 |  Sujet: Sans états d'Âme ..  Lun 24 Mai 2010 - 21:49 | |
| Quartier Orthodoxe ...
Le parc du centre de loisirs ..
15h24 indiqué par le cadran imbriqué au plus haut du plus grand immeuble de la zone gouvernementale .. Très exactement 15h24 et 38 secondes au moment ou la fillette d'une dizaine d'années assise sur la pelouse, lève la tête pour s'enquérir de l'information. 40 secondes au moment où elle abaisse la tête, l'information enregistrée et analysée mécaniquement. Encore 10 minutes et 22 puis 20 secondes avant que son tuteur vienne la récupérer. Jusque là, il lui reste exactement 33 cailloux à classer par taille et par formes .. Pourquoi pas par couleur? Pourquoi pas.. Si tout n'avait pas même cette invariable couleur grise ..
Alors que la petite fille tend le bras vers un des tas de caillou pour y rajouter un congénère, elle lève une fois de plus la tête parcourant d'un oeil impavide chaque rouage de la machine: des coureurs aux foulées totalement synchrones, n'eut-elle l'implant dans la tête, se serait-elle interrogé sur le fait qu'il n'étaient pas même essoufflés; d'autres juste assis sur des bancs métallique; d'autre faisant l'entretien des lieux; parfois certains abordent un comportement déviant, différent de ce qu'il doit être. Comme la fois où son tuteur précédent lui avait été enlevé par des déviants... On lui avait donc en conséquence trouvé un nouveau tuteur.
La fillette baisse la tête et attrape un petit cailloux qu'elle détaille d'un oeil neutre. Un léger bruissement d'herbe, -elle devrait sentir un picotement dérangeant dans l'échine, mais l'implant.. - puis une ombre dans son dos qui vient la recouvrir -un frisson, voir un sentiment d'effroi devrait se manifester, suite à cette présence inattendue, mais l'implant..- seulement:
-"Vous cachez la lumière."
Inhumainement imperturbable, le fillette classe enfin son caillou dans le tas adéquat.
-"Josie?"
-"C'est mon nom." Nouveau caillou attrapé et à son tour détaillé.
Le propriétaire de l'ombre envahissante dans un geste rapide, se jette sur la petite fille l'attrape et la serre avec force contre elle, lui couvrant sans cesse le visage de baisers mouillés de larmes.
-"Josie, regarde, regarde moi, oui là! C'est moi, c'est maman! Oh ma puce! c'est si bon! Qu'est-ce que tu m'as manqué!"
La fillette Josie donc, relève la tête machinalement vers la femme qui l'étreint sans cesse. Amaigrie, -mais si belle, se serait-elle dit sans l'implant ..- l'air fatigué mais heureux, une peau d'ébène, des habits non conformes, la tête ornée d'un bandage habilement dissimulé sous une large capuche .. Un déviant.
-"Mère. On m'a trouvé un nouveau tuteur pour remplacer votre perte."
-"Ma chérie écoute, je n'ai que très peu de temps, mais tu dois savoir. Je ne t'ai pas abandonné ma puce, Maman t'aime fort, fort, elle l'a appris quand on l'a libéré ici.." pointant sa tête.
-"Tu n'es plus conforme. Tu es un déviant à présent, c'est mal."
-"Non, non c'est n'est pas mal, c'est vivre! Je.. je ne peux pas tout expliquer le temps me manque, retiens, n'oublie pas chérie, maman t'aime et ne va pas t'abandonner, elle va revenir te chercher, tu comprends? Je vais revenir te donner la vie mon ange! Dans 15 jours à partir de maintenant, tu seras libre! Tu n'oublies pas!
-"Je n'oublie pas."
-"Je suis si heureuse!" La mère nouvellement Mère, telle qu'elle aurait dû l'être depuis toujours embrasse sa progéniture prisonnière, la cajole et la câline, des geste nouveaux mais si instinctifs.. Lui répète une dernière fois qu'elle ne l'abandonne pas, qu'elle va revenir puis la relâchant le coeur gros, les larmes aux yeux et dévalant ses joues, l'abandonne à cette vie qui n'en est pas une ...
Apathique la petite Josie retourne à ses petits tas de cailloux qui ne sont plus. Tout est défait. Nul agacement, ou colère, nul dépit, elle se relance simplement dans l'opération.
15h35.
Son nouveau tuteur conforme, vient la récupérer. Exactement 30 minutes après avoir quitté l'usine. Comme tous les mercredi ils vont au centre commercial faire le plein de conserves pour jusque au mercredi matin suivant...
[...]Dans la zone de sommeil, la petit Josie et son tuteur se dirige vers leur lieu de résidence, le pas quasi militaire et toujours synchrone. La "question" plutôt phrase habituelle du tuteur, totalement désintéressée, posée d'un ton monogame, sans aucune fluctuation; comme tous les mercredis à encore quelques mètres de leur immeuble:
-"Ton après-midi au centre."
-"J'ai classé des cailloux par taille et par forme."
-"Ça forge la rigueur nécessaire au travail."
-"Je n'ai pas pu terminer. Il a fallu recommencer, après que mère mon tuteur d'avant soit partie. Il restait peu de temps, c'est inachevé, ce n'est donc pas rigoureux."
-"Ton tuteur d'avant." ce qui aurait du sonner comme une question, reste définitivement monotone..
-"Oui. Mère est déviante maintenant. Elle a dit de ne pas oublier qu'elle revient me chercher dans 15 jours à compter de celui-ci. Je n'oublie pas."
... ... ... ... Aujourd'hui, 7 ans plus tard, je suis Joe et plus Josie, Warwiller parce que 'war' pour la guerre menée contre le' moutonnage', "willer" je l'ai lu sur une affiche, j'ai 19 ans. J'ai tué ma mère et mon implant est mort court-circuité. Et en grillant, il a emporté dans la mort quelques partie de mon cerveau. C'est ce que je crois vu que je ne ressens rien. C'est comme avec, à la différence que je suis douée de ma propre raison. C'est ce que je pense, mais je ne le ressens pas. Je vois gris.. Ou noir.. Voir en gris très clair, mais jamais tout blanc.
Je me dis que c'est glauque, mais je ne le ressens pas. Je l'analyse avec ma raison en "couleur"
Rien en couleur, Rien qu'une vision monochrome de tout. Je mène une existence pas tellement différente de l'avant couic, je le sais, mais ne le ressens pas. Mais j'ai ma raison. Ce que je ne peux éprouver à tel instant, je sais juste qu'a cet instant je dois ressentir ceci ou cela... "Je devrais avoir mal, car ma jambe est sacrément amochée..", "Je devrais être triste et pleurer car nous avons perdu des compagnons au cours d'une opération.. "
Je ne peux que faire fonctionner ma cervelle. pas d'état d'âme, c'est parti avec l'implant. Les autres disent que ça me rend dangereuse, disent même que mon état pourrait leur coûter la vie, que mon état me ferai les trahir. Mais ça leur est utile qu'ils disent, je peux faire toutes les sales besognes..
Sans états d'âme ... Si s'po clair ... j'suis bleuette... |
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