Jude pour les intimes.
Je promène un air dans ma tète « over the raimbow », un air interdit, mais ici, tout est permis, je suis dans le quartier des Automates. Automates comme automatique. Tous des robots ritualisés, les pions parfaits pour conduire la danse à un niveau raisonnable. Moi, j’aime, assis ici, sur mon tabouret rivé au comptoir. J’aime les regarder danser, saoulés au whisky dans leur costume trois pièces. Trop serrés, trop surs d’eux, aussi humain qu’un compas de navigation.
J’aime oui, mais c’est l’évidence même, je suis Jude, une erreur, leur erreur, enfin plus tout à fait, avant qu’on les détrône, nous les Mentalistes et nos cervelles particulières qui échappent à leur contrôle, pas assez logique. Trop de finesse pour des esprits étriqués. Je le pense, j’ai le droit d’auteur sur mes pensées.

C’est le jour, ou il fait nuit déjà ? J’ai oublié. Le temps passe, j’ai du oublier aussi d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, j’ai perdu le sens du sablier. C’est dommage, je ne saurais pas si je dois envisager un diner en tête à tête ou un petit déjeuner au lit. Quelle importance, je suis bien sur mon siège surélevé, j’observe d’en haut comme un bébé sur sa chaise haute. Non, je regarde béatement, ou plutôt niaisement. C’est ce qu’ils doivent se dire tous ces gens que je pourrais connaître. Je suis assez curieux de voir leur vie, les côtoyer est amusant, rassurant, je me sens moins erreur après un séjour dans leur quartier.

Pour tout dire, je ne connais pas le monde, sauf au travers des livres que j’ai pu piquer dans les bibliothèques. Je suis jeune et naïf. Candide d’un Voltaire Stalinien.
Et je sirote des cocktails aux couleurs indéfinissables au comptoir d’une boite de luxe où les putes, belles sous toutes les coutures, font parties du décor. Elles aussi, je les aime. Je me demande qui je n’aime pas… Je suis décidément la plus grande erreur de ce système.

Garçon, la même chose !

C’est dans le fond d’un verre qu’on voit la vie autrement, les destins apparaissent distordus, les évènements sont flous et grossis comme au travers d’une loupe. Un visage devient étrangement difforme, les traits qui soulignent habituellement ses expressions deviennent exagérément caricaturaux. Non, finalement ça n’a aucun intérêt.
Je repose le verre vide avec lequel je jouais à regarder le monde autour de moi. Et accessoirement le derrière d’une hôtesse, ou d’une cadre très supérieure à en croire ses airs trop arrangés, trop bien rangés, trop trop.

Je m’ennuie. Le monde des Automates n’est pas fait pour moi.
Cela fait… un temps fou que je dois être ici. Je ne sais plus, j’ai pas regardé. Je suis fâché et définitivement avec le temps qui passe ; peut-être est-ce du à son essence propre qui le fait me conduire irrémédiablement vers le néant. Et je ne suis pas pressé.
Toujours est-il, qu’ici, dans cette boite à cul-serrés, je ne trouve rien d’autre à faire que de le regarder passer et filer. A ce propos, il ne file pas vite ici, et c’est bien la seule qualité que j’ai trouvé à cet endroit. En dehors des danses… non, même pas. Elles sont… étrangement pragmatiques.

D’ailleurs, tout est pragmatique jusqu’à leur façon de se vêtir. Mortel ennui, si je reste par ici, je sens la contamination gagner ma cervelle, le pourrissement du bonheur inné éplucher mes cellules grises pour en faire de l’antipathie, du jus de cervelle pour jeune cadre dynamique. Je déprime déjà. Je perçois mon avenir dans ce temps qui passe trop lentement, et je n’aime pas ce que je pourrais y faire. Diriger, dirigeant, c’est pas ma tasse thé. Frivolité, légèreté de l’être, ça c’est mon domaine.

Mon dieu, j’étouffe, appelez le service funéraire, je meurs d’avoir imaginé la vie de Jude au pays des Automates.
Maman s’en décoifferait s’il elle avait existée.

Il est temps, avant de mourir je veux faire le deuil de cet endroit, pour oublier que j’ai cru qu’il pourrait y résider des êtres cérébrés autrement qu’en attachés case cuir noir, faute de gout, tiroir caisse bling-bling.

Sur ce, je vais envisager avec sérieux de prendre la tangente, et si rien ne se passe, si rien ne bouge, si aucun évènement ni aucune personne ne vient me prouver que j’ai eu raison de commencer ma visite de Novlangue par ce quartier, alors, je dirais « tchao Bella » et j’irai ailleurs. Là où un clin d’œil me dira : « va ! »

Musique

Le soleil descendait lentement, disparaissant derrière les hautes tours de novlangue baignant la ville d'une lueur orangée, la journée devrait être finie et Sacha rentrée chez elle. Mais non, Maximillien Conelly, son patron et accessoirement son tuteur, en a décidé autrement.
-Sacha, chérie, tu ne sort pas assez, allez viens la, en plus j'ai besoin de toi pour parler avec Hodges.
-Hodges n'a pas pour habitude d'écouter ce que les femmes ont a dire, a plus forte raison quand elles sont jolies.
-Peut être mais dans quelques années tu lui sera confronté tous les jours, alors autant apprendre a le manipuler dès maintenant.
-Si c'est ce que tu souhaite, avait-elle répondue, vaincue, en haussant les épaules.
Il l'avait trainée dans Le club qu'il fallait connaître. L'avait installée de manière a ce que « ce cher Tripp » aie une vue plongeante dans le décolleté de sa robe et avait commandé le meilleur whisky de la maison.
Tripp Hodges était loin d'être suffisamment stupide pour se laisser entrainer dans ce petit jeu, mais Max avait bien l'intention de s'amuser un peu quand même.

Quelque heures plus tard, trois serveurs et deux femmes raccompagnaient Messieurs Conelly et Hodges complètement saouls a la luxueuse voiture de l'un des deux, Sacha déclina poliment l'invitation de se joindre a eux, elle ne tenait pas a savoir comment se finirait la soirée.
Une fois la voiture partie elle se retrouva seule sur le trottoir sous le grand dais qui protégeait les clients des intempéries. Elle frissonna, sa robe noire fendue haut était bien trop légère pour la protéger de la fraicheur nocturne, le groom sortit, le manteau de la jeune femme sur le bras et lui proposa de l'enfiler, elle déclina d'un gracieux geste de la main et retourna dans le club. Elle n'avait pas pu profiter de la soirée, ne s'étant permise qu'un verre de vin qu'elle avait réussi a faire durer, redoutant par dessus tout de se laisser entrainer dans l'ivresse en présence des deux hommes.

Elle se dirigea vers le bar, splendide perchée sur ses talons aiguilles, sa demarche chaloupée suivait presque le rythme de la musique. Les regards la suivaient, par ce qu'elle était belle oui, mais aussi par ce qu'elle était l'héritière de l'un des homme les plus riche et les plus influents de novlangue.
Elle s'installa sur l'un des haut tabourets, perdue dans ses pensée elle ne s'aperçut pas vraiment que deux sièges plus loin un jeune homme avait l'air de s'ennuyer ferme, elle ne le remarqua que quand il reposa son verre sur le comptoir avec un petit claquement. Elle fit tourner entre ses doigts le coktail multicolore qu'un serveur venait de poser devant elle, se demandant si par chance cet homme pouvait ignorer qui elle était.
Elle bu une lente gorgée, ses lèvres laissèrent une trace rouge sur le bord du verre, et se jeta a l'eau.
-Mauvaise soirée?
Elle avait dit cela en le regardant du coin de l'oeil, si jamais il donnait l'impression de connaître son nom elle fuirait aussi vite que possible, la nuit n'était pas faite pour se laisser ennuyer par les envieux et les jaloux.

C’est mon clin d’œil ? Cling. J’ai du trop boire. « Garçon, un autre soda »
J’ose pas tout à fait regarder, après tout cet endroit est peut-être mal fréquenté. J’ose pas trop mais je regarde quand même. D’abord tout doucement en faisant celui qui n’a rien entendu ; je regarde le plafond, ces grosses boules pleines de miroirs qui éblouissent. Mille et un Jude dans une boule de glaces. Nonchalamment je tourne le visage vers mon soda et je le bois cul-sec. Je vais passer pour un ivrogne, c’est mal vu par ici, j’en suis certain.

Là, juste quand j’ai reposé le verre sur le comptoir, j’ai voulu lui répondre quelque chose pour faire plus poli qu’en regardant le plafond. Et juste là, le gaz du soda n’a rien trouvé de plus malin à faire que de chercher une issue. Et il l’a trouvé : il s’est échappé mais pas bruyamment, mais assez de quoi faire trébucher ma phrase.
Pof, ci-git la phrase de Jude, terrassé par un rot.

Je reprends ma tenue droit devant sans avoir réussi à prononcer ma phrase. Le visage enfermé entre les mains, et je bouge plus. Je me rends invisible. Plus personne ne peut me voir, je suis transparent, totalement invisible, Pfuit un courant d’air vient de passer à l’endroit de ma cervelle. Personne ne peut me voir… je suis… et si quelqu’un venait s’asseoir sur mon tabouret ? Finalement, je ne suis pas plus invisible que mon tabouret, par contre je deviens rouge. Je le vois là, en face, dans le miroir qui sert de mur aux bouteilles. Je suis peut-être allergique au soda et je vais gonfler. Pis avec le gaz, je vais devenir ballon pour touriste. En tout cas, je vais faire rire autour de moi, et pour une fois qu’on m’adresse la parole, je suis rouge comme une pastèque. J’ai jamais vu de pastèque. Je me demande quel gout ça peut avoir.

Vous savez quel gout ont les pastèques ?

Zut, ça m’a échappé comme le gaz.
Je me recache derrière mes mains. Pourvu qu’elle ne m’ait pas vu... entendu...
Je bouge plus. Je suis sur que je peux disparaître comme ça. Suffit d’y croire fort. Et j’y crois.
Jude au pays des leprechauns. Je suis un Leprechaun, je m’enfonce dans la forêt avec mon chaudron d’or et ma poudre magique.

-Vous savez quel goût ont les pastèques?

Elle tourne la tête vers lui, son verre suspendu quelque part entre le comptoir et l'endroit ou étaient ses lèvres quelque secondes avant, elle le regarde plonger le visage dans ses mains, on dirait qu'il essaie de disparaître avec cette logique enfantine « si je te vois pas, tu me vois pas non plus ». Le silence s'étire sur quelques secondes.
Elle éclate de rire, c'est plus fort qu'elle, la réponse a sa question par une autre question tellement absurde …

-Pardon, je … dit elle au milieu de son rire. Mais vous … rajoute-t-elle sans parvenir a se calmer. Elle est pliée en deux, les regards se tournent a nouveaux vers elle, vers ce bruit incongru, rire, on a pas idée, en public et dans un endroit tel que celui-ci, non mais vraiment!
Elle prend une profonde inspiration, ravale les reste de son rire, et penche la tête vers le jeune homme qui essaie toujours de disparaître dans ses mains.

-Je vous demande pardon, n'allez pas croire que je me moquais je vous prie. Elle lui sourit de son plus joli sourire, il aura au moins gagné ça, le premier vrai sourire depuis des lustres. Les pastèques on le goût … he bien je ne saurais le décrire, mais si vous y tenez je vous en ferait gouter.
Mais qu'est ce qui lui prend? Proposer ce genre de chose a un inconnu croisé dans un bar … quoique ce ne soit pas l'inconnu le problème mais plutôt le bar, les regards et les ragots qui en découlent, Max risque de lui passer un savon si ce genre de choses remontent jusqu'à ses oreilles, il a une idée très précise de ce qu'une femme peut se permettre ou pas.

Je suis gêné, je suis gêné, je suis gêné,... Elle rit ? J’ose pas bouger quand même. Je reste prostré, coincé sur mon tabouret cuisses et jambes serrées, mains sur le visage. L’idée est intéressante, bien que je ne sois pas certain de son efficacité. Jude, il va falloir évaluer la situation et agir. Mais… mais, mais, mais ! Et si elle se moque là, avec son rire charmant ?
Je sais bien que j’ai l’air d’un Pygmée dans un monde de grands. Je sais bien que je peux pas disparaître rien qu’en le pensant, je suis pas stupide, mais qui a dit qu’on ne pouvait pas essayer ?

Maintenant, elle parle. Et elle rit. C’est presque vexant d’avoir perdu son camouflage. Elle se moque de moi vous croyez ? J’abandonne ma posture de caméléon pour voir cette femme qui rit.
A bien la regarder rire et se tordre, je me dis que je n’ai plus à avoir peur du ridicule de mes joues rougies. Je souris. Un vrai grand sourire dans un monde qui n’est pas le mien et qui avait oublié de sourire avant qu’elle ne rit, elle.

Vous vous moquez de moi ?

Je l’ai dit sans conviction. Je n’y crois pas une seule seconde, les gens ne sont pas comme ça n’est-ce pas ?
Elle répond qu’elle ne se moque pas. Je le savais ! Vous voyez bien que les gens ne sont pas comme ça. Je l’avais dit.

C’est elle qui sourit maintenant. Je perds le mien avec le sien. Je relève un sourcil et penche légèrement la tête. Interloqué. Attiré curiosité, je veux la connaître et tout savoir d’elle. Je veux voler en dirigeable et faire le tour de la terre à ses coté, et puis manger des pastèques sur le dos d’un chameau en regardant passer les étoiles au rythme d’un battement de cœur.
Je lui dis ? Et je lui demande sa main ou j’attends de connaitre son prénom ?

Cela mérite réflexion. Du coup, je souris encore moins.
Ça doit se voir.

Elle a soudainement l’air embarrassé. Elle est comme moi ? Peut-être qu’elle va se cacher dans ses mains et compter jusqu’à disparaître.
Non, elle n’est pas comme moi. Elle ne pourra jamais être invisible. Elle est bien trop belle.

Vous voulez un soda ?

Il sourit, bon, il n'est pas vexé, ouf. Elle avale une gorgée de son cocktail, un peu pour se donner une contenance, il est trop sucré d'ailleurs, mais qu'importe. Quand elle le regarde a nouveau il a perdu son sourire, il a l'air contrarié ou plongé dans une profonde réflexion.

-Quelque chose ne va pas?

Ce n'est rien, surement rien, il va lui dire que tout va bien, et elle n'aura qu'a ranger sa parano dans la pochette trop petite et voyante qui lui sert de sac a main. Quoi que, tout bien réfléchit elle n'est pas sure que ça puisse tenir la dedans une parano pareille.

-Un soda?

Est ce que se faire offrir un soda entre dans le cadre des choses permises en public ou non? Bonne question. Mais se sauver maintenant au bras de cet inconnu serait surement encore pire.
Elle fini son verre d'une grande gorgée et le repousse loin d'elle.

-Va pour un soda alors, dit-elle avec un sourire.

Qu'il est fatigant d'avoir a se préoccuper sans cesse des regards extérieurs quand on y est pas vraiment habitué. Elle voudrait juste pouvoir s'affaler tranquillement sur le bar en mangeant du regard son charmant interlocuteur, elle voudrait boire a en être saoule sans avoir a craindre les réflexions, et elle voudrais pouvoir changer de tabouret pour se rapprocher de lui sans provoquer des potins pour le mois a venir … Pauvre petite fille trop riche.

Elle a l’air à son tour soucieuse, comme si le monde entier guettait ses faits, gestes et… sa vie. La vie… j’oublie sans arrêt qu’ici, on ne la contrôle pas tout à fait. Même là, dans le monde des grands, et même si je le connais mal, il semble que les vies n’appartiennent à personne. Pas vraiment.
Moi, Jude tiret Z, je m’en fiche. Mais ça, peu le savent. Je le cache à peine pourtant, mais à croire que le fait d’être le représentant de leur erreur, me donne une certaine immunité. Ou bien, je suis tant pas à ma place, que je finis par devenir vraiment invisible.
Personne ne me voit alors ?
Mais elle, elle me voit ?

Dites… vous me voyez ?

Zut, je n’ai pas répondu à ses questions. C’est mal élevé. Elle me le pardonnera surement quand je lui aurai dit que je n’ai pas de parents, et que sans parents, on ne peut pas être bien élevé. J’aimerai bien avoir des parents.

Elle se pose trop de question, je le vois bien dans ses yeux, et puis cette façon qu’elle a de se déhancher sans arrêt sur son tabouret, comme si quelqu’un la surveillait. Que pourrait-il lui arriver ? On pourrait lui faire mal ? Ce serait idiot, elle est si jolie.
On ne devrait jamais faire de mal aux jolies choses. Moi, je les garde pour moi. Si j’en trouve une, je la prends délicatement pour ne pas la casser, et je l’emporte dans mon chez moi pour lui donner sa place au milieu des jolies choses.
Mais elle, c’est une humaine. C’est pas des choses les humaines. On ne les classe pas, ni les casse. Pourtant, je la prendrais bien pour la ramener dans mon chez moi et la mettre sur une étagère. Mais pas une belle étagère, ça pourrait ternir ses yeux.

J’ai toujours pas répondu à ses questions.
C’est pas malin, je vais les oublier.
C’est pas si important tant pis, par contre, elle est trop loin. Et puis cet endroit m’ennuie alors qu’elle non. J’ai envie de partir visiter un autre endroit, parce qu’ici, c’est froid malgré qu’on transpire. Mais seul, c’est pas si drôle que bien accompagné.
C’est pour ça que je l’ai fait. J’aurais pas du ? En tout cas, je l’ai fait.

Je me suis laissé glisser de mon tabouret comme une nature morte et coulante, un camembert trop fait qui dégouline jusqu’au sol. De flaque, je me suis redressé d’un coup, comme un Polichinelle qui jaillit d’une de ces vieilles boites en bois, et qui surprend.

Je suis resté raide droit, basculant de droite à gauche et inversement sans tomber pour autant. Le regard fixe et les traits soudés, j’ai poursuivi ce mouvement perpétuel mimé jusqu’à ce que automate pour de vrai, rouages réglés sur arrêt, je m’arrête. Net. Et tende la main vers elle. Automate vrai, je souris vrai. Un sourire qui dit qu’on est mieux ailleurs et qu’il faut partir avant de se faner comme une feuille d’automne. Et voila.

Il a une gestuelle bizarre quand même, elle ne peut pas vraiment s'empêcher de penser a ça en le voyant bouger, elle ne sait pas trop si il bouge comme ça, ou si il mime une marionnette pour l'amuser. Quoi qu'il en soit ça la fait sourire, elle en oublierait presque de vérifier que personne ne les regarde. Et puis il tend sa main, geste galant et universel qui invite les jolies femmes a descendre de leurs perchoirs pour aller voir ailleurs si les draps sont confortables …

Mais non voyons!

Geste galant et universel qui invite les jolies femmes, les moches aussi, mais moins souvent, a descendre de leurs perchoirs. Désire-t-il lui aussi sortir de cet endroit trop fréquenté pour une balade nocturne dans les rues désertes? Il ne lirait pas dans ses pensées tout de même!

Elle pose délicatement sa main, dans celle tendue, qui l'invite, elle se force a le regarder lui, pas ailleurs, elle sourit, et elle se laisse lentement glisser a terre a son tour, il est pas si grand en fait, bon elle triche faut dire, perchée sur des aiguilles de douze centimètres, forcément tout a l'air plus petit.

Bon mais maintenant elle est embarrassée, il faut sortir, on ne fait pas ce genre de chose pour rester ensuite debout face a face a se faire des regards de merlans frits. Elle hésite, pas longtemps, avant d'entrainer son compagnon vers la sortie. Elle fait ça bien, on dirait que c'est lui qui initie le mouvement … Peut être que c'est lui. Elle travers la salle, droite et digne sans même jeter un regard de coté, elle n'en peut plus de contrôler sans arrêt faits et gestes. Seule elle y arriverait très bien, mais il y'a eu lui, avec son sourire et ses histoires de pastèques, on a pas idée de faire rire les femmes.

La porte se referme derrière eux, le groom a tout juste eu le temps de lui donner son manteau qu'elle n'a pas enfilé d'ailleurs, et avant même qu'elle y ait pensé une longue voiture noire s'arrête le long du trottoir, Liam en descend et vient ouvrir la portière.

-Non Liam, nous allons marcher, merci, donnez moi simplement le sac je vous prie.

Il hoche la tête, referme la portière et ouvre le coffre, elle lui laisse son manteau trop chic et attrape le sac. C'est quand elle a besoin de son autre main qu'elle s'aperçoit qu'elle est toujours dans celle de son compagnon qui regarde le petit manège d'un drôle d'œil.

-Ce n'est que Liam, ne vous inquiétez pas. Venez.

Elle se dit que c'est une folie, mais tant pis il boit du soda et voudrait manger des pastèques, il ne peut pas être mauvais, c'est impossible. Alors que la voiture s'éloigne elle attrape plus fermement la main de son compagnon, le sac informe de l'autre côté et se dirige a petits pas pressés vers l'angle de la prochaine rue.

Suite