La laverie

Nous avions longés le couloir, pris l’escalier pour descendre à l’étage inférieur… une porte sur notre droite, une autre sur notre gauche… J’avais ouvert celle de droite qui semblait nous mener à une laverie.

On était loin du grand luxe…
Petite salle blanche, sol carrelé, néons aveuglants et tuyaux apparents…
J’avançais alors sans rien dire au milieu de salle, suivie de près part les autres du groupe.

Arrivée a la laverie j'implose...
Non mais c'est vrai quoi, y'en a marre ! Le Walter on le connait pas, on ne sais même pas de quoi il a l'air et on se fait chier a le chercher dans tout le rafiot. Je vous rappelle quand même que c'est pas un petit modèle hein, c'est un paquebot de croisière, je parie qu'on a déjà fait 5km !!!!

Et moi ça me suffit amplement, en plus franchement, les corps en quasi décomposition qu'on trouve a tous les coins c'est très loin d’être ragoutant...

C'est décidée je ne bouge plus, il n'a qu'a se retrouver tout seul, merde quoi ! Il est adulte non ?!

Je me glisse dos contre une des machines a laver, et je ne moufte plus, démerdez vous sans moi !

Je fais une pause, qui m'aime me suive...

Le ton bien détaché, le regard perdu au niveau des pieds.

Et ça tourne, tourne et retourne encore heureux que je suis dos au tambour sinon vas y pour le mal de mer ! Rien que de visualiser j'ai déjà la nausée...

Allée plus que l'essorage et ça devrait être bon, d'ailleurs le massage de dos made by une machine a laver ça ne me dit rien qui vaille alors je bouge ! Hop un petit coup d’appui une flexion et...mais pourquoi c'est rouge la dedans ?

Hé ho ! Avec le prix qu'on paye le tri du linge me semble quand même un minimum non ?!

Par contre les yeux et une main, là faudra vraiment qu'on m'explique !
Oh putain...vous croyez que...non hein ?
Un regard inquisiteur vers Lucky et là y'a plus de doute, à voir sa tête du : hé pas mal l'idée de la machine a laver faudrait que j'essaye un jour, plus de doute possible on est bien en présence d'un corps qui à décidé de se faire un brushing dans la machine à laver...

A ben tient voilà la nausée qui revient...

Je crois que...euh...enfin regardez par vous-même...

Balbutiais-je tout en reculant, d'un pas flageolant...

Ma qu’elle est belle quand elle se fout en colère !
Bellissima…

N’emporte qui, je lui coupe la langue et j’enterre le tout en vie. Mais Vicky… je l’ai dans la peau.

Hé, je l’ai suivi. Et la, c’est pas beau, pas classe, y a que du linge sale, et puis la soude, ça me rappelle le travail… Je suis en vacances, merda ! J'ai même mis le caleçon avec les fleurs ! Et je me retrouve à chercher un type au milieu des macchabées !

Pendant que Vicky elle se repose contre la machine, j’en profite pour glisser un mot à l’oreille de Loka :

Le flingue, tu me le rends.
Tu as laissé l’odeur de l’huile de vidange sur tout mon costard !
Faut faire attention à ces petits détails, ça pourrait te jouer de mauvais tours.

J’ai du flaire, non ?
C’est le métier !

Qu’est-ce qui se passe encore ?
Ok… Je crois que je vais téléphoner à Gino pour qu’il vienne faire le ménage.
Gino, pour faire disparaître les cadavres, c’est le meilleur. Y en a qui disent que c’est le roi de l’acide. Moi, je dis qu’il fait bien le ménage. Chacun sa façon de voir les choses non ?

Calma Vicky…

Je la serre dans mes bras, et puis je l’emmène loin de la machine en lui cachant le visage.

Oh, il font quoi les deux autres ? C'est pas le moment de parler chiffons, merda ! Faut tout faire soi-même ou quoi ?
Faut ouvrir la machine non ? Alors, on l'ouvre !

J'ai été un tout ptit peu à la traine, le temps de me laver décaper les mains. Ça a l'air d'être parti, mais ça sent encore un peu.
J'arrive juste à temps pour la découverte d'un truc encore plus dégueulasse que les massage à l'huile de vidange : un cadavre dans une machine à laver.


Oh, il font quoi les deux autres ? C'est pas le moment de parler chiffons, merda ! Faut tout faire soi-même ou quoi ?
Faut ouvrir la machine non ? Alors, on l'ouvre !

-Pourquoi l'ouvrir ? On c'est c'qu'ya d'dans, non ? Ça doit chlinguer en plus.
Vous pensez que ça pourrait être Walter ? Si c'est l'cas, comment on l'saura ? On fait comment pour identifier l'cadavre d'une personne qu'on connait pas ?

En tout cas, il doit y avoir un sacré malade à bord.
C'est peut-être lui, monsieur-faut-ouvrir-que-j'puisse-admirer-mon-oeuvre. Gros dégueulasse ! J'le sent pas c'gars. Ilépanet. J'le garde à l’œil lui...

Mais... mais beurk ! Pendant que je le gardais à l’œil, Loka à ouvert la machine. Elle est dérangée cette nana !
Et en plus elle touche
Elle tire le cadavre.
Ah non ! je regarde pas !
Mais elle nous dit de regarder. Tarée !
Oh merde, j'ai r'gardé. Et je regarde encore. Et j'me sent pas très bien...

Oui bon, ça va, on a vu que c'était mou. Si tu pouvais arrêter de jouer avec...
Elle veut qu'on touche aussi ?!
Je vais p't-être vomir un ptit peu...

Depuis le début, je me traîne derrière eux, sans trop parler.
C'est que des loosers. Je suis sûr qu'ils perdraient tous à Jeopardy! Bandes de minables !
Même le pseudo-mafioso me fait pas peur. Enfin, pas trop. Enfin, si, mais faut pas le dire....

On s'est baladé en trottinant jusqu'à une pièce blanche, une laverie pour pauvre.

Moi mes précieuses chaussettes, tricotés par ma mère, je les laves que chez les professionnels... Il serait même pas envisageable de les laver dans un endroit aussi sordide.

Oui, juste une petite pensée énoncée à voix haute.


Et puis... Le cadavre.

Rien qu'à sa vue, j'ai vomi. Vomi derrière une machine à laver. Et pas un petit vomi, un gros avec hoquet et pleurs forcé.
Ecoeurant, ecoeurant berk berk berk berk !!!

J'ai vomis de nouveau en la voyant jouer avec. Mon estomac étant maintenant vide, c'est de la bile que j'expulse, et ca brûle sévèrement.

J'ai enlevé mes lunettes, je me suis frottés mes yeux rougies par les pleurs, et j'ai bredouillé :

On s'en fout que ca soit machin, on devrait partir ! C'est horrible !!!!

Je crois que je me suis remis à pleurer après ça... Je ne sais plus très bien...
Maman !!!!

Mais vous êtes pas bien ! J'ai dis de REGARDER pas d'ouvrir la machine et de jouer a touche-touche avec le corps !
Elle est pas bien ! Non mais franchement Lucky tu me déçois, sérieux tu devrais même pas la regarder quoi !

On s'en fout que ça soit machin, on devrait partir ! C'est horrible !!!!

Ah ben en voila un qui est un peu sensé dans l'histoire ! Et puis surtout l’odeur du vomis de nos deux congénères n'arrange rien du tout a ma nausée de tout a l'heure...

On dégage !

Et je ne veux rien entendre ! Et oui je sais être autoritaire quand il faut, heureusement il ne faut pas souvent...

Là franchement je me cacherais bien dans la poche de Lucky, savez la poche intérieure, la bien au chaud, loin de tout ces trucs bizarre qui nous tombent sur le coin de la tronche...
Si on arrêtait de chercher ? oui je sais je radote mais bon, on a fouillé quasi toute la partie qu'on devait, les autres on surement fait de même, et personne n'a toujours rien trouvé a part encore une petite dose de trucs bizarres, ça mène a rien leur chasse aux trésors là, a part peut-être....

Mais oui ! C'est pour nous occuper pendant qu'ils....justement qu'ils quoi ? c'est louche tout ça ! Ça se trouve tout l'équipage c'est enfuis en nous laissant en plan derrière !!!!

Vous trouvez pas que c'est un peu bizarre, cette recherche de Walter que personne n'a jamais vu et qui ne mène a rien ? Si c'était juste pour nous distraire d'autre chose ?

Dommage que Gino, il soit pas là, il aurait aimé voir ça. Il aurait pas été content parce qu’il aurait trouvé son maitre. Moi, j’ai jamais vu de cadavre comme ça…

En tout cas, loka, elle en a dans le pantalon. Rispetto.

Y a pas besoin de rester deux heures à triturer ce qui reste d’humain.
Je sais pas ce qui a pu faire ça, mais je reste pas ici. Je suis curieux, mais je suis pas stupide, hé !
Je le dis à Vicky parce qu’elle sait ce que je fais, elle connaît mon travail, et même si j’ai promis de devenir « propre » et de faire des affaires honnêtes, j’ai le métier dans le sang, et là, je suis pas rassuré. Ce cadavre là, il a rien de normal.

Amadeus, c’est ça ?
On fait comme ça…

Je plonge les mains dans sa veste, je fouille toutes les poches et même celles de son froc.
Ça pue, j’ai envie de vomir… c’est dégueulasse, c’est de la soupe merda !

C’est quoi cette merda !! On dirait un chamallow !

Et il a pas de papier cet imbécile !

Merda, je reste pas.
Je suis pas un fossoyeur, non ?

Loka, avec Vicky on va voir le capitaine.
Les autres, vous venez ou vous restez avec le cadavre ?

Ca m'enerve tellement que je lui fous un coup de pied au cadavre... un grand coup pied, mais c'est comme si je tapais dans un tas de gelatine.

Et va y que j'y fout un coup de pied !
C'est dégueulasse...

Oh.

Il a un truc qui brille... Dans sa bouche...

Et c'est pas une dent en or !

On devrais regarder, non ? Moi j'y touche pas !!

c'est quoi cette manie qu'ils ont de vouloir tripoter ce cadavre ?
Qu'est-ce qu'on s'en tape au final de qui ça peut-être. On ferait aussi bien d'appeler le captain Stupid qu'il se démerde avec ça.

Et maintnant ya Oli qui veut qu'on lui mette les doigts dans la bouche (au cadavre, pas à oli).
Oh mais c'est vrai qu'il y a un truc dedans.

-On n'devrait pas y toucher. C'est p't'être ça qui l'a tué.
C'n'est pas un cadavre ordinaire...

et je n'y vois qu'une seule explication...

J’ai pas envie de rester là, non pas que le corps me dérange mais je vois bien que les autres me regardent avec de grands yeux, méfiants, ils me prennent pour une tarée… Amadeus est tout pâle. Ollie lui a été malade, Vicky elle semble complètement agacée par la situation. N’empêche qu’elle n’a pas tord, le capitaine est pas clair dans cette histoire. Après j’ai jamais vraiment cherché après Walter, disons qu’il me servait d’excuse pour renflouer un peu les caisses, mais là j’avoue que ça ne me faisait plus vraiment rire, et en même temps j’avais l’impression d’être dans un gigantesque canular… tout est tellement gros, y’a trop de choses étranges pour que ça soit réel, c’est peut être pour ça que je me suis marrée lorsque Lucky l’a comparé à un chamallow… Les autres ont pas touchés mais c’était vraiment cette sensation.

Par contre, j’ai reculé machinalement lorsque Lucky lui a donné un bon coup de pied. La peur peut être que le corps m’éclate au visage, je préférais ne pas risquer ce genre de situation. J’avais eu ma dose avec l’huile de vidange.

J’étais prête à quitter les lieux, suivre Lucky et Vicky pour tirer le fin mot de l’histoire auprès du capitaine, sauf qu’Ollie à su attirer mon attention.

Un truc qui brille, un truc qui brille…

Je m’approche du corps, à genou pour analyser le truc dans sa bouche. Hors de question de mettre ma main dedans et Ollie s’est déjà désisté. Amadeus a sûrement raison, on devrait pas y toucher, sauf qu'il suffit de me dire ça pour que je fasse le contraire...

Une main sur son menton, l’autre sur son nez, la bouche s’ouvre me donnant un angle plus favorable à la découverte.

Vu l’angle ça a pas l’air d’être compliqué à attraper, c’est juste callé au fond de sa gorge.

Je regarde autour de moi, sur les murs, à la recherche de l’objet qui me permettrait d’attraper ce truc au fond de sa gorge. Prêt d’un lavabo, j’aperçois un petit crochet fixé au mur. J’enlève la serviette qui y est accrochée et commence à le dévisser du mur. Je m’aproche désormais d’une machine à laver, dans lequel du linge attend d’être suspendu. Je trouve un gilet en laine que je sors du tambour, tire doucement sur l’un des fils pour récupérer 15 bons centimètres de fils.

Je m’approche du corps et entoure l’extremité du crochet à la ficelle afin de former une sorte de petite canne à pêche. Je plonge le crochet dans sa gorge et effectue de petits balancements avec le fil jusqu’à ce que le crochet attrape l’objet que je ressors de la gorge.

Fièrement je montre une jolie bague suspendue au crochet…

Je l’essuie avec ce qu’il reste du gilet afin d’ôter tout filet de bave restant, avant de saisir l’anneau.

« Pour toujours et à jamais _ B et G »

Bon et bien déjà ce n’est pas notre Walter…

En temps normal j’aurais déjà passé l’anneau autour de mon doigt. Je le posais dans le creux de ma main…

Mademoiselle veut peut être l’essayer ?

Je ne suis pas sure que Vicky prendrait cette réflexion à la légère et je regrettais déjà d’avoir prononcé ces mots. Ils me prenaient déjà pour une tarée, ce n’est pas comme ça que j’allais changer leurs points de vue.

Plus sérieusement, on en fait quoi ?

Plus sérieusement, on en fait quoi ?

Ben on a qu'a aller ce manger une frite non ?

Après avoir spectaculairement ignoré sa question sur l'essayage de la bague, (non mais sérieusement tu m'as regardé un peu avant même d'y penser ? déjà de un l'endroit précédent ou elle se trouvé, la raye direct de ma liste de bijoux portables, mais en plus attend tu l'as un peu regardé ? c'est quoi ça ? tu bête argent de mes deux ? non mais franchement...)

Lové contre Lucky (oui il pue le cadavre géaltineu maintenant mais que voulez vous, l'amouuuuuuuur) je jette un regard circulaire a tout ce qui voudrons m'écouter....

Si je me souviens bien notre prochaine étape est la salle des machines, si je ne me trompe elle se trouve pas loin de la cabine du capitaine, on pourrait faire d'une pierre deux coups !

Faites comme vous voulez pourvu qu'on bouge de là, je sais pas vous mais je n'ai plus vraiment envie de me reposer...
L'idée de quitter le bateau et de me diriger à la nage vers je ne sais ou temps que c'est loin d'ici me reviens en tête...

Et voila, un coup de pied, putana, et c’est pas les dents qui sautent c’est un truc qu’il a dans la gorge. Y a des hasards comme ça.
Maintenant, faut aller à la pêche…
Pas le temps de prendre les choses en mains que deja, Loka elle sort le truc de la bouche. Une bague ?

Hé, quand je disais qu’elle en a dans le pantalon !

Je jette un œil à la bague que Loka elle tient dans la main…

Elle vaut pas un clou la bague, elle devait appartenir à un type fauché. Paix à son âme.

Je lui fais un clin d’œil à Loka ? Non, je lui fais pas, je lui fais juste le regard complice. Et discret… Surtout discret...
Hé… je dis rien, sinon Vicky, elle lui crève les yeux…

Là, comme ça, avec Vicky collée contre moi, je fais rien, j’ai même plus envie de lui foutre des coups de pieds au cadavre. J'ai envie de lui dire des mots d'amour, de lui chanter des chansons romantiques... Je bois du petit lait… Merda, pourtant je me retiens !! Il était pas obligé de se faire buter là, non ?!!

Je me calme… je lui caresse les cheveux, comme ça… elle a de jolis cheveux non ?
Et ses yeux, ils sont pas beaux ses yeux ?
Ouais, ils sont beaux.
C’est ma Vicky, ma piccolina.

Hé, Ollie, le prochain cadavre, c’est toi qui t’y colle…

Je le charrie ! Il est gentil, pas très à l’aise avec les morts, mais c’est naturel non ?

Ok, on va faire les fonds du bateau, visite guidé des cales. Ça c’est un programme réjouissant, mais ce que dit Vicky... c'est comme un ordre.

Qui passe devant ?

Pourquoi je pose la question ? J’entraine déjà Vicky derrière moi, accrochée à ma main.
Je suis un peu pressé quand même, c’est pas les cadavres qui me dérangent, mais j’ai pas envie de faire de vieux os ici, et puis, j’ai envie de dire deux mots au capitaine…

(direction la salle des machines ?)