C'est le genre de type direct, franc mais qui sait rester poli, aimable voire gentiment hypocrite lorsqu'il le faut. Et oui, la vie, les relations humaines sont faites de ça. De petits mensonges en omissions en passant par des demies-vérités plus ou moins enrobées de flatteries et ronds de jambes. Imaginez une société où tout le monde se dirait tout le temps ses quatre vérités... Ca n'existerait tout simplement pas car les gens finiraient par s'entretuer. Et comme Nathanaël a reçu une bonne éducation avec écoles privées et tout le tremblement, il connaît l'importance qu'ont les apparences.

C'est maintenant un homme qui s'ennuie. Il s'ennuie de ne pouvoir faire ce qu'il voudrait, il s'ennuie de cette vie qu'il a reçu et qu'il n'a pas demandée, il s'ennuie lui-même, c'est dire s'il se méprise. Mais Nathanaël ne s'ennuie jamais au bras d'une femme. Attention! Il n'est pas macho et encore moins misogyne! Une mère investie dans tous les combats féministes, ça vous forge un regard sur les femmes forcément différent de celui des autres hommes. Non, simplement, Nath n'aime pas être seul et il aime la beauté des femmes, leurs corps, leurs voix. Il est rassuré auprès d'elles. On évitera une tentative de psychanalyse à deux balles concernant son rapport à sa mère pour ne retenir que cela: Nath' est certes un séducteur mais un "gentil" séducteur. Il se montre toujours attentionné, doux et prévenant et pour une fois, ce n'est pas une apparence car il est réellement comme ça. C'est sa nature profonde qui s'exprime en présence des femmes. Il ne ment jamais avec elles. Il ne leur promet jamais rien d'extraordinaire et surtout pas le mariage! Nath' est un amoureux chronique. Qui pourra le soigner?

A bord de ce bateau, il s'est découvert une force, une résistance mentale aux épreuves qu'ils traversent qui le surprend lui-même. Car Nath est peut-être un peu superficiel, il n'est pas con non plus. C'est bien pour ça qu'il essaye de faire preuve de sang-froid car il sent bien que tous pourraient craquer d'un moment à l'autre... et lui aussi.

(C'est Evey Hammond, je vous propose ceci après si ça ne convient pas, on en rediscute )

- Non d’un bachibouzouk, sortez donc moi de là !!, crié-je tout en tambourinant vigoureusement la porte de mes poings.

Encore une fois, personne ne répondit. Je commence à sérieusement perdre l'espoir qu’un jour je réussirais à sortir de cette maudite soute à bagages. Sans les quelques provisions que j’avais au préalable amassées dans une de mes valises, j’aurais rejoint le monde de l’au-delà sans que personne ne s’en aperçoive. Tiens, cela pourrait constituer une scène d’un prochain roman ! C’est qu’avec toute cette histoire, j’ai pu avancer dans l’écriture de mon récit, bien que je n’aie pu me laisser inspirer par la somptuosité des lieux que notre bateau traverse sans doute actuellement. Comme à l’accoutumé depuis le début de ce pénible voyage, j’alterne appel à l’aide et écriture. D’ailleurs, où en étais-je donc ?... Ah oui !

« - Mike, pourquoi me regardes-tu ainsi ? Qu’ai-je fait pour mériter ton déni ?
Sur le balcon du grand hôtel parisien, alors que la pleine-lune illuminait leurs regards, à l’abri des oreilles indiscrètes, Julie osait enfin exprimer ses interrogations à Mike.
- Il n’y a rien Julie…, se contenta-t-il de répondre les épaules lasses.
Cela en était trop pour Julie, elle s’emporta :
- Tu répètes inlassablement qu’il n’y a rien, mais tu ne daignes plus m’adresser un mot depuis les vacances dernières. Pourtant, je pensais que nous avions passé un bon moment tous ensembles ?! Ne fuis plus mon regard, et dis-moi la vérité !
Mike fit alors face à Julie tandis que se répétaient ses mots en continuité dans sa tête : Pourquoi elle. Pourquoi moi.
- Julie, si alors que nous étions encore adolescents j’ai souhaité devenir ami avec ta sœur, c’était pour mieux me rapprocher de toi ! Mais à présent je suis pris dans mon propre piège… »

J’écris au fil de la plume, les idées se bousculent dans ma tête. Je sens que ce dernier roman, que j’ai sobrement intitulé L’impossible amour de Mike et Julie, sera l’un des plus aboutis de ma carrière de romancière. Tous les éléments attendus par mes fidèles lecteurs vont y être réunis : la passion, le suspense, le mensonge, la trahison, la folie amoureuse. Il ne me reste plus qu’une dernière bouffée d’inspiration pour aboutir à la conclusion de ce roman. C’est dans cette optique que j’avais pris la décision de participer à cette croisière, qui semblait alors constituer la plus belle occasion d’engendrer de facétieuses rêveries dans mon esprit sauvage et passionné.

Remotivée, je vais pour frapper de toutes mes forces la porte de sortie, mais au lieu de me résister celle-ci s’ouvre brusquement. Je n’ai pas le temps de stopper mon geste, je glisse, et me voilà étalée de tout mon long devant les pieds d’un inconnu.

La secrétaire me dit d’entrer. Alors j’entre dans une pièce vide où il y a juste une chaise et ce joli canapé rouge en plein centre de la salle.


Rapide coup d’œil autour de moi… Personne. Alors je prends mes aises et m’installe sur le canapé, doigts entremêlés posés sur mon ventre et j’attends. J’aime pas attendre mais j’attends parce que j’ai pas le choix, parce que l’autre là elle fait une déprime à cause de moi soi-disant.

Le psy arrive il s’installe sur la chaise sans un mot. Il dit pas bonjour, je ne dis pas bonjour. Il n’a pas l’air de m’aimer, moi non plus je ne l’aime pas. Je ne suis pas là pour ça.
Il me demande comment je m’appelle. J’hésite à lui répondre qu’il a mon nom sur son dossier mais je dis rien, l’autre me retiens. Je réponds juste :

Loka

Il me demande pourquoi je ressens le besoin de consulter. J’ai envie de lui dire que j’ai autre chose à faire et que ce n’est pas moi qui aies envie de consulter. Mais je lui réponds juste :

Vous êtes sous secret médical.

Etonné il me répond un bref oui. Il ne pourra rien dire, je peux me lâcher. Est-ce que je lui raconte ma dernière nuit d’amour … ou… Pas le lieu, n’empêche qu’on aurait plus rigolé, il m’aurait peut être raconté quelques anecdotes persos qui aurait pu me surprendre mais non l’autre me retient encore.

Bon et bien voilà, disons que je suis …

*Une peste avec un esprit de contradiction, qui aime se mettre dans de sales plans, trainer avec des mecs louches, qui a une fâcheuse tendance à la cleptomanie, qui est vulgaire, pas très polie et qui a mauvais caractère et encore je vous parle pas de son style de mec, plus ils sont étranges, plus elle les aime*

Enfin je suis…

*Une pleurnicheuse, qui a peur de tout, un peu nunuche sur les bords, passionnée des feux de l’amour et de tous ce genre de feuiltons niais, qui a trop de conscience, trop de manières, trop, juste trop… étouffante, et dont le genre de mec est plutôt du style dans les jupons de maman au look rétro, mais mauvais rétro. *

En constante opposition avec moi-même. Oui c’est ça.

Le psy me regarde de façon étrange. Il me propose de passer le test de Rorschard. J’accepte de toute façon est ce que j’ai vraiment le choix.



Que voyez vous sur l’image 1 :
*Un loup, qui rigole, il vient peut être de bouffer le petit chaperon rouge*
* Non c’est un Lapin noir, qui vient de se faire gronder, il a les oreilles basses*


Un Loup ou un lapin noir

Que voyez vous sur l’image 2 :
*2 mecs … des siamois, dont on vient de couper le haut du crâne et l’une des jambes, y’a du sang partout… dis elles sont cool ces images…*
*C’est pas du sang… c’est deux nains de jardin qui jouent à trois petits chats*

2 hommes siamois ou deux nains de jardin

Que voyez vous sur l’image 3 :
*deux transexuels qui se lancent des rayons lasers par les seins*
* Mais non se sont des musiciens qui font du tam tam, pour reproduire la mélodie du roi lion*

Deux personnes ou des musiciens

Image 4 :
*ça c’est facile, un crapaud sur une table prêt à se faire disséquer.*
*Mais non c’est un arbre majestueux*

Bon crapaud ou arbre.


Le psy ne veut pas qu’on aille au bout de la séance. Il me dit qu’en effet j’ai un problème d’accord avec moi-même et que j’aurais besoin de partir en voyage. Pour une fois qu’il dit un truc censé.

*Tu penses à quoi*
*Tu as entendu il nous faut des vacances, laisse moi te faire la surprise*
*J’aime pas tes suprises*
*Pourtant elle devrait te plaire…Un petit voyage à bord d’un bateau*
*Un bateau de croisière avec de jolis moustachus en costumes blancs ? Avec des Cocktails et un écran géant pour regarder mes séries préférées*
*Un truc comme ça oui*
*Mais tu as pas l’argent ni les billets*
*ça j’en fais mon affaire…*

Je salue le psy sans attendre la fin de séance. J’ai un voyage à préparer ou plutôt, un départ de voyage à ne pas rater.