Pas grand, l'appart. Pas petit, non plus, mais pas grand. Il pourrait s'offrir plus, mais pour quoi faire ? C'est juste un endroit où dormir et où être seul, rien de plus.
Un petit salon avec un vieux canapé contre le mur et un télé à moitié déglinguée sur le mur d'en face. Un bureau dans l'angle, sur lequel est posé une vieille machine à écrire qu'il a récupérée à côté des poubelles, en se disant qu'il pourrait se confier. La pièce fait vieille, mais propre.
Au milieu, une table basse, sur laquelle sont posé des feuillets, étonnamment bien rangés, coincés sous le cendrier.
Une chambre, aussi, avec un grand lit confortable, presque choquant par rapport au reste de l'appartement, mais défait. Sur la table de nuit, une lampe, un cendrier, un paquet de clopes entamé et des tracts d'incitations en tous genres.
En face du lit, une commode pleine de différents habits qu'il n'a acheté que pour la remplir. Une télé quasi neuve est posée dessus, rarement éteinte. Une penderie, dans un coin de la chambre, renferme plusieurs exemplaires d'une même veste longue en feutre noir. Sur l'étagère du haut sont empilés des chapeaux, et en bas son alignés des chaussures noires du même type. Parce qu'il ne change pas. Il ne veut pas. Changer, c'est être vu.
La cuisine et la salle de bain n'ont rien de notable.
Partout dans l'appartement règne une sorte de désordre rangé, mêlé à une propreté quasi-parfaite, et le tout baignant dans une légère odeur de cigarette.