Wall Street, une cible symbolique et parce qu'il n'y a pas de raisons pour que seuls les pauvres orthodoxes qui n'ont rien demandé soient touchés.
Et qui dit quartier de luxe dit super bombe, pour pas dépareiller avec la grandeur de leurs hôtels-palaces, restaurants 12 étoiles et leurs bureaux individuels qui font la superficie d'une usine toute entière.

J'ai un peu forcé sur l'explosif. Il faut que ça fasse beaucoup de bruit et si possible beaucoup de dégâts.
La bombe dans la deuxième main gauche, elle-même cachée sous le manteau, un foulard sur la tête et des grandes lunettes de soleil, j'avance incognito à la recherche d'un endroit où déposer mon œuvre.
Dans la poubelle, là, à l'entrée d'un immeuble, ce sera très bien.

Le compte à rebours est lancé. J'ai 10 minutes pour m'éloigner le plus possible.
Je referme mon manteau et je file, direction la plaque d'égout la plus proche.

Le Service Actif de Retrait des Non-Implantés, ou S.A.R.N.I. pour les intimes. L'une des nombreuses sub-divisions du N.O.D. Sous ce nom pompeux de plus se cache une équipe anti-terroriste vouée à traquer, à interroger puis à "Remettre dans le droit chemin" les insurgés, ou le cas échéant, à les ... "Retirer". Comme les autres groupements d'action spéciaux sur le terrain, on les a placés aux endroits stratégiques. Drones-Vigiles, couverture aérienne du terrain et informations directement analysées et transmises par les transporteurs en vol au-dessus du quartier ... Les dernières sophistications au service de la lutte contre le terrorisme sauvage et archaïques. Les points névralgiques sont bien gardés.

Ici plus qu'ailleurs, on applique les techniques d'intervention d'élite. Discrétion totale, on attends que la proie se montre, il n'y a aucune défense apparente. Pendant que les cow-boys exhibent leurs mitrailleuses et leurs fusils à plasma flambant neufs des caisses de l'armurerie auprès des orthodoxes pour les rassurer, on laisse la voie parfaitement libres, à l'exception de quelques drones de patrouilles configurés pour transmettre la position des cibles aux opérateurs organiques. Surtout, ne pas les effrayer au point de les faire fuir. Connaître leurs tanières, leurs positions, leurs points de chutes, l'endroit où ils poseront leurs bombes.

" Ici Wolcroft, j'ai un individu suspect à l'infrarouge... " Ce Wolcroft est un tireur d'élite placé sur une terrasse fermée au public pour l’occasion ... A moins d'être situé à moins de quelques mètres ou d'être soi-même équipé de lunettes infrarouges, il était indécelable. Pour cause, on lui avait procuré une combinaison de camouflage optique, bien plus efficace mais aussi bien plus onéreux qu'une de ces combinaisons imitant l'apparence du terrain qui équipait les autres unités d'élites. Bien sûr, ces deux modèles étaient jalousement gardés par le NOD et n'était sortis des entrepôts qu'en cas de crise où les moyens nécessaires devaient êtres alloués ... Une alerte globale à la bombe était de ces cas. " ... Je confirme, signature thermique anormale ... Je peux l'avoir d'ici. J'allume ? "

" Négatif, on ne peux pas être sûr ... Attendez un geste suspect. On ne peut pas se permettre de fautes sur ce terrain. "

" Wolcroft, ici Sentinelle 1-1. Marquez la cible au lazer, on va la passer au crible. " Cette Sentinelle était l'un des nombreux vaisseaux qui sillonnaient le ciel pour surveillez la zone piétonne. Malgré toute son électronique embarqué, il n'aurait servi à rien en braquant ses capteurs bêtement sur la foule ou en examinant un à un tout ceux qui passaient. Il avait besoin d'unités au sol pour examiner ceux qui étaient louches, et relocaliser ses moyens pour un maximum d'efficacité.

" Marquage effectué Sentinelle. "

Quelques secondes d'attente. La tension est à son comble. Dans une camionnette de livraison garé non loin du lieu où est située le suspect, on vérifie une dernière fois l'équipement, on ne laisse rien au hasard. Tout doit être millimétré. Les Automates ne sont pas les Orthodoxes, il n'est pas question de tirer dans la foule au jugé, car ils pourraient faire savoir leur mécontentement. On se chambre, on tente de décompresser ...

" Eh Roxane, fait gaffe aux ménagères terroristes cette fois ! ... " lâche un des membres de l'escouade, un gros noir rasé, baraqué et tatoué sur la crâne, avec un rire gras.

" Va te faire foutre, t'es lourd. "

" 'Peux pas : La tenancière est pas d'accord ! "

Cette fois, le rire est général, à l'exception de l'intéressée.

" Nan, en effet, je le suis pas. Je fais les ablations testiculaires en revanche. "

Interrompant les échanges hautement intellectuels de cette brave équipe toutefois, les radios résonnent à nouveau de la voix du pilote d'aéronef.

" Sentinelle 1-1. Statut confirmé. On a bien une signature énergétique anormale, mais rien de plus probant ... Attendez ... Contact hostile ! Je répète, contact hostile ! Il a posé un paquet dans une poubelle avec un troisième bras ! "

" Bien reçu Sentinelle. Marteau à Wolcroft, autorisation d'engager. Clouez-moi ce truc par terre ! "

" Reçu ... Euh, Négatif ... J'ai, j'ai plus de visuel. Elle a pris la rue à droite. "

" O.K. ... Toombs, vous avez un visuel ? "

Le gros black semble se réveiller, il enfile ses lunettes de visée, appuie sur un bouton. Elle lui permettent de voir, dans une certaine mesure, ce qu'il peut se passer derrière des obstacles.

" Ici Toombs, je l'ai en visu Marteau, on cueille ? "

" On cueille. "



Dans le fourgon, un simple signe du bras de la part du gros bonhomme, et Oktane balance un coup de pied dans les portes arrières du fourgon en hurlant un " Go ! " énergique. Celle qu'ils cherchent est située à l'autre bout de la rue. Ils se lancent à sa poursuite, et l'on peut tout de suite sentir que l’appât du gain est le plus fort - Une séance avec une Valkyrie de luxe gratuite, quand même ! -. On tire quelque coups en l'air pour faire écarter les civils, et la chasse à l'homme peut commencer : Dans cette zone, on ne peut pas se permettre de dommages collatéraux.

La fugitive peut compter sur une chose : En face, c'est du chacun pour soi, et bien qu'entrainés, ils ne faut pas s'attendre à des actions coordonnées au vue de la récompense. Elle a toutefois intérêt à agir vite, tant que la foule lui sert indirectement de bouclier contre les tirs. Déjà, on peut discerner la forme fine d'une femme qui creuse l'écart par rapport au reste du groupe...

Des coups de feu.
Oh putain les NODs ! Je suis dans la merde.
Je prend pas le temps de compter combien il y en a, je trace sans me retourner.

Je cours comme un lapin avec une meute de doberman aux trousses et sans doute armés jusqu'aux dents.
Et ça m'excite.

Je sais qu'ils sont bien entrainés aussi. Même avec un équipement lourd, il y a de fortes chances pour qu'ils soient plus endurants et plus rapides que moi. En plus, je ne cours pas plus vite que les balles.
Il faut que je me magne de me mettre à l'abri.

La plaque d'égout est encore loin et ils vont me rattrapper.
Si je cours en ligne droite, je vais me faire tirer dessus, et si je zig-zag, ils vont gagner du terrain.

Les automates sont un peu lent à la détente. Il y en a qui crient, il y en a qui se baissent, les mains sur la tête ou qui se bouchent les oreilles, il y en a qui s'écartent en nous voyant arriver et d'autres pas.

Merde ! dégagez ! laissez-moi passer ! Vous voyez pas que c'est une question de vie ou de mort ? Mais peut-être qu'eux aussi ils veulent ma mort. J'ai pas d’allier ici.

Et bah voilà, la grosse dame qui c'est pas poussé. Je lui est rentré dedans à la pintade, freinée net.
Un coup d’œil derrière. Ah ! ils se rapproche. il y en a une qui trace, c'est pas humain ! J'arriverais jamais à la distancer !

Vite, je me jette dans le magasin d'où sortait la grosse dame. Vas-y, bouge pas mémère, reste bien le cul par-terre devant la porte, peut-être que ça les ralentira.

C'est un magasin de vêtements. Je cours tête baissée entre les rayons. Je me planque deux secondes pour reprendre mon souffle.
Ils vont arriver ! Ils vont me trouver si je reste là ! le vendeur va cafter en plus.

Oh ! à quelques pas, il y a les cabines d'essayage. Certaines sont déjà occupées. Ils oseraient toutes les ouvrir pour me trouver ?
pas le temps de réfléchir, j'attrape des vêtements sur les cintres et je file le plus discrètement possible dans une cabine.

Elle les remarquent et s'enfuit à toute vapeur, bousculant dans le tas les civils, peinant autant que les soldats dans la masse compacte. Ça crie, ça court, ça s'outre, ça reste tétanisé ...

La course folle s'arrête finalement devant un magasin de fringues. A l'intérieur, le gérant gesticule dans tout les sens en hurlant pour prévenir les NODs et les alarmes s'affolent, mais voilà, il y a une grosse qui bloque. Automate oblige, on est obligés de la relever de façon aimable et courtoise. Des professionnels avant tout.

" Bordel, je déteste ces conneries ! " lâcha d'ailleurs Toombs à ce propos, crachant par terre.

Dans la seconde où est dégagé la petite grosse, c'est bien une demi-douzaine de commandos qui se ruent, pointant leurs fusils vers tout les recoins. L'électricité du magasin est coupée dans la minute par la Sentinelle ... Les lasers transpercent l'obscurité à la recherche de l'intruse. Ils avancent à tâtons dans l'obscurité avec leurs lunettes visées sur le crâne. Maintenant, elle était acculée dans le magasin, et ce n'était plus qu'une question de secondes. Chaque rayon, chaque vêtement, chaque centimètre-carré du bâtiment était passé au peigne fin.

L'un des soldats, comme chacun d'eux toujours attiré par la prime plus que par le simple mérite professionnel, remarqua le dégagement de chaleur venant des cabines d'essayages par ses lunettes, en plus des protestations de clientes ... A tout hasard, peut-être qu'il trouverait sa proie là-dedans.

" M'dames, 'filez kek'chose et sortez siouplait. Contrôle d'identité ! Y'a une dangereuse terroriste kek'part ici ! "

Coupure de courant ? C'est quoi ce délire ?!
Ça crie dans le magasin et dans les cabines voisines aussi.

" M'dames, 'filez kek'chose et sortez siouplait. Contrôle d'identité ! Y'a une dangereuse terroriste kek'part ici ! "

ah ? C'est à moi qu'il parle ?
Je peux pas sortir comme ça et je peux pas rester non plus et attendre qu'il tire le rideau.

-euh... une minute !
c'est... pas facile... j'ai du mal à trouver mes vêtements dans le noir.

Ma voix est tremblante, mal assurée.

-des terroristes, vous dites ? Elles sont armées ?

Voilà, on n'a qu'à dire que j'ai peur des terroristes, c'est pour ça que je suis nerveuse. Même s'il n'y en a qu'une, terroriste, pas armée et que c'est moi. Mais ça, il est pas obligé de le savoir. Et même il vaut mieux qu'il ne sache pas.

Pendant ce temps, j'ai enlevé le foulard, les lunettes et tous mes vêtements sauf ma culotte, et j'ai tout poussé sous le mur de la cabine d'à côté. De penser que je suis à poil, séparée que d'un rideau d'un de ces molosses en uniforme... c'est con, mais j'ai presque envie qu'il tire le rideau.

-hhhummfh...

M'enfin c'est pas le moment de penser à des trucs comme ça ! S'il m'attrape il me tue !

Il y a un vêtement qui dépasse sous le mur de l'autre cabine voisine. Ça doit être la fille d'à côté qui l'a échappé quand elle a poussé un cri de souris au moment où la lumière s'est éteinte. Je crois qu'elle est en train de tâtonner pour le retrouver, mais je ne lui en laisse pas le temps. Zip, je tire et à moi je vêtement.
Ça m'a tout l'air d'être un peignoir. J'ai peut-être une chance de m'en sortir avec ça.
Je l'enfile et le ferme bien comme il faut, avec mon troisième bras bien plaqué à l'intérieur, contre mon flan gauche.
J'arrange mes cheveux (qu'ils n'ont pas du voir, puisque j'avais un foulard par dessus quand je courais dans la rue) et je tire timidement le rideau.

Il osera quand même pas me tirer le peignoir, hein ?

-euhm... elles sont dans les cabines, les terroristes ?

J'ai très peur, mais pas de ce que j'essaie de leur faire croire que j'ai peur.
Je peux pleurer un peu ?

-j'ai peur

je le lui souffle, au monsieur en uniforme, avec un léger sanglot dans la voix.
Faut pas me brusquer, hein monsieur. Je suis une fragile fille de riche. J'ai envie qu'il me protège de son corps musclé... enfin pas moi hein ! c'est le rôle que je joue, la petite bourgeoise... quoique je dépasse peut-être un peu du rôle. Si je pique un fard, c'est pas de la comédie.
C'est dommage qu'il veuille vraiment me faire la peau.

Une à une, les filles sortent vaguement habillées des cabines d'essayage. Le soldat attends ... Il n'en reste plus que deux d'occupées. On continue pendant ce temps-là de fouiller le magasin. Les minutes passent, d'autres soldats commencent à cerner le bâtiment. Autour de l'endroit où la bombe a été posée, on circoncit déjà la menace et les robots démineurs s'avancent, et à la proximité immédiate du magasin, Marteau et ses subalternes s'engueulent avec des Mentalistes qui veulent aussi leur part de vedette.

Mé avis que même avec des pouvoirs magiques, ils n'ont pas intérêts à faire les malins avec des commandos du N.O.D.

Et puis la deuxième cabine d'essayage s'ouvre.

" ... Lieutenant ?!... Kes ... Kesk ?!... "

Effectivement, la deuxième cabine d'essayage abritait Oktane, qui sortait avec sa combinaison de camouflage, dégrafée jusqu'en dessous du nombril, le haut tombant des deux cotés de ses jambes comme une vieille peau de banane, dévoilant des abdominaux légèrement dessinés et toute la partie supérieure de son corps nue, à l'exception de sa poitrine couverte d'un soutien-gorge hors de prix trouvé à quelques rayons de là. Elle avait à son bras droit plusieurs sacs remplis d'affaires en tout genres et son fusil pendait à son bras gauche. A la vue du soldat, elle posa les sacs, semblant retrouver un vieil ami.

" Ah, ben tiens, tu tombes bien Jenkins, ça me va comment ? "

" G ... Kesk ? ... "

" P'tain, si tu savais le cauchemar que c'est pour en trouver à ma taille en bas, tout est standardisé ! Tu verras si un jour tu devient une fille ... "

Le soldat semblait faire un blocage, son regard balayant de haut en bas sa supérieure. Plus loin, les automates regardait d'un mauvais oeil cette NOD si rustique qui, manifestement, était outrageusement avantagée par la nature par rapport à elles, et ce malgré toutes les opérations de chirurgies qu'elles avaient pu s'offrir.

" Merde, décoinces-toi du gland 5 minutes. T'as jamais vu de fille de ta vie ou quoi ? ... Attends, il est où le peignoir ? "

" Beu ... Bah ... Oui, s'vouvatrébienchef ... "

La personnalité masculine de la cyborg, prenant un malin plaisir à jouer ce jeu, balança un regard assassin aux automates qui la jalousait.

" Qu'est qu'vous avez à me mater ? J'ai pas le droit de faire les soldes moi aussi ? " lâcha-t-elle, grinçante, à ces organiques à l'allure hautaine en pointant vaguement son fusil vers elle à une main, avant de la baisser pour chercher du regard son peignoir.

" P'tain, c'est gonflant ça... "

Irritée par tout ces regards soit offusqués soit béats, et ouvrit sans même demander l'accord la dernière cabine pour regarder : Elle allait pas se laisser marcher sur les pieds par des filles-à-papa !

Bingo, celle qui est là-dedans a enfilé SON peignoir. Grognasse. Sans même avoir pris la peine de se rabiller elle-même, elle pointe sur fusil sur la cliente.

" Ce s'rait sympa d'me le rendre poupée, raison d'état. J'l'avais vu avant. "

Eh bah elle est pas gênée celle-là !
Mais depuis quand ils engagent des mannequins au NOD ?

Ah... elle veut le peignoir... celui-là ? vraiment ? Elle veut pas en trouver un autre ?
Et puis c'est vraiment le moment de faire du shopping ? Elle est pas sensée bosser, essayer de m'attraper au lieu de me piquer son peignoir ?!

Bon, on va éviter de trop l'énerver, elle a vraiment pas l'air commode.
Elle tirerait pas sur une automate, quand même, si ? On c'est jamais.

-Oh pardon ! Je croyais que c'était le miens.
Une petite seconde.

Je tire le rideau pour me changer, parce que je suis pudique moi (et parce qu'en plus d'être indécente, je risquerais de lui montrer l’inacceptable : un deuxième bras gauche.

Mais si j'enlève le peignoir lui donner, je met quoi à la place ? Il y a bien une robe là, mais ça cachera pas mon troisième bras.
Putain, il lui fallait vraiment CE peignoir et pas un autre ?! Et vu ses manière, elle serait bien capable de me l'arracher pour le reprendre.
Il faut dire que c'est un beau peignoir, confortable, doux... ohlàlà, on est trop bien dedans ! Je m'étais pas rendu compte à quel point il était super, je le kif.
Je le kif même un peu trop. ce contacte douillet sur ma peau... j'en soupir d'aise. La tête me tourne... merde ! c'est pas le moment de partir au 7ème ciel. Pourquoi faut-il que ça m'arrive aujourd'hui ?!

Nan mais je peux vraiment pas lui rendre ce peignoir. D'une part parce que j'ai rien de mieux pour me cacher et d'autre part, parce qu'il est vraiment trop bien.
C'est marrant ce mélange de trouille, d'excitation, de confort et de... un peu comme l'autre fois en voiture quand j'ai demandé à Newton d'envoyer un coup de canon dans une vitre du Temple. Je sais que je suis en danger, mais j'ai envie d'oser des choses, de défier l'autorité comme si ce n'était qu'un jeu. Pile je gagne, face je crève.

Il faut que je tente un truc.
Je tousse, assez fort pour couvrir le bruit quand je tire sur le tissu pour déchirer le bout de la manche. Les coutures ont lâché. Pas beaucoup mais juste assez pour faire penser à un défaut de fabrication.

-Oh... attendez... mince, ya un fil qui pend.
La manche est décousue. Enh, l'arnaque !
Vous devriez en prendre un autre, celui-là est mal fichu.

Et comme ça, je n'aurais pas besoin de l'enlever.

-En plus il est tâché.

Si je frotte ma chaussure dessus, ça devrait le faire. Hop là, on encrasse un peu le tissus et on repousse les godasses dans la cabine d'à côté.
Tout ça en toussant bien, genre raclement de mollard au font de la gorge.
Je sort de la cabine en m'essuyant le nez sur la manche du peignoir, et un peu les yeux aussi, parce que j'ai un tout ptit peu pleuré. C'est d'ailleurs plus facile de simuler un rhume quand on a chialé.

Alors, tu le veux toujours ton peignoir pourri ?

Elle referme le rideau, comme ça. Elle joue avec sa vie là... Saloperie d'automate, et les autres qui continuent à la regarder.

" Mais qu'est qu'vous v'lez bande de dindes ? Une sonde d'analyse dans le derche pour savoir si vous ne cachez pas de bombes chimiques dans vos gros colon ? "

" Madame, vous êtes ou-tra-geante ! "

" Ouais, mais bien mieux gaulée que toi. Maintenant, tu te casses avant que je te montre pourquoi je suis dans les commandos. Allez, hop ! "

Visiblement, le comportement d'un Lieutenant en course était suffisamment convaincant pour que les commérages s'arrêtent et que les filles évacuent rapidement le magasin, en laissant leurs sacs sur place. Une aubaine ...

" Griffon, la sonde pour ces mesdames qui sortent je te prie. On est jamais trop sûrs. " demanda-t-elle à la radio à un des commandos cagoulés qui regardait dans les poubelles aux alentours ... Visiblement découragé par le manque de résultats de l'opération.

" J'fais ça mon lieutenant... "

" Fais dégager le patron aussi, dis-lui que y'a une bombe ou un truc dans le genre ... "

Puis elle regarda dans les sacs d'affaires, sortant des robes, d'autres sous-vêtements ...

" Ah, non, C, trop p'tit ... Hey Toombs ! Viens voir ! " cria-t-elle dans le magasin au chef d'équipe.

" Oh... attendez... mince, ya un fil qui pend.
La manche est décousue. Enh, l'arnaque !
Vous devriez en prendre un autre, celui-là est mal fichu. "

" M'en cogne de ta vie, tu m'la rends ou je t'éclate les pattes arrières avec la crosse de mon flingue ... "

" Ouais ouais, j'suis là Roxy, qu'est-ce qui ... Woula késtufou ... ?! "

Interrompant la déconfiture du chef en découvrant ainsi dévêtue sa subalterne, elle lui lança sur la tête le soutien-gorge qu'elle avait trouvée dans le sac.

" Tiens, cadeau, astiques-toi dessus en imaginant bien qu'il est trop petit pour moi ! "

Puis elle se retourna vers la cabine, claquant du pied, impatiente...

" Elle est longue l'aut' chieuse-là ... Elle doit s'fout' de moi ! "

" Et ... Et la terroriste chef ? "

" Mais on s'en tape Jenkins ! Sers-toi ! C'est la fête ! Prends un truc pour ta mère !... Au pire j'la connais la Valkyrie, j't'arranges un rencard ! "

" V ... Vrai ? "

" Ouais, ouais, t'inquiètes. Tiens, aide-moi à remettre ma combi ... " termina-t-elle avec le soldat des cabines en se retournant et en relevant ses cheveux, puis s'adressant à l'occupante de la cabine :

" Hé grosse vache, tu te magnes ? Ah, elle sont vraiment coincées du cul les automates ... "

Jenkins en profite un peu -beaucoup même- pour placer ses mains baladeuses ...

" Hé p'tit con, y'a pas de clic i ... "

Et c'est là qu'elle en profite pour sortir, avec SON peignoir, ruiné, carrément, et elle continue en se mouchant dedans !

Ça, c'est franchement LA chose à ne pas faire en période de soldes, surtout quand on frôle le -100%.

" Non ma p'tite, là, y'a un rappel des règles de courtoisie assez urgent à faire. "

Fait-elle en lui braquant le fusil sur la tête, après s'être dégagée du lourdaud. Lui faisant signe de retourner dans une cabine d'essayage, elle lui dit :

" Hop hop, dans la cabine. On a une petite discussion à avoir sur le respect de l'autorité ma p'tite. "

" Mais, chef ... "

" Jenkins, affaire entre filles. "

C'est moi ou elle écoute même pas ce que je dis ?
C'est têtue une NOD. Celle-là a vraiment un mauvais caractère, une vraie furie !
Elle arrête pas de crier sur tout le monde. Elle a fait partir les clientes et elle continue à chercher des fringues.


" Et ... Et la terroriste chef ? "

" Mais on s'en tape Jenkins ! Sers-toi ! C'est la fête ! Prends un truc pour ta mère !... Au pire j'la connais la Valkyrie, j't'arranges un rencard ! "

ah ouais, carrément, elle en a rien à foutre de sa mission. Ça aurait pu être une bonne chose si elle en avait pas après mon "déguisement".

Ohlàlà ! elle a l'air furieux. Je me retrouve (encore) avec son fusil braqué sur ma tête.
Quoi ? On rentre dans la cabine là ? Toutes les deux ? Qu'est-ce qu'elle va me faire ? Les NODs, ils ont droit de passer les automates à tabacs ou de les massacrer ? De toute façon, je crois que cette cinglée se donne tous les droits. Tout le monde s'écrase.
Elle veut discuter ? Moi je veux bien discuter, du moment qu'on discute juste avec des mots.

-mais j'ai rien fais moi. Je vous jure qu'il était déjà comme ça quand je l'ai pris.

Je recule au fond de la cabine, le plus loin possible du fauve.
Elle est chouette sa combinaison... mais c'est pas important, ça !!

-s'il vous plais, me faites pas de mal

quoique si je met du sang sur son peignoir peut-être qu'elle voudra bien me le laisser. Ce serait bien qu'elle me laisse la vie aussi.

-je... je vous en offrirais un autre, mieux que celui-là, de bonne qualité.

Je sais pas avec quoi je vais le payer, mais si déjà j'arrive à gagner du temps, j'aurais peut-être une petite chance de m'en sortir.

Et bien voilà, c'est pas trop tôt, elle se bouge enfin les fesses dans la cabine. Au passage, la cyborg ferme les rideaux.

" Bon, bah on n'est plus que toutes les deux. "

Sbaff, une gifle du bout métallique des doigts. Kane devient une vraie gonzesse ...

" Ça, c'est pour m'avoir piqué MON peignoir. "

Sbaff, une deuxième ...

" Ça, c'est pour l'avoir salopé et ouvertement déchiré. "

Sbaff, une troisième ...

" Ça, c'est pour m'avoir menti sur tout ça, parce qu'il était parfait sur le rayonnage. "

Et Sbaff, une quatrième ...

" Et ça, c'est parce que je crois que j'y prends goût...

Bon, maintenant... "

Elle dénoue rapidement le peignoir pour le reprendre, mais elle s'arrête vite, sentant quelque chose de bizarre en dessous. Elle couvre vivement la bouche de la fille avant d'ouvrir d'un coup le peignoir et de découvrir un ... deuxième bras gauche ...

" Et merde. " lâche-t-elle, surprise, avant de sembler changer d'attitude... Elle ne relâche pas sa prise sur la bouche, mais ouvre de sa main libre légèrement le rideau pour observer la scène... Jenkins discute avec Toombs de l'opération, les fouilles continuent, comme la ruée au bonne affaires pour certains qui se servent largement dans les rayonnages entre deux passages à la sonde...

Oktane se retourne vers sa captive, pour chuchoter.

" Insurgée hein ? Combien de temps reste-il avant l'explosion ? Est-ce que la bombe peut nous atteindre ici ? ... Ne faites pas la gamine, vous ne sortirez pas de cet endroit sans mon aide et la prime ridicule qu'ils ont placé sur votre tête ne me motive pas pour vous retirer. "

Une gifle
dure
ça fait mal, mais pour l'instant plus de peur que de mal

une autre gifle
aussi dure
ça fait mal aussi, et ça fait peur. Mais elle va m'en mettre combien ? C'est peut-être juste le début de la torture. Elle va me gifler jusqu'à ce que j'en crève ? Ou seulement le temps de se passer les nerfs sur moi ?

Une troisième
ça fait presque moins mal quand on s'y attend.
un peu moins peur aussi, peut-être, parce que si elle veut me tuer comme ça, ça me laisse encore du temps devant moi. En plus, la vue est pas si mal, ça aurait pu être pire. Je kiffe sa combi... Mais pourquoi j'ai des pensées aussi stupides dans un moment pareil ?! Peut-être pour faire passer la douleur.

Paf, encore une.
Et je dois retenir un réflexe dangereux pour moi : si j'essaie de me protéger le visage avec les bras, je risque d'en lever un de trop.
Oups, trop tard. Le troisième a du faire une bosse, coincé sous le peignoir.

Ça y est, c'est fini ? Elle arrête de me taper ou elle s’apprête juste à faire pire ?
Si j'ai bien compris elle n'a pas cru ma petite comédie et elle prend son pied à me mettre des baffes. Et je sais pas trop si c'est l'effet de son autorité en uniforme sexy ou le fait d'être un peu sonnée par les torgnoles, ou encore l'idée que je vais peut-être mourir, mais je me sent toute drôle.

Mais... mais elle me déshabille ?! Je rêve ou quoi ?!
Là c'est sûr je suis morte !

Elle plaque sa main sur ma bouche. Pour m'empêcher de crier ? Pourquoi ? Je comprend pas ce qu'elle fait. A quoi elle joue ?
Je suis sidérée, pétrifiée. Je ne me débat pas quand elle fini de me mettre à poil.
Là, voilà, elle peut tout voir. Pour moi, l'image se trouble. Je vais m'évanouir ? J'ai les jambes en coton. J'ai peur de tomber alors j’attrape son bras avec une main et m'appuie sur le mur avec une autre. La troisième reste en suspend près de ma poitrine au cas où j'en aurais besoin pour me protéger. Elle est si proche... c'est encore pire.
Est-ce qu'elle le voit que quelque chose ne tourne pas rond ? Sans doute qu'elle s'en fout de mon regard qui s'accroche à elle pour ne pas partir dans le vague.

Elle me murmure des choses à l'oreille.
J'ai chaud et je frissonne en même temps. Pas facile de rester concentrer pour comprendre ce qu'elle dit.
Pas facile non plus de lui répondre avec sa main sur ma bouche.

Elle veut que je lui dise la durée du compte à rebours avant l'explosion ? Alors je garde une main sur son bras et montre les deux autres pour compter sur mes doigts. Je lui indique d'abord 10, mais vu le temps passé à courir et à me cacher dans ce magasin, je dirais qu'il reste peut-être... la même chose mais avec le pouce, l'index, le majeur et peut-être annulaire de la main droite repliés... peut-être de la deuxième main gauche aussi... Je ne sais pas trop, alors après avoir replié quelques doigts, je hausse les épaules, les paumes de deux mains vers le ciel. Voilà, il reste à peu près ça comme temps.

Je me sent shootée.
Elle va pas me tuer finalement ?

" Rhabilles-toi et planque-moi ce bras. "

Cool, elle me rend le peignoir pourri. Je remet aussi vite que je peux.
La torture est déjà finie ? C'était pas si terrible finalement. Juste très effrayant.

" On va la jouer simple, tu va répondre par oui ou non. Est-ce que tu peux m'aider à atteindre la base des insurgés ? Ke dois contacter une fille qui fait vraisemblablement partie de votre groupe. "

Répondre par oui ou par non ? ça va, c'est pas bien compliqué... normalement. Je dois vraiment avoir l'air conne pour qu'elle me parle comme ça. Je suis pas conne hein, juste embarquée sur un petit nuage. C'est pas facile de capter ce qui se dit sur la terre ferme, de là haut.
La NOD veut que je la mène à la base des insurgés ?

-euh... oui... non... ché pas

Ça se fait pas de balancer une de mes semblables. Je veux pas la ramener chez nous, elle va nous faire du mal. Elle a qu'à me faire du mal à moi si ça lui chante, auto-camée comme je le suis, je crois que ça me dérange même pas. Ça pourrait presque me faire plaisir, même.

" Est-ce que tu connais quelqu'un qui soit capable de faire sauter des puces ? Quelqu'un qui soit capable de rafistoler et de bricoler des pièces robotiques perfectionnées ? "

Faire sauter des puces... elle parle du end-vice ? Mais elle en a pas elle normalement. Ah c'est peut-être pas de ces puces là dont elle veut parler. La robotique, ça me connait.

-oui !

" Magne-toi de répondre. J'ai pas envie d'être là quand la bombe va sauter, ces boulets du déminage risquent encore de foirer leur coup ... "

Je me suis un peu cassé la gueule dans mon coin de cabine. Ça réveille.
oh putain, j'ai le cœur qui cogne ! késsispasse ?!
Ça crie, dehors. Ya peut-être des blessés. L'équipe de démineur a du se prendre la déflagration en pleine poire. Je bien peur qu'ils n'y aient pas survécus. Je culpabilise un peu.

-désolée

Je commence à mettre mes bras devant ma tête pour me protéger.
Elle va me tuer, là, non ?
Ça y est, j'ai re-très peur.

" Putain, quelle bande de boulets, j'y crois pas ... Hé Roxy, t'aurais dû voir ça, ces crétins du déminage ont eu leur drone qu'à court-circuiter en plein dans le détonateur ! ... Putain, je sais pas ce qu'elle avait foutu dans sa bombe l'autre, mais ça devait pas être du truc bien légal, y'a un vieux feu verdâtre ! "

Ça, c'était Toombs, hilare. Apparemment, Jenkins est partie voir ce qu'il y avait dehors. Oktane, elle, réponds vaguement par un " Mouais ... ". Elle fourre son fusil dans les mains de l'insurgée.

" Gardez-moi ça deux secondes... "

Elle passe la tête par le rideau. Il n'y a plus que le gros black, son fusil entre les mains, qui regarde vers l'extérieur. On ne fouille plus vraiment le magasin ...

Elle ouvre alors lentement et silencieusement le rideau, se rue sur Toombs pour lui asséner un coup de genou dans le dos, avant de le rattraper avec un coup de coude dans les poitrine, puis de lui saisir le haut du crâne le soulever de terre en tournant sa tête avec assez de violence et de vitesse pour le tuer sur le coup. Le mouvement avait été tellement ample que pour éviter de se retrouver emporté par le poids du cadavre, elle profita de l'élan pour jeter le poids mort dans les cabines libres, en brisant plusieurs sous le choc. Elle courut vers l'insurgée pour reprendre son arme, et tira plusieurs coups en l'air. Elle la tira vers l'extérieur tout en en profitant pour récupérer le maximum de sacs de courses au passage pour les coller dans les mains de la fille : Elle aurait sauvé ses emplettes, et elle passerait pour plus naturelle en tant qu'automate ainsi. Elle recula ainsi jusqu'à la sortie en défouraillant sauvagement vers les cabines, hurlant :

" Dans les cabines ! Elle a eu Toombs ! Magnez-vous bordel, j'ai besoin de renforts !"

Elle me laisse son fusil ? Elle a pas peur que je m'en serve ?
La vache, je dois vraiment avoir l'air très con ! ... ou pas assez. Parce que si elle peut vraiment me sortir de là et que je m'en sert sur elle, je resterais bêtement dans la même merde.

Je sais pas vraiment ce qu'elle est partie faire hors de la cabine, mais vu le bruit que ça fait, ça doit pas être beau à voir.

Elle revient me chercher et récupère son arme. Ça va être mon tour maintenant ? nooooon !
ah bah non, en effet.
Au lieu de ça, elle tire en l'air et me charge deux bras (les deux que je peux montrer) avec des sacs de fringues et m'embarque vers la sortie.

" Dans les cabines ! Elle a eu Toombs ! Magnez-vous bordel, j'ai besoin de renforts !"

hein ??! mais j'ai rien fait moi ! c'est même pas vrai !
mais... je crois que je commence à comprendre.

Elle est vraiment NOD ?
Je ne sais pas où elle a l'intention de m'emmener ensuite, mais pour l'instant, je ne la lâche pas d'une semelle.

D'autres NODs rentre dans le magasin pendant que nous en sortons.
Une fois dehors, je pense à m'enfuir, la planter là avec ou sans ses sacs et me barrer loin d'ici au plus vite.
Mais pas maintenant, je risquerais de me faire rattrapper par toute la meute, si je me met à courir.
Je reste près d'elle, me fait toute petite, et quand le moment se présentera, je lui fausserait compagnie... si je peux.

Je ne sais pas qui elle est ni pourquoi elle me cache aux NODs. Mais je sais qu'elle est dangereuse.
Je crois que j'ai eu m'a dose de danger pour aujourd'hui.

Elles sont enfin sorties du magasin, à l'intérieur duquel ça défouraille sec dans tout les sens. Sur quoi ? Bonne question, mais il fallait se rassurer, c'était quand ils cessaient de tirer qu'ils commençaient à se poser des questions.

Oktane mène l'insurgée dans une ruelle adjacente, sous un porche à l'abri des regards des enquêteurs ...

" Bon, je viens de signer un arrêt pur et simple à mon job, et ils ne vont sûrement pas tarder à se rendre compte que j'ai tué cette buse de Toombs. J'ai besoin de trouver une personne qui fasse sauter les puces, et j'ai besoin de trouver une fille. "

Elle sort de sa poche une photo grignotée par le temps, représentant la raclure clignotante qui avait tenté de la tuer.

" Cette fille ... Tout laisse à penser qu'elle fait partie de votre joyeuse communauté de poseurs de bombes. "

Oh, sur la communauté énorme de marginaux de la cité, peu de chance que cette camée connaisse la ménagère, mais sait-on jamais, peut-être avaient-ils un réseau ... Saurait-elle alors que c'était elle qui avait été agressée à la casserole ? Elle le tuerait sans hésiter si jamais elle faisait un pas de travers.

" Le Topo est simple. Je vous sors de cette, vous m'emmenez là où je pourrais trouver votre dépuçeur et votre spécialiste en robotique, et éventuellement quelqu'un qui pourrait connaitre cette fille.

Maintenant, si vous voulez vous en sortir, va falloir qu'on se fasse confiance. J'imagine que ça vous plait autant qu'à moi, mais j'imagine aussi que vous n'avez pas envie de finir au fond d'un caniveau avec une balle dans la tête, comme moi de finir dans le lit de ces tarés shootés aux nanodopants. Les deux risquent d'arriver si on nous mets le grappin dessus, donc ma question est simple : Où est-ce qu'on va ? "

[i]Elle n'a peut-être plus peur, mais c'est le moment où il ne faut surtout pas relâcher sa garde ... Il ne manquerait plus qu'elle lui plante un couteau dans le dos.

Cela ferait mauvais genre et attirerait les soupçons, personne ne trouve le sang blanc logique, et encore moins celui des personnes qui ripostent avec un couteau planté dans le dos.

Toutefois, à l'intérieur, il semblerait que des informations affluent, et les programmes d'Oktane trop obnubilés par le fait de pouvoir mettre le grappin sur la garce clignotante ne la fit pas réagir directement ...

* ♫ Vous avez 1 nouveau message ♫ *
* Quoi ? *
* Unité O-27-Mike à terre dans le secteur des Minguettes ... Appel de détresse, toussa ... *
* Trop loin, nous ne pouvons rien faire, les autres se chargeront d'elle. *
* Multiples dégâts dans le bas du corps, une jambe HS ... C'est vraiment réparable ça ? *
* Évidemment. *
* Alors pourquoi est-ce que tu te fais chier à chercher un toubib cybernétique si c'est pour une petite fracture crânienne de rien du tout ? *
* Manque de flexibilité de leurs modules de réparations... *

Il lui faut beaucoup de choses, non ? Quelqu'un qui sait enlever les puces, la fille de la photo (qui me dit peut-être vaguement quelque chose) et éviter de finir dans le lit de ses collègues... ex-collègues si j'ai bien compris.
Et en échange, elle m'évite de crever.

Ah ! et il lui fallait aussi un mécano.

Et il faut que je lui fasse confiance.

Elle veut pas des gauffres et du thé aussi ? un petit massage des voutes plantaire ? Une carpette humaine, peut-être ?

Par quoi on commence ? Ce mettre à l'abri déjà, peut-être.
A la question "Où est-ce qu'on va ?", je lui répond "par là" en pointant du doigt dans la direction d'une plaque d'égout, à quelques mètres de là, celle que je n'avais pas eu le temps d'atteindre quand elle me courrait après.

Sauve déjà ma peau (et ton cul), ensuite on verra ce que je peux faire pour toi
ce que je serais prête à céder
ce que j'arriverais à ne pas lui donner
un moyen de m'en débarrasser, avec de la chance

Ce serait peut-être plus simple de faire tout comme elle dit, lui faire confiance et exhausser ses quatre volontés. Peut-être qu'elle rejoindrait les rebelles.
Mais elle me fait trop flipper pour que je lui fasse confiance, surtout après les 4 tartes et tout le bordel.

Des gens approchent.
Je lui ai montrer le passage, mais je vais pas l'attendre. Je peux peut-être en profiter pour la semer.
Alors je lâche tous ses paquets qui m'encombrent les bras et je fonce vers la plaque d'égout. J'entends gueuler au loin quelqu'un qui m'a vu, baissée en train de soulever la plaque. S'en suit quelques coups de feu, mais je suis tellement pressée que j'y fais même pas gaffe. Je me contente de prier pour ne pas être touchée et de sauter dans le trou au plus vite.

Il fait sombre là dedans et la marche est assez haute. Je me réceptionne comme je peux (comme une patate) et là encore, je prend pas le temps de me plaindre que j'ai mal au cul, je me relève et je fonce droit devant moi. J'ai pas vu si la folle furieuse avait suivi et je ne me retourne pas pour vérifier.
Je m'arrêterais de courir que quand je serais sûre de l'avoir semé... ou quand elle m'aura rattrapée, ce qui risque de faire mal... pourvu qu'elle ne me rattrape pas !

Faites qu'elle ne me rattrape pas.

Je l'entends qui se rapproche. Alors j'accélère tant que je peux.
Mais je cours moins bien pieds nus qu'avec une bonne paire de godasses, comme celles que j'ai laissé dans le magasin.

C'était peut-être pas une bonne idée de tenter de me carapater comme ça. Elle va être furieuse. J'espère qu'elle a vraiment besoin de moi, parce que je donne pas cher de ma peau si je ne parvient pas à lui échapper.
Je veux pas mourir !

Elle est en train de me rattrapper ! pourtant j'arrête pas de courir aussi vite que je peux, peut-être même plus.
J'ai un point de côté et au bout d'un moment j'ai la sensation d'étouffer, la tête qui tourne, les jambes lourdes qui ne veulent plus bouger aussi vite que je veux. Mais je m’accroche. Tant que je peux encore je continue. Si je m'arrête, je suis foutue.

HAAAÏe !!

j'ai super mal au pied ! J'ai du marché sur quelque chose, sans doute un tesson de bouteille ou une connerie comme ça.
J'essaie de continuer quand même en clopinant, mais ça fait trop mal. Je ne peux plus poser le pied par terre. C'est trop dur. Je suis épuisée. Alors je me laisse tomber sur les genoux.

Fin de la course. Elle sera bientôt sur moi, dans quelques secondes.
Je suis à bout de souffle. Je n'arrive même pas à appeler à l'aide. C'est un cauchemar !

La course continue, bien. Elle ralentis, elle ne s'en rends encore même pas compte, puis d'un coup.


HAAAÏe !!

Voilà qui est bien, elle s'est vautrée, elle s'est arrêtée. Net, sans bavure, aucun coup de feu. Pas de blessures, rien. Elle allait peut-être se montrer plus coopérative.

Oktane marche calmement vers elle, ne baissant toutefois pas son arme, braquant bien la lampe-torche de son fusil dans les yeux pour l'éblouir. Simple mesure de sécurité, rien de personnel là-dedans. Pas encore.

Un problème, les capteurs olfactifs, auparavant saturé par les odeurs d'eau croupie, de merde et de carcasses putréfiées jetées dans les égouts après les raids du NOD, captaient maintenant l'odeur métallique caractéristique du sang. Ça, c'est pas bon, du tout. Probablement une plaie dégueulasse aux pieds. Espérons que ses vaccins soient à jour, ça serait trop con de perdre un élément si précieux, sans compter qu'elle ne pourrait en plus même pas profiter de la prime ... Bon, elle connait Lovelia, et il aurait mieux fallu qu'elle ait quelque chose de concret à lui présenter pour lui faire sauter sa bombe crânienne, mais ça aurait toujours été ça de pris..

--- Alert ---
Oculars Temp. : Off-limit
//-Initializing MJ-12-// --- Emergency Shutdown ---
//-Initializing MJ-57-// --- Evacuating Deficient Cooling Nanites ---

* ... Allô ? C'était quoi ça ? *

La vision infrarouge s'éteint d'un coup. Les implants oculaires ont surchauffés. Probablement une défaillance des évacuateurs crâniens de chaleurs. Ça ne devait PAS se passer. Cette petite raclure allait l'entendre, elle allait la sentir. Elle allait lui arracher tout les organes, un par un, en glissant froidement ses mains dans ses entrailles, de la façon la plus douloureuse possible ... Il n'y avait plus de programme de moralité qui tenait.

* Oh mais non ! Ils ont sniffés du liquide-vaisselle tes concepteurs sur la table d'opérations ou quoi ?! *

Faisant fi de ses réactions purement sarcastiques, Oktane crache un coup de son sang blanc fumant par terre, pas très discret, mais c'est ça ou exploser. Maintenant, sa vision ne pourrait plus l'avantager ...

" Bon, maintenant que vous avez fini, vous voulez un peu d'aide ? J'ai placé une charge explosive sur la bouche d'égout par laquelle vous êtes entrée, il ne tient qu'à vous de me faire savoir si je fois la faire péter avant que de gentils officiers du NOD ou des babouins mentalistes cagoulés ne se mettent à salir leurs belles affaires pour se jeter joyeusement sur votre scalp. Si vous écoutez attentivement, je pense d'ailleurs que c'est déjà le cas.

Alors ? "

Je l'écoute, les larmes aux yeux (ça pique sa lumière. Oui bon et ça arrive aussi de pleurer de trouille. J'ai toujours été émotive). Mais au lieu de m'achever, elle parle de m'aider.

Bon bah... le temps de reprendre un tout petit peu mon souffle et je lui répond.

Ah mais oui, c'est vrai qu'il y a du monde qui arrive ! Je les entend !
Du coup, je ne reste pas sans voix trop longtemps.

-hhh... faites...hhh... tous sauter. là elle a pas du bien entendre
Faites tous sauter !! c'est mieux

Allez ! qu'est-ce qu'elle attend ? J'veux pas mourir !
Il faut que je trouve la commande moi-même, c'est ça ?! ou que je la supplie ?!
Je suis déjà là, les genoux dans la boue, accrochée à son pantalon comme une pauvre désespérer.
Il faut que je pleur aussi ? Je peux le faire hein, ce sera pas difficile... si c'est pas déjà un peu le cas.

Mais purée, comment j'ai fait pour me retrouver dans une posture aussi misérable ?!
En plus j'ai le peignoir ouvert qui se barre à moité en haut et qui trempe dans une flaque en bas. Mais je m'en fout, il fait sombre, je transpire, j'ai peur et je veux juste vivre !
Par contre, je kifffe toujours autant sa combi. Mais on s'en fout, c'est le moment de penser à ça !

Et bien voilà qui était mieux ... Maintenant, elle la supplie de l'aider. Les humains sont pitoyablement prévisibles.


Les charges sismiques expérimentales des commandos du N.O.D. ... La chaussée aura probablement du mal à s'en remettre, et l'on entends des portions des égouts s'effondrer alors que le sol tremble et que les pas des clampins du gouvernement se précipitent, affolés... La charge prototype était vraisemblablement trop puissante ...

Oktane ne restera toutefois pas contempler le spectacle, elle agrippe par où elle peut l'insurgée avec son bras libre pour la hisser sur son épaule, sans vraiment lui demander son avis. Après tout, son état ne lui permettait pas grand chose d'autre ...

" On va où, maintenant qu'on est débarrassé d'eux ? "

Ça fait un de ses boucan !
Le sol tremble. J'ai peur que tout s'écroule sur nous, alors par réflexe, je m'accroche à sa jambe de tous mes bras, me rabougris sur son pied et rentre la tête contre son genou.
Mais je sent qu'on me tire. On me soulève ! Je lâche prise et me retrouve, perchée sur l'épaule de l'ex-NOD.
C'est qu'elle est forte pour un mannequin ! Elle a pas l'air de peiner, comme si je pesais rien du tout.

Nouveau réflexe : pour pas tomber, je me cramponne à tout ce que je peux (avec trois mains, ça en fait des prises) et me plie en forme de coquillette, comme moulée sur le galbe de son épaule, les abdos contractés pour pas qu'elle me rentre dans l'estomac. D'ailleurs, est-ce qu'il y a encore quelque chose chez moi qui n'est pas contracté ? Même les orteils se rabougrissent. Ça sert à rien et ça fait mal, à cause de la blessure au pieds, mais ça fait rien.

" On va où, maintenant qu'on est débarrassé d'eux ? "

Je veux rentrer chez moaaaaaaa !
Je suis fatiguée.
Je veux que cette journée se termine tranquillement, comme les autres. D'ailleurs, j'aurais même pas du sortir de mon lit ce matin !
Elle pourrais m'y déposer, ce serais bien. Mais je suis pas sûre que ce soit une très bonne idée de l'amener à mon atelier.... oh puis zut ! j'en ai marre ! Et là-bas au moins, j'aurais de quoi me défendre. Il y a même Newton qui m'attend peut-être juste derrière la porte. J'aurais qu'un mot à dire pour qu'il me débarrasse d'elle, et si jamais elle me fait du mal, j'aurais même pas à le dire.

-A l'atelier. Il est à la Pallaide
euh... non ! attendez...

merde, j'oubliais que je dois retrouver les autres au Murphy's.
Quoique, est-ce que c'est une bonne idée de l'emmener là-bas ?
et puis zut ! je suis blessée et je veux rentrer à la maison. Le Murphy's, ça me tente pas du tout. J'aurais cas leur passer un coup de fil pour les prévenir que je suis saine et sauve... à peu près... pourvu que ça dure.

-si, c'est bon. On va à la Paillade, je vous guiderais. C'est par-là.