Maintenant qu'il était arrivé, Berthramm se demandait si ça avait été une bonne idée. Il regarda autour de lui : des lieux de débauche où une poignée de citoyens venaient vivre l'illusion d'un frisson interdit, illégal hors de ces murs. Berthramm eut un léger reniflement de mépris ; non qu'il fut puritain, certainement pas...
- Tous ne peuvent maîtriser leurs pulsions inférieures, murmura-t-il d'un ton neutre.

Capuche sur la tête, il arpentait la Maison des Valkyries, observant çà et là, lorsqu'une devanture arc-en-ciel accrocha son regard. L'enseigne indiquait : Bagdad Café. Deux termes d'arklangue, ce vocable d'avant la civilisation, que Berthramm avait appris au Temple. Haussant les sourcils, il traduisit l'inscription, interloqué.
- Café de Papa Sac ?

Il soupira... Peut-être vaudrait-il mieux éduquer les couches inférieures de la société pour éviter ce genre de pédantisme crasse d'ignorance... Sa curiosité éveillée, il ouvrit néanmoins la porte et entra.

Berhramm s'était attablé dans un coin et sirotait un jus de fruit quand l'annonce retentit. Le silence quasi-religieux qui se fit instantanément dans le bar ne manqua pas de l'intriguer. Alors que les mots résonnaient à ses oreilles, les yeux du budoki parcoururent la salle : chaque personne présente avait laissé en suspens ce qu'elle faisait : les danseuses avaient cessé leurs déhanchements langoureux ; les barmen avaient arrêté de servir les clients, lesquels se tenaient immobiles ; les conversations s'étaient tues. Chacun se tenait coi, attentif au message en train d'être diffusé.
- Intéressant, songea Berthramm.
Lorsque le message prit fin, chacun reprit une activité "normale". Berthramm héla une serveuse, afin d'obtenir quelques renseignements.
- À qui appartenait la voix du message ?
- À notre Reine, bien sûr ! Vous avez dû passer ces dernières années reclus pour ne pas le savoir, dit-elle en riant doucement.
- En effet, répondit-il platement. Où se trouve-t-elle, cette Reine ?
- À la Ruche, comme toutes les Valkyries. C'est un grand bâtiment tout en verre, visible de partout dans le quartier. Vous ne pourrez pas le rater en sortant d'ici.
Berthramm hocha la tête.
- Puis-je autre chose pour votre service ? lui demanda la serveuse.
- Non, merci.
Après l'avoir salué d'une gracieuse inclinaison de la tête, la serveuse partit vers d'autres tables. Berthramm, quant à lui, laissa sur la table de quoi payer sa consommation, puis se leva et sortit du café. Jetant un regard autour de lui, il aperçut la fameuse Ruche ; difficile de manquer un édifice aussi tape-à-l'œil, en effet. Sans hésitation, il s'y dirigea.
- Une personne qui a un tel pouvoir sur les esprits de la masse... Intéressant...