Quelle drôle de chose de se lever le matin avec votre fils qui vous traite du pire père qui soit, et de se coucher le soir en vous disant que vous ne le reverrez plus jamais. Mort ? Il l’est, oui. Depuis près de cent ans. Et oui, en une simple journée, il a eu le temps de mourir, de se décomposer et de se fossiliser. Quelle ironie ! Et dire que moi, je suis encore en vie et en plein forme. 30 ans avec cent ans d’expérience, je fais fort !

Pour expliqué ce phénomène, quoi de plus simple, et paradoxalement quoi de plus incompréhensible ! Je partais tranquillement direction le temple quand tout à coup, un flash bleu, le néant, et une salle blanche. Après avoir était trier comme un bœuf, j’ai appris que j’étais passé dans une sorte de faille, ou vortex spatio-temporel, j’aurais fait un bond de cent ans – et de deux mètres en arrière en l’apprenant – et cet endroit serais le nouveau Novlangue, le Novlangue du futur, Novlangue plus que jamais. On m’a aussi dit que de nombreux novlanguais seraient passés dans cette faille comme moi. Mais après un bref instant d’espoir pour mon jeune fils – hors la loi, je précise vite fait – j’ai aussi appris qu’il y avait de forte chance qu’il soit resté là bas, vu où il se trouvait. Puis, pour elle, je ne sais pas… D’ailleurs, y’avait de forte chance qu’elle soit arrivé morte dans le nouveau Novlangue.

Je pris ma veste et l’enfilai. Aujourd’hui, c’était stage de remise à niveau des mentalistes. Qui y trouverais-je provenant des années 2040 ? En fait, sans doute personne vu que c’était un peu individuel. Et le principe de quelque chose d’individuel, c’est qu’on n’est un peu pas en groupe. Donc mon projet de dire coucou à quelqu’un du taf tombait à l’eau. Tant pis.

Je me dirigeai vers la sortit, arrêt devant le miroir, un bref « yeh, t’a la classe » accompagné d’un petit clin d’œil, et c’est partie…


Un petit point sur mon passé afin que vous compreniez qui je suis. Un vrai salaud vous diront certains. Ben oui, je suis un salaud, et alors ? Ok, j’avoue, je me suis tapé tout ce que j’ai pu me taper. La loi ? Euh… Non non, je ne l’ai pas enfreins, disons seulement que je m’en suis un peu écarté…

Bref, partons du tout début. Je suis né à Novlangue, de parents novlanguais. J’étais un peu hors la loi, et j’ai faillit être euthanasié, mais par chance – ou par malchance, ça dépend du point de vue – on m’a découvert un pouvoir mental. « Allez petit, les NODs t’attendent ». « Youpi, je suis impatient ». J’ai subit l’entraînement NOD pendant quelques mois, puis ils se sont rendu compte que moi et le sport ça faisais deux, alors ils m’ont envoyé chez les mentalistes. Depuis j’avais une bonne paye, un bel appart’, et de la bonne bouffe, mais aussi, un job soulant, un gosse, et une nana à gérer. Viva la vida ! En fait, j’ai passé de longues années à profiter de mon statue de chien du gouvernement pour faire des trucs qu’il ne permet pas.

Quelques dates pour les fanas d’histoire (perso, j’en suis pas un). 2010, je suis né. Donc, pour les matheux, j’ai trente ans. 2031 c’est mon entrée chez les mentalistes, et le début des ennuis. Puis, en 2032, j’ai commis la plus grosse erreur de ma vie : je suis bêtement tombé amoureux de la femme la plus étrange qu’il soit. On a eu une liaison pendant sept belles années. Le seul problème, c’est qu’elle m’a offert un gosse durant les deux premières. Mais ça ne nous à pas freiné. Ce n’est qu’au début de 2040 qu’on a décidé de faire un break. Pourquoi ? C’est personnel. Nan, mais sérieusement, en fait y’a eu des problèmes et elle a faillit se faire arrêter, et moi avec. Donc, il nous fallait un peu de distance, et tout et tout.

Puis, y’a eu cette faille… Mais avant, y’avait cette baston. Elle et moi rentrions d’une soirée en l’honneur de l’ouverture du Wonderland quand tout à coup on est tombé sur de vieilles connaissances – et pas forcément les meilleures. S’en est suivi une petite grande altercation durant laquelle elle s’est faite poignardée et moi fusillé. Mais j’ai survécu. Elle, je l’avait vue tomber morte – du moins c’est ce que je crois – avant qu’ils en finissent avec moi.

Je me suis réveillé des jours, et même des années, après cette attaque. J’ai eu beaucoup de chance, m’ont dit les médecins. Si vous le dites, ai-je répondu, peu convaincu. Puis j’ai appris pour cette faille qui m’aurait fait faire un putain de bond de cent ans, quoi ! J’ai perdu un fils et une femme à cause de cette foutue faille. Quoi que, c’est pas la faille qui a poignardé ma copine… Mais pour mon fils…

Ne me dites pas : « qui sait, il est peut être aussi passé ! », parce que je sais parfaitement bien que c’est faux. En fait, j’ai voulu savoir et j’ai fais un truc que je n’aurais jamais fait en temps normal : je suis allé au cimetière virtuel. Je hais les cimetières, l’ambiance y est morbide, c’est calme, y’a rien de joyeux… Bref, on s’en fout. J’ai pris mon courage à deux mains et m’y suis rendu. J’ai fouillé le registre et y ai trouvé deux chose : la première, le nom de mon fils, et la deuxième, mon propre nom. Il était écrit à mon sujet : « Lewis Golden, 31/01/2010 – date inconnue, mentaliste, corps introuvable, disparition indéterminée. », et au sujet de mon fils : « Jim Golden, enfant hors-la-loi, euthanasié le 12/04/2041 ».

A cette nouvelle, j’ai balancé l’ordi, j’ai cassé tous ce qu’il y avait à cassé, dont quelques unes de mes phalanges. Ensuite je suis rentré chez moi, j’ai encore cassé des trucs – j’aime casser des trucs quand je suis énervé – et pour finir, j’ai fondu en larmes… Ben quoi ? Un homme, un vrai, assume ses chagrins… Mais, j’avoue c’est la honte quand même…

Je crois que j’ai mis quelques jours avant de pouvoir refaire un pas dans ce maudit nouveau Novlangue. En fait j’avais plus rien à manger donc fallait bien que je quitte mon petit nid… Puis, j’ai quand même fait un peu de tourisme, de journée bol d’air, de footing de matin, du midi et du soir –ah, j’ai dis que j’étais nul en sport, avant ? Ben, vous avez peut être mal compris – en fait j’ai vite repris goût à la vie. Perdre une femme et un gosse c’est pas si terrible en fin de compte. Les femmes y’en a plein – mais pas des comme elle ! – et un gosse c’est vite fait – et c’est toujours aussi pas très permis.

Et me voilà donc en route à un foutu stage – individuel, faut pas oublier – de remise à niveau des mentalistes, durant lequel je vais me faire ch… ch… chanter ! Et après ça ? Je me remets au boulot ! Nan, pas ce boulot là ! Celui de chercher une nouvelle nana ! Faut pas croire, moi je bosse pas, je fais semblant de bosser.

En résumé : Lewis Golden, au plaisir de ces dames.