Allongée sur son lit, dans sa tour de verre, elle fixe le plafond sans bouger, sans même ciller. Elle repense à son dernier client et sa crise au moment où elle eut fini, encore un qui ne la voulait que pour lui, encore un accroc à ses talents innés. Elle esquisse un léger sourire quelque peu méprisant, les hommes sont si faibles faces au désir, face au pulsion qu'elle pouvait provoquer.

Elle ferme les yeux, lentement et murmure.

Un jour je serais ton égal...

Dans ses rêves, elle revoit sa mère, dans ses rêves elle revoit leur dernière conversation avant que Samia ne soit emmenée.

Née par accident, Samia fut retirée à sa mère très jeune, elle ne pouvait se permettre de ne pas "travaillé" à cause d'une enfant, même de son sang. Une des première Valkyries de ce monde froid et triste, une des premières à prodiguer les secrets du désir, une des premières et une des meilleures.
Les quelques années qu'elle passa avec sa mère furent autant intriguant que perturbant pour une jeune fille de son âge, mais au combien instructif pour ce à quoi elle était faite.

On apprend mieux au plus jeune âge disait-elle.

On apprend mieux en regardant disait-elle.

Samia exerce son talent depuis plusieurs années déjà, sans peur, sans tabou, devinant le moindre fantasme de ses clients.

Elle se lève, s'approche de la fenêtre d'un pas de félin et regarde les gens en bas, si petit, tel des fourmis. C'est bientôt l'heure, un de ses habitués ne va tarder à arriver. Elle sourit à son reflet, se passe une main langoureuse sur son cou et sort de sa chambre. Elle aime arriver avant eux.

[Valkyrie]

La petite fille de 7ans, rentre dans l'appartement. Elle repousse les froufrous rouge en guise de rideaux et pénètrent dans le petit salon. Son regard parcours la pièce, palais du plaisir et de la séduction, les bougies brûlent encore sur la petite table basse, la robe de la maîtresse des lieux négligemment à terre près d'une porte.

La petite fille sourit, elle doit se reposer, elle va être contente à son réveil. Elle sert contre son coeur le bout de papier au bord noirci et déchiré, elle fière si fière de son joli dessin. Elle repense à sa balade en dehors, hors des protections de verre, elle n'a pas le droit mais elle savait que ce n'est que dehors qu'elle trouverait un joli cadeau d'anniversaire pour sa maman. Elle y a rencontré d'autres enfants ce jour là, des enfants qui lui montrèrent comment s'amuser, comment rire, ils l'aidèrent aussi à faire ce dessin.

Elle ouvre la porte, tout sourire. Mais elle ne se repose pas, elle n'est pas seule. L'homme, debout devant elle, le regard étonné se recule vivement, elle, à genoux lève les bras dans sa direction comme une invitation. Les yeux de la femme sont vides et légèrement rouge comme les drogués qu'elle voit au Bagdad. La petite fille s'approche de sa maman timidement, jette un regard rapide sur l'homme qui se détend et se rapproche, elle tend le papier avec un sourire en disant d'une petite voix un peu aigue.

Pour toi, maman, bonne anniversaire.

La dame prend le papier, le regard. Ses sourcils se froncent, elle se lève rapidement en déchirant le dessin, les morceaux tombant à terre comme des gouttes de pluie.
Elle crie, elle crie fort, la petite file la regard, ses yeux se remplissent de larme et la main se lève, elle la regarde s'abattre sur sa joue, elle arrive lentement, au ralenti comme pour savourer l'instant de peur qui lui glace le sang. Projetée en arrière, la force du choc l'envoya valser à terre, sa tempe allant percuté contre la commode beige derrière elle.

La petite fille la regarde effrayée, elle l'écoute crié, sans entendre. Le sifflement dans ses oreilles lui donne mal à tête, ou est ce le coup, elle porte la main à son front, tremblante et la regarde. Regarde cette femme qui avait un air d'ange mais qui se transforme en démon avec ses yeux rouge sang.


Samia se redresse vivement dans son lit, en appui sur une main et en sueur. Son regard parcoure la pièce, son appartement. Elle se lève, S'approche du lavabo, elle fait couler l'eau froide et passe ses mains dessous. Les mains en fontaine, elle rince son visage et laisse l'eau rafraichissante couler le long de son cou et son corps

Elle éteint l'eau, se retourne et fait quelque pas en direction d'une des fenêtres, elle lève les yeux sur la lune pleine et murmure.

Stupide cauchemar.

Samia, je viens d'apprendre que tu deviens une jeune fille bien docile. C'est très, très bien, je suis fière de toi.

L'homme s'agenouille devant une jeune adolescent. La tête baissée, ses longs cheveux noirs qui encadrent son visage empêchant de le voir. Assise en tailleur sur le sol en pierre de sa cage humide et sale, en suivant la chaîne qui part du mur, on devine le collier qui doit entourer le cou de l'adolescente. Son corps nu montre les marques de sa maltraitance, des coups et des brûlures.

Tu vas pouvoir retrouver tes petits camarades maintenant. J'espère que je n'aurais plus jamais besoins de te punir.

Il sort une vieille clé rouillée de sa poche et pousse les cheveux de la jeune fille pour atteindre le cadenas, quelques secondes plus tard la chaîne de fer et le collier retombent sur le sol dans un bruit métallique. Son visage, encore humide de larme, se leva en direction de l'homme, suppliant.

Laissez moi partir, s'il vous plaît

Te laisser partir? Je ne suis pas encore fou...

Il se releve en entraînant l'adolescente dans son sillage, un bras autour de sa taille, l'autre main retenant le bras de la jeune fille autour de son cou, il l'aide ainsi à la sortir de cette geôle pour un bon repos. Durant le chemin il lui murmurait à l'oreille.

Oui ce serait de la folie, tu n'imagine pas tout ce que le gouvernement a placé en toi. Tu devais être la Valkyrie parfaite, élaborée par nous, pensée par nous, la moindre particule de ton corps à été entièrement réfléchis par nous, tu es notre créature Samia.

Je suis née d'un accident...

Le chuchotement fatigué de Samia le fit franchement rire.

Un accident, c'est donc ce qu'elle t'a dit pour cacher sa cupidité et sa lâcheté? Sa voix se fit sifflante, comme la langue du serpent quand il est prêt à cracher son venin La vérité ma pauvre fille, c'est que si le gouvernement n'aurait pas payé ta très chère mère, jamais tu ne serais venu au monde. Elle s'en fiche de toi, juste l'argent l'intéressait. tu n'imagine pas à quel point elle est heureuse maintenant que tu as débarrassé son plancher.

Arrivés dans la chambre de Samia, il la lâcha sans ménagement sur son lit et se retourna pour sortir de la pièce, avant de fermer la porte il la regarda avec un sourire avide.

Tu n'as pas le choix et tu le sais. Mais si tu t'obstine, tu finiras dans les oubliettes comme nos autres essais ratés. Une vrai poupée humaine, tu finiras par aimé ca j'en suis sur.

La porte se referma sur ses dernières paroles. Samia, elle, sombra dans un profond sommeil limite comateux.

[HRP.... Du coup j'ai un peu abréger son passé, je le ferait revenir dans certains de ses cauchemars que vous trouverez Ici.... Le prochain chapitre va parler des 100ans écoulés qu'elle a vécu dans toutes sa longueurs]