Il est temps que je fasse mon grand retour au temple. Mesdames et messieurs, Lewis Le Grand est de nouveau parmi vous ! Que c’est bon de rentrez à la maison… Tous ces jours de stage de remise à niveau. Mais je suis à niveau ! Bon, c’est fait, c’est fait. J’en suis pas mort donc c’est bon. Et là : je suis de retour !

Comme c’est émouvant ! Me voilà posté devant le temple à le contempler comme un con… Pourquoi je fais ça au fait ? Pour rien, je pense. Allez, je me lance ! J’ai aucune raison d’avoir peur de je ne sais quoi vu que je venais aussi ici pour mes fameux stages. J’avance et franchis enfin l’entrée.

Petit coup de tête à droite, petit coup de tête à gauche. Pas grand-chose a changé depuis 2040. Mais ça je l’avais déjà constaté hier, avant-hier, avant-avant-hier, … Par, contre, y’a un truc qui est là, mais que je n’avais jamais vu. Pourtant on ne peut pas vraiment le louper. Un vigile. Depuis quand y’a un vigil ici ? Un grand type noir, plus que musclé – c’est naturel ces biceps ? – et avec un air de bull terrier.

Bon, mon grand, ne le fixe pas. Passe comme si de rien était. J’vois pas ce qu’il pourrait avoir contre toi…

Merde ! Le voilà qui vient vers moi ! Mais, il me veut quoi ? J’ai rien eu le temps de faire, je viens d’arriver ! Bon, on va jouer le bon citoyen et on va s’arrêter pour l’entendre dire ce qu’il a à dire.

Il se plante devant moi et il croise les bras. Oh, il a au moins une tête de plus que moi ! Sourit, Lewis. Soit poli. Ne montre pas que tu es nerveux face à lui.

- Minute, petit. Qui t’es ? Qu’est-ce qui t’autorise à pénétrer dans le Temple.

Ah, ben ça c’est la meilleure ! Il me demande ce que je fous là ! Mais je viens tous les jours depuis je ne sais même plus combien de temps ! Bon, Lewis, garde ton calme et répond poliment à sa putngngn de question.

- Euh… Je m’appelle Lewis Golden. Je suis mentaliste. Et les mentalistes ont accès au Temple.

J’aurais mieux fait d’évider la dernière phrase. Le voilà qui se rapproche doucement de moi et qui me regarde de haut. Je vais encore me chopper un torticolis à force de garder la tête penchée de cette façon.

- Toi ? Un mentaliste ? T’as pas la gueule d’un mentaliste. Comment je peu savoir si tu me dis la vérité ?

- Ben, regardez dans le registre.

Le type parle dans son petit micro accroché au cou, attend un peu tout en me lançant des regards froids, et enfin on lui répond. Par contre, ce qu’il entend n’a pas l’air de lui faire plaisir. D’un geste vif, il m’attrape au col et approche son visage du mien.

- Joue pas au con avec moi, petit. T’es même pas dans le registre, pauv'type !

Merde, merde, merde ! C’est quoi ce bordel ? Je viens tous les jours sans problème, et là on m’annonce que je ne suis pas dans le registre ! Me voilà dans le merdier total. Je sens il va encore me frapper. Faut que je trouve quelque chose ! Ah, mais oui !

- Attends ! Attends ! J’ai mon passe de mentaliste ! Lâche-moi, je te le montre.

Tiens ! Dans ton cul, mon grand ! J’ai un passe !

Le type me lâche et je manque de tomber comme une pierre. Ce couillon, il a abimé le col de ma belle chemise !

Je fouille dans mes poche et en sors un petit bout de papier plastifié que je lui tends d’une main tremblante. Bon sang, j’ai eu chaud quand même. Je reprends mon souffle tout en balayant la salle du regard. Oh, y’a Tony là-bas. Un petit signe de tête en salutation. Mais avant que je voie s’il me répond ou non, je me prends un gros coup sur l’épaule. C’est le vigile qui a l’air encore plus furieux qu’avant.

Il brandit le passe sous mon nez et hurle :

- Mais tu te fous de moi ?! Cette carte, elle date de 2040 !!!

Oh, c’est pas possible. Il n’a pas entendu parler de cette foutue faille ce con ? C’est pas ma journée aujourd’hui. Ils ont décidé que je n’irai pas plus loin, alors je n’irai pas plus loin ! J’en ai marre. Alors je plonge – du moins je tente de plonger – mon regard ans le sien et lui dis avec une mine blasée :

- Ouais. Ouais, je me fous de ta gueule.

Je passe une main dans mais cheveux.

- Nan, parce que tu vois, en fait, ce matin j’ai bouffé du clown alors du coup j’étais de super bonne humeur, genre à faire des blagues à la con. Alors je me suis dis : « pourquoi j’irai pas au Temple pour faire chier ceux qui s’y trouve ? ». Puis je suis sortie et c’est là que j’ai aperçu ta putain de gueule de couillon et j’me suis dis que t’avais la tête de quelqu’un à qui on peu faire des blagues connes. Donc, je me la suis ramener et j’ai décidé de me foutre de toi avec ce FOUTU PASSE DE 2040 !!!!

Me voilà à bout de nerf. Plus j’avançais dans mon petit discours, plus je haussais la vois sans m’en rendre compte.

J’en peu plus, je suis essoufflé, j’ai mal au crâne et je suis énervé. Cool ! Alors je me mets à faire les cent pas devant lui tout en réfléchissant à des solution possibles. Quoi que, en fait, je crois que j’ai arrêté de réfléchir. Puis, d’un coup je m’arrête, je me retourne vers le grand black resté impassible, me précipite vers lui et lui en décroche une droite.

Pan !

Aaaaah ! Putain ! Je me suis pété la main ! Il est fait en quoi ce type, bon sang ? Je secoue ma main endolorie et constate que le type n’a pas été insensible à mon coup de poing. Il se tient le nez et si je vois bien, c’est du sang qui lui dégouline à travers les doigts. C’est l’occasion de lui porter un deuxième coup.

Pan ! Dans les burnes ! Le voilà à genoux. Pan ! Dans les côtes ! Et Bam ! Et Bam ! Et Bam. Purée, qu’est-ce que ça fait du bien ! Une petite foule s’est déjà attroupée autour de nous. Mais le plaisir ne durera pas plus longtemps. Je sens une poigne forte me saisir et m’éloigner du vigile.

- Monsieur Golden ! Mais qu’est-ce que vous faites ? me crie le type qui me tient. Je vous attends depuis avant pour remplir les dernières formalités pour vous réinscrire dans le registre. Et qu’est-ce que vous faite ? Vous boxé le gentille Gordon ! Venez avec moi. Et après, faites moi plaisir, allez prendre l’air quelques heures, ça vous rafraichira les idées !


Des formalités, encore des formalités, toujours des formalités ! J’ai passé deux heures dans ce foutus bureaux avec ce foutu type pour signer et écrire et signer, … J’en sors enfin. Je respire à nouveau. En partant du temple, je croise ce bon vieux Gordon avec son pansement au nez. D’après le patron, il est doux comme un chat. Putain de chat !

Je suis enfin dans la rue, le soleil est encore là, mais plus pour longtemps, et on ne peu pas dire que les personnes affluent : je suis presque tout seul. Je me mets à vadrouiller sans savoir réellement où je vais. Enfin tranquille ! Ça a été une journée de merde, et je vais tout faire pour qu’elle se finisse mieux que ça. Que c’est bon d’être seul, au calme.