Qu'il est polie, qu'il est bien bien pensant - dans ses paroles - un pur exemple de politiquement correcte. Et sa présentation faussement intime. Erek Torkef, je vois qui il est désormais, pas n'importe qui, ça non, un vrai homme de pouvoir. Définitivement celui qui ne prend pas un non comme une réponse. Il va falloir la jouer fine, mais moi et le blabla, ça n'est pas vraiment ça. Je ne sais pas tellement faire plaisir aux gens juste en bougeant des lèvres. Alors je vais être à peu près franche c'est encore le mieux.
En tout cas j'ai beaucoup aimé le coup du terroriste arrêté, il me croit vraiment si crédule ? Je sais que c'est faux, je connais le signalement du coupable et c'est pas le même, je sais aussi que c'est pour apaiser le peuple, ce que je comprends très bien.

C'est là qu'une pintade remue des fesses, quel spectacle désolant. Et la rousse qui s'en va, elle bien raison parce que si je pars avant elle, ça sera sa fête. Je ne suis restée que par solidarité après tout. Grand bien m'en fasses...

" Deux whisky, 18 ans d'âge, c'est moi qui offre. "

Voilà de quoi la perdre un petit moment. Je regarde mon compagnon d'infortune.

" Keseenia "

Inutile de mentir, si ça se trouve il sait déjà qui je suis. J'hésite puis finalement.

" Keseenia Hammond "

La serveuse amène les verres en échange d'un billet et reprend les vides. Je soulève le miens et me penche un peu vers lui. Peut-être que je suis joueuse finalement. Ou alors je vois le mal partout. Il n'est pas net, j'en mettrais ma main à couper. Et je peux aisément me faire passer pour une mentaliste avec mon nom. On nous a appris aussi durant la formation, user de la séduction pour faire parler... Mais je ne maitrise pas cet art, un jeu dangereux, mais, l'alcool aidant, je plonge et murmure pour lui.

" Vous pouvez garder vos verbiages politiquement correct pour d'autres, je sais ce qu'il en est. "

Je reprend ma place, buvant une goulée de la délicieuse boisson.

Je guette les réponses de ma voisine quand une des poules de luxe que je fréquente parfois vient faire son cirque. Je la congédie d'un sourire mauvais et d'une réplique cinglante.

Non, ce soir je cherche autre chose. Un peu moins de sensuel et plus d'exotisme...

Je revient vers la jeune blonde. La serveuse nous salue et s'en va. Tant mieux.
Ma jolie voisine me surprend en nous commandant du bon whisky. Hmmm, elle aime prendre des risques, elle va finir saoule... et moi aussi par la même occasion, mais moi, j'ai l'habitude. Je la remercie pour son verre.

Une lueur de compréhension dans mes yeux. Hammond, oui bien sûr, ce petit air de famille. Elle a hésité un instant, mais elle doit savoir que je connait la famille et ne s'en cache pas.

Hoo, je vois oui. Une famille importante et influente. Un mentaliste très renommé, votre père. Un des meilleurs. Mais je ne doute pas que ses enfants lui succéderont avec autant de charisme...

Je sais qu'elle a un frère. Maintenant, cela me revient, une conversation un jour avec le père...
Je souris encore plus après, dévoilant presque mes dents de prédateur.

Bien sur, vous n'êtes en rien ignorante. Mais je me dois d'être prudent. Les foules ont besoin d'être rassurées, et nous, d'accomplir notre travail dans l'ombre.

Seriez-vous sur une piste fraîche, mademoiselle Hammond?

Je trempe ensuite mes lèvres dans le breuvage et la remercie d'un air appréciateur.

Je ne sais toujours pas ce qu'il veut, ce qu'il cherche même si sa phrase me satisfait, ou peut-être pas. Un peu moins de sensuel, un peu plus d'exotisme. Je suis contente si cela signifie qu'il ne veut pas m'amener vers cette pente glissante, mais je ne le suis pas parce que ça voudrait dire que je ne pourrais le prendre en flagrant délit s'il est de ce genre de criminel. Si ? Je le décrète coupable avant d'avoir la moindre preuve, voilà qui n'est pas bien digne.
Vigilance constante. Mais quand même.

" Mais oui, vous connaissez mon Père ! Je me souviens de vous maintenant, quand j'étais jeune, vous êtes passé plusieurs fois à la maison. "

Je ne doute pas cependant qu'ils ne sont pas amis, dernièrement Automates et Mentalistes ne font guère bon ménage.
Tout ça est amusant, très amusant. J'y prends goût, est-ce mal ? Peut-être que j'aurais dû devenir mentaliste tout compte fait, j'aurais fait un meilleur usage de mon cerveau. Parce qu'un bon NOD ne réfléchit pas et que je réalise que je fais plein de raccourci dans ma tête. Tête de coupable = coupable. Coupable, coupable, coupable, mort, mort, mort. J'accuse mon frère, j'accuse Erek et j'attends qu'ils dérapent sous mon nez, alors que je devrais plutôt enquêter, comme si ça allait me tomber du ciel hein.
Si je me débrouille bien je pourrais prendre du grade à la NOD, devenir détective, sergent, utiliser mon cerveau pour traquer les traitres d'en haut et d'en bas, pas seulement arrêté les contrevenants du plaisir comme maintenant. Bien que je sois allée un peu au delà de mes fonctions en suivant Mr Daland et que je n'ai pas encore arrêté grand monde, sauf pendant ma formation, lors d'un stage. J'avais choppé un homme et une femme en pleine sauvagerie dans une ruelle. Je les ai tué tous les deux, immédiatement. Ça avait été beaucoup apprécié par mes supérieurs.
Et lui, Erek Torkef est tout à fait le genre d'homme qui pourrait m'y aider. Pouvoir. Encore faut-il avoir du pouvoir sur lui. Rien de facile. Mais heureuse rencontre.
Je dois chercher dans les leçons de mon Père, tout ça il nous a appris.

Je m'appuie sur le mini dossier de son tabouret pour me rapprocher de lui à nouveau, et murmurer à l’abri des oreilles indiscrètes, mon attitude peut sembler très suggestive, mais bien évidemment je ne pense pas à mal, je ne suis pas dans ce genre de considération.

" Oui bien sûr, je sais que le peuple a besoin d'être rassuré. Je suis sur une piste, réelle, mais pas fraîche malheureusement. Quelqu'un de déjà connu par les services. "

Tous les tracas de mon rêve et du début de soirée ont complètement disparu de mes pensées actuelles alors que je fais glisser le liquide ambré dans ma gorge en souriant, bien malgré moi.

Hmm. Elle se souvient maintenant. Et moi aussi, la jeune fille sage toujours à l'écoute de son père adoré. Je me souviens oui. Elle a changé. Et sacrément pris en beauté également, svelte avec une belle musculature, pour autant que je puisse en juger.

J'ai l'impression de voir son cerveau fonctionner à toute vitesse. Quelque chose dans ses yeux, une réflexion intense. J'ai appris depuis longtemps à déceler les signes.
Elle joue, prends des risques, et s'amuse. Amusons-nous, petite chose!

Elle s'approche, se penche vers moi, murmure à mon oreille... Hummm, c'est tentant.
Je joue le jeu, penche ma tête vers sa bouche qui susurre des choses.. J'entrouvre même les lèvres d'où sort un magnifique soupir qui se veut être du soulagement.
Je lui répond du même ton enjôleur

Ohhhh... Je vois, hmmm, mais une piste est une piste après tout. J'en suis heureux. Savoir que des gens tels que vous mettent tout en oeuvre pour la sécurité de ce paradis qu'est Novlangue...

Et surtout qu'ils protègent ma position et mes privilèges!
Un sourire de loup et ma bouche revient à cet excellent whisky qu'elle m'a offert.
Je me rapproche encore plus, bougeant légèrement ma chaise vers elle, un peu plus et je la frôle.

Et... vous savez où suivre votre piste? Si jamais, j'ai quelques contacts, je peux pourrais peut-être vous donner quelques informations précieuses... Vous n'imaginez tout ce qu'on peut apprendre quand on est dans ma position...

Un sourire narquois et la pointe de ma langue qui vient humidifier mes lèvres avant de retourner se cacher.

Il se rapproche, je suis un peu mal à l'aise mais je tente de ne pas le montrer, je garde la même attitude, le même regard envers lui, le même sourire, je bois une gorgée de whisky s'il le faut, oh oui, l'alcool aide bien à semer la gène.

Si j'imagine ? J'imagine trop bien même. Tout le reste est bien sans intérêt, mielleux, mensonger même, je pensais qu'en lui chuchotant, il serait plus direct, plus sincère mais il persévère avec son baratin de discours pour orthodoxe. Il va falloir continuer, afin d'obtenir quelque chose... Mais en échange de quoi ? Je repense à mon père. " Ces gens là ne t'aideront pas gratuitement, tout se paye dans le monde du pouvoir, mais également, tout s'achète. " Qu'est ce que je pouvais être fan de lui à cette époque. C'était avant que sa présence se fasse de plus en plus rare... pour le pouvoir.
Je regarde sa langue faire le tour de ses lèvres, c'est fait exprès non ? Pour m'obliger à regarder ses lèvres ? J'ai envie de rire, c'est tellement pathétique. Je repense à mon rêve, je rougis, je bois une gorgée. Et merde, il va croire que je rougis pour lui... Mais ses lèvres d'homme mûr... Burk, vraiment. Reprends-toi, parle. Je murmure à son oreille à nouveau, des informations qui se doivent de rester entre nous.

" Non, je ne sais pas, j'ai juste une description, quelqu'un de connu, mais aucune piste pour le retrouver. Vous sauriez m'aider ? "

Contre quoi ?
Et puis tout est flou, les sons plus forts, je suis saoule, moi qui croyais que l'alcool s'était un peu dissipée, le calme avant la tempête, mais je sais encore ce que je fais, à peu près. Je ne peux juste plus rien cacher, et j'ai des envies subites, sans parler de mes sens qui font n'importe quoi. J'avais envie de rire, et bien voilà, je ris, franchement, un beau rire cristallin, à pleine dent. J'ai presque l'air aux anges, mais ça c'est l'alcool. La serveuse me jette un regard mauvais.
Tiens, je t'ai piqué quelque chose peut-être ? Je serais curieuse de savoir ce que lui et toi peuvent faire ensemble les autres soirs...

Elle bois, elle rougis... elle commence à montrer les signes que l'alcool peu à peu envahit sa conscience et l'empêche de raisonner correctement.
Je souris, ma petite proie se prend à son propre piège...

C'est un cercle vicieux, elle boit encore plus pour cacher sa gêne d'être déjà un peu saoùle.
Hmm n'exagérons pas, si je veux en tirer quelque chose, il ne faudra rien lui resservir, elle en a déjà assez.

Oui, bien sûr, je peux t'aider... j'en serais heureux même!

Un joli sourire et un regard de serpent qui envoûte. Je suis passé au tutoiement, c'est qu'on commence à être intime, et à parler affaires...

Si tu me donne la description, je verrais ce que je peux te trouver...
Ne t'inquiète pas, je ne te demande rien en échange... pour le moment. Peut-être plus tard...
Disons qu'il y a des dissidents dans vos rangs...

Je m'arrête là rien de trop précis. Je pense qu'elle comprend d'elle-même. Et je ne serais pas contre une ou deux têtes de mentalistes qui tomberaient.
Un sourire mauvais me vient à cette pensée, que je réprime assez vite pour me reconcentrer sur la demoiselle.

Je finis mon verre, mais je n'ai pas envie de me resservir. J'espère qu'il ne va pas nous commander un autre verre. D'ailleurs, il a bu autant que moi mais a l'air parfaitement maître de lui. Je suis jalouse.

M'aider ? En vrai je m'en fous, ce n'est pas ce que je veux savoir, ce que je cherche... Mais visiblement ça ne sera pas pour ce soir. Évidemment, que tu es sotte. Un homme comme lui sait parfaitement ce qu'il fait, bien sûr que tu ne découvrira pas ses vices aussi facilement, s'il en a... Mais je suis toujours sûre qu'il en a, c'est comme ça, c'est plus fort que moi. Au pire, je peux toujours apprendre en l'observant. Et prendre du galon grâce à lui ? Ça, ça serait dangereux.

Ah, voilà le prix ! Un prix qui me va très bien... il m'aiderait doublement, comment dire non ? Des dissidents chez les NOD, je n'en doute pas. Je souris encore, comme un agneau pris au piège et qui ne réalise rien du tout.

" Je déteste les dissidents. "

Puis je me repenche vers lui, la discrétion toujours, surtout pour cette fois, posant ensuite mon menton sur son épaule, un moment d'égarement, très court et je me remets vite sur mon siège. C'est fou comme c'est dur de se tenir droit.

" Un insurgé, homme mûr, barbu, cheveux poivre et sel et un œil bandé... Vous avez déjà dû entendre parler de lui j'imagine. La NOD serait tellement contente de mettre la main dessus. Alors, vous pouvez m'aider ? "


Mince, j'ai parlé de NOD ?

Elle sourit, elle s'enfonce dans les vapeurs de l'alcool comme dans un marécage... Et moi, je suis là à la regarder, à m'en amuser... Peut-être en ferais-je mon casse-croûte plus tard, mais pour l'instant, j'aime notre petit jeu.

Je ressens sa hargne dans les paroles. Détester... elle semble prendre son rôle au sérieux. Bien, c'est bien ce que nous attendons des suppôts du gouvernements, nous les Automates. Un soutien sans faille, des fervents croyants de la Loi pour que la populace fasse de même. Parfait!

Je me penche et écoute sa description...elle pose son menton sur mon épaule. Je souris, tourne un peu la tête au point que sa bouche qui susurre se trouve presque contre ma joue voire les commissures de mes lèvres... sans toutefois aller plus loin, juste pour voir si...

Ho oui, je crois que je vois de qui vous parlez...

Tiens, NOD... Voilà qui change à peine la donne. C'est donc la "dissidente" de la portée Hammond, celle qui a changé de voie.. Intéressant, vraiment.
Ma voix n'est plus qu'un souffle

Un certain Guinea si je ne m'abuse... un insurgé très connu, très habile aussi. Nos services ont du mal à le traquer, il fréquente assidûment le Mirail 31... il fait d'ailleurs un peu office de chef dans le secteur.. Peut-être pourriez-vous utiliser une taupe pour les infiltrer... Je pense que c'est là un des seuls moyens de l'approcher...

Je reste un peu songeur, assurément, une telle prise serait parfaite pour le gouvernement, mais également pour elle si elle souhaite monter en grade.
De ma main gauche, j'approche doucement d'elle et vient lui remettre une mèche de cheveux en place derrière son oreille...juste un doux contact qui me fais encore plus sourire.

Je suis dans un autre monde, je n'avais jamais autant bu, et bien je devrais le faire plus souvent. Tout cet oubli, tout ce bien-être, toute cette liberté. L'ivresse !

Je ris, je rougis, je souris, je ne dis même rien quand je frôle ses lèvres ou qu'il replace ma mèche du bout du doigt. Toute cette joie de vivre qui émane de moi est la seule chose qui compte.

" Une taupe ? Vous me dites ça parce que vous en avez déjà une ? Sinon je n'ai personne à envoyer à par moi-même, ou mon coéquipier. Encore faut-il que quelqu'un nous en donne l'ordre. "

Pour parler de tout ça je m'approche de son oreille, comme à chaque fois, m'appuyant toujours sur le dossier de sa chaise. Mais je me redresse toujours pour rétablir une distance de sécurité, je le regarde et me mordille la lèvre, juste parce que je me sens bête.

" J'ai envie de danser "

C'est sortie tout seul, en regardant dans la vide, parce que la musique est entrainante. Ou que cette chaise haute ne peut plus contenir ma liesse et qu'elle bouge tellement que je veux en descendre. D'ailleurs, je n'y suis plus, j'ai sauté. Bien sur mes pieds. Liberté ! Et ensuite ?

Ca y est! Je le sens ce moment, ce moment où elle perd le contrôle, où elle lâche prise et laisse les effets joyeux de l'alcool envahir ses sens et guider ses réactions.
Je soupire d'aise. Ce que j'aime voir ça.

Elle se penche toujours, un peu trop, se redresse, se met à rire, et me chuchote encore dans le creux de l'oreille.
Hmmm, en voilà une idée intéressante....
Je ne répond pas de suite, je prends mon temps, je l'observe.
Elle en aurait les capacités je pense, elle semble aventureuse...
... et si joyeuse en cet instant, si heureuse.

La voilà qui se lève et souhaite danser.
J'en hausse un sourcil de surprise.
Avec un grand sourire je me lève à mon tour et lui offre ma main comme un vrai gentleman.
Dès qu'elle l'a prise, je la guide jusqu'à un espace dégagé, et improvise une danse pour elle. Pas trop lentement ni trop vite, je commence à tourner avec elle sur la piste, ma main droite qui nous guide et ma gauche dans son dos..

Tournoyants ensemble, je souris et continue notre conversation.

Je n'ai personne en particulier de prêt pour cette mission. Mais je pourrais vous en donner l'ordre, si vous le souhaitez bien sûr. Je ne veux en rien vous forcer... Mais nul doute que cela vous doterais d'une immense renommée en cas de réussite...

Mon regard de braise se cale dans le sien.

[HRP : faut remettre la musique]

Je prends sa main, je tourne, nous tournons. Sa main dans mon dos, me tient, et il vaut mieux.
De plus en plus vite comme sur un tourniquet. Et moi je suis le piquet du tourniquet, toute raide ? Non pour une fois je suis un peu lâche, détendue, je bouge mieux que je ne l'aurais cru. Je n'écrase pas de pied, juste ça tourne. J'aimerais avoir une jupe qui tourne avec moi, mais elle n'est pas assez longue. Elle ne tourne pas, mais ça tourne.
Tellement vite que le monde se transforme en une succession de lignes colorées. Tourne, tourne. Si vite ? Non, ça, c'est l'alcool surement. Mais c'est beau. Et au milieu il y a ce visage immobile, impassible, ces yeux profonds. Je les fixe parce que sinon je vais me noyer dans la couleur. C'est trop impressionniste tout ça. Comment peut on marcher sur des points de couleurs qui dessinent un sol en vague ?

" C'est exactement ce que je veux ! "

Ma tête part en arrière, vissée vers le ciel, le ciel de couleurs, tout bouge avec les lumières, la musique. Et ça tourne, tourne, tourne. Sa main dans mon dos qui me retient, me presse, me serre contre lui, je crois, je n'en sais rien. Et puis, je me sens creuse, j'ai froid au dents, je frissonne, mon estomac remonte, balayant mon cœur et mes poumons...

Je cours, la porte, l'air frais.

Je vomis.

Et puis assise contre un mur, un peu plus loin, je rougis, morte de honte, un sale goût dans la gorge. L'alcool est retombé. Quelle conne.

Nous dansons, cela fait longtemps que je n'ai pas dansé. J'y prend presque plaisir... Non, j'y prend vraiment plaisir en fait, et à cette pensée un grand sourire me vient. Haaaa que c'est bon!

Je m'emballe et je vais de plus en plus vite. Elle tourne, elle me fixe aussi, nos regards s'accrochent et dansent ensembles. Elle sourit, moi aussi. Je sens comme une étincelle de bonheur se peindre sur ses traits, l'alcool nous apporte tant...

J’acquiesce quand elle exprime son souhait le plus cher. Son désir sera exhaussé, puisqu'il convient à mes intérêts également, la vie n'est-elle pas belle?

Soudain elle change de tête, fait une légère grimace et se détourne en courant vers la sortie.
Je lève un instant les yeux au plafond.
Ha ces femmes! Elles veulent toutes le pouvoir mais n'ont jamais l'estomac assez solide.
Question de constitution, faut bien qu'elles l'admettent!
Pragmatique, je retourne boire un verre de champagne.

Après quelques minutes, je me décide quand même à voir si elle va bien. Faudrait pas la perdre, maintenant que j'ai ma taupe.
Mais avant, je fais une demande, un peu particulière à la serveuse. Elle fait d'abord ses grands yeux mais me rapporte tout de même quelques minutes plus tard un verre avec un breuvage d'une jolie couleur violette.
Je me saisit du verre et vais en direction de là où elle est sortie.

Je la trouve un peu dépitée, assise contre un mur. Je me compose un regard contrit

J'ai peur de vous avoir trop offert à boire... Tenez, promis, il n'y a rien que des fruits frais dedans.

Je lui tend le verre. Je ne mens pas pour une fois, mais j'omet de lui dire que le mélange se compose de banane, de myrtille, de chou agrémenté d'un filet de jus de citron... J'ai déjà eu l'occasion de tester, ça marche, même si le goût n'est pas des plus agréables.

Ne vous inquiétez pas, cela ne change rien à ma proposition. Dès demain je rédigerais un ordre de mission qui atterrira au bureau NOD.

Un sourire engageant, pour qu'elle ait confiance.

Je remarque vite qu'il ne m'a pas suivit, je me dis tant mieux, et puis peut-être qu'il a changé finalement... le classique j'ai trop bu, je suis super heureuse, je vomis, et tout va maaaaaal... En chouinant sur la fin.

Mais il fini par venir et je me redresse un peu attrapant son breuvage que je sens avant de boire. Jolie couleurs, mais le goût est infecte, je ne peux m'empêcher de grimacer. Il a l'air de connaître, ça doit être LE truc pour se sentir mieux après l'ivresse. Mais rien que des fruits frais... Avoue que y'a des légumes là dedans ! Et qui aime les légumes franchement ?

" C'est pour quoi faire exactement ce genre de mélange ? "

Je le finis quand même, il a l'air d'y tenir. Et me relève prudemment.

" Merci, j'attendrais que l'ordre me parvienne. "

Je jette un œil inquiet à la rue et au ciel.

" Je... je crois que je vais rentrer maintenant. "

Elle se ressaisit et accepte même de boire le liquide à l'odeur douteuse. Rien que du bon pourtant! Enfin, bon pour la santé quoi, pas forcément pour le palet!
Je la vois grimacer et réprimer un léger rire avant de répondre.

Ca aide à nettoyer l'intérieur et à dissiper les derniers effets de l'alcool. Testé et approuvé!

C'est qu'elle me plait bien la petite, elle me met de bonne humeur, ça m'arrive pas souvent! J'espère qu'elle a les reins solides pour la mission qui va lui être confiée. Mais je pense qu'elle en est capable.

Elle veut rentrer maintenant, c'était prévisible. Après le dur retour à la réalité, on n'aspire en général qu'à laisser l'organisme se reposer. Ha ces femmes... Qu'elle se repose oui, du travail l'attendra dès demain, et je ne compte pas tarder.

Permettez-moi de vous raccompagnez, je ne voudrais pas qu'il vous arrive malheur sur le chemin du retour... Mon chauffeur nous attend avec la voiture au coin de la rue.

Je suis un vrai gentleman ce soir, mais je veux protéger mon investissement, c'est normal.

C'est vrai que je me sens mieux, et curieusement, je n'ai plus un coup dégueulasse au fond de la gorge.

" Merci pour la boisson. "

Et oui, il ne faudrait pas que je me sentes mal demain. J'aurais à faire. A commencer par retrouver Swann...
J’étudie sa proposition. Comment refuser, il a été si gentil, en plus ça a l'avantage d'être gratuit parce que je n'ai pas envie de rentrer à pied ou en tram.

" Je veux bien oui, avec plaisir ! "

Avec plaisir ? Oh, façon de parler sans doute. Il ne m'en tiendra pas rigueur, j'espère. Nous avançons vers sa voiture... un vrai palace. Je rougis un peu en montant la première, m'asseyant à mes aises. Et bien ! Jaden, sa voiture à côté de ça, c'est rien du tout.

Je suis satisfait qu'elle accepte mon offre. Le plaisir. Je sourit, c'est la formule qui veut ça, et comme j'en prend en ce moment même avec elle, je ne lui dirait rien. Il est dur de cerner si les non pucés contreviennent effectivement ou pas à la Loi du non-plaisir. Quand cela m'arrange, je les laisse faire, sinon, je les fais arrêter...
Quelle que soit son penchant, pour le moment, je compte bien me servir d'elle.

J'ouvre la portière d'un geste élégant et l'invite à rentrer. Je souris de sa surprise et des yeux écarquillés qui trahissent son étonnement au luxe dont je peux me permettre.
Une belle banquette confortable à l'arrière, un mini bar...
Prenant place à coté d'elle, je lui dit d'un ton assez bas

Je ne vais plus rien vous proposer à boire ce soir... votre estomac doit avoir besoin de repos..

Soudain mon téléphone se met à retentir. Je le sors de la poche de ma veste et décroche.

Oui?.... Quoi?? Non! .... Non attends, ne fait.... Arrêtes tes conner...
Merde!

Elle m'a raccroché au nez cette conne! Ma colère se lit sur mon visage fermé, mes sourcils froncés et ma bouche qui se plisse. Je réfléchit à toute allure. Je ne peux pas laisser un tel investissement partir en fumée comme ça.

Je rappuis d'un air décidé sur une touche du téléphone et déclare

Déclenchez l'opération Sirène... Oui, dans la rue de l'Obéissance... En douceur hein... Observez, tenez-moi au courant, n'agissez que si nécessaire, et amenez une équipe de nettoyage au cas où.

Je raccroche, j'ai fait ce que je devais.. Je me retourne vers mon invitée, le visage un peu plus serein.

Veuillez m'excuser, une affaire urgente... mais je vous raccompagne comme promis, c'est sur ma route.

Le chauffeur gère bien sa route et nous arrivons rapidement devant la centrale NOD.

Pendant qu'il est au téléphone, je consulte ma montre multi-fonction qui remplace mon brassard quand je suis en civile. Je l'avais mise sur silencieux et je vois que j'ai plein de messages. Je lis, je grimace. Gros soucis à la prison, on m'a convoqué mais je n'ai rien vu. Demain, ça va être ma fête.
Heureusement que j'ai fait cette rencontre, quoique quand il parle comme ça, il me fait peur. On dirait mon père.

C'est plus fort que moi en fait. Le pouvoir, le luxe. J'ai grandit dedans, ça m'attire. Sa voiture, je l'adore, je n'ai pas envie d'en sortir. Propre, moelleuse et probablement tout un tas de choses à explorer. Celle de Père est un peu comme ça, j'adorais jouer dedans. Et je repense à ce que disait Swann, sur ce qu'on devient après avoir été NOD... J'aspire à un avenir plus glorieux que ça. Et ça, Erek peut me le donner.
Mais il n'est pas gentil, je ne dois pas me laisser, lui faire confiance, il est intéressé et pour le moment le prix me convient. Voilà.

Je me le répète plein de fois jusqu'à ce que ça rentre.

" Immeuble 5500 s'il-vous-plait. "

J'attends, on y est presque. Ces voitures sont bien faites, je vais être obligée d'attendre qu'il descende pour descendre à mon tour et le lui dire au revoir. J'ai hâte même si j'aime sa voiture, je veux être sous ma douche, bien chaude puis dans mon lit, me recroqueviller dans les draps. Je ne dis rien sur son coup de fil, j'attends.

Le chauffeur a entendu et fait rouler la voiture au pas jusqu'à s'arrêter devant son appartement.
Je reste dans mon mutisme pensif, cette nouvelle affaire urgente ne concerne pas ma petite espionne en herbe.
Je lui souris quand même, ça serait dommage de gâcher la fin de soirée pour ça.

J'ouvre la portière et sors dans l'air frais du soir. Gentleman jusqu'au bout, je tend ma main pour l'aider à sortir. C'est que je commence à prendre mon rôle très au sérieux et que j'y prend plaisir. Hmmm oui, grand plaisir!

He bien, je vais vous souhaitez une excellente nuit. Reposez-vous bien! Un ordre de mission vous attendra demain. N'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de quelque chose de particulier.

Je lui tend en même temps une petite carte avec un numéro. Elle pourra me joindre ainsi à tout moment. Cela peut paraître étrange à l'ère du tout numérique, mais ce petit papier sera plus discret qu'une puce électronique qu'on peut facilement tracer de nos jours.

Un dernier sourire, j'attendrais d'être sûr qu'elle soit bien rentrée avant de repartir régler le problème avec mon investissement...

La voiture s'arrête, il me sourit et je lui rends parce que je suis polie. Comme prévu il sort en premier, tendant alors sa main comme un vrai gentleman. Ce serait vraiment malpolie de ne pas la prendre.
Mais amusant, un reste d'alcool peut-être. Et aussi parce que ça serait vraiment mal vu d'être vue aussi proche d'un homme. Enfin, je n'ai pas envie de le toucher, je n'ai jamais envie de toucher personne, trop d'intimité pour moi, et trop de possible saletés, bactéries, champignons, même sur la main d'un homme comme lui, aussi classe et bien habillé. Alors je ne prends pas sa main et lui souris une fois dehors.

Il me donne une carte, je la regarde puis la range et me reporte sur lui.

" Merci Mons... Erek. J'ai passé une très agréable soirée, et très intéressante. Je ne doute pas que nous nous recroiserons. Je vous souhaite une bonne nuit. "

Un dernier sourire et je lui tourne le dos, quelques pas et je compose le code pour entrer dans le bâtiment et me dirige vers l’ascenseur. Une douche bien chaude et au lit.

Et demain, direction la centrale.

Elle refuse mon geste. Elle refuse, sort de la voiture et me gratifie d'un sourire ironique. Un instant la colère pointe et je serre les dents. Et d'un coup, elle retombe et c'est un rire qui sort de ma bouche, un vrai, un rire surpris et amusé.
Elle a du caractère la petite. Elle me confirme ainsi qu'elle est digne de la mission que je lui propose.

Je la regarde rentrer dans son immeuble, puis revient dans la voiture.

Direction les quartiers Orthodoxes.

je pianote sur mon portable et rappelle mes sbires.

Oui, comment ça se présente?... quoi, elle veut QUOI?? ... Hmmm.... Bien, faîtes ce qu'elle vous demandera. Oui tout! ... Mais surtout, ramenez-là à la planque Grotte 2, quartier Orthodoxe. Je vous y attendrais...

Je raccroche d'un air pensif, la nuit sera encore longue...