La porte s'ouvre...

- D'abord douche. Pas moyen que je vous prête des fringues si c'est pour les dégueulasser illico. Ouste.

Elle va dan s le coin sanitaires et ouvre l'eau. Des volutes de vapeur s’échappent bientôt de la douche. Elle lui tend une grande serviette moelleuse.

- Il y a du savon à volonté. Hésitez pas à frotter dans les coins. Pendant ce temps, je vous trouve quelque chose à vous mettre sur le dos. ... Et pressez vous ! Je voudrais me doucher aussi, avant d'attraper une pharyngite.

Que c'est ingénieux. Dehors il se baignait dans la rivière. Si tout la fille partie il avait enlevé son pantalon et commencé le savonnage. La couleur de l'eau indiquait que le vomi n'était pas seul responsable de sa saleté.
Une fois la douche terminée il sortit et s'essuya pendant qu'il gouttait.

J'ai fini c'est bon

- Tenez.

Sans gêne apparente, elle entre dans la salle de bains et lui tend un genre de jogging gris un peu passé mais propre et doux et un pull dans la même matière.

- Habillez-vous dans le salon, j'arrive. On mangera un bout ensuite.

Elle jette le pantalon de l'homme dans la machine à laver express, le pousse gentiment dehors : elle commence à claquer les dents de froid

- Au fait, c'est quoi votre nom ?

Même pas un regard, coincée la gonzesse.

Mon nom ? On m'appelle le balafré rapport à ca

Il montra son torse parsemé de cicatrices, petites, grandes, signes de brûlures.

Merci pour les fringues et l'hospitalité. Y a moyen de pieuter cette nuit ou c'est abusé ?

Elle enlève son pull -enfin "son"...- et jette un œil au torse balafré.

- Ah ouais. Votre vie à pas été de tout repos apparemment.

Les chaussures ont viré depuis longtemps, et sa jupe à fleurs rejoint le pull de Guinéa, suivi par son soutien gorge.

- "Pleurer" ? Pourquoi ? Vous êtes triste ?

Elle achevé son striptease à l'abri des vitres embuées et jette son sous vêtement avec le reste. Sa voix semble sourire.

- Si en fait vous voulez demander à dormir ici, c'est ok. J'ai un matelas gonflable dans un coin et suffisamment de couvertures pour nous deux. ... Mais faudra être sage.

Et espérer qu'aucun chieur vienne pour la tuer durant la nuit.

Quelle allumeuse celle là. Elles sont toutes comme ca ici ?

Pleurer ? Real mens don't cry comme on dit. Parfait pour le matelas. Sage ? Tu m'as pris pour qui valkyrie ? Oui même les Ressacs ont entendu parler de vous. Je sais me tenir et te fais pas de fausses idées, je préfère les rousses

Bam, non mais oh, elle se croit irrésistible ou quoi ? Un joli petit lot certes mais j'ai ma fierté

Il sortit de la salle de bains et se posa sur le canapé. La chaleur était retombée, il s'habilla du jogging (après l'avoir reniflé).

... Ok. Là ça va pas le faire.
Elle se lave rapidement, s'essuie plus vite encore, enfile un long TShirt aux cuisses confortable et déboule dans son salon, les naseaux fumants.

- Alors je sais pas ce qu'on "sait" de nous dans ton bled hors dôme, sombre con, mais moi mon taf c'est chanteuse. Ça fait un an que j'ai pas baisé parce que des mecs comme toi qui pensent avoir tout compris alors qu'ils pigent que dalle j'en trouve à la pelle, alors que des gars qui comprennent que non je suis pas qu'une chaudasse à cause de mon pouvoir se font rares. Donc que tu aimes les rouquines ou les brunes je m'en tape d'accord ? ... Donc maintenant, tu bouffes, tu te couches et demain tu te barres parce qu'héberger un humain ok, mais un con, non.

Rageusement, elle se dirige vers le coin cuisine.
Et ne pas pleurer, again, merci.

Elle sort un plat sous vide du congélateur, le met dans le micro ondes, et vogue la galère.

Pas la peine de répondre. Une soirée sera vite passée, et elle pourra reprendre sa vie là où elle l'a laissée en sortant de l'Opéra ce soir, avant que n'importe qui ne déboule dans sa vie.

Elle sort deux assiettes, des couverts, dresse la table.

- Je te filerai un plan. Pour trouver ce que tu cherches.

Le ding du four interrompt cette passionnante discussion, elle sert et s'assied.

- Puisque tu n'as sans doute pas de papiers, je te suggère de repasser par la zone où on était tout à l'heure. Contre du pognon ou ptêt du travail, on t'en fera et ce sera plus facile pour te balader en ville.

Au bout de quelques bouchées de nourriture insipide -faudrait pas qu'ils prennent plaisir à manger, non plus- elle demande :

- Et... en fait... c'est comment, dehors ?

Ses yeux mauves sont prudents, en attente d'un nouveau mouvement d'humeur, mais curieux aussi.

Il s'installa et commenca à manger.

Pas besoin d'argent ou de papiers. Dehors c'est vert, c'est grand. Ça pue pas. Mais peu de villages et il faut chasser ou cultiver. Mais on est libres.
Et ici c'est comment ?
Celui que je cherche n'est pas sur un plan

Il s'etira. Ça a pas trop de goût mais ça cale.

Libres?
Elle a un sourire amer.

- Ici, c'est grand, rempli de cons, ça pue et on n'est pas libre. Même quand on est un genre de privilégié dans mon genre. Enfin. Il y a toujours moyen de... contourner un peu le système... Par exemple.

Elle le regarde.

- Je devrais te dénoncer, tu sais ? Les trucs officiels disent que vous êtes vecteurs de maladies, universellement mauvais et totalement fous. ... Bon. T'as l'air un peu timbré. T'as peut être des maladies exotiques, mais avec tous les vaccins dont on est bombardés... Et mauvais...

Elle chipote sa nourriture.

- Pas besoin d'être un Hors-Dôme pour l'être.

Changeons de sujet.

- Donc, tu cherches quelqu'un ? Il s’appelle comment ?

Son nom ? Je ne le connais pas. Même pas sûr qu'il en est un. Je l'appelle le Voyageur. Mais je sens qu'il est ici. Me denoncer ? Je vaux si cher que ça ?

Il caressa la balafre sur sa joue. Le regard perdu et la bouche rieuse.

Libre à toi après tout. Mais chez moi les règles de l'hospitalité s'appliquent dès que nous avons rompu le pain ensemble. Nous sommes miséreux certes mais pas dénués d'honneur. Et toi, valkyrie ? A combien évalues tu ton honneur ?

Il la regarda droit dans les yeux. Ses prunelles aussi dures que de l'acier bleu. Aucune hostilité en lui mais une réelle tension

K-Cendre hausse les épaules, lasse.

- Tu es un Ressac. Parmi ce qu'ils assimilent à la fange, tu es le niveau le plus bas. Le détritus parmi les rebuts. Et te savoir arpenter la ville pourrait sans doute leur faire vomir du sang.

La jeune femme se lève, va vider son repas à peine entamé dans la poubelle. Vraiment plus faim.

- Ce que je vaux ? ... Eh bien, j'en sais plus rien. Jusqu'à récemment, je pensais... être une plutôt gentille fille, pas une révolutionnaire, mais pas non plus une collabo. Toi qui es si fort en connaissances des Valkyries -puisqu'il est entendu qu'on est toutes pareilles bien sur, une armée de robots- tu penses que je vais faire quoi ? ... Ce qui serait le plus sage, ou continuer ce que j'ai commencé à faire, à savoir tenter de t'aider, voire de te sauver les miches ?

Elle se rassied, pose ses coudes sur la table, son menton sur ses mains. Ses yeux mauves s'ancrent à ceux du Balafré, calmes.

Je suis un Ressac. Je suis libre. Je ne suis le chef de personne. Tu dois trouver ta voie. Tu ne vaux rien, pas plus que moi. Êtres de chair dans cette immensité de terre. Mais ton honneur n'a pas de prix. Tu as loué ton corps et tu y as laissé toute ta fierté, ce qui te rend unique.

Il ferma les yeux. Pris une lourde inspiration.

[b]Tu peux soit te cacher et finir ta vie comme un ver de terre, soit reprendre ce qu'on t'a volé. La seconde voie sera la plus dure. Maintenant il est temps de dormir, demain je pars, libre à toi de rester ici. J'aurais besoin d'un guide.[/i]

Elle lève les yeux au ciel. Puis se lève à son tour.

- Je loue pas mon corps, chéri. Tu confonds tout. ... On a toutes une spécificité qui nous rend unique. Et la mienne n'implique aucun contact physique. Donc, je vends pas mon corps : je le donne si je veux, je le reprends quand je veux.

Elle s'étire, va fouiller dans un placard, en tire un matelas pneumatique et appuie sur le bouton gonflage.

- Je chante le soir. J'ai ma journée pour t'accompagner si tu as envie -ou besoin- de compagnie. Tiens.

Elle est allée récupérer sur son lit un coussin -imprégné de son parfum- et une grosse couverture-doudou, et les pose sur le lit gonflable.

- Bonne nuit.

Elle monte les quelques marche la séparant de son lit, d'un geste tamise les lumières et pose ses écouteurs sur ses oreilles, ferme les yeux.

Mais, au bout de quelques minutes, elle ne peut s'empêcher de fredonner...



[HJ : Et donc son pouvoir se déclenche, à plus ou moins forte dose : tu choisis. Il fait voir / sentir / ressentir des choses qu'on désire le plus]

Le balafré se coucha torse nu. Il se blottit sous la couverture et s'enfouit dans le coussin au parfum enivrant.

Sacrée nana. Du caractère et un joli petit fessier. Et son parfum à la fois fleuri, discret et persistant. Il avait l'impression qu'elle était encore dans la pièce.

Encore reveillé il avait l'impression de rêver. Une forme se dessinait dans la pénombre. Féminine vues les courbes.
Elle attendait, mais quoi. Le balafré ne bougea pas, aux aguets. L'envie fut plus forte que la prudence, il approches rapidement. Elle ne recula pas. Il en profita. Son parfum l'envoutait. Son allure aussi et ses yeux clairs. Elle semblait passive mais rebelle. Lascive mais fuyante. Il tourna autour, comme un loup cerne sa proie, guettant le bon moment  pour porter l'assaut. Ses sens étaient en ébullition sans qu'il ne sache pourquoi. Ses yeux mauves qui le défiaient. Il avança la main pour toucher sa joue et..rompit le charme. Plus personne ici qu'un Ressac penaud, un peu honteux de rêver debout.

Fichu dôme il me bousille déjà le cerveau

Ne t'inquiète pas, il ne t'arrivera rien tant que tu seras sous ma protection

Le balafré, rassuré mais confus ne tarda pas à s'endormir

Un mouvement à la limite de son champ visuel lui fait lever la tête.

Il fait quoi au juste ? Il danse ?

Le temps de se poser la question, elle s'aperçoit qu'elle chante.

Oups.

Silence.

Il continue ses tribulations quelques secondes puis affiche un air égaré, et retourne se coucher. Manquerait plus qu'il prenne mal le fait qu'elle lui envoie des visions, tiens.


***

Il est tôt mais vive la domotique !
Les stores s'ouvrent, la télé s'allume sur les infos de 6h50 et le café se met à couler.

K-Cendre se lève, passe à la salle de bains... va se vautrer sur le lit de son invité pour mater la télé.

Elle le pousse de son pied nu.

- Hé, Balafré... Tu dors, ou tu fais semblant ? ... On a une ville à explorer aujourd'hui, chéri...

Une lumière, si vive. Saleté de civilisation. Le soleil est plus courtois. Chéri ? La journée ne commence pas si mal

Il se releva, quasi nu, sans pudeur.

Je remets la main sur mes fringues et c'est bon. Tu vas m'accompagner toute la journée, beauté ?

Tiens ce regard mauve me dit quelque chose

Examen rapide du bestiau pour compléter celui de la veille. Moui. L'extérieur réussit à certains. Même les balafres rajoutent un peu de piquant.
Elle se lève pour préparer la boisson chaude et le pain du matin -le tout au micro-ondes.

- Je peux en tous cas : j'ai rien prévu. Faut voir si on se tape pas trop sur les nerfs. ... Tu comptes marcher je suppose ? Faudra que j'évite les talons.

Elle le sert, se sert, retourne se poser sur le lit gonflable pour manger devant la télé, image vivante du confort -de la décadence- moderne.

-Desc... ? Oh ! Descendue de mon lit ? Naon. J'ai écouté un peu de musique et je me suis endormie.

Évitons de lui raconter l'affaire du Chant, hein ?
Sourire amusé en mordant dans le pain.

- La présence d'une seule petite Valkyrie te perturbe au point que tu vois des fantômes de nanas ? Faut décompresser, mon tout beau !

Clin d’œil, puis elle finit rapidement son repas en silence.
Elle farfouille dans son armoire et se dirige vers la salle de bains.

- J'en ai pour 5 minutes. Réponds pas au téléphone ni à la porte, ok ?

Elle s'enferme.

Perturbé ? Attends j'en ai vu des catins, des filles qui vivent quasi nues. Elle croit quoi ? Bon son regard mauve me trouble mais quand même. À peine le temps de discuter et voilà qu'elle départ en s'enfermant. Dommage je serais bien aller jeter un oeil.

Euh attends, quoi téléphone ? C'est quoi ça ?

Il se releva, retira ses muscles et commença à imaginer sa journée. Le Voyageur était par ici et cette diablesse au regard améthyste allait le guider. Il se colla à la porte de la salle de bains

T'es sûre que tu as pas besoin d'aide ? Profite pendant que je suis là hein. Ça me fait plaisir de rendre service.

Elle se lave le museau, s'habille rapidement : jean, pull en peluche assorti à ses yeux, baskets. Une natte pour domestiquer sa chevelure et baste. On va pas aller dans des endroits très safe, trop de cleanitude serait suspecte.

Main sur la porte.
Elle le sent juste derrière.

Sourire.

- Et tu pourrais m'aider à quoi ? Je suis une femme indépendante, tu sais ?

Elle entrouvre, juste assez pour l'interroger du regard.