Merde, Merde et Merde

Ce smoking lui avait couté un bras, il avait racheté des nouvelles groles cirées, il avait le pigeon idéal, l'invit' au Palace pour jouer.... Et voilà, il le sentait à plein nez... Cette nana puait les emmerdes ! Il savait que si il ouvrait la bouche il pourrait dire adieu au poker...

Excusez-moi...

J'ai vraiment pas le temps, je....

Je suis perdue, pouvez vous m'aider ?

Putain ça y est... Il en était sur... Pourquoi fallait toujours qu'il joue au Saint Bernard....

Tu as bien une maison ? Des amis? La vraiment j'ai des trucs à faire, genre urgent, tu vois ?

Ca y est, a voir la nana c'était sur, il en aurait pour la nuit.

Chier ! ....
Il s'arrête et tente le ton sec.
Allez, accouche, c'est quoi ton problème? Il te faut de la tune? C'est ça? JE PEUX PAS T'EN FILER, je l'ai empruntée et j'ai promis de la rendre, tu comprends ça ?
Chaque fois qu'il allait jouer on essayait de le taxer. La plupart du temps il donnait un peu. Il n'était pas bien loin de ces gens qui venait le faire chier au mauvais moment , mais là.... ZUT !
Allez, il lui lâcherait de quoi manger et "oust" !

Et Re-triple Merde!

Fait chier, elle pouvait pas tomber un peu plus loin? Disons... "hors de ma vue"...
Mais là non... Je peux pas me dire que j'ai rien vu.
Va falloir faire quelque chose.
La réveiller? Non... Définitly not ! C'est une chieuse, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

Allez, hop ! Elle est un peu lourde, certes, mais sinon je vais rater le début de la soirée.
Ok, on me regarde bizarrement dans la rue et ça fait 3 fois que le "Vous inquiétez pas, elle a trop bu, je la ramène chez elle" parait bizarre aux passants que je croise, surtout vu le quartier....
Manquerait plus que j'ai des soucis à cause d'elle. Ma chance c'est que le Palace est à deux pas.
J'arrive devant, je la pose, là pour entrer, va falloir son aide.
Allez, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs tartiflette : deux baffes et elle va finir par revenir à elle.... non?

Le bruit de la bombe mourut alors même qu'il venait de commencer. C'était ça l'énorme problème de sa vie d'artiste.
Des fois, des opportunités se présentaient, aussi grosses que des... bah que des très grosses opportunités, et il n'avait absolument aucune idée quand à comment y répondre. C'était la façon de la ville de le regarder et de glousser qu'il n'était pas encore prêt, le petit scarabée.
Tous les signes étaient favorables. Une ruelle, à deux pas du palais, vide de toute impureté humaine, a une heure pas possible de la nuit. Pas une lumière branlante de toute la journée. Deux panneaux tournés vers le sud dans le dernier quart d'heure. Ses bombes étaient neuves, presque pas utilisées, et elles sentaient encore bon la peinture fraiche qui sent bon. Il y avait un message a écrire, sur ce mur là. Ou une image a graver.
Un truc qui claque, bien rock n'roll, qui interpelle et fascine, graphée à même le mur dans une fonte stylisée. Il aurait bien fait une murale baroque comme au coin de la Rue Saint-James, mais là, le temps lui était compté, on était quand même dans un quartier nettement plus... central.
Et il ne pouvait se résoudre à dessiner une simple bite sur le mur froid de dépit. Il lui fallait un vrai truc.

Si on paye une Valkyrie en fausse monnaie, est-ce que c'est un viol?
Le mot plaisir entourée d'une longue chaine?
Peut-être simplement une jolie fille?

Ou alors, et devant cette idée incroyable il se permit un sourire, dessiner une bite... mais une bite avec un cadenas digital autour qui afficherait "Insert Coin". Putain c'était du génie monumental! Une idée comme on en avait pas deux en une vie. Enfin, en une courte vie. Enfin en une soirée pas très productive, quoi, fallait pas déconner non plus c'était sûrement pas l'idée du siècle. Le jour ou l'idée du siècle tournerait autour d'une bite... Il se ferait curé.

Après quelques longues minutes, le bruit de la bombe mourut encore.
Et une tête blonde aux épis en bataille sortit des ombres de la ruelle avec le sourire satisfait du vandale accompli.
Alors il regarda ce qui était en train de se passer devant le palais.
Ah, oui. Nice, le mec.
Et, en remettant dans sa sacoche sa bombe malgré les coulures pas encore tout à fait sèches, il s'adressa a celui qu'il avait déjà surnommé "le Violeur". Non pas que ça l'ennuie, mais là, vraiment, il dépassait toutes les bornes, les limites, et pire encore il risquait d'attirer l'attention de la police sur son magnifique tag. Et ça, c'était vraiment inadmissible.
Alors il garda quand même une main dans la sacoche pour lui peindre la face en cas de débordement.

" Je suppose qu'il y a un endroit pour chaque fantasme, mais devant le palais? Saaaaairieusement?"

" Je suppose qu'il y a un endroit pour chaque fantasme, mais devant le palais? Saaaaairieusement?"

Ah, tu tombes bien mon gars, madame est tombée dans les pommes et moi j'ai vraiment autre chose à foutre, tu m'as l'air d'un bon samaritain....
Il lui tape délicatement sur la joue, un peu "mon brave st(aï)yle" !
T'es gentil, occupe toi d'elle, moi j'ai vraiment plus temps !
Et Benny se précipite vers l'entrée du Palace, son invit' à la main.

Il lui avait tapoté la joue.
Sérieusement? La joue. Y'avait deux personnes sur terre qui pouvaient bien espérer pouvoir faire ça, et l'une des deux était morte depuis longtemps dans des circonstances douteuses. Mais assez parlé de sa mère.
Si il y avait bien une chose que Lunargent n'arrivait généralement pas à avaler (a part la paella) c'était bien qu'on le prenne pour une bonne poire ou pour un jeunot.

Il se planta, du haut de son incroyable mètre soixante, sur le chemin d'un homme nettement plus... taillé. Son regard vairon, entre l'oeil vert et l'oeil bleu, maintenant apparents du à la luminosité ambiante, vint se planter dans celui, nettement plus froid du type peu avenant qu'il venait de rencontrer.
Ah oui. Ca aussi.
Il avait un œil cybernétique.
Ah. A eux deux ils formaient une réunion du club des yeux dépareillés à eux tout seuls.
Bordel. Un andronau... un andropè... enfin un putain de cybo-droïde ou un robot-nator. Enfin merde, un truc cybertronique, quoi. Sans faire de mauvais jeu de mots, le droïde allait bien se démonter avant lui. Il n'eut pas le temps de vérifier la couleur de la cravate du type, mais quitte à y aller au bluff, il n'avait plus qu'a prier qu'elle n'était pas rouge.

"Mec, je fais partie de cette catégorie de gens qui iront loin dans la vie, et je compte bien commencer maintenant. Et le plus loin possible. Alors tu récupères ta copine avant qu'elle s'étouffe sur une crotte de chien et tu me laisses vaquer a mes occupations de personne très occupée en paix. M'kay?"

"Mec, je fais partie de cette catégorie de gens qui iront loin dans la vie, et je compte bien commencer maintenant. Et le plus loin possible. Alors tu récupères ta copine avant qu'elle s'étouffe sur une crotte de chien et tu me laisses vaquer a mes occupations de personne très occupée en paix. M'kay?"


Mec, j'aime pas qu'on m'appelle "mec", mec ! Tu piges, mec ? Puis c'est pas ma copine, elle trainait là, je l'ai ramassée, voilà tout ! Comme un prend on avion parce qu'il est en gare.... Hum non mauvais exemple... Mais t'as compris... Maintenant j'ai des choses à faire et tu m'as manqué de respect,... mec ! Alors t'es gentil, tu me fais pas perdre plus de temps et tu lui files un coup de main, parce que j'suis sur que dans le fond t'as bon coeur, et moi pas assez de bras pour me trimbaler tout les sdf du cru ! ET SURTOUT, TU ME LACHES ! Au pire tu la laisses là, elle pionce, et moi je reviens dans deux heures ! Cool , mec ?

Parfois Benny s'énerve, mais au fond de lui il a bon coeur. Il sait bien que si l'autre la lâche il restera. Seulement voila ... Encore une soirée de merde !

"Donc attends, si j'ai bien compris tu la connais pas et tu me la files, comme ça, sans scrupules? Qu'est-ce qui te dis que je suis pas un violeur en série? Faut pas se fier aux apparences dude, si ca se trouve chui un dangereux psychopathe fétichiste qui va se faire un plaisir de la découper dès que tu seras parti. Tu te rends compte des répercussions de tes actes?"

La jeune femme était toujours là. Par terre. Très franchement, Lunargent n'aurait eu aucun scrupule à la laisser là, gisant sur le sol, a la portée de touts les malheurs du monde. Il avait fait largement pire dans sa vie. Mais il y avait là quelque chose à creuser. Sa curiosité était titillée par la situation.

"T'façon tu m'as vu? Tu crois vraiment que je vais la porter jusqu'a chez moi avec les bras que je me trimballe? Rho mais un peu de pitié pour les asthmatiques dude, j'ai déjà du mal a me porter moi! C'est pas parce que je suis blond et que je me trimballe un oeil bleu que je suis un putain de prince charmant qui passe ses journées a sauver des princesses et a sauver des chiots blessés, merde. C'est de la discrimination. Du délit de faciès. T'façon j'aime pas les pollueurs, et je suis persuadé que dans dix minutes, les porcass de flicos débarquent pour m'en demander des nouvelles. Alors si tu veux que je te sorte de ta merde, va falloir me dire qui c'est et pourquoi tu l'as foutue K.O. Grand minimum. Et si tu continues à m'appeler mec avec ce ton, mec, j'te défracte. Avec une pelle."

Ca y est, il avait tout gagné.
Après la SDF, voilà qu'il se collectionnait le malade mental...
Impossible de laisser la demoiselle avec ce fou à lié. Même en en ayant rien à foutre, ce serait pas correct.
"Bon ben va....
Alors qu'est ce qu'on fait ?
Je la prend sous un bras et l'autre nain sous l'autre ? Un peu voyant...
On dirait un mauvais soir de cuite et pourtant j'avais pas touché une goute d'alcool.
Sinon y avait bien un truc..."

Bon, t'as gagné, c'est ma voisine, elle s'appelle Gisèle. Comme elle boit trop je comptais la laisser dehors le temps qu'elle désaoule. Je vais la réveiller et marcher un peu. Ensuite, si t'es toujours là, je te ferais bouffer tes pieds avec du cirage pour ton histoire de pelle et chacun rentra chez soit, tranquillement. Ok, mec ?

Entre la SDF et le psychopathe, autant conserver le moindre mal. C'est un peu comme si on te demandait de choisir entre les 10 plaies d'Egypte. Moi perso, j'ai jamais aimé les sauterelles !

Lunargent laissa échapper un petit pouffement discret.

"Ouais. Ta voisine. Et moi je suis le représentant de la féderation mondiale de chasse a court..."

Pourtant, malgré la direction étrange que prenait cette conversation, il reprenait ses marques. Alors, en respirant un bon coup, il commença a se calmer. Zénitude profonde et paix intérieure. Le froid de l'acier sur son poignet. Le bruit du vent. Quel son apaisant. Puis, reprenant doucement ses esprits, il reprit la parole, cette fois beaucoup plus calme, plus stoïque.

"Okay. Ecoute me.. enfin, écoute quoi: Je me suis laissé emporter. Vraiment navré, mais il faut avouer que niveau première impression... Donner des claques a une nana sur le parvis du palais, j'ai vu mieux.
C'est vraiment ta voisine ou tu sais pas du tout qui c'est?"

Lentement, Lunargent, beaucoup plus posé qu'auparavant, se sortit du chemin de son interlocuteur pour retourner voir la jeune fille. En fait, surtout pour la mettre dans une position convenable contre un mur, qu'au moins au réveil elle ne se retrouve pas bloquée le cou à 45 degrés. Il tenta lui-même, en désespoir de cause, de lui mettre une petite paire de claques.

"Mouais. Elle est beurrée comme une tartine ou bien déglinguée en tout cas. Tu la trimballes depuis quand?"

"Une odeur de peinture? Vraiment? C'est p'têt moi je repeins mon appart' en ce moment..." Il gloussa sans aucun scrupule "Sinon mademoiselle, je suppose que tu t'appelles pas Gisèle, on est devant le palais. Quand a ton chez toi, si tu me dis ou c'est je peux sans doute te donner trouzemille chemins pour y aller."

Et c'était vrai. Sans compter que, pour un Parkouriste zélé comme lui, la plus courte distance entre un point a et un point b en espace urbain était quand même la ligne droite, il connaissait la ville comme sa poche. Même jeune comme il était, il avait non seulement un compas dans l'œil, mais un plan dans la tête et un GPS dans la moëlle. Le tout programmé pour ne jamais se paumer.


"Bon, bah toujours est-il que Gisèle est levée, on va pouvoir rentrer chez nous bouffer des pankaques. Happy end. Putain c'est beau l'amérique. Ca fait plaisir!"

Elle est levée, elle a l'air d'avoir un sacré mal de crâne, mais rien de pire que ce qu'a pu me filer mon ami dérangé.
Et je crois que c'est sur, aucune chance qu'elle s'appelle Gisèle.
Pas vraiment l'envie de taper un sitting dans les fleurs en chantant du Janis Joplin avec mes deux nouveaux amis, mais c'est vrais que c'est étrange....

Tu donnes dans la peinture en bâtiment toi? Sapé comme ça ?
Gisèle, t'entends ça, monsieur est un artiste !

Je..je crois que je devrais y aller, ça serait le mieux pour tout le monde, je vous inviterez bien, mais les pancakes ça sera pour une prochaine fois...

Parlez pas de plaisir ! On ne sait jamais...

Ouai, c'est ça, casse toi ! Dis pas merci surtout ! ... Je vous jure ! Jouer la nounou, passe encore, quand les enfants sont sages, mais là j'ai hérité de la pire portée de l'élevage !
Z'ont ruiné ma soirée, 'vais me faire défoncer la gueule par mon prêteur sur gage....
Et....

Hep ! Pépère ! Toi et moi on a pas fini !
Qu'est ce que tu fous avec ça sur toi ? Et me dit pas que tu viens peindre des bites dans des coins sombres, ça prendra pas avec moi !

Même si le gus avait l'air d'un pervers sexuel, et d'un secoué notoire, il devait quand même avoir deux neurones....

Le vent fit grincer quelque chose, dans une ruelle. Et au plus profond de lui, dans ses os, dans toutes ses pores, Lunargent sentit la ville bourdonner juste un brin plus fort qu'auparavant. C'était infime. Comme si, dans la ruche, une abeille ou deux, grand maximum, s'étaient mises a battre des ailes un chouïa plus. Une pointe de surprise. Quelque chose d'innocent.
Le sourire de Lunargent s'était mué un une forme carnassière, et ses deux regards étaient venus se planter dans celui de la jeune femme alors qu'elle s'approchait.

Il se laissa faire. Courir maintenant n'aurait pas été... intéressant. Quelque chose venait de se passer. Aussi infime que ce soit, il y aurait des conséquences. Qui a leur tour se rependraient. C'était un pur hasard, de faire une telle rencontre. Fort heureusement, le hasard n'était qu'un autre signe à déchiffrer.
Lunargent semblait plus calme qu'auparavant. Plus posé, plus mystérieux, plus droit. Un changement radical, comme si la personne venait de s'effacer un peu. D'arrondir ses angles pour mieux apparaitre en public. Pour paraitre plus... Percutant.
Son regard était pris d'une lueur de folie douce, et pourtant il semblait à la fois d'un vert serein et d'un bleu profond.
Ou étais-ce l'inverse?

Il parla. Plus lentement. Découpant les mots avec soin.
"Un artiste? Le suis-je vraiment? Mais l'art est un plaisir. Et le plaisir est interdit... Vos lois sont claires sur ce point, je crois."

Alors il adressa un grand sourire aux Citoyens qu'il avait devant lui. Un sourire plein de supériorité, mais aussi teinté d'une certaine affection. En somme, un vrai, bon, grand sourire colgate, mais avec quelques accents inquiétants sur les bords. Et pour le fin observateur, un sourire amical, mais bardé de lames acerées.

"Et pour répondre a ta question, je fais ce que je veux avec ça. Et si j'estime que peindre une bite a un interêt artistique intrinsèque comparable a une reproduction baroque, libre a moi, non?"

Et si on se calmait un peu ? on passe chacun notre chemin, personne n'a rien vu, rien entendu, c'est une bonne idée non ?


Rah.... Tout ça pour ça.... Elle avait raison au fond.... On était dans un cul de sac. Autant se quitter en se serrant la main...
La peinture, ça m'avait frappé. Sur que ça reviendrait me hanter : ça me rappelait, un temps, les fresques qu'on peignait avec mon "Père" dans les sous-sols, dans sa cathédrale sous-terraine. Mais ce mec était vraiment trop taré pour lui en parler, puis pas devant la petite...
Et elle, elle avait beau être complètement paumé dans la vie, je ne pouvais rien pour elle. Je m'étais énervé, j'avais perdu beaucoup d'argent...Je ne lui serait d'aucun secours.
Autant arrêter les frais.

Mais quoi dire ? "Ne partons pas fâchés... ça n'en vaut pas la peine ?"....Un peu facile.
Je me contentais d'un salut faussement militaire, pour éviter de trouver des mots qui sonneraient faux. J'en avais assez fait pour ce soir.

Bon, voilà que c'est elle maintenant qui nous joue le numéro de l'aliénée...
Un coup je m'en vas, un coup je reviens... La Cloclodette m'inspire rien qui vaille. Tout a l'heure elle avait l'air perdue, là elle a l'air de chercher les emmerd
Autant Van Gogh, ça me paraissait normal qu'il déconne à plein tubas en jouant du clairon, autant ELLE... J'ai comme un doute...
Je l'ai bien observée depuis le début, et franchement, y a un truc qui cloche chez la fée Clochette...
J'aime pas trop faire ça, mais j'ai un oeil en bois, autant qu'il serve des fois.... je vais la scanner rapidos, ni vu ni connu , au moins histoire de voir si elle est pas armée...C'est que je tiens à mon cul si déjà on nique mon loto du soir !

Le sourcil gauche de Lunargent (celui de l'oeil vert) atteignit des records en matière d'altitude alors même que le droit (celui de l'oeil bleu) resta tout à fait calme. Il pensait être le maitre des retournements de personnalité soudain, mais cette jeune fille avait operé ce qu'on appelait dans le métier de la double personnalité un Mouvement Doublefacique de type 3. Le plus surprenant.

Lunargent était prêt a courir. Comme toujours, d'ailleurs. Mais son attention avait changé de cible: ce n'était plus vraiment le grand costaud qui l'inquiétait. Plus maintenant. La jolie minette aux idées farfelues semblait maintenant tout aussi interessante que dangereuse. Ou en d'autre termes Givrée Comme Un Glaçon à la Dynamite.
Et Lunargent n'aimait pas le danger. Pas du tout. C'était grace a ça que, même en s'y exposant tous les jours, il avait réussi à survivre. A ne pas se laisser emporter par la folie des grandeurs. Devenir casse-cou, pour lui, était une hantise, et c'était pourquoi, même au travers de son masque de sérénité mystérieuse, il restait généralement prêt a se jeter sur la première échappatoire en haletant comme un gamin de huit ans poursuivi par un gros chien.

Mais cette situation pourrait se révéler intéressante. Dans une rue voisine, les lumières de ville tremblotèrent un instant dans un vague bruit de crépitement subtil. Voyant cela, un sourire apparut sur les lèvres du jeune homme. Au moins, se dit-il, je sais a quoi m'attendre.

"Hmmm... C'est simple, dites moi simplement ce que vous voulez voir, et je vous montrerais."

Il se dégagea doucement de l'emprise du bras de sa nouvelle camarade de jeu pour se retourner vers une benne a ordure. Avec agilité, il se hissa en courant sur son couvercle avant de sauter sur le rebord d'un petit pan de toiture. Il s'assit. Le tout ne dura pas cinq secondes. Il aurait pu s'enfuir.
Mais on ne crache pas sur un peu de divertissement.

"Mais... il va falloir grimper un peu."

[Hrp: Du coup on bouge de Sujet ou pas? Comme vous voulez ]