désolé ?
sa faute ?
il a vraiment dit ce que j'ai entendu ?
Mais pourquoi ?
J'y comprend rien.

Ça m'a parut tellement bizarre que j'en ai arrêté de rire.
Ça a fait un drôle de silence, après tout ce raffut.
Et pendant ce silence, je l'ai regardé, lui, son expression... il a pas l'air de se foutre de ma gueule.
Non, il est sincèrement désolé. Mais pourquoi ?! Parce que c'est pas moi qui suis en train de le menacer avec une arme ? Parce que j'ai vomi ? parce que je suis lamentable, là, le cul par terre ? Il devrait être content que je ne sois pas en train de le tuer. Mais non, au lieu de ça, il est désolé.
Je comprend pas. C'est vraiment moi qui suis cinglée ou bien... ?
Je ne sais pas

Ça fait bizarre ce qu'il a dit.
Je ne sais plus quoi faire. Quoique de toute façon, j'avais dans l'idée de ne rien faire du tout, pas même lui ouvrir la porte.
Mais justement, il veut que je l'aide à sortir. Je sais pas si je dois le faire. Si, je pense que c'est ce que je devrais faire, parce qu'il peut quand même me tuer avec ce qu'il a dans les mains. En puis, qu'est-ce qu'on fait s'il ne peut pas sortir ?
Je ne sais pas...

-il faut le code

mais je lui donne pas
c'est mon code à moi, je le donne pas, c'est comme ça

et ouais, j'y met pas de la bonne volonté. Pourtant, je le sais bien, qu'il faut qu'il parte.

-je me souviens...

C'était saugrenu, mais je n'ai pas oublié. Ce visage, je savais bien que je l'avais déjà croisé. Je me souviens aussi qu'il a déjà vu le miens.
Finalement, j'oublie pas grand chose. A part quelque chose... quelque chose qui doit être important pour qu'une voix me le rappelle encore et encore. Mais là où je cherche ce qu'elle me demande, je ne trouve rien. Juste un vide, le trouble, des hallucination. Angoissant...

-C'était il y a un siècle.

J'aurais pas pensé le revoir.

-t'es toujours en vie...

La vermine, ça a la peau dure, quand même. Et quand j'en rate un, je le retrouve plus tard. Si je lui ouvre la porte, je le reverrais encore ?
Alors que si je le tue... on ne meurt qu'une fois. C'est dommage, je sent que je pourrais le tuer encore et encore... Je ne m'en lasserais pas. Je ferais ça gentiment, avec application et une touche de fantaisie si c'était pas interdit.

Et si c'était pas interdit ?
je pourrais.
Pas vu pas pris.
On est chez moi, je fais c'que j'veux.

-T'as pas l'intention de me tuer, hein ?
Alors tu peux peut-être arrêter de pointer cette arme sur mon front.
Je te tuerais pas à mort.

Il a quelque chose qui cloche dans ce que je dis ? Peut-être... mais je dis c'que j'veux.

Il veut pas poser son arme pour que je le tue gentiment.
Il est chiant ! Il m'agace.

Il veut vivre, je vais pas le faire mourir.
Je veux vivre, il pointe toujours son arme sur moi.
Fait chier !

Je reprend mon flingue et je le balance d'un geste de colère. Pas dans sa gueule, parce que je veux pas qu'il me tire dessus. Alors je l'ai lancé plus loin, contre les barreaux là, qui n'existent pas. Ça a peut-être rayé la baie vitrée.

La baie vitrée... si elle casse, des gens peuvent rentrer et m'empêcher d'avoir la paix.
D'un coup, le vertige me revient. Je frissonne. Je tremble. J'ai peur.
C'est pas le bon endroit ici. On est où ? Beaucoup trop haut. C'est quoi ce siècle tout en hauteur ? Je veux rentrer chez moi, comme c'était avant. Quel avant ? Je ne sais pas, n'importe lequel du moment que c'est loin d'aujourd'hui.
Pas le Centre quand même. C'était pas bien à ce moment là. Des gens rentraient et ils faisaient ce qu'ils voulaient. JE devais faire ce qu'ils voulaient, toujours. Et toujours me relever...

Je reste assise par terre et je le regarde.
Il parle, mais il ne me demande rien.

Je ne sais plus où je suis.
Je crois que je suis assise sur la baie vitrée. C'est froid. c'est dur mais c'est pas solide.
Non, la baie vitrée, elle est là bas, debout, comme un mur... à la place du mur... il n'y a pas de mur, que des vitres. On se croirait dans un aquarium, mais il n'a pas l'air étanche et il y a rien dedans, même pas de l'eau. Il n'y a rien dehors non plus. Comment elles tiennent, les vitres ? Elles ne tiennent pas. Je vais tomber !

Il dit qu'on nous prive de nos vie. Il a peut-être raison. C'est pour ça... il n'y a rien, que du vide, des fenêtres sans mur autour. Mais je le vois qu'on m'a tout pris ! On ne me donne même plus de barreaux. Ils sont où les barreaux ?

-j...je veux pas passer par la fenêtre.

Ma voix tremble.
J'ai mis les mains par terre. Mes doigts crispés n'ont rien à quoi se tenir. C'est pas solide sous moi. Ça peut pas être solide, je vois à travers et en bas, il n'y a rien pour me rattrapper.

Il y a des petits points lumineux devant mes yeux. Je respire trop vite. Ça arrange pas mon vertige. J'ai trop d'air sans mon masque. Ça va pas du tout. Il est où ? Juste là, encore accroché à mon coup. Je le remonte à deux mains et enfouis mon nez dedans. Enfin quelque chose de familier. Je ris un peu, je sais pas trop pourquoi. Je me sent fatiguée.

Tu sais, je t'aime bien. Malgré que tu veuille ma peau.

Il est toujours là lui. Je sais pas trop ce qu'il me dit. Je comprend pas le sens des mots dans sa phrase. En plus il y a une voix qui parle en même temps, celle qui répète toujours la même chose. Mais je comprend pas ce qu'il veut dire et je sais toujours pas ce que j'ai oublié.
Mais je sais qu'il est là.
je veux sa peau ? mais oui...

-ta peau... ta chaire... tes os... ils sont solides tes os ?

Je voudrais m'y accrocher, à ses os, pour pas tomber dans le vide. Mais il y a toujours cette arme entre nous.
Tomber à travers le sol ou mourir d'un trou dans la tête ?
J'ai pas d'issue, alors je ris. Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ?

Il est solide ? C'est vrai ? Enfin quelque chose de solide !
J’attrape son avant-bras pour vérifier. Je serre, doucement, de plus en plus fort. Il y a d'abord la chair qui se laisse écraser mais sans éclater comme un ballon. Je sert plus fort et il y a l'os. Il est dur mais ne craque pas comme du ptit bois.
Il est là, bien réel, bien solide.
Il me regarde. Il grimace. Il a peur ? Je crois qu'il a un peu mal aussi. Et il a toujours son arme braquée sur moi.
Il va me tirer dessus ?
Je desserre ma prise mais ne le lâche pas.

S'il te plait, tire pas.
Laisse le moi, je ne l'abimerais pas.
Ne casse pas

Je le supplie du regard de ne pas m'enlever ce bras des mains. C'est le sien, mais j'en ai besoin. Il m'est précieux en cet instant.
Je veux pas le casser. Je veux pas le tuer.
Pour une fois, je veux pas le tuer. C'est bizarre.

Mais je sais qu'il ne me doit rien. Pourquoi il me ferais la moindre faveur, alors que je ne lui ai toujours voulu que du mal ? Est-ce que ça peut changer ? C'est possible que je ne lui casse pas le bras alors que c'est ce que je devrais faire ?
Je fais c'que j'veux maintnant ! alors si je veux pas lui faire mal, je le fais pas !
J'espère que c'est possible. Sinon... je veux pas tomber. Je veux pas qu'il me tue non plus.

Il dit que si j'ouvre, tout s'en va.
Je comprend pas. Qu'est-ce qui s'en va ?
Lui ?
Les vitres ?
Ou ce cauchemar ?

C'est pas normal... il y a quelque chose qui ne va pas... quelque chose de faux.
C'est ça ? C'est lui ? C'est moi ? Tout ce qui se passe en ce moment me parait absurde.
Ce vide que je ressent en bas et me donne le vertige, ou ce bras qui a l'air solide et sur lequel ma main se ferme ? Cette arme au bout du bras... celle-là qui est là pour mettre fin à mes jours et qui ne l'a toujours pas fait. J'ai du mal à y croire à celle-là. Je ne crois pas que ma vie va s'achever ici. Je... je ne sais pas.

-je ne sais pas...

Je n'en peux plus de ne pas savoir. Il faut que... il faut que ça s'arrête !

Je me cramponne fort à son bras, et en une fraction de seconde, je l'abaisse, j'attrape sa main et serre son doigt sur la gâchette.

La déflagration est impressionnante, assourdissante.

Je suis toujours là ?
Oui
Lui aussi.
Il y a un trou dans le sol. Mais pas de vitre. Aucune fenêtre n'a volé en éclat.
Je ne suis pas tombée.

-ahaha
ahahahahahhh !

Mes mains lâchent toutes seules son bras et son arme. Ça ne fait rien, j'ai retrouvé un sol solide. Je vais pouvoir me relever et marcher dessus sans craindre de passer à travers.
Mais pas tout de suite.
J'ai eu si peur. J'en tremble encore.

Il me parle. Il a l'air énervé. Et moi je ris.
Il dit que je suis folle

-hihihihihi ! oui

Bah oui, je vais pas lui mentir ni me voiler la face. Je suis folle à lier.
C'est tellement dingue ce qui vient de se passer... Je regarde le trou dans le sol et... aïe. La folie, ça fait mal, mais cet instant de lucidité n'est pas très plaisant non plus.
Je me rend compte que comme il dit, j'aurais pu nous tuer. J'aurais pas osé appuyer sur la gâchette si je n'avais pas eu son bras pour m'y accrocher. Mais s'il y avait vraiment eu du verre à la place du sol, on serait tombés tout les deux, ça ne m'aurais pas sauvé. C'est n'importe quoi !
Et moi je me marre de plus belle.
En plus il va pas être content, le voisin d'en dessous (s'il est pas mort). Je vais avoir des ennuis.

OUVRE MOI PUTAIN !!

Il me crie dessus.
Je m'arrête de rire.
C'est pas lui le chef, alors il a pas à me crier dessus.
Moi aussi j'ai eu peur, merde !

C'est rien qu'un sale petit rat.
Je l'ai mauvaise là, sur le coup. Ça doit se voire dans mon regard, celui que je lui jette de travers.

Il veut que je lui ouvre...
Il veut que je l'ouvre ?
Non, je déforme presque pas. Et d'abord, je fais c'que j'veux.
Je crois qu'il veut que je l'ouvre. C'est bien ce qu'il a dit non ? "ouvre moi".

Je me lève, je lui rentre dedans, je le pousse sur le lit. Un coup de poing sur le front pour le sonner un peu et je déchire ses vêtements sur son torse et son ventre, dans la foulée.

-tu veux que je t'ouvre là ?

que je lui dis en plaquant ma main sur son torse
Puis mes doigts gantés descendent sur son ventre.

-ou là ?

Il va se débattre. Je lui attrape fermement le poignet de ma main libre.
Je le serre mais... je le casserais pas. Je devrais... il va surement me frapper avec son autre main.
Mais c'est pas grave.

Mince, je pourrais pas passer ma main sous la peau de son bide. C'est pas possible comme ça.
Je n'appuie même pas assez fort pour lui couper le souffle et lui écraser les boyaux.
C'est pas comme il faut.

Quoi ? C'est tout ?
Il ne frappe pas.
Il m'arrache juste son poignet de la main.
Il attend quoi ? Que je continue à en faire ce que je veux ? Que je le cogne ? Que je le blesse ? Que je me serve de sa peau comme d'une serpillère pour laver le sol ? Le laver en rouge...

C'est rouge à son épaule...
Je vais pas dégager, encore moins si c'est lui qui me le demande. J'obéis pas aux rats. J'en fais ce que je veux.

Mais je veux quoi ?
J'ai ma main sur son ventre et je ne sais pas quoi en faire. Je n'ai rien de pointu ou de tranchant sous la main pour l'ouvrir.
C'est mieux comme ça. Parce qu'après, ce serait fini. Ça ne se fait qu'une fois.
C'est dommage, je ne pourrais pas voir son sang.
Ah si, là, à son épaule.
Je met mon doigt dessus et j'étale. Je fais une virgule. S'il me laisse faire, je vais la prolonger en travers puis vers le bas en plein milieu, sur son ventre. Après je ferais peut-être d'autres lignes qui se croisent et un rond par là, sur son autre épaule, celle où j'ai pas fait de trou... pas encore. Ça tue pas, un trou dans l'épaule.

Il me laisse pas finir.
Et en plus il touche à mon PC.

Mais je vais pas le tuer, sinon c'est fini après.
Je reste caaalme.
Je viens juste me glisser dans son dos, poser mes mains sur ses épaules et serrer très fort celle du côté de sa blessure.

-tu ne devrais pas jouer avec ça.
De toute façon, sans le code, tu ne pourras rien faire.
Et ce code, c'est moi qui l'ai, pas toi. Pas le petit rat.

Il ne joue plus...
ah ouais... il prend ça pour un jeu
Je joue ? Il croit ?
Je joue... mais non,c'est interdit
je ne lui permet pas de dire que je joue
alors je fais quoi ? je le tape ? Je le tue ?

Non, je le tue pas.
Je pourrais l'étrangler un peu ?
non, faut pas
faut pas

Pourquoi ? Ce n'est qu'un petit rat après tout
mais je fais ce que je veux. Il est chez moi, mon ptit rat. Personne ne va me le prendre ou m'obliger à l'achever tout de suite.

-huhuhu !

Oui, ça me tire la gueule. Et pire, ça me fait rire.
Je pourrais le tuer tout doucement. Mais pas complètement, pour qu'il survive et que je puisse recommencer.

-et qu'est-ce que t'en sais, que je veux pas que tu restes ?

On sonne à la porte.
merde

-Hyena ? Vous êtes-là ? c'est l'infirmier.

Qu'elle heure il est ?
Je suis pas allée chercher mes médoc hier et j'ai peut-être bien loupé le rendez-vous de ce matin.

-Tout va bien ?

-merde

Si je n'ouvre pas, il va trouver ça bizarre et risque d'aller chercher de l'aide comme là fois où une motarde à niqué ma baie vitré et foutu son sang plein mon salon. J'ai même pas eu le temps de la répandre un peu plus.
Mais si j'ouvre et qu'il trouve un rebelle chez moi, il est foutu; Il va cafter. Il va appeler du renfort et il ne sortira pas vivant d'ici. Il y a trop de collègues qui crèchent dans le coin.

-Faut que tu te caches.
Vas dans la salle de bain et ne fait pas un bruit.
Si on te voit ici, tu ne ressortiras pas vivant.

Alors, alooooors.... Ou c'est ce truc ?... J'ai l'adresse, mais j'ai pas souvent l'occaz de venir traîner dans ce coin de bourges et d'assassins.
Krebs si, apparemment. Quel con. Il est suicidaire, et il ne l'est même pas pour la cause.
Avec son manque de prudence, il pourrait tuer des gens gênants, ou se montrer utile. Mais non. Il se met dans des situations complètement DEBILES et compte sur nous pour l'en tirer. Quel con, mais quel con.
Pourquoi j'ai accepté de l'aider ?

Ah, voilà, par ici. Tourner à droite.

J'ai coupé la route d'un connard, mais il cessa rapidement de s'exciter sur son klaxon après mon fuck et mes quelques insultes à travers ma fenêtre ouverte. M'emmerdez pas.
Je suis de TRES mauvaise humeur, et le chevelu drogué n'y est pas pour rien. J'espère qu'il a une bonne raison !


Voilà. C'est ici.
Et évidemment, il n'est pas là, à m'attendre. J'ai frappé ma tête contre mon volant par dépits. Pourquoi rien n'est jamais simple ?! Pourquoi pourquoi pourquoi ?!
En attendant, j'ai garé l'aerovoiture dans un superbe créneau, entre deux ruelles déserte. Pas difficile, tout est désert ici.

« Bordel Krebs, magne toi les miches ! Qu'on se casse de ce... »
Oui, je parle tout seul et à voix haute. Je fais ce que je veux.

J'ai tapoté sur mon PDA, rapidement, un message sur lequel j'ai transpiré le moins de colére possible. J'ai fait le maximum.

« « Juste dehors, arrivé à l'adresse indiqué. T'es où ?. -Eldon. »

Et hop, envoyé. Plus qu'à attendre la réponse.

Attendre...

Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

« Quelques soucis, je suis retardé et un peu en danger : tu es ma porte de sortie, alors reste alerte. -Krebs. »

QUOI ? Keuwah ? Connerie ! Il est avec une bourgeoise et il a pas fini, ouais... Pfffft... Rester ou partir ?

Hm, si je pars, je vais me faire remonter les bretelles par Caro, surtout si il est vraiment en danger et qu'il clamse. Bon, je reste.

D'accord.

Tip tip tip tip tip tip

« Ok. Mais si tu n'es pas là dans 15min, je pars. -Eldon. »

Le petit rat est parti se cacher comme je lui ai demandé.
bien

J'ouvre la porte, l'infirmier entre, m'inspecte rapidement, pas très rassuré. Puis il louche sur le trou dans le sol et l'arme qui en est à l'origine. Il fini rapidement de scruter la pièce cherchant s'il y a eu d'autres dégâts de fait. Il a repéré mon flingue à côté de la baie vitrée et le vomi par terre.

-tout vas bien ?

-...

que lui dire ?

-Hyena ?

comment lui expliquer le trou dans le sol ?

-j'ai raté une dose.
J'ai voulu mettre fin à mes jours.

Il me regarde bizarrement, entre étonnement et suspicion.

-je peux avoir mes médicaments ?

-euh... oui bien sûr !

Il se magne d'ouvrir sa petite mallette et de m'en sortir ma dose de ce matin. Je ne me fais pas prier, lui arrachant presque des mains pour me l'enfourner sous le masque.
Lui, il prend des notes. Puis il s'arrête. Il a vu encore autre chose.

-c'est du sang ?
Vous êtes blessée ?

-non non !

merde ! je lui dis quoi pour le sang.

-... peut-être...
je ne sais pas. J'ai déliré je crois.

-Laissez-moi vous examiner.

-PUTAIN T'APPROCHE PAAAAS !!!
tu m'touches pas !

-allons du calme. On ne va pas se battre, hein ?

Je le vois prendre le pistolet à tranquillisant. Je le connais bien celui-là. Ça assomme et ces infirmiers, ils ont la gâchette facile. Faut pas trop les effrayer. Juste un peu pour qu'il ne pose pas de questions, ne cherche pas plus loin.
Je me fige et j'essaie de calmer ma respiration.

-On va attendre un peu que les médicaments fassent leur effets. Mais après, je veux que vous veniez vous faire examiner à la clinique. D'accord ?

-ok

-bien.
A 11 heure ? je peux vous faire confiance ?

-ok ok ! je viendrais
à 11 heure

Il hésite, s'attarde un peu puis me salut et s'en va. La porte se referme derrière lui. Je soupire de soulagement. Je me sent fatiguée.
Je vais avoir des ennuis. Ça c'est sûr, il va faire son rapport et on va me faire chier.
Mais au moins, il ne l'a pas trouvé.
Je pourrais peut-être lui dire qu'il peut sortir de la salle de bain maintenant. Mais je vais lui dire quoi après ? Je ne sais même pas pourquoi je le garde en vie. Je l'ai peut-être su à un moment. Pfff ! trop naze pour chercher ce que j'ai oublié. Je ne veux même pas chercher à comprendre.

Il a fini par sortir
et le médoc commence à faire effet

Je vois un insurgé, là, dans ma piaule
un insurgé vivant
que je ne suis même pas en train torturé ou de tuer bien comme il faudrait

Il y a des moments comme ça ou le quotidien semblait être une ligne simple et droite, un chemin sur lequel il suffit de faire les choses bien comme il faut pour avancer sans trop de problèmes. Et puis on se rend compte qu'on s'est bien éloigné de cette ligne. On ne pensait pas que c'était possible de s'en écarter à ce point.
Et je vais où maintenant ? Je fais quoi ?
Je pourrais reprendre mon chemin, là, toute de suite.

J'aurais peut-être moins d'ennuis si je le tue maintenant.
... non... je vais pas faire ça.
Je peux le voir vivre encore un peu.

Mais lui il dit qu'il doit partir maintenant.

Je me sent un peu larguée. C'est bizarre.
je regarde le vide juste devant moi, entre nous deux, et je me dis que bientôt il y aura le même vide là où il se tient, et partout dans l'appartement.
Je me sent bizarre... apathique, abattue. Sans doute la fatigue.
J'ai le sourire qui me titille au coin des lèvres, la joue qui tressaute un peu.

Il faut que je me remue, pour qu'il parte. Sinon il faudra que je le tue, ou quelqu'un le fera à ma place.
Je me met devant l'ordinateur et j'entre le code. J'attends encore un instant avant de poser mon doigt là où ça commende l'ouverture de la porte. Je ne sais pas trop ce que j'attends comme ça. Encore un moment de flottement.
Allez, il faut qu'il parte !
Je pose mon doigt là. Clac, la porte se déverrouille.

Je le regarde partir sans un mot.

Et là, est-ce qu'il va encore promettre qu'on se reverra ?
c'est idiot comme question. Je vais pas lui demander ça.