Quelque peu de douceur dans ce monde de brutes...

Ah. Boulette.

Heu...

J'assume... J'assume pas ? Après un rapide détour par les yeux tous doux... J'assume.

- "Mon pauvre amour". ... En général, je le dis de façon ironique, mais... là, c'est approprié. Même si je sais que c'est... un peu... précipité.... pas dans l'air du temps... pas une bonne idée... Tout ça.

... Grimace se voulant détendue.

- On change de sujet, c'est mieux ?

Baiser pour détourner l'attention : check.

Fail.

Comment ça, pas une bonne idée ?

Cette fois, il n'a besoin d'aucun talent d'acteur pour avoir l'air outragé. Il prend Deidre par les épaules et la tient à bout de bras, pour mieux la dévisager.

Vous avez peur de vos sentiments, ou c'est mon côté clandestin qui vous arrête ?

Et il n'est toujours pas en colère. C'est fou ça.

Les deux mon capitaine ? Confusément, je sens que ce n'est pas la bonne réponse.

- Disons que le fait qu'on se connaisse depuis environ douze heures me fait craindre un léger emballement... Sans compter mon fichu... pouvoir...

Je baisse les yeux.

Haa, ce n'est que ça ?

Hein ? quel "fichu pouvoir" ? Ah mais c'est vrai que les Valkyries...

Quel fichu pouvoir ?
Attendez, attendez, laissez-moi deviner. Vous êtes capable de reconstruire mes souvenirs pour me faire croire que je rêve de vous depuis que j'ai l'âge de rêver. C'est ça, j'ai bon ?

Vu son sourire un tantinet paternaliste, il s'agit d'une question rhétorique...

Regard capable de pulvériser plein de trucs.

- C'est l'amour, mon pouvoir. Tout le monde m'aime, Leith. ...

Je me dégage doucement, vais regarder par la fenêtre.

- Il me suffit de peu de temps pour être très appréciée. De diverses façons. Fille, mère... amante. Et les gens m'aiment, comme si j'étais... vraiment faite pour ce dont ils ont besoin.

Soupir.

- Cependant, c'est la première fois que c'est... réciproque. Je ne sais pas, du coup, si c'est...

Son air était attentif, concentré, sourcils froncés super sérieux... Jusqu'au mot "réciproque". Alors là, il s'illumine comme un halogène.

Sauf votre respect, mon amour, du moment que c'est réciproque, on s'en fout !

Il va l'entourer de ses bras, l'embrasse dans le cou avec une voracité qui lui vaudra sans doute un suçon le lendemain. Il la fait se retourner, sans rudesse, lui roule un patin épique puis déclare :

J'ai faim.

Black out.

- Mmmmmmh... ?

Oh, c'est vrai. Manger. Je lâche mon AMOUREUX à regrets, et vais farfouiller ma cuisine. Ça mange quoi, un Insurgé ? Vu sa taille et son... énergie... beaucoup, en tous cas. Je l'observe du coin de l'oeil. Pas l'air très perturbé par le fait qu'on cause d'amour. Peut être que c'est monnaie courante, chez eux. Peut être qu'il s'en fiche un peu. Peut être qu'il plane au dessus de tout ça.

Peut être les trois.

Soupir perplexe.

- J'ai de la viande, quelques proto-légumes, des pâtes, du fromage râpé. Si je mélange le tout, on doit arriver à un truc consistant.

Ben oui. Je suis mince génétiquement, quoi que je mange.
Vous bisquez, hein ?

Faites voir ?

Leith s'approche du frigo et observe ce qu'il y voit comme un enfant devant les vitrines de Noël. Il tâte une tomate OGM du bout du doigt, renifle un steak d'un air intrigué, observe une carrottoïde sous toutes les coutures.

Ça se mange ? C'est fou, ça... Et ça a un goût, j'imagine ?

....
Je le regarde, quelques instants, avant de lui faire un gros câlin puis de l'envoyer vers la table de la cuisine.

- Assis. Pas bouger.

Je prépare en une petite quinzaine de minutes un râgougnasse informe mais consistante et... qui sent ma foi fort bon. Je sers deux assiettes, et en pose une devant lui.

- Mangez. Mais lentement.

Ben oui. S'il a l'habitude que des gélules nutritives ou de compléments alimentaires... Pas envie qu'il s'étouffe, moi.

Il considère sa fourchette avec curiosité, jette un regard interrogateur à son hôtesse puis pique une pâte avec. Il observe longuement sa bouchée avant de l'enfourner.

Silence masticatoire et méditatif.

C'est... différent de ce qu'on mange dans les bas-fonds. C'est... pas pareil.

On dirait bien qu'en-dehors des sensations visuelles, l'artiste manque de vocabulaire.

Mais pas d'appétit. Il récure son assiette à une vitesse supersonique puis relève le nez.

Vous ne mangez pas, vous ?

Petit sourire un rien niais flottant sur mes lèvres.

- Nan.

Il est mignon, même quand il mange. C'est effrayant.

- Resservez vous, si vous voulez. ... Vous avez une préférence pour un programme, aujourd'hui, sweetie ?

Leith lève une fourchette pontifiante.

Il faut manger pour prendre des forces !

Et ajoute avec un sourire un rien canaille :

Si on suit mon programme, vous allez en avoir besoin.

Sur ce, il se ressert une bonne plâtrée de râgougnasse.

Sourire mauvais m'étirant les lèvres. J'attends qu'il enfourne une bouchée, et je pose mon pied nu sur sa cheville, puis le laisse remonter, remonter...

Voix effroyablement sussurante.

- Oh ? Et vous sauriez m'expliciter ce programme, avec des mots ? Histoire que je me prépare, voyez... Psychologiquement...

J'écarquille les yeux, jouant à la perfection le rôle de l'ingénue alors que mon extrémité inférieure atteint le haut de sa cuisse.

Leith manque s'étouffer avec sa bouchée, tousse un moment, récupère un semblant de dignité.

Je ne peux pas, mademoiselle : on ne parle pas la bouche pleine.

Il pioche une autre bouchée avec sa fourchette, sourit et serre les genoux pour emprisonner le pied baladeur. Il parvient à mâcher puis avaler d'un air impassible, pose sa fourchette et se lève d'un bond :

Je vais vous montrer, ce sera plus simple.

Et hop, il l'enlève dans ses bras en direction de la chambre.

Elle est superbe, cette robe, et elle vous va très bien, mais honnêtement, je vous préfère sans.

Spoiler:

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Quelque peu de douceur dans ce monde de brutes...

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