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Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

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 Plume

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AuteurMessage

Valkyrie
Instrument de plaisir

Plume
Plume

Féminin
Age : 35
Fan Club RP : 0

Fichier Edvige ♫ ♪♪
<b>Particularité </b> Particularité :
Un peu d'histoire :

Plume Vide
MessageSujet: Plume   Plume Icon_minitimeDim 14 Nov 2010 - 22:10

Je ne sais pas si je dois le remercier ou le haïr.

Avant lui, avant son secret, tout était plus simple. Je ne me posais pas de questions, faisais ce pour quoi j’avais été éduquée, et ne réfléchissais pas outre mesure. Je n’étais pas la plus douée des Valkyries, c’est pourquoi j’intervenais plutôt dans les centres de plaisir bas de gamme, ceux où les services octroyés sont le plus souvent charnels. Je mangeais à ma faim chaque jour, et les seuls risques que j’encourais étaient ceux des plaisirs un peu particuliers de certains clients. Et encore, même ceux-là étaient limités : ceux qui venaient me voir étaient en général plus attirés par la jeunesse et les formes pré pubères que par la violence en général. Ce qui se passait dehors m’importait peu. J’étais consciente de ma chance : à l’inverse de tous ceux qui venaient me voir, je pouvais encore ressentir du plaisir. Mes sentiments n’étaient pas bridés, je n’avais pas à me plaindre. Quand au peu de droits dont je jouissais, jamais il ne m’était venu à l’esprit de les remettre en question, n’ayant connu que cette vie-là. Un jour, l’un de mes clients m’a demandé si je ressentais de la honte parfois. Cette question m’a surprise, je ne l’ai pas comprise sur le coup. Maintenant, c’est différent.

Un autre jour un autre homme est venu me voir. Il était vieux, très vieux. Le plus vieil homme que j’avais jamais rencontré. Mais c’est vrai que du haut de mes 16 ans, mon expérience était limitée. Le premier soir, dans la pénombre de la chambre endormie, le contraste entre sa peau basanée et tâchée par les années et la mienne, si blanche et douce, m’avait un peu surprise. Je crois qu’il avait un peu honte de venir me voir. Non, en fait j’en suis sûre. C’est l’avantage qu’il y a à pouvoir pénétrer l’esprit de ses clients pour neutraliser l’implant qui les bride : on a parfois accès à d’autres informations, même en faisant bien attention. Je ne comprenais pas ce sentiment, pour moi il n’y avait rien d’anormal à venir me demander d’exercer mon métier, celui que l’on m’avait enseigné dès mon plus jeune âge. Bien sûr, plus tard j’ai compris. Grâce à lui. A cause de lui.

Plus tard, une autre nuit, un autre mois il est revenu me voir. Quelque chose avait changé, je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. La honte des premiers rendez-vous avait disparu depuis longtemps, c’était autre chose. Il était un peu nerveux, presque fébrile. Lorsque tout fût fini, il ne s’endormit pas comme les autres fois. Il resta là, longtemps, à me regarder sans rien dire. Je ne savais pas quelle attitude adopter, on ne m’avait rien enseigné concernant ce genre de situation. Sa voix rauque me fit sursauter lorsqu’elle brisa le silence qui s’était installé.

« Plume… c’est un joli prénom. C’est toi qui l’as choisi ?
-Non ».

Sa question me mit mal à l’aise. Je ne savais pas d’où venait ce nom. On m’avait toujours appelé ainsi, c’était tout.

Son visage se fit songeur tandis que ses doigts caressaient sans y penser la peau de mon dos. Des frissons parcoururent ma colonne vertébrale. Pas vraiment du plaisir, quelque chose de différent, que je n’avais jamais ressenti jusqu’à présent. A l’époque, je n’avais pas su l’interpréter. Aujourd’hui, je dirais que c’était sans doute une sorte de prémonition, ou bien mon instinct m’avertissant que quelque chose d’important était en train de se jouer. Une décision fût prise, sans doute, car les yeux du vieil homme devinrent soudain plus résolus, presque effrayants. Il saisit mon poignet et me força à me redresser pour le regarder dans les yeux.

« Un tel nom ne peut qu’être un signe, j’en suis certain… je vais te confier un secret mon enfant, un terrible secret. Le genre de secret qui va changer ta vie, mais aussi te faire courir de gros risques. Le genre sur lequel il faudra veiller soigneusement, jalousement, car il pourra se révéler capital dans les années à venir… »

Je n’étais pas sûre d’avoir envie de le connaître ce secret. Mais il ne me laissa pas le temps de parler, et poursuivi sans reprendre son souffle.

« Je suis vieux à présent, trop vieux pour continuer à assumer seul cette lourde tâche. Mes jours sont comptés. Un jour je ne reviendrai plus te voir, et ce jour-là ce sera à toi de veiller sur eux. Promet-le. Promet-le moi ! »

J’aurais pu dire non. J’aurais dû dure non. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas fait. La flamme qui brillait dans ses yeux peut-être et qui m’a fait comprendre un instant à quel point les miens étaient vides. Ou bien la force étonnante de ces vieux doigts rachitiques qui enserraient mon poignet, comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. C’était d’ailleurs le cas, même si je l’ignorais alors. Mais je crois que ce qui a définitivement fait pencher la balance, c’est que je ne voulais pas le décevoir. Un sentiment nouveau pour moi, et dont je fus la première surprise. Mais il avait toujours été bon avec moi, bien plus que d’autres. Il m’avait aimée, à sa façon, et je voulais qu’il sache que je lui en étais reconnaissante.

J’avais acquiescé faiblement, et il m’avait répondu par un pauvre sourire. Puis il me l’avait confié ce secret, ce fameux secret qui avait régis toute sa vie et lui avait permis de continuer à exister, malgré toutes les privations et tous les sacrifices exigés par le gouvernement. Ce secret, ce n’était rien de si extraordinaire au fond, mais pour lui c’était toute sa vie.
Peu après sa prise de pouvoir, le gouvernement avait exigé que tous les livres existants lui soient remis, afin qu’ils soient « référencés, classés et que soient détruits tous ceux qui susceptibles de représenter une menace pour la paix et l’ordre ». Le vieil homme n’avait pas pu se résoudre à trahir ses meilleurs amis, ceux qui avaient bercé son enfance et qui avaient façonné son cœur. Il les avait recueillis puis soigneusement dissimulés et protégés toutes ses années. Le risque était énorme, il le savait. Au fil des années il avait réussi à rassembler plusieurs centaines de livres : des livres d’aventure, des livres d’amour, des livres évoquant l’amitié, la haine ou la guerre, d’autres sur la magie et ses univers mystérieux, d’autres encore parlant de ce que le monde aurait pu être, de ce qu’il avait été, de ce qu’il pouvait encore devenir… Toujours de belles histoires, tristes ou merveilleuses, de celles qui font rêver et battre le cœur. Il les chérissait toutes autant les unes que les autres, même si l’implant l’empêchait aujourd’hui de ressentir un réel plaisir à leur lecture.

« Mais toi, toi tu n’as pas d’implant… toi tu peux ressentir la magie qui les habite ! Tu peux encore voir la danse des mots, savamment orchestrée par des auteurs depuis longtemps oubliés. Toi tu peux encore rêver, et découvrir ces milles mondes qui ont forgés ma vie… »

Il n’était jamais revenu après cette nuit-là, ce vieux monsieur. J’aurais pu faire comme si rien ne s’était passé, et oublier ses paroles. Mais, je ne sais pourquoi, un jour je suis sortie. Je me suis faufilé dans le méandre des rues sombres et sales, suivant ses indications jusqu’à cette petite bibliothèque tout aussi sombre et sale, mais dans laquelle allait naître la lumière.

Je les ai lu ces livres. Pas tous. Pas encore. Maintenant, à cause d’eux, grâce à eux, je pense, je réfléchis, et pire que tout : je rêve. Le vide qui régissait ma vie ne me suffit plus. Je me suis prise à rêver d’amour et d’amitié, de courage et de passion, autant de mots qui n’avaient pas leur place dans mon univers. Mon esprit se délie, suit la farandole des mots jusqu’à des terres plus ensoleillées… Il danse au son d’instruments interdits, rencontre des être merveilleux, se faufile dans les coulisses des plus grandes batailles, et applaudit des deux mains lorsque les amoureux s’embrassent. Il commence à regarder le monde a travers des yeux nouveaux, et se contente de moins en moins de cette vie morne qui est la sienne. Il veut que les choses changent. Oh ça oui, il le veut vraiment.

[Plume pour vous servir
Valkyrie de son état Smile ]
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