ou même de la compassion pour ses sœurs de souffrances ... mais après tout, elle était, et resterait à jamais, Roxy, cette peut-être clichée sur pied qu'on aimait tant -, et se dirigeant vers l'abreuvoir le plus proche. Non, pas les fontaines automatiques de la petite maison. Elle préférait quand même éviter de boire ce truc bizarre et brun qui sortait du robinet et optait donc pour la solution diluée à l'eau. Au pas de course - ce qui ne lui arrivait pas souvent mais qu'elle maîtrisait plutôt bien, elle, preux chevalier au féminin à la cape de ténèbres qui filait sous le vent telle une flèche ... d'argent - et faisant preuve d'une souplesse insoupçonnée - oui, Squelette pouvait parfois ressembler à un individu normal et ses os ne craquaient pas à chaque enjambée qu'elle faisait -, elle avait rallié les Docks qui bordait son lieu de vie en une poignée de minutes. Par miracle, son attirail laineux avait eu pitié d'elle et n'avait joué ni la carte de la strangulation, ni celle de la fugue aérienne. Elle s'était arrêtée au bord de la flotte, là où le courant était encore inexistant car le sable trop haut. Ses doigts fins et squelettiques jouèrent un instant dans l'eau froide, puis elle trempa ses mains en entier afin de remonter l'eau jusqu'à ses lèvres, elle avait enchaîné gorgée sur gorgée jusqu'à ce que son cou la brûle. Jusqu'à ce que son petit estomac atrophié par la diète la supplie de se stopper. Ragaillardie et se sentant un peu mieux, découvrant tout à coup qu'en fait il faisait assez froid et remerciant finalement son pull en laine accroché à la taille, de ne pas s'être fait la malle durant sa course, elle avait décidé de rester dans les parages. Une petite promenade nocturne en tête à tête avec elle-même et le chant de l'eau qui court sur les galets ne pouvait que lui être bénéfique dans le cadre d'une petite remise au point. Elle s'était exécutée.

    Et suivant la petite plage, puis le ponton, elle découvrit une sorte de palier sous ce dernier, comme une petite cachette. Sans plus hésiter, elle s'y était engouffrée à la recherche d'une quelconque chose qui ne servirait probablement qu'à tromper son ennui ...
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