Invité à regarder autour de lui, Leith détache les yeux de sa dame -- c'est tout juste si on n'entend pas un bruit d'arrachement -- et prête attention au décor.

Le plancher, la baie vitrée : parfait. Je vous ai dit que j'habitais sous terre ? C'est triste. Un jour peut-être, j'aurai des fenêtres.

C'est, comment dire ? C'est impersonnel. Vous avez fait appel à un décorateur ? Il vous a flouée. Les couleurs qui vont avec vos cheveux sont le vert émeraude, comme vos yeux ça tombe bien, ou alors oui, d'accord, un peu de bleu mais seulement avec du jaune, et sûrement pas du violet et du rose !
Je sais, votre voix est rose. Mais quand même. Ce n'est pas une raison pour pousser la synesthésie trop loin, non plus !

Et vos murs sont tellement blancs, c'est un appel à les recouvrir de couleur. Vous l'avez fait exprès de m'amener devant des murs blancs ? Ah, cruelle...

Aussitôt il se laisse tomber sur la moquette, bras en croix.

Il me semble que j'ai le droit de m'évanouir.

Et il ferme les yeux.

Il pousse un gémissement d'agonisant.

Toutes les autres pièces ?

Je suis tombé dans un... piège diabolique... aux allures de paradis...

Si son débit est un peu entrecoupé, c'est que c'est compliqué de parler et d'embrasser en même temps.

Si vous continuez, je vais délaisser vos murs...

L'ultimatum le plus court de l'histoire : il plonge ses mains dans les cheveux de Deidre, prolonge et approfondit les études linguistiques entamées, et finit par rouler sur elle.

Spoiler:

***Interlude musical***

Spoiler:

Après l'explosion de couleurs que nous nous sommes offerte, j'ai quelques difficultés à ouvrir les yeux... mais je finis par y arriver, même si le blanc qui m'entoure, a-couleur finalement oppressante, agresse mon oeil qui n'est plus habitué.

Je me roule sur le côté, observe mon rêveur. Je lui caresse doucement les cheveux, me lève sans bruit. Si on en croit les habitudes des mâles, il devrait avoir un peu faim. J'enfile rapidement son T-Shirt subversif et, après un baiser rapide, file à la cuisine trouver de quoi nourrir mon... Mon...

Mon. A moi.

... Et maintenant, qu'est ce que je vais faire ? Je peux pas le garder ici, les oiseaux exotiques, ça meurt, en cage.

Et si je ne suis pas sûre de grand chose, de ça, oui : je ne veux qu'il lui arrive que des choses... bien.

Spoiler:

Leith ouvre les yeux. Les referme aussitôt. Mais qu'est-ce que c'est que ce cauchemar en blanc ?

Une main en protection contre les agressions lumineuses, il rouvre une paupière. Argggh. C'est insupportable. Il se colle un oreiller sur la tête. Blanc aussi. Ce n'est pas humain !

N'entrouvrant de temps en temps un oeil que pour voir à peu près où il va, il descend du lit à quatre pattes, attrape son pantalon et en tire ses chers instruments de travail.

Nu comme un ver, il va se planter devant le défi de deux mètres cinquante sur cinq mètres qui le nargue de tout son néant, là, en face du lit.

A nous deux, mon gaillard.

Il commence avec la bombe orange.

Il sursaute violemment et se retourne, grondeur, pour poser une main sur les yeux de Deidre.

On ne regarde pas ! Ce n'est pas fini !

Puis il semble atterrir et réaliser qu'il est dans les bras de la femme de ses rêves. Sans retirer sa main, il se penche pour l'embrasser. L'aérosol qu'il tenait dans l'autre main tombe sans bruit sur la moquette, roule et finit par heurter un pied de table avec un "clong". Il la soulève dans ses bras, la porte jusque sur le lit.

Mais... Rendez-moi mon tee-shirt ! Voleuse...

Il le lui enlève prestement et...

Spoiler:

Il éteint la lumière de sa main sur mes yeux, voix doucement grondeuse qui me fait sourire.

Baiser.
Baisers.

Je suis soulevée et emportée sur mon lit, à l'aveugle. c'est... agréable, de lâcher prise.

Rire de gorge.
Pour un artiste dans la lune, il sait terriblement bien ce qu'il veut...

Son T-Shirt, visiblement, au moins. Rire à nouveau.

- Tout va... refroidir dans le... salon...

Personnellement, je m'en fiche, là. Je préfére le dévorer lui plutôt que des tartines, mais...

Je rebascule dans les couleurs.

Quelque temps plus tard...

Spoiler:

Leith était en train de paresser béatement au fond du lit blanc, une rousse incendiaire dans les bras, quand une brusque inquiétude le fait s'asseoir d'un bond.

La lumière baisse, non ?

Il court écarter le voilage, offrant aux vis-à-vis de Deidre le spectacle incongru d'un grand dadais à poil, couronné d'un porc-épic blond.

C'est déjà la fin de l'après-midi ? Il faut que je me dépêche...

Et le voilà devant le mur à moitié recouvert de couleur.

Où est-ce que j'ai mis le noir ? C'est pas vrai ! Ah, là.

Il va récupérer l'aérosol contre le pied de la table et se remet à son grand oeuvre. Apparemment, il a oublié que Deidre ne doit pas regarder -- s'il se rappelle qu'elle existe.

Hmmmm ? Qui m'a volé ma bouillotte ?

Mécontente, je cherche à tâtons autour de moi. Non, rien. Zut. Je rouvre les yeux, et presque aussitôt soupire, amusée.

Evidemment. Que suis-je pour lutter contre l'inspiration, hein ? J'observe un moment sa façon de faire, sa concentration, puis je dérive sur son corps, que je commence à connaitre. ... On m'avait pourtant vaguement laissé supposer que les insurgés étaient tous moches et atteints du scorbut, non ? Tsss. Menteurs.

Enfin, ça, ce n'est pas nouveau, hein ?

Je roule sur le côté, ouvre ma table de nuit, en sors mon appareil photo. Des milliards de pixels, le top du top. Et il ne me sert à rien qu'à photographier des gens qui ne me sont rien.

Enfin, pour une fois...

Je me lève, passe sur le côté, grimpe sur une chaise avec une petite pensée pour les voisins qui vont se rincer l'oeil par deux fois... Me positionne face à mon objectif et emmagasine sa bouille en photo. Puis je descends de mon perchoir, réenfile son T-Shirt auquel je commence à être attachée et passe au salon.

Un jus d'oranges tiède et du café froid. Formidable. Mieux que rien, ceci dit. Je pose mon appareil sur son socle.

Citation :

Nombre de photos : 1
- Visualiser ?
- Effacer ?

Visualiser.

Le visage de Leith apparait devant moi en hologramme.
Je le regarde.

Donner un insurgé, ça ferait bien sur mon CV. Même après avoir couché avec. Après tout, je ne suis qu'une Valkyrie, et du genre de poche, en plus.

Mais...

Rien que cette idée me donne froid.
J'ai pas envie qu'on me le casse.

Citation :

- Zoomer

Je cerne ses yeux, l'un après l'autre.

Citation :

- Reconnaissance rétinienne : OK 99.58%
- Habilitation :
- Totale
- Partielle

J'hésite.

Citation :

- Totale.

....
J'efface la photo.

Lui donner les clés de chez moi n'implique pas que je veuille qu'il revienne, n'est ce pas ? C'est juste au cas où, qu'il soit pas coincé dehors.

Il fait nuit noire quand Leith abandonne son mur, qui n'a plus rien de blanc. A un moment, Deidre est venue allumer la lumière sans qu'il s'en rende compte. A un autre moment, il a tiré une chaise pour monter dessus et atteindre le haut du mur.

Tacheté de diverses couleurs sur tout l'avant du corps, il se recule de quelques mètres pour juger de l'effet produit.

Non, non, non ! Ça ne va pas du tout ! Elle n'a pas cet air dédaigneux, et puis les yeux sont ratés... Je recommence tout !

Il s'empare d'une bombe au hasard pour recouvrir le dessin, s'arrête en voyant sa rousse préférée qui le regarde.

Hein, c'est raté ?

Spoiler:

On viendrait de lui annoncer la mort de toute sa famille, qu'il n'aurait pas l'air plus malheureux.

Ah, vous voyez bien que c'est raté ! Vous ne vous êtes même pas reconnue !

Sa tête, ses épaules et le coin de ses lèvres brusquement attirés vers le sol, c'est une vivante image de la défaite.

Douche ? Repas ? Il a comme une impression de déjà-vu. En bas ou ici, c'est toujours une femme qui vient lui rappeler de se nourrir et de se laver. Pour les autres exigences du corps, en général, il y pense tout seul...

- De plus... Personne ne vous attend ? Moi, je vous garde volontiers mais...

Il agite une main lasse dans sa direction.

N'en dites pas plus, je comprends. Je m'en vais. J'ai défiguré votre mur, je ne mérite pas votre hospitalité.

Il se dirige vers ses vêtements abandonnés en boule sur le sol, traînant des pieds.

Mais je...

Il en reste là, avec un air ahuri d'authentique crétin des Alpes, qui se transforme progressivement en sourire incrédule.

Vraiment ?

Ses mains pleines de peinture viennent enserrer les hanches de la furie très contrariée, l'une des deux remonte, petite bête qui monte, jusqu'à la nuque. Il attire les lèvres furieuses contre les siennes.

Et c'est là que...

Spoiler:

Je crois que j'adoooooore le comique de répétition.

Mais je commence à être crevée. ... Il leur donnent quoi à bouffer, aux Insurgés ?

Je roule sur le ventre, le menton sur mes mains, les coudes sur son thorax. Je l'observe un instant.

- Vous êtes rassuré ? *baiser* Vous n'êtes plus contrarié ? *baiser* ... Vous restez encore un peu ?

...
Même à moi, ma voix parait toute petite.

C'est vrai, je peux ?

Au bout d'une trentaine de baisers, il semble croire à son bonheur. Alors, dans une subite poussée de réalisme, il se lance :

Vous auriez un téléphone ? Non, c'est idiot. Vous AVEZ un téléphone. Est-ce que je peux m'en servir ?

Il observe ses mains, se retourne vers sa fée.

Je vous ai couverte de peinture. Il faudra prendre une douche. Ensemble, j'espère.

Infatigable.

... Que vous les séduisiez ? Non, voyons, aucun risque. C'est une boîte vocale.

Il tape un numéro et un code, non sans se gratter la tête à plusieurs reprises et ponctuer ses efforts de "C'était quoi déjà après ? Ah oui."

Il raccroche théâtralement.

Voilà ! Je leur ai dit que je suis en sécurité. S'ils continuent à s'inquiéter après ça, je ne sais pas ce qu'il leur faut.

Il croise les mains derrière sa nuque et considère la dame de ses pensées.

On va se la prendre, cette douche ?

Spoiler:

- Ma salle de bains ne va pas vous plaire, je vous préviens.

Spoiler:

Je l'y entraîne, ouvre les robinets à fond, le pousse sous l'eau encore -presque- froide.

- Ça, c'est pour m'avoir peinturlurée, rustre !

J'attends quelques secondes que l'eau prenne une température à peu près correcte et l'y rejoins.

- Vous préférez une douche à la violette, ou une "fleur de tiaré" ? ... C'est comment, votre chez vous ?

...

- Vous pensez... rester un peu ou bien... ?

Oui, je sais. Je suis très curieuse. Mais ce n'est pas tous les jours que je perds la tête -au sens figuré seulement espérons-le- pour un individu séduisant et dépourvu d'existence réelle pour les gens que je... sers. Son exotisme est total.

Déjà qu'il s'était caché les yeux pour éviter le spectacle immonde de la salle de bains...


Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter çaAAaaaAAAhHH !

Elle est froide !

- Ça, c'est pour m'avoir peinturlurée, rustre !

Ah, bon ! Tout s'explique.

L'eau se réchauffe et Deidre vient se coller contre lui. La situation s'améliore nettement.

Violette ? Fleur de tiaré ? Vous croyez que ça a vraiment existé, ces trucs-là ? Enfin...

Il renifle les deux flacons et opte pour la fleur de truc.

Chez moi ? C'est, heu... Mal rangé.

Il tente un grand sourire de clown tout en se frictionnant les cheveux. Sourire qui s'évanouit à la question suivante.

Rester... ? Parce qu'il était prévu que je parte, à un moment ?

Le sourire de clown revient.

Bon, d'accord. Mais seulement si vous me permettez de faire quelque chose pour cette salle de bains. Non mais qui a commis ce tag ?

Je peux vous savonner le dos ?

Pendant ce temps, Leith s'est soigneusement employé à faire perdre le fil de ses réflexions à son hôtesse. Il s'est occupé de son dos, mais aussi du reste. Avec ses mains, mais aussi avec le reste. Les couleurs dans la tête de Leith passent dans le corps de Deidre et vont y faire des feux d'artifice, en tout cas c'est l'impression que ça donne, et il ne s'en lasse pas.
Une douche qui dure finalement beaucoup plus longtemps que prévu, surtout pour lui qui s'est habitué à ne pas avoir d'eau chaude plus de 3 mn d'affilée.

Il lui a dit plein de choses gentilles, aussi. Il se peut même que de très grands mots aient été prononcés, dans le feu de l'action. Et puis, il lui semble bien se rappeler l'avoir tutoyée. Ça, c'est très gênant.

Il rétablissait l'aspect hérissé de ses cheveux en les frictionnant vigoureusement avec une serviette rose bonbon (garder les yeux fermés, surtout), quand un bruit électronique et répétitif s'élève de la chambre.

Ce n'est pas votre téléphone, ça ?