Rendez-vous avec mon dealer [Réservé LO, normalement]

C’est la zone par ici. Le marché souterrain de Novlangue, marché noir et contrebande en tout genre, le paradis pour un flic s’il sait passer dans les mailles du filet.
C’est pas un endroit pour les NOD, en général, on les retrouve qui flotte dans L’Hofsà. Sauf que moi j’y suis, et j’ai pas l’intention de finir en macchabé flottant.
C’est pas la première fois que je mets les pieds sous le goudron, encore une de mes sales habitudes de chercher les trottoirs les plus dégueulasses pour trainer mes godasses. J’y peux rien, c’est plus fort que moi, faut que je remue la merde, à croire que la boue colle avec mon teint. Le pire, c’est que j’aime ça. Je devrais pas, c’est interdit d’aimer, et j’en n’ai carrément rien à cirer. Surement pour ça que je traine autant dans les bas fonds et dans les trous de chiottes.
Ouais, j’aime bien remuer la merde et je crois que je suis en train de m’y enfoncer jusqu’au cou.

On verra bien. En attendant, je cherche mon dealer préféré, celui qui me fournit en cachetons quand l’autre connard de mon immeuble est en vacances. Parce que ce connard s’offre le loisir de partir en vacances. Je me demande si c’est pas interdit… putain de dealer.

Je traine un peu, c’est prohibé mais ici, je prends le droit d’aimer… je sais que je peux, y a personne pour me dire le contraire même si je suis flic et que je fais valser les cellules grises pour moins que ça.
Et alors ? Pas ma faute s’ils ont mal fait leur boulot. Je suis un chien, fallait pas qu’ils oublient de me garder en laisse.
Ici, sous les tonnes de bétons qui nous séparent d’avec le monde d’en haut, je me sens libre… même si mes putains de chaines restent bien vissées dans ma cervelle. C’est des automatismes, des trucs qu’on contrôle pas. Là, ouais, ils ont bien fait leur job ; je bouge, je réagis comme un lynx, prêt à bondir et à défigurer pour un mauvais geste.
Faut que je fasse attention à ça, sinon ma promenade du soir risque de se terminer en bain de minuit, dans la flotte gelée, une balle dans le crane.

Je marche tête baissée. C’est illusoire, ça n’a jamais évité de se faire repérer, mais on le fait par principe, faut bien se faire croire qu’on est des caméléons.
Je flâne un peu d’une étale à l’autre, j’aime fouiller ces vieilles marchandises, toutes ces choses qu’on ne trouve plus à la surface, des objets devenus interdits ou jugés inutiles par notre gouvernement. Il y a longtemps que tout ce qui ne les sert pas, est inutile.
Et puis, il y a tous ces gens, impossible de se tromper, tous des Insurgés ou des dés-implantés. Pas besoin d’être un grand observateur pour voir les dégâts causés par les implants, ou plutôt leur désactivation. Ils ont fait du bon boulot quand ils ont réalisé les implants, y a qu'à contempler le résultat, une vraie cour des miracles.

L’air de rien, je poursuis ma promenade jusqu'à une ancienne bouche de métro un peu en retrait du marché. C’est là que j’ai rendez vous avec mon dealer.

Personne. J’allume une clope et je m’enfonce les vagues de fumée dans la gorge en attendant des jours meilleurs.

Rendez-vous avec mon dealer [Réservé LO, normalement]

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