Mais oui ! Je le reconnais, c'est... comment c'est déjà ? Jésus ? Juda ? Non, ça ne sonnait pas aussi biblique. Joe ? Ah bah non, visiblement, c'est l'autre, ou la chose qu'elle a dans le tiroir. John ? Oui, ça doit être ça, John ! L'idiot que j'ai rencontré dans les rues de Chinatown.

Et voilà l'autre qui recommence.
C'est assez... dérangeant. D'habitude, c'est moi qui rit comme ça.
Il parait que le rire est une maladie contagieuse.
Peut-être que si je lui file un cacheton...

Elle doit être bien siphonnée elle aussi. Mais je ne vérifierais pas ce qu'elle dit à propos du plafond. Je ne préfère pas regarder en haut.
S'il ne bouge pas, tant mieux, mais si je le vois bouger... Je préfère continuer à croire qu'elle fabule. De toute façon, s'il bouge vraiment, je ne vois pas trop ce que je pourrais y faire.

Je vais plutôt aller voir par là, dans la direction où John jette des regards inquiets.
Il s'inquiète pour elle ?
Il y a là une femme qui ne bouge pas. Je m'approche d'elle pour voir ce qu'il en est.
Elle semble inconsciente, endormie. Sans doute droguée pour avoir le sommeil aussi profond.

Jude m’dame, Jude !

Du tac au tac, je réponds à la vilaine fille qui veut faire mal au ventre de Joe. Mais, elle n'a pas du entendre. je recommencerai tout à l'heure.

Dites, vous pourriez laissez respirer ma Joe ?
Non pas que je veuille mettre un terme à vos gesticulations, mais elle a Ptit Joe dans son ventre. Je suis sur que vous compren…

Elle comprend puisqu’elle se lève et va voir Sam c’est bien. Elle a du cœur, ça se voit tout de suite. Elle doit être tendre quand elle ne joue pas avec les matelas.
Quand même, c’est bizarre ces murs qui bougent. Maintenant, c’est le plafond. Peut-être est-il malade. On a déjà vu plus étrange, et puis ça arrive d’être malade. Ça doit être contagieux parce que j’ai un peu mal au cœur. Ou alors c’est d’imaginer le ventre de Joe écrasé ?
On dit que c’est les futures mamans qui ont mal au cœur, ils ont oublié Jude. C’est crétin.

J’ai mal aux pieds…

Mes chaussures… elles sont pris l’eau. Elles n’auraient pas dues sécher, maintenant, j’ai mal aux pieds.

Dites, NOD, vous seriez bien aimable de me détacher, j’ai mal au cœur aussi, et Joe n’est pas très bien. Elle va étouffer, elle a Ptit Joe dans son ventre.
S’il vous plait…

Jude m’dame, Jude !

J'avais dit que je recommencerai tout à l'heure.

Jude... ouais, c'était ça.
Et il après être allée voir dans quel état était la femme endormie, il veut que je le détacher et que j'aille aider la connasse. Hey ! J'suis pas un st Bernard !
Bon, c'est vrai que ça fait parti de mon boulot de protéger le peuple. Mais ça, c'est pas du peuple ! On dirait plutôt un couple de rat dont la femelle a été engrossée. Il est interdit d'engrosser les rates !

-C'est vous le père ?

J'ai même pas vu qu'elle avait la ballon.
Et puis l'entendre rire comme ça... elle doit pas aller bien.

Bon, aller, je la retourne.
Mais c'est juste pour vérifier qu'elle est grosse !

En tout cas, elle fait son poids ! Je soulève un côté du matelas et elle avec pour pouvoir la mettre sur le dos. J'en chie un moment, mais fini par arriver à la mettre sur le côté puis à la faire retomber dans l'autre sens, le ventre vers le plafond.

Bah non, elle est pas très grosse. Je suis même un peu déçue, j'en ai jamais vu des femmes enceintes. Forcément, ça ne se fait plus maintenant, sauf chez les rebelles. Eux personne ne régule leurs naissance, ça se reproduit comme des lapins. C'est pas très propre.

-Vous êtes sûr qu'elle a quelque chose dans le ventre ? Il est pas très gros son ventre. Ou alors le petit dois être vraiment tout petit... ça va être un nain. Mais c'est ça aussi de se reproduire n'importe comment.

J'y connais pas grand chose, mais je sais qu'un bébé, il doit être plus gros que ça. Alors soit yen a pas, soit il est trop petit.
Mince, je l'ai peut-être écrasé tout à l'heure en lui montant dessus. C'est pour ça que son ventre est plat.

Mais qu'est-ce qu'elle a gueuler comme ça, la connasse ?!

Elle gueule ou elle se marre ?
Elle se paie ma tête !
Ou bien c'est comme moi ? Elle fait pas exprès ?

Lui aussi il s'y met ?!

-QUOI ?! Me regardez pas comme ça !

Putain j'aime pas leurs tronches. Ça fout mal à l'aise.
Ça me rappelle quelqu'un ces faces là... mais en couleur en plus... J'ai bien pris mes médocs ? Oui, je suis sûre que je viens de le faire. Mais alors...

-Je peux savoir ce qui vous prends ? Je vais vous passez l'envie de rire ! Foutez-moi la paix !!

Et ça c'est quoi ? Des ombres ? Mais il n'y a personne ici. A qui elles sont ces ombres ? Qu'est-ce qu'elles me veulent ? Il y en a partout ! Et elles ricanent.
Les murs... les murs aussi !

Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
Je me tiens la tête à deux mains en dévisageant les murs.
Pourquoi ils en ont tous après moi ? Pourquoi ils rient ?

Pas de panique !
Je reprend un caché. Putain, je l'ai fait tomber tellement j'ai les mains qui tremblent ! Ça fait rien, j'en sort un autre et me le fourre vite sous le masque avant de l'échapper aussi.

Ça ne peut pas être réelle.
Allez ! Barrez vous les hallu !
Yen a beaucoup trop. Elles se rapprochent. Non...
Je vais me retrouver acculée, encerclée au centre de la pièce.

-Barrez-vous... BARREZ-VOUS ET FOUTEZ-MOI LA PAIX !!
NAAAAAAAAAAAAN !!!!

Je me fige, accroupis au milieu de la pièce, les mains sur les oreilles pour ne plus les entendre et fermant les yeux très fort pour ne plus les voir.
Je ne veux pas qu'ils approchent. Je ne veux pas qu'ils me touchent.
Je ne veux pas... je ne veux pas... qu'est-ce que j'ai oublié ?

Mes yeux se rouvrent en grand et fixe le sol. Je ne lèverais pas les yeux, je ne veux pas les voir.
Ils approchent, je le sais. Mais je ne bouge pas. Je ne peux pas.

Personnellement, je décide de ne rien voir. C’est comme pour la vie, j’ai décidé d’être heureux et ça fonctionne. Joe en est la preuve, son ventre est rempli de ma pro… Remplie ?, j’ai dit ?
Bizarre… je vois son ventre qui ondule et qui gigote… Et qui gonfle. On dirait des petits doigts à l’envers qui appuient sur la peau et poussent… poussent… Poussent ? Des pieds aussi, leurs empreintes sont si petites…

Je rêve ? Encore ? C’est épuisant. Pourquoi n’ai-je pas décidé de ne plus rêver ?
Je ferme les yeux sans pouvoir les frotter parce que personne n’a songé à défaire mes liens, et que moi, je ne suis pas si mal attaché. Ça ne me dérange pas.
Quand je les ouvre, je vois des moi partout. Du sol au plafond, il y en a partout. Ils courent, ils grimpent, ils escaladent et sautent ! C’est… je suis évidemment ému devant ce spectacle, tous ces moi qui sont là, c’est… magnifique. Unique.

Joe ?
Vous avez vu ?
Ils vous ressemblent !
Ils sont très beaux.
On en fera d’autres ?

Ah, c’est curieux, tous mes moi disparaissent d’un coup, tous dans un « plop », comme des bubulgommes, ils font « plop » et disparaissent.

Joe…
Il va falloir recommencer, ceux la sont pas étanches.
Joe ?
Mais… votre ventre, il gonfle encore !
Encore d'autres… ce sont les miens aussi ?
Joe, vous êtes productive.
Et très belle enceinte.

Joe, pourquoi vous criez, c’est douloureux ?
Je vous aiderai bien, mais « elle » ne m’a pas détachée. Je dis « elle » parce qu’elle ne s’est pas présentée. Vous croyez qu’elle est mal élevée ? En tout cas, elle crie plus fort que vous. Je me demande quel cri elle pousserait si elle accouchait.

Joe… Vous croyez que vous ferez une bonne mère ?

Je les entends à travers mes mains sur mes oreilles.
Ils sont de plus en plus près.
Non ! Ils sont là !

Je me relève d'un bon et tente de m'enfuir, me frayant un chemin dans cette foule ricanante.
Ils m'ont touché. Je suis quasiment sûre qu'il y en a un qui m'a touché, même si je sais pas si je l'ai vraiment senti et si c'était pas le cas, c'était pas loin, donc c'est pareil, je ne pouvais pas rester là sans bouger et me laisser faire.
Faire quoi d'ailleurs ? Je sais pas ce qu'ils me veulent, mais c'est inadmissible ! C'est intolérable !! Je ne les supporte pas.

Mais je n'arrive pas à leur échapper. Il y en a partout !
Pourquoi, pourquoi ils me regardent tous, moi ?!! C'est un cauchemar.

Mais il y en a un qu'on entend plus que les autres.
Et en plus il dit des espèces d'obscénités entre deux fous rires.
Il parle de ses rejetons et de sa truie qu'il aurait engrossé.
Et il parle, il est bruyant, il n'arrête pas... c'est...

C'est mon poing dans sa gueule. C'est parti d'un coup. J'ai cogné aussi fort qu'il me foutait les boules. Si j'arrive à en faire taire au moins un...

-TA GUEEEEEEEULE !!!!!