« Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que je fous là ?... Bordel ! Mais qu’est-ce que je fous là ?! »

Morgan vient de se réveiller, torse nu, allongé sur un vieux lit dans une pièce couverte de dalles blanches, du sol au plafond. Une unique lumière, accroché au plafond éclaircit la pièce. Morgan s’assoit sur le lit et regarde à sa droite. Un genre d’établi est placé contre le mur, couvert de multiples instruments : seringues, scalpels, gants… et une sorte de pistolet miniature. La mémoire semble alors lui revenir. Il se souvient d’un médecin.

- Ah ! ça y est, t’es réveillé ? Comment tu te sens ?

La mémoire revient tout à coup à Morgan. Un médecin venait justement d’entrer dans la pièce, laissant la porte grande ouverte. Bien sûr qu’il se souvient du médecin. Il était venu voir Derek (c’était son nom) pour se faire enlever cette saloperie d’implant.

- Bah, plutôt bien.
- Nickel ! Ta chemise est là.

Il lui désigna un petit porte-manteau où était posée une chemise rouge. Pourquoi Morgan avait-il enlevé sa chemise ? Aucune idée. Bref, il la prit et l’enfila. Il se regarda rapidement dans le miroir placé à côté et quelque chose le frappa.

- Derek ! C’est quoi ce truc ?

Le médecin revint le voir.

- Quel truc ?
- Comment, quel truc ! Mon œil !

En effet, si l’œil droit de Morgan était resté bleu comme à l’origine, le gauche avait viré à un gris très clair.

- Y’a parfois quelques effets secondaires dus au traitement contre l’implant. Je t’en avais parlé avant de te l’enlever.

Encore un trouble de la mémoire. Morgan préféra ne pas répondre et suivit Derek dans le couloir mitoyen à la chambre. Ils arrivèrent à une autre porte, à côté de laquelle se trouvait un nouveau porte-manteau. Derek y saisit une longue veste en cuir et un bonnet noir qu’il tendit à Morgan avant d’ouvrir la porte. Celle-ci menait vers une sorte de ruelle sombre et couverte, comme souterraine. Nouveau souvenir renaissant : le Mirail 31…

- Et maintenant qu’est-ce que tu vas faire ?
- Je sais pas. Je vais sûrement commencer par boire, fumer, tirer un coup, profiter de ce que j'ai pas pu ressentir pendant que j'avais l'implant.

Derek fouilla dans sa propre veste et lui tendit un paquet de cigarettes blondes.

- Cadeau. Moi, j’essaie d’arrêter.

Et sur un dernier « merci », Morgan franchit la porte et s’avança dans la ruelle…