Pouah!Pouah!Pouah!

C'était bien le seul mot qui envahissait l'esprit du Muridé. C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans une ville et il espérait que ce serait aussi la dernière. Tout lui paraissait sale ici c'était gris bétonné de partout...mais contrairement à beaucoup de gens dans les villes lui ne serait pas esseulé...Autour de lui c'était massé des tas de rats qui le flairaient et suivaient à la trace cet "humain" dont l'odeur leur semblait familière. C'était eux que Lemu avait suivi pour passer le mur et éviter tout les pièges, les câbles électriques et bout de verre qui traînaient ça et là.Il avait ainsi pu passer sans trop de difficultés: l'amitié des rats ne coûtait pas bien cher, quelques morceaux de pain sec suffisait pour obtenir la "carte de membre de la tribu".

"Pouic, pouic" l'avantage d'être un homme-rat c'était qu'on naissait quasi bilingue

"Pouic,pouic,pouic,poouiiic" du coup remercier les compatriotes citadins c'était pas trop dur.

"Pouic" Et c'est sur cet au revoir amical qu'il tourna les talons pour dire adieu à ses nouveaux amis

Enfin à certains d'entre eux...parce que la plupart ne voulait pas le lâcher, ils se pendaient à ses guêtres avec des grands yeux de chiens battus dans l'espoir d'obtenir d'avantage de pain. Une dizaine d'entre eux étaient même arrivé sur ses épaules, reniflant ses oreilles, escaladant sa tête pour jouer...être un homme rat avait ses avantages mais aussi ses inconvénients...
Lemu tenta de faire comme si de rien n'était, il continuait d'avancer péniblement sous les poids de tout ces rats en espérant que certains lâcheraient prise (et au passage qu'ils ne parviennent pas à ouvrir son sac).

La scène était mignonne mais pas franchement discrète, et Lemu avait entendu dire qu'en ville les rats n'avaient pas franchement bonne réputation. En même temps rien qu'à l'odeur qu'ils dégageaient on voyait qu'ils étaient différents de ceux qu'élevait la tribu,ceux de la tribu n'avait comme toute saleté dans leur pelage que de la terre, en revanche ceux qui se baladaient actuellement le long de son dos étaient plutôt du genre à nécessiter une douche de décontamination après contact tactile.Il chassa donc ceux qui trouvaient que la tête permettait d'obtenir un bon point de vue pour rabattre sa capuche sur ses oreilles. Marcher en redressant légèrement son dos courbé mais la tête penchée vers le sol malgré tout, il ne fallait pas qu'il attire trop l'attention ne sachant pas comment réagirait les gens de la ville. D'ailleurs où aller dans cette ville? Il était parti sans trop réfléchir, il ne savait pas trop où chercher il verrait bien.

Comme il l'avait prévu à chaque pas qu'il faisait s'éloignant du territoire des rats, l'un d'entre eux lâchait ses guêtres pour retourner vers le mur. AU final il n'y en avait plus que 3 de perchés sur ses épaules qui semblaient apprécier la promenade. Ils allaient les emmener quelques temps jusqu'à ce qu'ils se lassent et se sauvent eux aussi. C'était étrangement calme, pas un chat (heureusement pour les rats).Mais c'était malheureux pour Lemu qui ne savait pas à qui demander son chemin.
Il était un peu perdu il aurait souhaité voir quelqu'un. Et finalement le quelqu'un émergea du fond d'une ruelle

"Bonjour où est ce que je peux trouver un pro en recherche adn?" euh non la formulation n'allait pas. "Bonjour comment allez vous?" non plus hum que faire? que faire? Se cacher?Vite! Ni une ni deux camouflage ratesque et le voilà terré dans un renforcement. IL regardait l'homme s'approcher, enfin ce qu'il en voyait parce qu'il faisait sombre.Il était pressé?Il avait l'air, à moins que ce ne soit l'allure normal des gens de la ville. Lemu et ses trois amis dont l'un d'eux était parvenu à entrer dans son sac s'enfoncèrent dans l'ombre en attendant de voir de plus près l'inconnu.

Un silhouette encapuchonnée avance dans la ruelle, un bras tendu en avant.
Elle arrête soudain sa marche rapide et se met à déplacer ça main grande ouverte, comme une aveugle qui chercherait son chemin en tâtant la brise du vent.

Cette main aux longs doigts fins et sinistres s'approchent de la cachette de l'homme-rat.
On entend comme un sifflement de serpent, à moins que ce soit autre chose, le vent ou le frottement d'un vêtement.
Les griffes se posent sur l'épaule du rongeur mutant, tout près de son cou. Deux yeux verts s'ouvrent alors sous la capuche pour examiner la prise.

Les esprits doivent avoir un certain sens de l'humour pour avoir guidé une femme-serpent jusqu'à un homme-rat. A moins qu'il y ait une autre raison. Un teste peut-être ?

Est-ce que c'est l'appétit qui lui fait sortir une langue fourchue ou seulement un genre de réflexe reptilien ?

-Sssalut

Une voix suave et sifflante, trainante. Apaisante ou inquiétante ?

-en voilà un joli museau.

Elle le toise de haut en bas

-et une allure peu commune dans les parages.
Sseriez-vous de l'extérieur ? Je ne vous ai jamais vu dans mon village.
Vous chercher quelque chose, en ville ?

Elle n'a pas retiré sa main froide de sur sa trouvaille. Ça ne la dérange apparemment pas. Rien ne presse.
Familiarité ou intention de ne pas le laisser filer ?
Difficile de paraitre sincère et chaleureuse quand on est couverte d'écailles.

Misère!Misère! Il pensait pourtant s'être bien caché, qu'un "ordinaire" n'aurait pas pu le trouver, et voilà qu'une main glacée lui enserrait l'épaule. Un contact pas vraiment agréable et qui réveillait en lui les signaux d'alerte de sa part animal. Instinctivement il gonfla son poil et grinça des dents. Son côté rongeur lui signalait expressément un danger lui indiquant que la meilleure conduite à tenir serait une morsure bien placée avant de fuir vers une autre cachette.

-Sssalut

A ce mot le poil de Lemu se dégonfla instantanément, si cette personne était capable de politesse alors elle n'était pas nécessairement malveillante.

-en voilà un joli museau.

ça la rendait pas moins flippante pour autant...

-et une allure peu commune dans les parages.
Sseriez-vous de l'extérieur ? Je ne vous ai jamais vu dans mon village.
Vous chercher quelque chose, en ville ?

Il prit le temps de jauger son interlocutrice avant de répondre. Étrangement il ne savait pas trop ce qu'il éprouvait entre la sympathie et le malaise profond. Certes ils avaient en commun l'aspect mi-homme mi-animal, mais l'ascendant serpent de la jeune femme n'était pas vraiment à son goût. Elle le ramenait à une part de ses croyances qu'il venait de renier, dans l'ordre de Mère Nature on enseignait l'harmonie, l'équilibre parfait, comment accepter stoïquement la supériorité de toutes forces naturelles, faire de la cohabitation entre espèce une joie et un partage...sauf avec les serpents. Ceux là on leur jetait des pierres, tout le monde sait qu'un serpent c'est mauvais!Même cette ancienne religion qui avait complètement périclité aux XXIème le disait.Elle s'appelait comment déjà? Oh après tout on s'en moquait bien...Et puis faire connaissance avec une femme serpent en lui avouant avoir lapidé ses cousins éloignés, c'était pas vraiment faire preuve de diplomatie.
Malgré son hésitation à lui répondre elle n'avait pas dé-serrée sa main. Peut être qu'en ce jour Karni Mata la mère des rats lui avait réservé un sort funeste?

-Je..hum...Je

Pouvait il lui avouer ainsi de but en blanc l'objectif de son voyage?

-En fait je ne suis pas d'ici...je suis de...la campagne si on peut dire.

Il éviterait de lui mentionner l'emplacement de son village; on est jamais trop prudent.

-Et je suis à la recherche d'un...un genre de médecin...enfin plutôt un scientifique du genre spécialiste en adn. (précision utile s'il ne voulait pas se retrouver chez le véto) Peut être que vous... sauriez...

Sa vue assez basse ne lui avait permis de ne remarquer que tardivement les yeux verts de la jeune femme.Mais à présent qu'il les voyait, il demeurait fasciné.Elle avait véritablement quelque chose d'hypnotique.

-Un ssspécialisste en adn ?
hum... pas évident à trouver
Il y a peut-être quelques bons scientifiques qui se cachent dans les bas fond, mais les meilleurs sont ssans nul doute dans les laboratoires de Temple.

Un rat qui voudrait se rendre dans un laboratoire et qui y serait conduit par celle qui a les traits de son prédateur.
Un sort aussi farfelu ne peut être que l’œuvre des esprits. Ça ressemble à une blague de Nimat.

Cette situation lui semble étrange et en même temps tellement évidente que ça ne peut-être qu'un signe.
Le Temple des mentalistes, ce monuments qui à traversé plus d'un siècle sans s'altérer, doit surement renfermé quelque chose d'intéressant pour est en quête de l’Éternité

La lézarde réfléchis quelques instants.

-... oui... c'est ça...
Il faut sse rendre dans les laboratoires du Temple.
Mais ça ne va pas être facile d'y entrer. Ces gens là ne sont pas très tendre avec ceux qui ne sont pas strictement humains.

A ces mots, elle retire sa capuche et dévoile ainsi ces longs cheveux noirs et les écailles de son visage.

-ça risque de vraiment pas être sssimple.
Mais les esprits nous guideront, tout comme ils m'ont guidé jusqu'à vous.

Puis Liza repense à la dernière personne qu'elle rencontré de cette façon, celle qui avait une poisse phénoménale.
Pour celui-ci, il serait peut-être prudent de jeter un œil au sort qu'on lui réserve.

-Je peux voir votre main ?

Lemu n'en croyait pas ses oreilles: elle savait, elle savait! Il n'avait en tout et pour tout adressé la parole qu'à une personne de Novlangue et celle ci savait, ou du moins avait une piste, Était il possible que ce soit si simple? Il entrechoqua ses dents de contentements, Il aurait adressé une prière à mère nature sur l'instant s'il ne s'était pas juré de cesser de croire en cette déesse mère qui avait fait preuve de tant d'injustices envers lui, C'était forcément parce qu'il l'avait défié que les choses tournaient en sa faveur,

Il écouta la lézarde avec attention, Des tas de question lui venait à l'esprit il se demandait ce que pouvait être ce mystérieux temple et de quels esprits elles parlaient, d'ailleurs il s'apprêtait à poser l'une d'entre elles lorsqu'elle lui demanda:

-Je peux voir votre main ?

Sa main? La demande lui parut un peu surprenante mais il s'exécuta sans réfléchir, Il lui tendit donc une main légèrement griffues dont l'intérieur était pourvue de coussinets d'une grande douceur, on en devinait encore le rose peau de bébé sous la couche de crasse, Lemu fronça les sourcils à la vue de la poussière grisâtre qui recouvrait sa main. Sale comme un rat d'égout! Le point d'eau propre et le nettoyage en règle serait son prochain objectif après le scientifique compétent, Au passage il huma discrètement l'air et croisa mentalement les doigts pour que la puanteur ambiante n'émane pas de lui,

Tandis que la jeune femme se concentrait sur sa main. Il en profita pour lui faire part de ses interrogations,

« Euh, dîtes moi qu'est ce que c'est exactement ce 'Temple'? Et ces gens dont vous parlez ils,,, »

Lemu eût une légère hésitation

« ils sont dangereux? »

L'idée d'avoir affaire à des gens « pas tendres » comme elles les avaient qualifiés n'était pas pour le mettre à l'aise, L'environnement alentour n'était déjà pas vraiment accueillant alors se rendre en milieu hostile n'était guère enthousiasmant,,, Même si le « nous » qu'elle avait employé signifiait qu'elle semblait bien déterminer à l'y mener, au moins il ne serait pas seul,,,

La jeune femme était toujours plongée dans son observation, lire les lignes à l'intérieur d'une main si bosselée (et crasseuse) ne devait pas être évident,

« Il y'a,,,quelque chose? »

-Le Temple est le point de rendez-vous des mentalistes et scientifiques. Un bâtiment qui a déjà traverser cent ans de l'Eternité. Il pourrait bien durer encore des siècles. Un monument majestueux, le genre d'endroit où les esprits pourraient séjourner.
Mais aussi une forteresse impénétrable gardée par des gens aux pouvoirs surnaturels.

Ses yeux brillent d'une lueur de passion et de convoitise, comme si c'était la le chemin vers le saint Graal.

-oui... il faut être Nimat pour y entrer sans encombre.
l'endroit idéal pour leur servir de repère...

Elle glisse une griffe entre les coussinets de l'homme-rat comme pour en lire les sillons.

-ow... vous avez une main particulière... porteuse d'attributs exceptionnels pour un être si évolué...
Vous devez être quelqu'un d'assez débrouillard, je me trompe ? Vous n'êtes pas du genre à vous laisser couler avec le navire. D'ailleurs, sssi vous êtes là, c'est pour une bonne raison. Est-ce que le navire est déjà en train de prendre l'eau ?
Un sssort funesste vous attend si vous ne réagissez pas. Une maladie peut-être ou quelque chose comme ça. Incurable par les moyens naturels. La tache d'ombre dans un tableau pourtant heureux. Vous avez déjà la chance, il va vous falloir du courage...

Dites moi, vous croyez en l'Eternité ? Savez-vous qu'elle peut-être accessible ? Imaginez traverse un siècle et même plus, sans vieillir... il y en a même qui guérisse de leurs maladies lors de ses traversées.

Un monument majestueux, une forteresse impénétrable destinée à l'éternité.La tournure que prenait cette conversation lui faisait tourner la tête. La description que la femme-serpent avait fait du temple lui avait communiqué l'envie immédiate de tourner les talons pour s'en retourner dans son village natal.

La jeune femme, elle, avait l'air de trouver le danger excitant.Probablement illuminée ou inconsciente songea Lému.

-oui... il faut être Nimat pour y entrer sans encombre.
l'endroit idéal pour leur servir de repère...

Nimat?Nimat? De quoi parle t'elle?

Il ne s'interrogea pas plus longtemps, la griffe que la jeune femme faisait circuler entre ses coussinets provoqua un frisson en lui. Il écouta avec attention le portrait qu'elle faisait, le début le fit même gonfler légèrement d'orgueil ce n'était pas tout les jours qu'il recevait ainsi des fleurs.

La suite lui plût nettement moins mais acheva de le convaincre de la bonne foi et des talents cachés de son interlocutrice. Impossible qu'elle ait pu deviner si aisément ses problèmes, elle l'avait forcément vu là quelque part dans sa main.Il ignora donc les feulements de mise en garde que semblait lui adresser les trois rats encore cachés dans son sac et choisit d'accorder sa pleine confiance à celle qu'il ne connaissait que depuis quelques minutes.

-Dites moi, vous croyez en l'Eternité ? Savez-vous qu'elle peut-être accessible ? Imaginez traverse un siècle et même plus, sans vieillir... il y en a même qui guérisse de leurs maladies lors de ses traversées.

L'éternité accessible? L'immortalité? Trop beau pour celui à qui il reste peut être cinq ou six ans tout au plus, A part ceux dont la vie est un tel fardeau auquel seul l'au delà semble être le remède, personne ne veut mourir non. Lému lui espérait juste quintupler ce qu'il lui restait d'espérance de vie. Ce serait déjà bien dans son cas. Mais cette proposition était très intéressante, il était prêt à signer au bas de la page, restait encore à connaître les petites lignes.

« C'est possible ça? Guérir en traversant le temps? »

Il leva le nez comme si la réponse était inscrite dans le ciel gris, mais en dehors des nuages rien n'était visible, Il continua de fixer le ciel se hissant même sur la pointe des pieds comme si ce simple geste suffisait à l'en rapprocher,

« Pour nous l'éternité, c'est juste notre dissolution notre retour à la terre, et la renaissance sous une nouvelle forme....nous existons toujours, nous ne somme justes pas...immuables...krrkrrr»

Il énonça cette phrase d'un ton posé, mais il sentit distinctement un léger malaise s'installer en lui, doucement et surement, jusqu'à l'hystérie.

Il saisit brusquement la jeune femme par les épaules, l'air paniqué presque fou et se lança dans une longue plainte.

« Il faut que tu m'aides! Tu sais j'en suis sûr, tu vois le futur?tu sais ce que je dois faire précisément! Dis le! Dis moi si ce temple c'est la solution , où dis moi s'il existe un autre moyen »

Intérieurement il pria pour qu'elle sache, et qu'il y'ait effectivement un autre remède que de se jeter dans le danger.

Quel enthousiasme ! Celui-là, si elle n'arrive pas à le convertir...

Est-il éclairé ou juste une bonne poire ?
Après tout, Liza a pu prédire des choses qu'il ne lui a même pas dites.
Il lui a juste demander où trouver un scientifique spécialiste de l'ADN. Et il avait l'air d'être perdu, pas d'ici. Le genre de personne de l'extérieur qui n'irait pas s'aventurer dans des coins aussi sombres et malfamés s'il ce n'était pas une question de vie ou de mort. Un mutant qui a des poils blanc sur la tête, comme un ptit vieux.
bref, rien qui aurait pu laissé penser qu'il ai des soucis comme une grave maladie et incurable ou quelque chose du genre qui risquerait de le tuer dans peu de temps.
La lézarde doit être très forte pour deviner lire tout ça dans sa main.

Quelqu'un de si désespéré à besoin de croire en quelque chose de meilleurs. Ce quelque chose, elle le lui sert sur un plateau d'argent. Il en a de la chance.

Elle se laisse secouée par le rongeur, un peu surprise au début, mais ravie qu'on l'écoute.

-Et bien, on peut soit se rendre au Temple pour trouver ceux qui s'y connaissent le mieux en Eternité, ou bien on pourrait chercher une scientifique dans les bas fonds, en espérant qu'il y en ai un qui soit suffisamment compétant et avec un laboratoire aux normes d'hygiènes acceptables. Sachant que ces derniers sont traqués par les mentalistes. Vous savez, ces gens du Temple avec des pouvoirs surhumains.

Ce quelle ne précise pas, c'est qu'il y a moins de chance de se faire tuer par des mentalistes dans les bas fonds qu'en allant les chercher directement au Temple.
Non, vous pensez qu'elle oserait profité de sa naïveté ? Oh vous êtes durs avec elle. Elle lui a quand même fait de bonnes prédictions.

-Toutefois, c'est une voix évidente que les esprits nous ont tracé vers le Temple. Et ils doivent vous avoir à la bonne pour m'avoir conduit vers vous. Si nous allons dans leur sens, ils nous guideront jusqu'au but. Faites moi confianssse

« Alors va pour le Temple »

Il avait lâché ces mots résignés. De toutes façons elle le lui avait bien dit, il allait falloir être courageux. C'est ce qu'il se disait pour se persuader qu'il avait fait le bon choix, mais il ne pût pas s'empêcher de déglutir comme si c'était une dure nouvelle à avaler. C'était pourtant sa propre décision mais il lui semblait qu'on la lui avait imposé, Il irait à contre cœur, presque à reculons, mais il irait c'était certain. Comment il parviendrait à convaincre un spécialiste de le soigner gratuitement, ou même simplement de le soigner, il n'y avait absolument pas réfléchi. Mais il essaierait, au stade où il en était il n'avait pas le choix. Et les issues malheureuses du destin sont plus simples à accepter lorsqu'on sait que l'on a tout tenté. Au moins il n'aurait rien à regretter...Et si ces spécialistes refusaient, il existait toujours la solution des bas fonds,
Son sac se mit à s'agiter, l'un des rats se débattait dans l'une des ouvertures sur le côté pour s'en sortir. Il hurla et couina pendant quelques instants avant de se jeter hors du sac et de s'enfuir à tout allure pour se cacher dans le fond d'une poubelle avoisinante.

« Karni Mata » murmura Lému...

Il était mieux placé que quiconque pour le savoir: quand les rats fuient, le danger est proche. Assurément c'était un signe que lui envoyait la mère des rats. Une injonction à faire demi tour dès à présent, à ne pas s'aventurer plus longtemps en compagnie d'un prédateur.
Lému fronça les sourcils, malgré l'affection qu'il portait encore à la mère des rats il avait pris la décision de ne pas écouter ses avertissements. Il ouvrit son sac pour regarder à l'intérieur. Les deux rats restants semblaient tendus mais peu pressés de quitter leur nid. La couverture qu'ils avaient soigneusement aménagé à leur convenance y était sans doute aussi pour quelque chose. Il referma le sac déterminé.

« Allons y, en chemin vous m'expliquerez quels sont ses esprits dont vous me parlez »

Il scruta les alentours comme s'il s'attendait à trouver un panneau indiquant « Temple », Il s'agita un peu nerveux.

« Ah j'oubliais »

Il s'approcha de la jeune femme et la serra dans ses bras.

« Merci, merci, vous n'avez pas idée de l'aide que vous m'apportez »

Le malheureux était si désespéré qu'il la remerciait avant même de savoir ce qu'il l'attendait, pour peu il aurait presque versé une larme.

« Montrez moi le chemin, je vous suis, Ah et,,,Votre nom? »

Liza répond à l'étreinte du rat géant en l’enlaçant elle aussi, la tête posée sur son épaule. C'est agréable la chaleur d'un mammifère, même poilue ave un museau et des grandes oreilles.

-mais de rien mon ami. Je suis ausssi chanceuse d'avoir croisé votre chemin.

Le câlin est déjà terminé ? Dommage.
Il faut pas si chaud en fait pour une créature à sang froid, même avec un manteau.

-Je m'appelle Liza et vous ?
Nous auront tout le temps de discuter, de faire plus ample connaisssanssse en route.
Nous allons faire un bout de chemin par les égouts, ce sera plus court et plus discret. Le Temple est assez loin. Nous y seront à la nuit tombée, ce qui est parfait.
Les gens comme vous et moi doivent savoir se faire discret là où il n'y a que des humains sans mutation.

Quelques mètres plus loin, elle soulève une plaque d'égout et l'invite poliment à y descendre le premier.

« Lému,,,appelez moi Lému »

Suivant l'invitation de Liza il descendit le premier dans l'égout avec beaucoup d'agilité mais aussi beaucoup de prudence. Une fois à l'intérieur il renifla avidement l'air, agita sa tête et sortit ses oreilles toutes dehors pour mieux percevoir l'environnement. Il faisait plutôt noir dans ce tunnel et seul quelques raies de lumière filtraient au travers des diverses bouches qui parsemaient le chemin.
En cet instant très précis il se félicitait de ses gênes de rats, ayant toujours eu une vue faible il avait appris à s'en passer et à se fier à son nez et ses oreilles. Cependant en ce moment tout ce qu'ils lui rapportaient était le bruit d'un faible écoulement d'eau et un mélange d'odeur de nourriture avariée mais aussi d'excréments...pouah...Un peu de patience une fois habitué ses sinus souffriraient moins.

Tandis que Liza finissait de descendre l'échelle, Lému ne pouvait s'empêcher de sautiller sur place. Des sentiments opposés se mêlaient en lui la crainte et l'appréhension mais aussi l'impatience du moment fatidique afin d'en finir au plus vite. Pour un peu il se mettrait presque à courir, ce n'était pas parce qu'il avait l'allure d'un petit vieux recourbé qu'il n'était pas athlétique. Le regain d'énergie se faisait sentir.

«Alors?Alors? De quel côté??? »

Il tournait la tête de droite à gauche quand il n'effectuait pas un tour complet sur lui même. Il s'agita ainsi quelques instant avant de réaliser que son comportement était proche de celui d'un enfant. Il se calma un peu pour ne pas se montrer impolie vis à vis de celle envers qui il aurait bientôt une dette...ah oui, une dette...Il n'avait pas encore évoqué cette aspect de la chose. Même si Liza semblait avoir décidé de manière très généreuse de l'aider il devait bien y avoir une raison. Les motivations humaines ont toujours une raison, y compris la générosité, contrairement à la nature qui n'est poussé que par la fatalité. Il préféra cependant laisser le sujet de côté, peut être lui révèlerait elle cela par la suite? Ou peut être le Temple était il l'unique raison de sa décision? Ou alors il s'agissait uniquement d'un prêté pour un rendu mais cela il le saurait en temps et en heure.

Qui plus est son esprit était déjà passé à autre chose, comme tout les rats il était un curieux et Liza avait piqué sa curiosité au vif.

« Et ces esprits qui vous guident? Ceux que vous avez mentionnés? Qu'est ce que c'est? »

Lému ne pouvait s'empêcher d'insister lourdement, il n'avait guère que les déesses païennes comme références et se demandait en quoi pouvait bien croire la jeune femme. Il n'était pas encore prêt à embrasser de nouvelles croyances, pour l'instant la science semblait son seul salut mais si tout se déroulait sans encombre alors peut être qu'un merci à ces esprits serait judicieux.

La lézarde descend rejoindre le rongeur dans le trou. Elle s'accoler à lui, un bras par dessus l'épaule comme s'ils étaient déjà de vieux amis. Elle est chaleureuse, cette Liza, ou en tout cas elle aime la chaleur, surtout celle des autres. Ils peuvent bien partager avec elle qui n'en a même pas. En échange ? et bien... non non non ! ce n'est pas un parasite ! bien sûr qu'elle apporte quelque chose en échange. Comme par exemple, une histoire, qu'elle lui raconte tout en le guidant dans les égouts.

-La légende raconte qu’un jour un esprit à pris la main d’une personne dans la sienne et l’a guidée vert un passage, l'emmenant avec lui dans un autre temps, quelque part dans l’Eternité. On l’aurait revue cent ans plus tôt et elle serait encore là cent ans après et peut-être encore dans cent ans ou plus.
Ces esprits, on les appelle Nimats dans la langue ancestrale. Ils existent depuis toujours, nées il a longtemps ou dans un avenir lointain. Pour eux, le temps n’est pas linéaire. Et le temps pour aller d’un endroit à un autre est négligeable, tant et si bien qu’il peuvent être présent à deux endroits en même temps.
L'un d'entre eux, le grand Nimatou est un Nimat qui a beaucoup traversé l’éternité, au point qu’il est quasi omnipotent. Il nous regarde en ce moment et hier quand c'était demain. Il a le pouvoir de provoquer ton entrée dans l’Eternité, ou de t'en radier à jamais et de façon absolue. Mais il reste toujours discret... la plupart du temps...
As-tu déjà entendu parler de la Faille ? Il fut un temps, tout le monde en parlait, ici, à Novlangue et on en parle encore de temps en temps. Il y a cent ans, il y eu un déluge et un froid glacial. Les Nimats ont sauvé certaines personnes en les emportant à travers l'Eternité. Je fais partie de ces gens là. Sans eux et un homme qui était près de moi pour me tenir chaud, je serais morte, gelée. Ils m'ont amené cent ans plus tard à l'extérieur de la ville et ils ont fait en sorte que le destin m'entraine vers le village de leurs fidèles pour qu'ils fassent de moi une prêtresse Nimatarde. Certains, parait-il, ont été soignés de leur maux et d'autres ont muté ou vieilli en traversant leur Faille. Ils ont du récompenser leurs favoris et punir ceux qui leur déplaisent.

Elle ralenti la marche, lentement, jusqu'à s'arrêter complètement, le fixant de ses yeux verts réfléchissants le peu de lumière qui les accompagne encore.

-bien ssssûr, tu n'as que ma parole comme preuve. Et je peux compredre que tout ceci ssoit diffisssile à croire. Mais quel intérêt j'aurais à te raconter des ssssornettes ?

La tension ce fait sentir. L'ambiance est lourde, le ton plus grave, inquisiteur, pas encore tout à fait accusateur. Tout laisse à penser qu'il vaudrait mieux la croire, ne pas la contrarier...

Une lumière s'allume d'un coup sous le visage de la femme reptile. C'est une lampe torche qu'elle a sortie de sa poche pendant qu'elle parlait. Elle la dirige devant eux, pour éclairer leur chemin et s'exclame d'un ton enjoué :

-aaah, voilà qui est mieux ! Les égouts, c'est pratique pour se déplacer discrètement dans toute la ville, mais on n'y voit rien du tout.