Elle m'a sciée sans scie ni son, la vue de son tison m'a sciée nette aussi, impossible me dis-je !
Où suis-je !
Suis-je perdue, mais pas repue ni nue mais je l'ai belle et bien vu !
Alors je me lance, j'avance, me balance en cadence.
Me voilà perdue ( turlututu ), où êtes-vous petite chose des bois, qui en deux trois pas, m'a fait m'enfoncer, plus profond que jamais...
A droite ou à gauche, je ne saurais trop bien le dire...
Je peux partir, m'enfuir...
Y-a-t-il seulement quelqu'un ici ?
Et je ferme les yeux, me laisse entrainer par cette musique étrange qui rythme mes pas, sautillement, bras écartés, menton relevé, je vais tomber !

Les Fées ?

J'en suis une, toute de blanc vêtue, les cheveux flottants sur mes épaules.
Et je danse, regardez, je danse, dans ce monde libre où l'on entend résonner mon rire...
Mais voilà que je tombe à terre, apeurée par votre cri.

Pensez-vous que je puisse faire peur aux Leprechauns, pataude que je suis ?
De ceux qui s'habillent comme des feuilles ou comme des fleurs, fuient les humains et dansent, dansent, boivent et chantent dans la nuit...
De ceux qui pourraient apprendre le vrai sens de la vie à tous ces gens gris et mornes qui n'attendent que de pourrir.

Mais déjà je me relève, et vous interpèles : me croyez-vous folle ?

Chut, plus un mot, écoutez les bruits, il nous faut les Leprechauns écouter...

Vous avez bien trop raison mon cher...
N'oublions pas les gnomes, les loups et les chimères !

Elles grouillent tout autours de nous comme des vipères...
Nous captivent, nous ensorcèlent, il ne nous reste qu'à faire nos prières !

"Mon cher papa perdu,
fait moi encore grimper sur tes genoux,
Amène moi au pays des fous,
Où l'épouvante n'existe plus !"

Mes mains sur mes yeux ont glissé...
Comme si une telle barrière pouvait me protéger...
Je vous laisse de moi vous gausser...