Pourquoi moi? "T'es la plus banale, gna gna gna", tu parles! Il est au courant qu'on ne parle pas comme ça aux dames, cet idiot?
En attendant, j'ai les genoux qui tremblent, j'ai la plus grosse mission sur les épaules. Relax, Caroline, tout se passera bien. J'espère.
Je sonne à l'interphone du bâtiment 23, au fond de l'impasse Colonel Heinz. La porte d'entrée grésille, je rentre.
Mon complice m'attend au 3e étage, soit environ la moitié de l'immeuble. C'est stratégique et pas trop long à monter. Heureusement qu'on a choisi un petit immeuble...
Arrivée devant sa porte, j'inspire profondément, sonne à nouveau. La porte s'ouvre aussitot, je sursaute.
"Entre."
Je ne me fais pas prier.
Le bonhomme est normal. Banal. Gris, cheveux courts, air fatigué. L'air prématurément vieux. Dur de croire qu'il est l'un des notres...
J'essaye de prendre la parole, ma voix tremblote. Je n'ai pas l'habitude de parler aux inconnus moi!
"Vous... Vous en prenez soin hein? Et surtout, ne touchez à rien, elle est réglée pile poil sur les autres, faut pas toucher -"
"Ma mignonne, tu me prends vraiment pour une bille? Je sais que c'est important, pas la peine de flipper. Tiens, prends ce sac. Si on t'interroge, c'est le tien, c'est ça que tu es venue récupérer chez moi. File maintenant. Rester plus longtemps que nécessaire serait suspect."
[...]
Je suis à nouveau dans la rue. Sans me retourner, je file vers notre lieu de rendez-vous. J'espère que cette bombe est en sureté chez ce type. S'il y en a une qui ne doit pas être découverte, c'est bien celle là. C'est d'ailleurs pour ça qu'on l'a planquée chez l'habitant et pas dans les rues, comme les autres. Tout ira bien, dites?