Je suis où ?
je dormais ?

j'ai du mal à ouvrir les yeux. C'est bizarre parce qu'à moins d'être droguée, j'ai pas le sommeil si lourd et pas tant de mal à en sortir.
Je réessaie d'ouvrir un œil... putain tu vas rester ouvert toi ?! Je lutte pour pas le refermer, mais je vois flou.
J'arrive pas bouger. Est-ce que je suis à l’hôpital ? dans la clinique du Temple ? Qu'est-ce qu'ils m'ont encore fait ?

Non... c'est pas ça... je crois pas... je me souviens juste de... de quoi ? ... non, pas ça. Ça devait être un mauvais rêve sous psychotropes.

Ça y est, j'arrive à garder les yeux ouverts.
J'ai maaaaal
je reconnais pas ce plafond... cet endroit... je suis bien à la clinique, au moins ?
Non, c'est pas la clinique. Je suis où bordel ?! C'est quoi ce délire ?!

J'essaie de me redresser, mais je peux pas bouger. Je suis attachée.
Attachée... et sans mes vêtements ?
Je respire vite, mais je ne sent pas mon souffle comme d'habitude. J'ai pas mon masque. On m'a enlevé mon masque ! et le reste !!
J'ai au moins des sous-vêtements ? Je crois. Je les sent humides, comme si j'avais pris une douche sans les avoir retiré. Pour le reste, je n'ai que les draps sur ma peau nue.

Ok ok, pas de panique. Résumons la situation : je suis en sous-vêtements, attachée dans un lit, dans un endroit que je ne connait pas et j'ai mal crâne.
Pourquoi ?!

Je tire sur mes liens pour essayer de me libérer, mais bien sûr, c'est solide et bien serré. Oh puis j'ai la tête qui tourne quand je m'agite.
Je fais quoi ? J'appelle à l'aide ? Mauvaise idée. La première personne à m'entendre sera surement celle qui m'a fait prisonnière. Remarque, elle finira bien par venir me chercher. D'ailleurs, il y a quelqu'un ?
Je tourne la tête d'un côté et de l'autre et je le vois lui... lui ?!
Oh putain, qu'est-ce qu'il fout là ?
Et qu'est-ce que JE fais là alors qu'il est là ?

Je sent remonter un vieux relent de haine, comme un truc mal digéré qui aurait tendance à baigner les dents du fond.
C'était pas un rêve... c'était sale... je voulais lui faire beaucoup de mal. Je l'aurais tué.
Il m'a mis une de ces branlées, mais lui il m'a pas tué. Il aurait du, c'est un rebelle maintenant. A moins qu'il ait d'autres projets pour moi... il a quand même pas l'intention de me torturer ?

J'attends de voir. Je le quitte pas des yeux, je ne parle pas.
Qu'est-ce que je peux faire ? Je ne peux pas bouger, mais je peux toujours utiliser mon pouvoir.
Qu'est-ce que je devrais lui paralyser en priorité ?
Une jambe pour pas qu'il approche ?
Un bras pour pas qu'il me touche ?
La langue pour l'empêcher de dire des conneries ?
Dans tous les cas, mieux vaut rester calme et concentrée. Difficile dans le cas présent, mais je vais m'appliquer. Quoiqu'il ait l'intention de me faire, je lutterais tant que je pourrais.

Je suis fâchée
c'est rien de le dire
Pourtant je retiens un léger sourire quand il me demande de l'oublier ou de le pardonner.
l'imbécile...

Ben mon vieux, dans quel merde tu t'es mis...
M'enfin je suis quand même en petite culotte, attachée dans son lit, alors je vais pas trop m’apitoyer quand même. Et encore, j'évite de penser à ce qu'il a fait de mes fringues et... le reste avant que je me retrouve ici.

Est-ce que c'est lui qui m'a déshabillé ?
Qu'est-ce qu'il a pu me faire d'autre pendant que j'étais inconsciente ?
C'est lui qui m'a lavé ?
nan, il aurait pas osé quand même...

un sourire nerveux s'étire sur ma face

-détachez-moi

Quelque chose me dit qu'il ne va pas le faire, mais ça coute rien de demander.
A sa place, je ne le ferais pas, parce que c'est clair qu'à un moment où un autre, ça va chier pour son matricule. Je crois que je pourrais le tuer... j'en regretterais peut-être de lui avoir demandé de me détacher.
Nan, le fait pas. Pour une fois, ne soit pas bête et n'écoute pas ce que je te dis.

C'est dingue comme ça me tire la gueule juste de me dire que je vais le tuer.
Putain, pourquoi lui ?!

Ouf ! il a dit non
... merde, il a dit non !
alors je vais rester attachée là à faire l'étoile dans son lit. Youpi

je fais mine de pas écouter quand il s'excuse. Je regarde plutôt le mur à gauche. Je fais ça d'une part parce que je suis fâchée (faut pas l'oublier) et d'autre par parce que si je regarde son air de chien battus, je vais encore me marrer.
D'ailleurs ça y est, ça recommence quand il dit que je vais planifier sa mort. Je ris parce qu'il a raison, du moins c'est ce que je devrais faire. Je devrais le tuer bien comme il faut ce traitre.
...alors que lui il me fera pas de mal... il aurait pourtant raison de le faire. Me faire la peau avant que je m'occupe de la sienne. C'est ce que ses nouveaux potes insurgés feraient. D'ailleurs, ils le prennent comment qu'il me garde en vie pour me relâcher ? Ils sont peut-être pas au courant.

je pourrais peut-être faire comme ça aussi... ne rien dire aux collègues et ne pas lui faire la peau... c'est pas bien, ce serait comme si j'étais complice... et je suis toujours fâchée !


Il y a un truc qui fait un bruit bizarre. Un animal ?
Oh putain, c'est ce bestiaux ?! Il l'a trouvé où son molosse ? Il a de sacrées quenottes. Ça mange quoi ? Surement pas de la laitue. J'espère qu'il va pas s'approcher, sinon je lui paralyse les pattes.

-Ah bah, il va être l'heure de manger... Je crois que tu devras passer la nuit ici, tu veux quelque chose ?

Toute la nuit ?! ça va poser problème...

-vous n'auriez pas des bonbecs ?

puisqu'il propose, je vais pas me faire chier. Et ça me permettra peut-être de patienter en attendant de rentrer au Temple prendre mes médocs.
Ça va être une nuit d'enfer, il le sait, ça ? Je devrais peut-être lui en parler. Mais j'ai pas envie de lui dire que j'ai encore besoin de ces saloperies. C'est un peu con, parce qu'il risque de s'en rendre compte à un moment et que de toute façon, c'est moi qui vais souffrir.

Si c'est bientôt l'heure du repas, c'est aussi celle des médocs.
Et puis j'ai pas mes somnifères non plus. Super, je suis gâtée. Je vais péter un câble et je vais pas fermer l’œil de la nuit pour mieux en profiter. Mais en fait, vu la situation, je ne préfère pas dormir. Raison de plus ne rien dire, il pourrait me droguer.

En attendant la crise, on va rester calme et tâcher de se détendre au mieux, même si c'est pas évident en étant attachée et presque nue sous les draps d'un traitre. Et j'espère que sa porte est bien fermée, parce que si potes débarques, ça risque de pas le faire.

-ah ! j'oubliais : s'il vous plais.

il a dit que j'étais pas polie, alors je me rattrape. C'est vrai quoi, il faut être correcte avec celui qui vous tient prisonnière. Enfoiré !

Je sens que je commence à perdre mon sérieux. J'ai de plus en plus envie de faire pas comme il faut. Mais on s'en fout, je suis attachée et à par lui. Je peux rien faire.
Ou presque.

Il va vraiment me donner des bonbecs ?
sympa

hey mais... il veut me les donner à la main ?
ben voyons. J'ai l'air d'un moineau pour qu'il me propose la becqué ?!
et j'aurais même pas le droit de le mordre ? c'est nul.

j'avise ses gros doigts, ceux qu'il compte approcher de ma bouche
ça m'enchante pas vraiment
par contre les trucs ronds et durs qu'il tient... je les connais pas en plus, ceux là... pas encore...

et si c'était un piège ?
non, il m'empoisonnerait pas quand même... pas lui... quoique c'est un rebelle maintenant. Et j'ai essayé de le tuer. Et il a dit qu'il allait me relâcher... mais des fois il ment, pour mon bien soit-disant.
enfin s'il avait l'intention de me tuer, il l'aurait déjà fait, non ? Il pourrait aussi avoir mis un somnifère dans le paquet, pour que je ne lui cause pas d'ennuis pendant qu'il me tient captive. Il a promit de me relâcher mais pas de ne pas me faire bouffer du tranquillisant comme ces enfoirés d'infirmiers.

Il me menace aussi de me faire bouffer par... Léo ? Ok, cette chose, s'appelle Léo et ça mange effectivement pas de la laitue. Mais je m'en fout, s'il approche ses dents, je lui paralyse sa gueule, au gros chat.
... mouais, il a aussi des griffes. J'en mènerais pas large si se truc voulait vraiment me bouffer.
Mais il ferait vraiment ça, Samuel ? Il essaie pas plutôt de me faire peur ? je ne suis plus une gamine impressionnable !

petits yeux suspicieux, nez qui plisse, grimace boudeuse... même pas peur !

-t'as promis de me relâcher, alors tu vas pas me faire bouffer par ta bête.
et je promet de pas te mordre si tu promet de pas me droguer ! lui rétorque-t-elle d'un air effronté.

L'aventage d'avoir les mains attachées, c'est qu'on voit moins qu'elles tremblent.
L'heure des médicaments approche, ou plutôt celle du manque.
Déjà, elle se met à regarder à droite à gauche. Il lui a semblé entendre quelque chose...

Je ne croque pas le premier bonbon qu'il me donne, je le broie littéralement (et bruyamment) avec mes dents. Vaut mieux que ce soit le bonbec que ses phalanges.
C'est bien comme ça croque. Peut-être même mieux que les bonbons mous. Celui-là résiste un peu plus longtemps à mes coups de quenottes. Il pique un peu, acidulé, ça surprend au début. J'en croquerais bien un autre.
Le problème avec les bonbecs, c'est qu'on ne s'en lasse pas. Je crois que je pourrais en manger jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Pas facile de faire des réserves, du coup.

Sympa, il m'en donne d'autres. Et il en mange aussi, donc ça doit pas être empoisonné. C'est bien, tant qu'il tient sa promesse, j'ai pas de raison de le mordre... presque... ouais bon, parce que je suis quand même attachée dans son plumard, faudrait pas l'oublier. Tant pis, je me venge sur les bonbons.
Je pourrais peut-être lui croquer un doigt sans faire exprès. Mais si je le mord, il ne va plus m'en donner. Ça m'énerve !
Ça m'énerve de rester toute sage comme ça. En même temps, est-ce que j'ai vraiment le choix ? Ça a toujours été un peu comme ça avec lui, il donne le choix, mais sans que j'ai vraiment l'impression de l'avoir.

Je me souviens... n'oublie jamais... une fois il m'avait demandé ce que je voulais faire. Je voulais juste tuer tout le monde et réduire le Centre en miettes. J'étais petite et toujours en colère. Bien sûr, il n'a pas été d'accord pour qu'on face ça, mais il a permis que je dise ce que je voulais... n'oublie jamais... et rien que de le dire, je crois que c'était déjà bien. Il y a des jours où j'aimerais pouvoir dire tout ce que je rumine à en devenir dingue. n'oublie jamais... Je me souviens que je lui en ai dis, des vacheries, même si je ne me rappelle plus vraiment lesquels. Je m'en souviens et ça me tire un peu le coin de la gueule. Pourquoi je m'en souviens maintenant ? n'oublie jamais...
Je me souviens... d'un gâteau
...le feu... un couteau dans la gorge de mon ennemi, du sang sur mon visage découvert.
Mais que viens foutre le gâteau là dedans ?!
n'oublie jamais... et merde, j'entends bien des voix, la même qu'avant. Ça me stresse.
Mais moins qu'avant, j'ai l'impression.
Après tout, c'est que des voix qui n'existent pas. Je ne risque pas grand chose à les entendre. Je suis pas obligée d'écouter.

Tient, lui aussi il a l'air stressé.
-Euh...
je crois qu'il a un truc à me dire
-Au fait.
qu'est-ce qu'il va encore me sortir
-J'ai qu'un seul lit, alors euh...
alors quoi ?! accouche !
euh... tout compte fait, je le sent mal
-Il faudrait qu'on dorme ensemble, mais juste pour cette nuit !
quoi ?!
c'est une blague

attend attend attend... il va dormir là, à côté, dans le même lit ? Pas sous les draps au moins ? putain, il a pas intérêt soulever ces draps !

Il a l'air sérieux en plus.
Il part ce changer.
Pendant ce temps j'ai l'impression d'étouffer, comme si l'air que je respirais ne suffisait pas. Ça va pas très bien.
Et cette voix qui en profite pour se faire entendre dans chaque souffle. Mais je m'en fout de ce qu'elle dit ! Quoi ?! Qu'est-ce que j'ai oublié ? En fait, je veux pas le savoir. C'est ça, cause toujours, tu m'intéresse. Mais putain ça me stresse !

Je essayer de me calmer et de respirer doucement. Je ferme les yeux un petit moment. Je sens mon cœur qui cogne. Il cogne vite. Les voix se font plus fortes par dessus. Alors j'ouvre les yeux sur le plafond. Si je fais gaffe à ce que je vois peut-être que j'arriverais à oublier ces voix qui me disent de ne jamais oublier.
Mais là-haut, qu'est-ce que je vois ? Oh, je connais ça...

-hahahaha ! ça faisait longtemps
salut... héhéhéhé... t'as toujours une sale gueule

et ouais, revoilà face de sourire qui sort du plafond. Je ne me souvenais pas que l'image était aussi nette. Je le revoyais plus trouble, ce visage, peut-être pas aussi réel. Mais un souvenir, c'est jamais aussi réel que ce qu'on voit maintenant.
Peut-être que si je lui parle au lieu de me cacher, il restera sagement au plafond sans bouger. De toute façon, je ne peux pas aller bien loin. Alors je ris j'essaie de ne pas le prendre au sérieux avec son grand sourire toutes dents dehors. Mais son rouge à lèvre me donne envie de vomir. Tient curieux, je ne me rappelais pas que ça portait du rouge à lèvre.

-Te moque pas hein !

Oh le con, il m'a fait sursauter !
mais... mais...

-AAAH !!!

c'est pas possible... nan... NAN ! C'est pas réel !! Je dois être gravement malade pour voir des horreurs pareilles. Des horreurs roses ! En plus ça ressemble à rien ce truc, ya pas de limite entre le haut et le bas.

-mais... je tremble... c'est abomiffreux ! et je crois que je viens de dire un mot qui n'existe pas. Ça fait rien, je me comprend.

Je regarde le plafond. L'hallucination n'y est plus.
Je regarde Samuel avec son machin rose. Il est toujours là. Mais ça peut pas exister un truc pareil.

-dis... tu ne portes pas une espèce de vêtement rose avec un chat dessus ?

Ça doit-être la peinture, ça a du me choquer encore plus que je le croyais. On m'avait jamais repeinte en rose avant. Du coup maintenant, en plus de mes délires déjà connus, je vois des vêtement informes tout en rose.

C'est vrai alors ?
Mais... c'est terriblement ridicule !
Enfin c'est vrai que c'est mieux que s'il venait à poil dans le lit mais quand même...

Et puis je me met à sourire parce que j'ai de nouveau envie de le tuer. Je me retiens de rire, même, à l'idée que je pourrais l'éplucher comme une banane rose ou le saigner comme un porcelet. C'est ce à quoi me fait penser son... sa... ce truc là qui lui sert de pyjama. Et puis ça me donne faim aussi malgré les bonbecs que j'ai mangé. J'ai envie de salé. De la charcuterie, je crois que ça fait au moins un siècle que j'en ai pas mangé.
Le boudin, c'est aussi bon quand c'est du porc humain ?
mais c'est sale tout ça, très sale, comme mon sale sourire carnassier qui commence à salement me tirer la gueule. Et qu'il risque de salement mal le prendre, mais je m'en fout. C'est bien raisonnable de s'en foutre ? Ça doit être l'euphorie qui fait ça.

Tu parlais quand je suis arrivé ?

-Non.
Ché pas... peut-être...

Si tu as encore des crises c'est important que je le sache. Et si je peux aider... tu demandes, ok ?

J'ai pas envie de lui dire. C'est pas bien. C'est pas comme il faut. Mais...

-C'est pas comme avant

C'est peut-être pire. J'ai l'impression que ça me dérange moins qu'avant alors que je peux être tout aussi dérangée, voir pire. Et je ne suis plus très sûre de ce qui est raisonnable ou pas, autorisé ou proscrit. Un peu comme les bonbons que je croyais interdits.
Mais après tout, qui m'empêchera de faire ce qui me chante ? Lui peut-être ? Je m'en fout. Je devrais pas, mais je vais pas faire comme il faut.

-Mais ok, tu peux m'aider :
détache moi.

Têtue moi ? Naaaaaaan
Tient, j'ai encore la même chanson dans la tête...

Il a raison, merde. Il m'énerve quand il a raison. C'est contrariant.
Alors je suis bien prisonnière, même au delà de ces liens qui me retiennent dans ce lit.
Ca ne fait rien. Prisonnière, je l'ai toujours un peu été. C'est comme ça que j'ai été élevée, avec des murs, des barreaux, des chaines et des coups de pieds.
Et lui il explique encore et toujours. Il aurait aussi bien pu m'en coller une pour mon insolence. Sauf qu'il n'est plus mon supérieur, ça m'aurait fait chier.

Donc, te détacher ne serait pas t'aider, donc je ne te détache pas. Tu suis le raisonnement ?

Je lui répond pas. Juste un air buté.
Il a raison mais il me contrarie. Faut pas me contrarier. Je ne lui dirais pas "oui monsieur" comme la petite NOD sérieuse et presque modèle que j'étais.

Il m'a fait prisonnière, mais je veux rester libre dans ma tête. Ne surtout pas donner l'impression de me soumettre. Je ne veux pas me résigner devant ce qu'on m'impose. Je veux tout casser. Je veux un truc tranchant et qu'on me laisse faire pas comme il faut.

Il m’envoie un bonbon.
Bon... je vais peut-être être encore un peu sage alors.
Je tourne la tête, tend le cou, mais il est un peu trop loin. Alors je tire la langue pour tenter de l'atteindre. Encore un petit effort... ne me dites pas que j'ai la langue trop courte pour l'avoir ! Je la sort tant que je peux... encore un peu... presque...

Bon, là ça va pas aller...

Merde Hyena, je suis pas ton ennemi ! Alors, s'il te plait, ne sois pas la mienne !

Ou pourrait essayer que ça se passe bien, non ?

Là je n'arrive plus à tendre la langue dehors. Essayez de vous marrez en tirant la langue, vous verrez que c'est pas pratique, même en silence, parce que je me retiens.

-pas ton ennemie ? AHAHAHAH !
je ne voudrais pas l'être que je le serais quand même. Je te ferais du mal. Beaucoup de mal.
J'en fais à tout le monde, même à ceux qu'il ne faudrait pas.
hihihi
je fais pas ce que je veux tu sais.
Je sais pas ce que je veux.... je... je sais pas... qu'est-ce que j'ai oublié ?

les idées qui partent en vrille, perdent leur sens
Je frissonne, je tremble. Un relent d'angoisse coincé dans le bide.
le manque

Et il y a...

-ce visage... il est revenu... ça faisait longtemps tu sais

il est là, sur le mur derrière Samuel, à hauteur de sa tête à lui. Je le vois et il... elle... oui, je crois que c'est une femme. Je la regarde avec un rictus frémissant au vieux gout de vinaigre. J'ai la bouche pâteuse comme après une cuite.

-je crois que c'est une femme. Elle te ressemble un peu, je trouve.
héhéhéhéhé !

Elle ne va pas bien, elle ne va clairement pas bien. Ce qu'elle dit n'a pas vraiment de sens, ou alors j'ai loupé des épisodes, et en plus elle rit. Je suis même pas sûr qu'elle en ait conscience, elle doit faire une crise, tout l'indique.

-ce visage... il est revenu... ça faisait longtemps tu sais

Bingo ! J'ai gagné au Lotto, je dois avoir gagné au Lotto, en tous cas tout l'indique.
Merde, ça n'existe plus le Lotto...
Mais une chose m'importe plus que le reste: ça faisait longtemps. Ca veut dire que même si ces crétins n'ont pas réussi à la guérir ils ont pu lui donner des médicaments efficaces... Enfin, j'espère qu'ils ont réglé ça avec des médicaments plutôt qu'avec d'autres méthodes. Bon, ça fait bien longtemps que la dernière trépanation a eu lieu, mais on ne sait pas ce qu'ils fabriquent dans leurs labos.
Bon, on va dire que ce sont des médicaments., il n'y a plus qu'à espérer qu'aucune dépendance ne s'est installée, parce que sinon elle va être encore mal.

-je crois que c'est une femme.

Oh, c'est nouveau ça. Elle le voit en détails maintenant ?

Elle te ressemble un peu, je trouve.
héhéhéhéhé !
. . .
. .
.
Connasse ! Une femme, qui me ressemble ? Non mais elle a vu ça où, elle ? J'ai un pur visage d'homme, le faciès parfait pour subjuguer toute donzelle non-aveugle ! Ou alors la bonne femme est vraiment très moche. Euh non, parce que ça veut dire que je suis moche. Ouaip, on a qu'à dire que cette femme est beau. Elle est pas belle, elle est beau. Mais une femme beau ça fait moche.
Non ?

Et elle te parle encore ? Elle te dit de ne pas oublier ?
Euh... Non, oublie. Enfin... Tu veux qu'on en parle ou on fait comme si elle était pas là.

Si tu veux, je peux te raconter une histoire, ou alors on joue aux cartes, ou à un jeu quelconque. Ou tu me dis où elle est et je lui marave la gueule !

Si elle ne me prenait pas pour un dingue, maintenant c'est réglé...

Pfiou... Ca donne soif de parler autant... Tu veux un verre d'eau, ou un autre truc à manger ?

Et elle te parle encore ? Elle te dit de ne pas oublier ?
Euh... Non, oublie. Enfin... Tu veux qu'on en parle ou on fait comme si elle était pas là.

Mais elle n'est pas là. Elle n'existe pas. ce n'est que le fruit de mon imagination. Ou alors... je suis plus timbrée que je le croyais. Les visages qui sortent des murs, ça n'existe pas, si ?

Si tu veux, je peux te raconter une histoire, ou alors on joue aux cartes, ou à un jeu quelconque. Ou tu me dis où elle est et je lui marave la gueule !

-Oh oui ! Marave lui sa putain de gueule !

Je ne voudrais manquer ça pour rien au monde !
Je lui montre où elle se trouve d'un mouvement de tête.
Il va vraiment le faire ? Il est prêt à se battre contre ça ? Il va faire quoi ? Cogner le mur ? J'ai déjà essayé et ça sert pas à grand chose à par à se faire mal au poing. Elle disparait le temps qu'on lui colle un patate mais elle fini toujours pas revenir. Je crois même que ça la fait marrer.

Allez vas-y, frappe, je te regarde.

-et oui, file moi quelque chose à boire aussi, tant que t'y es. Et un bonbec aussi.

Et plus vite que ça.
Ça je le dis pas, mais je le pense très fort.
Il va faire ce que je veux, pas vrai ?
JE décide, maintnant, tout de suite. Personne ne regarde, j'ai le droit. Je vais pas faire comme il faut.

Je mâchonne le bonbec en le regardant tabasser le mur.

Mais oui il l'a fait. Et il a réussi à la faire fuir.
Finalement je me demande qui est le plus timbré de nous deux.
Par contre il a été plus malin que moi. Il a pas tapé avec ses poings. C'est qu'avant, je réfléchissais pas quand je la voyais, je tapais avec le premier truc qui me tombait dans la main ou avec ma main s'il n'y avait rien dedans.

Si je te détache juste les mains pour que tu puisses boire, tu me promets de pas me faire de mal ?

Non... il ferait vraiment ça ? Il est prêt à me faire confiance ? Même moi je me fais pas confiance...

J'hésite.
Je veux qu'il me détache. Je veux bouger.
Mais il faut promettre. Pas sûr que je pourrais la tenir la promesse.
ah le dilemme...

-ok

merde, j'ai pas fini d'y réfléchir !
oh bah tant pis, on verra bien.

Je me mord la lèvre pour pas sourire, mais ça marche pas bien. Du coup je suis pas sûre d'être crédible dans ma promesse.

De le voir penché au dessus de moi comme ça, pour me détacher une main, avec son pyjama rose immonde, j'en ai regretté ma promesse.

Ne pas regarder son pyjama. Surtout ne pas regarder, au moins le temps qu'il ait fini de me détacher. On le laisse faire et on ne bouge pas.
Je fixe le vide en attendant qu'il ait fini, mais je le garde quand même dans mon champ de vision, trop tendu pour ne pas me méfier du moindre geste.
Ça c'est le manque, ça fait toujours ça et même pire.

Je crois qu'il a fini.
Je respire un bon coup, prend le temps de me redressée calmement. Ou du moins en essayait d'avoir l'ai à peu près calme, même si je respire vite et fort.
Je sert un bout du drap dans une de mes mains. Ça l'occupe et ça évite que je lui montre mon soutif, en étant assise. De l'autre main, je prend la bière qu'il me tend. J'ai les doigts qui tremblent bien comme il faut. Alors je les serre plus fort sur la canette. Ça les occupe, et comme ça je risque pas de l'échapper et d'en foutre partout.

Je sais pas si c'est bien conseillé, l'alcool, dans mon état.
Bah, ça devrait me détendre un peu. Comme ça j'aurais peut-être moins peur de lui faire du mal... ce qui ne veut pas dire que je ne lui en ferais pas... ah mais non, merde, je peux pas, je lui ai promis... ce serait pas bien.

J'avais une grosse soif. Je l'ai descendue presque d'un trait, sa ptite bière.

Euh... T'as envie de faire quelque chose, ou de parler d'un truc ? Pour passer le temps.

Finir de me détacher ? Il n'y a plus que part les chevilles que je suis retenue dans ce lit. Mais si je commence à essayer de défaire les nœuds, il va le voir et il me laissera pas faire.
En même temps, il est assis un peu loin. Est-ce qu'il aura le temps de se lever ? Est-ce qu'il le pourra ? Si j'veux.

Mais alors, qu'est-ce que je veux ?
Il faut au moins que je l'occupe pendant que je lui paralyse les jambes.
ses jambes roses

-un petit cochon
pendu au pla-fond
tirez lui la queue
il pondra des oeufs...

ouais, ça répond pas à sa questions, mais depuis le tend que ça me trotte dans la tête. Je m'en fout, je dis c'que j'veux. Et puis j'étais pas fâchée, moi ? Ah ouais, et pas qu'un peu.
Attend que j'ai fini de lui paralyser les jambons, au petit cochon. Là, j'ai presque fini avec sa jambe droite, il s'en rend même pas compte.

-tu crois vraiment que les cochons ça pond des œufs ?
héhéhéhé !

Je sais pas pourquoi je lui dis ça. Mais ça occupe sans trop me déconcentrer. Et pendant que je pense à ce que je suis en train de lui faire et aux petit cochon de la chanson, je pense moins à mon état de manque. Je pense moins au fait que bientôt je n'arriverais peut-être plus à me concentrer.

C'est pas moi qui chante, c'est toi.
Pourquoi tu dis qu'il pond des œufs si tu n'y crois pas ?

Je le sais bien que c'est moi qui chante. Il me prend pour une folle ? Ben je crois qu'il a raison, mais pas pour ça.
Et puis je t'en pose des questions ?! Ah oui, je lui en ai bien posé une. Mais justement, il aurait du me poser une réponse au lieu de me donner une question.
Il est contrariant. Il voit comme je fais la moue contrariée ?
tant pis pour lui, je reprend la suite la chanson.

-...tirez lui plus fort
il pondra de l'or

Et le Samuel il pond quoi, là comme ça, assis sur son cul ? En tout cas il aura du mal à se lever. Une jambe de moins. J'essaie d'avoir l'autre ? Oh bah oui, tant qu'on y est. En gardant un peu d'attention sur la première, pour pas qu'elle se dé-paralyse.

T'as pas envie de devenir insurgée ? On te trouvera des bons médocs, et puis comme ça on pourra être pote comme au bon vieux temps. Ca te tente ?

Oh putain qu'est-ce qu'il dit le con...

-des bons médocs ? ... pffuhuhu... des bons médocs...
des bon médocs comme ça ?

Je lui montre la canette de bière vide avant de la balancer dans sa direction.
C'est pas bien, mais c'était plus fort que moi, il fallait que je lui lance quelque chose.

-hihihihihihihahaha !!!
des bons médocs de merde
voilà !
avec tous les supers docteurs mentalistes que j'ai mordu, ils en sont encore à faire des testes, pour savoir lequel est le meilleur bon médoc de merde.
Ah ça marche bien, oui, sauf quand yen a pas. hahaha !
Et où tu vas trouver ça hm ? Tu vas les pondre peut-être, les putains de médocs de meeerrrdeu !!

Ça y est, je m'énerve.
ça va pas du tout
parce que j'ai pas mes putains de médocs de merde

ça va pas, ya pu d'air
j'étouffe !
pourtant, j'aspire, j'aspire, j'aspire, mais j'étouffe
je me sent pas bien. La tête qui tourne. Je vais m'évanouir
j'arrête de respirer et je souffle
ça va mieux
ouf
en fait pour respirer, il faut inspirer et souffler ensuite

je l'entend...

-oui, promis, j'oublierais pas de...de quoi ?

j'ouvre les yeux
je les avais fermé ? oui, surement quand j'ai eu du mal à respirer
je les ouvre en grand, très grand
et je tremble comme si j'étais dans un congélo. Je claque des dents, mais j'ai pas froid.

elle est là
je la vois !

elle est même pas sur un mur, mais là devant moi, elle flotte plus haut que ma tête

-oh putain
CASSE TOAAAAAA !!!!
AHAHAHAHAHAHAH !!!
haaah ahahah

Je me replie la tête contre les genoux, les bras autours. Je ne veux plus voir ça.
J'ai comme un coup de barre
je suis fatiguée
je me bave dessus
et ça me fait rire en plus

-héhéhéhé
je veux rentrer à la maison

je crois que j'ai complètement oublié ses jambes, à Samuel.
je m'en fout, je veux m'en aller d'ici.

muzik

Il me relève la tête, encore une fois.
C'était quand la dernière fois ?
Quand sommes nous ?

Cet uniforme... ce regard qu'il pose sur moi... c'était... c'est... je ne sais plus.
J'ai... j'ai oublié.
Bordel ! qu'est-ce que j'ai oublié ?!

Je tend ma main.
Je le touche, pour voir s'il est bien là, bien réel, ici, maintenant.
D'abord un pan de tissus au bas de sa veste, puis sa manche, ses bras que je serre fort.
Je le touche, comme je ne l'avais jamais touché, pour être sûr que c'est pas juste un souvenir ou un rêve.

Il est bien là. Il m'a détaché. Il va s'occuper de moi. Il va m'aider. Il sait ce qu'il faut faire pour ça.

Je me redresse sur les genoux m'accrochant à lui pour m'aider et pour qu'il ne disparaisse pas. Il a disparu si longtemps, là il faut pas qu'il s'en aille pas maintenant, j'ai besoin de lui.
Agrippée à ses larges épaules, je le regarde dans les yeux, comme je l'aurais pas fait avant. Fallait pas, c'était risqué. Il m'avait frappé. Mais là c'est pas grave pourvu qu'il ne disparaisse pas. Il peut me faire mal du moment qu'il m'aide.

Je le regarde, je souris, ça tire la gueule. Je frissonne. Le drap a glissé. Mais ça fais rien, lui, je le lâcherais pas.

-hihihihi.
Samuel
Aidez-moi
je ferais ce que vous voudrez, bien comme il faut
me laissez pas
je ferais de mon mieux, même si c'est très dur, même si ça fait très mal
vous pouvez me punir, me mentir, me frapper si vous voulez, mais partez pas
aidez moi ! hahahahaha

Ça non plus, je l'aurais jamais dis avant.
Mais on n'est pas avant et j'ai oublié
on est bien ici, maintenant. Mais il a promis... promis quoi ? Je ne sais plus.
Qu'est-ce que j'ai oublié ? Tant de choses... trop de choses... qu'est-ce qu'il reste de moi ?