Comme un loup dans la bergerie (libre)

**Amasis Gem-Nef-Hor-Bak** Age : 51 Fan Club RP : 3

... C'est en traversant ce passage qui prenait sa source dans son jardin cairote qu'elle s'était donc retrouvée ici, dans cette ville étrange, quelques siècles plus tôt. Ces allées et venues dans le temps et l'espace commençaient à la déstabiliser quelque peu. Elle qui avait vécu déjà plus de 4000 ans, se voyait soudain prise de vertige, comme si elle s'était trouvée au bord d'un précipice sans fond.

Le passage donnait directement dans une rue sombre et étroite. Deux immeubles incroyablement hauts la cernaient des deux côtés et empêchaient absolument à toute lumière d'y pénétrer même en plein midi. Elle avait quitté cette rue pour se retrouver sur un boulevard où une circulation importante pétrifia ses tympans pendant quelques secondes. Elle s'engagea sur le trottoir et fendit la foule avec assurance malgré une méconnaissance totale de ce nouvel environnement. Tous ses sens étaient en alerte, sa vue, son ouïe et son odorat récupéraient à toute vitesse les éléments dont elle avait besoin pour savoir où aller, pour savoir quelle était la direction la plus pertinente à prendre. Au bout de dix minutes à croiser des humains puants et au regard fuyant, elle sut où se trouvaient les quartiers des dirigeants, là où se trouvait le luxe et la beauté. Pour le calme, ce serait une autre affaire et il y avait fort à parier que dans un tel monde, le calme n'avait pas sa place. Tant mieux, elle ne serait pas dépaysée. Elle s'arrêta devant la façade d'un immeuble de dix étages et sauta directement sur le toit pour avoir une meilleure vue sur cette ville, ce monde qui s'offrait à elle. A perte de vue, elle ne voyait qu'un immense complexe urbain, lardé de larges trouées et qui avait poussé à l'extrême la signification du mot communauté. "Ghettos" aurait été un terme plus approprié, tant vue de haut, les différences des quartiers sautaient aux yeux. Elle repéra rapidement celui de la classe dirigeante, fait de grandes tours de verre, de jardins et de lieux agréables pour se promener et flâner. C'est là-bas qu'elle devait aller. Là-bas qu'elle se ferait connaître.
Elle se rendit compte que les villes du futur ne connaissaient plus l'homogénéité verticale des villes du XXème siècle. C'était un problème pour ses déplacements mais pas un obstacle. Elle repéra le chemin et redescendit brutalement au niveau trottoir, collant une belle frayeur aux passants présents à ce moment. Et soudain, sous leurs yeux surpris, elle disparut, ne laissant derrière elle qu'un courant d'air.

Elle arriva en quelques minutes dans le quartier des maîtres de la ville et regarda l'édifice devant lequel elle s'était arrêtée. Il s'agissait d'un bâtiment énorme, blanc, surmonté d'une grande coupole et sur lequel flottait un drapeau. Certainement celui de la ville. Ce bâtiment devait être le centre politique de la ville et elle se décida à en franchir la grille d'entrée que surveillaient deux gardes. D'un regard, elle leur fit comprendre qu'ils avaient tout intérêt à la laisser passer et une fois les marches de marbres grimpées, elle trouva la grande porte d'entrée fermée. Pas d'autres possibilité d'entrer là-dedans? Elle redescendit les marches, pris du recul face au bâtiment et le regarda attentivement. Autour d'elle, des hommes et des femmes élégants marchaient tranquillement sans faire vraiment attention à elle.

J'ai erré dans les couloirs du temps jusqu'à en user mes pensées.
A chaque incarnation, à chaque fois un Novlangue différent, et à chaque Novlangue, une mort inévitable pour moi.

C'est incroyable que je sente encore la douleur. Ce doit être dû à mon enveloppe physique différente à chaque incarnation. Différente et pourtant si semblable...
Parfois, un trait change : Le nez se décale légèrement, ou les yeux changent de couleurs ou de formes, parfois les cheveux sont plus court, plus long ou ondulés... Mais je reste Ymir.
Je suis piégé dans le mécanisme mortel du temps. Je meurt chaque fois, mais, malheureusement, jamais définitivement. Je suis une erreur temporelle, un conglomérat d'aberration collé à la toile de l'espace-temps. Je ne devrais même pas exister...

La faille chamboule vraiment tout, par ici. La foire aux monstres. Venez, venez admirer l'homme condamné à mort jusqu'à l'éternité !
Mon dieu, j'ai vraiment dû tirer le diable par la queue dans ma vie précédente pour écoper d'une tare temporelle pareille...

Le picotement caractéristique dans les doigts, les sens qui réapparaissent... Et cette sensation d'être de nouveau emprisonné dans un corps.
Pas de doute : Je suis de nouveau sorti de la faille. Un nouveau Novlangue qui se présente sous mes yeux, donc.
Comment vais-je mourir, cette fois, et combien de temps vais-je tenir ?
Ah !... Ce serait hilarant si ce n'en était douloureux. Assez douloureux pour m'arracher un rictus rien qu'à y penser.

Le Novlangue alternatif est étrange. Futuriste. Mes vêtements le sont aussi. Le tissu est inconnu, sous mes doigts. Ai-je déjà porté quelque chose de ce genre, ailleurs ?
Est-il un reflet de ce que sera, ou ce qu'est Novlangue actuellement ?... Le vrai Novlangue ?...
C'est assez joli !

J'ai marché quelques heures, au hasard, désabusé, dans la ville. Elle s'étend vers le ciel, mais je préfère rester cloué à mon ami le sol, plus sûr que ces altitudes dont on peut chuter. On peut faire confiance au sol, il ne se dérobe jamais sous les pieds. Presque jamais.

Je suis curieux. Les gens sont ils différents ici.

J'ai pressé ma main contre l'épaule d'une dame au milieu de la rue. J'ai l'intuition étrange qu'elle même est issue de cette faille. Peut être pas dans les mêmes conditions que moi, mais, franchement, qui s'en soucie ?
Quelques questions contre un peu de temps.

« Madame ?... Si je vous parle de temps et d'espace, que me dites-vous ? »

L'avantage de la mort qui surviens à de multiples occasions dans votre existence, c'est qu'elle supprime la barrière de l'inhibition sociale.

**Amasis Gem-Nef-Hor-Bak** Age : 51 Fan Club RP : 3

La tête en l'air, les pensées pas vraiment dans les nuages et les deux pieds plantés dans le sol, elle laisse les minutes et les heures s'écouler comme le courant tranquille d'une petite rivière. De temps en temps, ses réflexions sont comme des petits poissons qui sautent hors de l'eau et y replongent aussitôt. Et bientôt les poissons se multiplient, frétillent et s'agitent comme des sardines prises au piège d'un filet. Comment entrer là-dedans? Pour y faire quoi? Qu'y découvrir? Parler avec qui? Dans quel but?
Restera t-elle longtemps dans ce monde? Est-on libre de circuler entre le futur, le présent et ... il manque le passé. Ou alors elle n'a pas encore trouvé le chemin qui y mène. Mais à bien y réfléchir se retrouver face à elle-même ne l'enchante pas vraiment. Elle est ce qu'elle est, elle vit au présent et comment pourrait-on vivre autrement de toute façon?
Elle soupire un peu et les petits poissons de son esprit se calment et retournent suivre le courant de ses pensées sur le temps et l'espace.

Ce qu'elle en dit? Que c'est une affaire bien complexe, trop complexe, que cela lui donne un vertige métaphysique insupportable et ... hein? Qu'est-ce c'est que ça? Une main sur son épaule? Un ver sur une pêche. Elle attrape la main audacieuse et suicidaire et applique une pression énorme sur le poignet pour mettre à terre son propriétaire.
Elle est étonnée, surprise devant celui-ci. La pâleur de sa peau... Mais non... Alors elle le sonde, le regarde droit dans ses yeux rougis et le relâche. Il n'est pas comme elle. C'est curieux un humain aussi pâle. D'où vient-il?

Je te demande comment tu fais pour parler de choses qui devraient te rester inconnues et incompréhensibles.

Elle regarde autour d'elle. Quelques passants les observent du coin de l’œil mais Amasis sourit. Tout va bien, aucun problème, elle gère. Elle se moque bien d'attirer l'attention, de toute façon elle égorgera (ou éventrera... oui, aujourd'hui ce sera de l'éventration) d'un coup d'ongle ceux qui seront trop curieux. Mais elle n'aime pas qu'un traîne-misère comme il en a l'air vienne l'aborder ainsi en pleine rue. Ils sont complètement inconscients dans ce monde ou quoi? ce monde... elle ne sait même pas où ni quand elle se trouve et pour la première fois de sa longue vie, Amasis la Première éprouve comme une douleur de l'esprit. Les petites sardines se sont resserrées les unes contre les autres et ne forment plus qu'une masse compacte cherchant à sortir du fleuve. C'est ça la peur?

ce petit homme qui est encore à genoux devant elle est la meilleur personne pour lui répondre alors elle aussi elle s'agenouille. Pas par compassion (noooooooooon !!!) ni par charité, ni pitié (vite un dictionnaire!) mais simplement pour pouvoir discuter en tête à tête même si c'est en pleine rue. Elle ne connaît rien à cette ville, où elle pourrait aller alors ici ou ailleurs. En plus, les trottoirs sont très très propres. Elle est assise en tailleur en face de lui et le toise.

Raconte-moi ce que tu sais.

La surprise. L'indignation aussi... Mais la douleur ?...
Si je la sens encore, il m'est maintenant facile d'en faire abstraction. Enfin, facile...

« La douleur. C'est remarquable. D'un autre coté, qu'importe le nombre de signaux de détresse que ce corps m'envoie, bientôt un autre le remplacera. Regardez.»

D'un mouvement sec, je me suis brisé le poignet. Ce poignet même qui se trouve toujours entre ses mains. Le craquement de protestation est assez morbide.
La douleur est là, mais n'est pas insurmontable.

L'os pendouille lamentablement.

« Laissez donc tomber ce morceau de chair et d'os. Et n'espérez pas obtenir quoi que ce soit de moi par la douleur. J'ai déjà vécu tout ce qu'il était possible de vivre physiquement, j'en suis lassé. »

Bon. Ce sera probablement elle qui me tuera, au bout du compte.
Une nouvelle mort pour une nouvelle existence. D'ici peu.

« Vous êtes mortelle, et vous n'êtes pas toute puissante. Lâchez ce qui me reste de poignet et allons en parler ailleurs. »

C'est curieux, j'ai l'impression d'oublier de mentionner quelque chose...
Ah... Oui...

« Si vous tentez une nouvelle fois de prouver votre supériorité physique à mon égard, je me suiciderais. C'est ce que je fais parfois quand la situation n'est pas en mon avantage. »

**Amasis Gem-Nef-Hor-Bak** Age : 51 Fan Club RP : 3

Ok, il veut jouer à ça le p'tit masochiste? Elle a rencontré bien des cinglés durant sa longue existence mais des hommes atteints à ce point... c'est un bel exemplaire, à n'en point douter! D'abord surprise par la réaction presque molle mais morbide du morpion, elle s'en amuse désormais beaucoup. Pour un peu, elle lui briserait les os de son poignet restant et ceux de ses chevilles un à un mais en pleine rue... Amasis est peut-être sadique mais elle a un minimum de tenue et d'éducation. Et comme elle n'a nul endroit où pratiquer son art de l'ostéopathie, elle se contentera de regarder le bonhomme se détruire devant elle si ça lui fait plaisir. Elle n'est pas dans son monde ici. Peut-être est-ce ainsi que les choses doivent se faire après tout? Curieuses coutumes tout de même.
Elle lâche donc le sac à patate qui se déglingue tout seul et qui s'affale lamentablement sur le béton du trottoir.

Te suicider? A ta guise! Je ne suis pas d'humeur contrariante et ça m'apprendra un peu des coutumes de ce monde. J'ai beaucoup à apprendre vois-tu alors si quelqu'un peut devant moi me montrer comment on met fin à ses jours ici... ce sera avec grand plaisir! Ne te gênes surtout pas pour moi!

Elle désigne alors le poignet chancelant et pendouillant.

C'est une habitude des gens du coin de se démettre les articulations comme tu l'as fait? Sympa... Là d'où je viens, certaines personnes s'infligent également de grandes souffrances volontairement pour se faire pardonner de quelque chose et les lapins se rongent la patte quand ils sont pis dans un piège. Tu as un petit côté lapin en fait.

Elle regarde autour d'elle et remarque que des gens, même s'ils ne se sont pas arrêtés, observent la scène avec stupeur. Il faut bouger. Elle prend le lapin-humain sous un des bras et le soulève.

Allez, debout! Allons parler ailleurs! Je t'apprendrais des choses moi aussi... Ca t'éviteras de dire des sottises plus grosses que toi!

Poussé sans ménagement, le lapin-humain se met à marcher suivit d'Amasis, vampire millénaire égarée en un temps étranger.

... Avant de s'arrêter en plein milieu de la rue.
Impulsif? Si peu.

Aucune information d'aucune sorte avant que vous ne me traitiez en égal. En parfait égal. Je vous le répète, vous n'avez aucune prise sur moi.

Elle possède un pouvoir physique indéniable. Je me demande d'où il peut venir.
Déformation génétique, comme ces mentalistes à Novlangue ?
Non, elle ne semble pas du gouvernement, bien qu'elle en ai l'arrogance.

Elle suite de supériorité par tous les pores de sa peau de femme fatale. Fatale, oui.

Finalement, ce sera peut être elle qui me donnera le coup de grâce dans ce monde. J'espere que cela sera rapide, j'ai hâte de retrouver un corps entièrement viable : Ce poignet qui pendouille me géne.

Bon, je vous suis.

Je suis peut être devenu moi même un peu arrogant. L'immortalité vous tourne vite la tête.
C'est marrant, je pensais qu'elle serait un peu plus intrigué par mon absence totale de soumission lors de sa menace physique et de mon poignet brisé, mais il semble qu'elle ne l'ai même pas remarqué.
Elle pense que je céde aux caprices de mon corps, comme les humains normaux ?

Étrange...

C'est vous qui me tuerais à la fin de la journée à mon avis. Allez, où que nous allions, pressons nous.

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