Et voilà encore une chemise de fichu!

Je m'essuie les poings recouvert de sang, j'ai les phalanges douloureuses.
Je sors ma flasque de whisky de la poche intérieure de mon blouson.
Un petit coup sur mes blessures et un petit coup pour l'intérieur.
Je sais qu'ici ils préfèrent les interrogatoires plus scientifiques.
Injections et compagnie.
Mais rien ne vaut le plaisir de la méthode à l'ancienne.
Les os qui craquent, les peaux qui se fendent.
Le suspect n'a pas parlé. Je l'ai laissé aux mains des défenseurs de méthodes propres... enfin si on peut dire.

Je suis là appuyé contre le mur du couloir, la chemise tachée des petites gouttelettes de sang éjectées du nez du suspect.
Voilà quand même un argument de poids pour l'usage des seringues.

Merde! Je suis convoqué aujourd'hui. Tant pis pour le côté propret que je voulais me donner.
Encore cette histoire de coéquipier dont je ne veux pas.
J'vois pas l'intérêt de me coller quelqu'un au cul.
Je suppose qu'ils veulent me surveiller, je suis trop incontrôlable.
Non pas qu'ils aient de l'intérêt pour la manière dont je malmène la population, ni pour les petites compensations que je trouve à droite et à gauche. Ça les indiffère.
Non j'pense qu'ils ont la trouille que je trahisse.
Ma haine pour eux se lit sur mon visage.
Rien à craindre, j'aime trop mon petit pouvoir.
Et de toute manière je n'aime personne.
Aucun intérêt.

L'alcool me chauffe les entrailles, encore rien trouvé de meilleur que ça!
Les saisies de contrebande sont stockés dans mon petit appartement plusieurs caisses qui me servent de siège, de table, d'étagère.
Pratique au final.

Aujourd'hui si ils me présentent un probable partenaire de patrouille je f'rai mon numéro habituel!
Y'a qu'un bleue pour pas savoir que faire équipe avec Daland c'est du suicide.

Putain qu'est-ce que j'en ai marre ! Mission d'merde !

Mais oui chef ! J'vais aller t'les escorter tes automates à la con !

T'façon c'est ça où j'me fais chier ici aussi... Mais bordel c'que j'ai pas envie !

Toujours la même chose... Des missions d'escortes... Gardes de monuments chiants qui n'ont jamais été et ne seront jamais la cible de qui que ce soit...

Un jour ça changera ! C'est c'que j'me dis ! C'qui fait qu'j'ai pas pété un plomb encore !

Un jour j'connaitrais l'action ! Le frisson ! Le sang !

...

Comme lui tiens ! A voir sa ch'mise tâchée d'sang ! Il doit avoir la belle vie... Lui... Danger... Castagne... Les bas-fonds... Les dépravés...

Et moi j'me tape des bouseux ! Toujours bien peignés ! Rasés de près ! Parfumés comme un chiotte trop propre...

Lui il doit connaitre les vrais odeurs de la vie... Le sang... La sueur...

...

Dépitée... C'est mon état d'esprit quand j'passe devant lui... Imaginant le rêve qu'il doit vivre... Cauch'mardant sur la journée qui m'attend...

M'faut une clope ! Pour m'détendre avant c'qui m'attend ! Alors j'en tire une du paquet qu'est dans ma poche et cherche mon feu à taton dans mon autre poche...

P'tain d'merde ! J'l'ai fouttu où !

J'loupe un temps dans ma partoche de râleur de première.
Elle passe devant moi et j'manque de m'étouffer dans mon propre jus.
Pour sûr elle me fait baver la poulette.
J'passe ma main dans ma tignasse décoiffée, et je lisse ma chemise .

T'es pas présentable Daland!

Je m'approche d'une démarche... ouai ma démarche habituelle quoi! Parce que j'ai pas le côté jolie coeur.

"C'est ça dont t'a b'soin Poulette?"

J'ai mon regard de loup affamé et le sourire en coin de celui qui a une idée derrière la tête. Sauf que chez moi c'est pas derrière , ça s'affiche , ça se voit et alors?

Je lui tend le briquet que je couvre d'une main pour que la flamme bouge pas . Tout en reluquant ce beau morceau de la tête aux pieds . C'est clair que j'y mettrais bien le feu à ce mégot là.

" Hé ben voilà c'est comme ça qu'ils devraient me le donner le coéquipier ! "

V'là qu'il s'la joue grand seigneur en plus...

Enfin m'faut du feu donc j'vais pas r'chigner... Je m'penche vers la flamme, clope en avant et tire une bonne latte pour bien allumer ma clope...

Je savoure... Me redresse et ferme les yeux pour profiter de cette bouffée de mort lente... Quitte à crever un jour autant qu'ça soit en ayant profité de la vie !

J'l'ai même pas regardé mais là il dit un truc qui fait tilt... Coéquipier...

T'cherches un coéquipier ? 


Oui bon c'est sûr c'est pas un Don Juan... A y regarder de plus près c'est même pas mon type mais...

Faire équipe avec un mec pareil c'est sûr que ma vie s'ra plus la même... Plus de corvée de nounou et babysitting de bourg' en tous genre...

Enfin de l'action...

La belle vie... La vraie...

Faut signer où ?

Et voilà que mon coeur de bourrique manque un battement.
Elle me veut quoi la petite là?
Coéquipier? ha mais non! Quoi que... m'imaginer en tête à tête avec elle dans la voiture me file direct des fourmis dans les parties les plus intimes de mon anatomie , même si elles servent pas souvent actuellement.
" Ouais! coéquipier... il parrait que c'est pas bon que j'patrouille seul! mais les costards cravates de la nouvelle génération c'est pas mon potage si tu vois c'que j'veux dire! Avec leurs nouvelles méthodes chimique et scientifique. Moi je bosse à l'ancienne. ( je regarde mes poings marqué par le passage à tabac en ricanant) Tu d'mande à bosser avec moi c'est que tu as pas entendu parler de Swann Daland. Personne a envie de se coller à moi. Mais pour toi ça me dérangerait pas du tout "

Je cligne des yeux, cette nana elle a un truc dans le regard qui me la ferait plaquer contre le mur là direct sous les yeux choqués de tous ces peigne-cul.

" Je suis convoqué au Bureau, tu vois... j'pense que c'est pour me désigner d'office un môme. Une sorte de bisutage surement ! parce que moi je fais pas dans le baby-sitting. T'as qu'à venir avec moi si tu penses en avoir une paire !"
Je lui tourne le dos et j'avance sur la coursive en direction de la notre... de DIRECTION. Et si elle me suit je le verrais rapidement dans le regard curieux et même envieux des collègues.

Héhé Daland ! Peut être que cette journée est pas si pourrit que ça au final.

Je tire sur mon cigare, nuage en fumée et soupir d'aise.

Je me rappelle ma dernière coéquipière, paix à son âme féline. Elle m'a détesté et supporté un bout de temps. On en a vu des trucs dégeulasses ici.Je me demande si la joute sera aussi jouissive avec celle là. Mince je lui ai même pas demandé son ptit nom, je me retourne d'un seul bloc " C'est comment qu'on t'appelle poulette?"

Elle ne me répond pas, je l'observe avec des yeux ronds et quelque chose fait trembler la passerelle.
Cette putain d'alarme me pète les tympans et ça cours dans tous les sens.
Vu que je n'ai jamais sur moi leur boîte à message je ne sais pas ce qui arrive.
J'entends des bribes de cris " opéra" " attentat".
L'alcool encore actif dans mes veines me rend lourd et lent. Mais j'ai l'habitude.
Je laisse la nouvelle plantée là et je file chercher la bagnole de service , ses portes se soulèvent à mon approche répondant à ma présence, me demandez pas comment ça marche, mon insigne, mon odeur, les effluves de mon Whisky ambré...
j'm'en cogne!

La bête décolle sur ses coussins d'air et je m'élève au dessus de la ville.
Au loin je vois les rougeurs d'un incendie, les fumées s'élevant tournant dans les vents.

[HRP : réaction suite à https://novlangue-city.1fr1.net/t2272-explosion-a-l-opera#75096 ]