Elles vont, elles viennent.
C'est toujours pareil: Quand je me réveille je les sens qui sont proches. Elles m'assaillent rapidement, peut importe la raison ou le prétexte, et n'en n'ont pas vraiment besoin, elles ne veulent pas me laisser de répit.
Ces derniers temps elles viennent même le soir, je m'endors avec elles et me réveille avec elle.
Je réfléchis, j'imagine, je rêve, je retombe dans la réalité. Dure la réalité, rugueuse, abrupte, douloureuse. Comme dit mon père: "c'est la vie, dure, mortelle, mais surtout cruelle". Mais il faut croire que je suis maso, car je ne peux empêcher de me poser la question: "Et si c'était pire?". Le "pire", c'est que je réponds à ma question, j'ai une inspiration sans faille pour penser comment cela pourrait aller plus mal.
Tout ça part d'un rien, une réflexion, ou une absence de réflexion, un souvenir. Ensuite la machine infernale qui me sert de cerveau se met en route et puis voilà, je suis pris dans les engrenages à leur merci.
Merci qu'elle n'ont point, car elles s'acharnent.
Elles finissent souvent par repartir dans la journée, laissant parfois une geôlière pour me harceler. Si je n'ai pas de chance elles s'accrochent et me ronge, de l'intérieur comme de l'extérieur.
D'autres fois il n'en reste même plus rien et j'oublie, car j'ai envie d'oublier, c'est un bonheur.
Mais un bonheur temporaire car comme elles s'en vont, elles reviennent. Elles reviennent toujours, mais des fois j'ai droit à quelques jours de repos.
J'aimerais qu'elles se tirent une bonne fois pour toute, j'aimerais qu'elles n'aient pas de raison de revenir.
Mais faut croire que c'est trop demander, faut croire que je n'en fais pas assez.
Peut être est ce ma faute, peut être pas. Peut être que je me prends trop la tête. Peut être ne suis-je qu'un jouet pendu aux fils du destin. Peut être n'ai-je qu'à me rebeller, mais cela ferait des dégâts que je ne veux pas faire.
Tout cela a une cause, j'en suis certain et la connais peut être. Mais si je me trompe elles changeront juste de prétexte et je L'aurai faite souffrir pour rien.
Faire souffrir pour être heureux tout en ayant l'énorme risque que de me tromper, ou trouver un autre moyen de lutter contre elles.
Un moyen, oui, mais lequel?
La fuite n'est pas utile et j'ai déjà trop fui.
Ce qui me fait du bien me fait du mal, revigorant empoisonné qui les attire comme tu miel attire les ours mal léchés.
Je ne vois rien d'autre et m'approche du gouffre. Bientôt je serai obligé: soit je fais le grand saut et La détruit pour mon salut, soit je plonge.
Oui, je leur plongerais dedans plutôt que de Lui faire du mal. Je leur plongerais dedans pour ne jamais remonter, perdu à jamais dans mes idées...
Noires.