Hier, j'ai eu le droit à de nouveaux testes.
Le nouveau traitement est pas mal. Je n'est presque pas tremblé.
Peut-être que bientôt j'aurais le droit de porter à nouveau une arme hors des salles d'entrainement.
... c'est bien...

C'est bien et pourtant...
Ce doit être les médicaments...
Je devrais être contente ? Me réjouir à l'idée que je pourrais peut-être avoir de vraies missions ? Bien sûr que non... bien sûr que non... se réjouir ou être contente, c'est pas dans mes habitudes, c'est pas ce qu'on m'a appris. C'est interdit. Est-ce que j'en serais seulement capable ?
Qu'est-ce que tu en dis Santy ?

Il y a des fois où je voudrais la revoir, l'avoir à nouveau en face de moi, lui parler... je crois... mais ça non plus, ce n'est pas dans mes habitudes. Un NOD, ça ne parle pas, ça ne discute pas. Ça exécute les ordres, c'est pas plus compliqué que ça.
Mais je ne suis plus une NOD. Je suis mentaliste... la belle affaire.

Pour mes nouveaux collègues, je ne suis rien de plus. Un pion mal taillé, mal assorti à leur jeu. Une bête curieuse qui dérange.
Eux qui se gargarise du mot "Ordre", ils doivent être verts. Verts de voir comme je me prête à tous leurs tests, toutes leurs expériences et accepter leur missions les plus merdiques sans broncher. Ils n'ont pas eu un conditionnement aussi sévère que le miens. L'ordre, la discipline, ça me connait. Je ne sais faire que ça... surtout en ce moment... c'est plus facile de faire ce qu'on me dit, obéir sans poser de questions... sans me poser de questions... ou peut-être... oui, des questions il y en a, mais ailleurs, pas pour eux. Je ne suis pas vraiment là.

Il n'y a que quand je rentre chez moi que je sort de ma tête vide. Une fois que j'ai vérifier au moins trois fois que la porte était solide et bien fermée, j'observe la pièce autour de moi. Une pièce vide, comme dans ma tête.
Face au vide qui m'entoure, je sent venir une pensée trop vague pour être identifiée. Une pensée qui pince. Je la renvoie d'où elle vient avant qu'elle ne s'échappe et prenne trop de place, trop d'énergie... je suis fatiguée... je crois...est-ce que je devrais ?

Je me raccroche à ce que je vois, mon décors immaculé et immobile... vide... c'est difficile de ne pas se laisser absorber par le vide quand il n'y a que ça partout. Mais quelque chose me dit qu'il ne faut pas. Toujours bouger, toujours regarder. Faire du bruit peut-être ? Non, c'est fatigant, et chaque son que j'aurais l'idée d'émettre reste coincé dans ma gorge, et forme une boule qui ne veut pas sortir. Que je ne veux pas voir sortir, de doute façon. Elle me rappelle au moins que j'ai un corps, que tout n'est pas vide. Mais ce qu'il contient...

Oui j'ai ce corps là, avec un visage figé devant la glace. Sans mon masque, mes joues sont lisses. Je ne les ai pas senti bougé une seule fois aujourd'hui. Mais je les sent en passant mes doigts dessus, elles ne sont pas anesthésier.
Les lèvres scellées dans le silence, immobiles, indolores... Le sourire de hyène n'est pas là. Je devrais sauter de joie, si ça se faisait et si je savais faire ça... Ça ne sert à rien de toute façon.

Je me déshabille pour me changer et vois ce corps qui est le mien... enfin je crois.
J'ai eu plein de petits trous dans les bras. Si toutes les aiguilles qui m'ont percées la peau devaient être là en même temps, je ressemblerais à un hérisson.
Ça existe encore, les hérissons ? Je ne sais pas. Mais ça ne sert à rien, de toute façon.
Ça m'a fait des bleus à certains endroits. Dans le cou aussi. Les infirmiers du Temples ne sont pas tous délicats.
Mais ça ne fait rien, ce n'est qu'un corps, personne le voit. Personne sauf moi. Moi dont les yeux sont inlassablement attirés par le néant.
Est-ce que j'ai mal ? Ouais, peut-être... je m'en fout... j'ai vu bien pire, après tout.

Mais au bout d'un moment, qu'est-ce qui est vraiment important ?
Vivre... pourquoi faire, je ne sais pas. J'obéis même à ce qui m'ennuie. Depuis quelques temps, tout m'ennuie. L'intérêt pour les chose s'en ai allé avec le sourire et le reste. Où sont-il allés ? Je ne sais pas. De toute façon, ça ne servait à rien.
... mais ça va pas... je crois... il y a ce quelque chose qui veut sortir, ou pas.

Dans le miroir, mes yeux sont vides. Ils n'hébergent plus la colère d'autre fois, ou alors vaguement, là au fond, en regardant bien... ou peut-être que je l'imagine seulement.

Je ne suis plus moi !
Et j'ai cette boule qui remonte quand je regarde ce qu'ils ont fait de moi.
Alors je me détourne de mon reflet et je marche. Quelques pas dans la pièce. Je m'arrête, parce que ça aussi ça sert à rien.
Mais il faut pourtant bien que je fasse quelque chose. Il est encore tôt. Qu'est-ce que je peux faire ? Avaler mon repas en gélule et aller mon m'allonger sur mon lit pour regarder le plafond tout vide ?
Je n'ai pas pris de douche ce soir, mais je veux pas. Ça va me fatiguer et m'ennuyer. Je ne suis pas très sale de toute façon. Il semble loin le temps où je me décapais la peau pour enlever les traces de sang, en faire partir la couleur, l'odeur et même l'idée.

Je ne sais pas quoi faire de moi et tout m'ennuie ou me fatigue. Alors puisqu'il n'y a rien à voir qui ne soit pas pénible, je vais me coucher, fermer les yeux, dormir... dormir pour ne plus m'ennuyer, ne plus penser au vide ou à ce qui se cache derrière. Je vais dormir parce que je ne trouve rien de mieux à faire.

Mais au moment où j'allais fermer mes paupières, un message s'affiche sur l'écran devant mon lit. J'ai rendez-vous demain pour qu'on parle de mes missions. Ça y est ? Je vais faire un vrai travaille de mentaliste ? ... bien... ou alors ce sera pour me reproché de n'avoir toujours pas terminé la première, à savoir ramener vivant, ce Lester ? Ils seraient capable de me faire encore chier avec ça.
On verra demain. Pour l'instant, je vais dormir...
...

...

...J'y arrive pas.
Je vais prendre un somnifère.