...

Le cyborg avait commencé par la salle de bain. Chaque élément était rangé à sa place. Il n'y avait pas de trousse de toilette ni aucun autre objet indiquant que la pièce avait été occupée. Revenant dans la chambre, il entendit un mouvement proche, dans la chambre. La voix métallique s'éleva, mais moins audible que les fois précédentes


De retour dans la pièce principale de la suite qu'il balaya rapidement du regard, le cyborg ne repéra aucun intrus. N'étant pas en danger, il continua sa fouille en commençant par la table de nuit. Elle était vide, de toute information. Le résultat fut le même pour le frigo et le mini bar. Ceux ci contenaient les aliments standards, et donc en partie illégaux. Mais la priorité de Quatorze était de trouver les raisons de sa présence ici, et des indices sur ce qu'il était en train de se passer. Il passa donc au dernier endroit non inspecté, le placard. En ouvrant la porte, il dut se décaler sur le côté pour ne pas se faire renverser par deux personnes qui déboulèrent avant de s'écraser près du lit.


"-Heu... Bonjour ? Lança l'un des deux inconnus. D'une voix neutre, le cybrog répondit:
-Selon les informations en ma possession, "bonsoir" serait plus exact. Bonsoir, je suis Quatorze et ne suis hostile en rien. La raison de ma présence en ces lieux m'échappe, auriez vous des données que je n'ai pas?"

La jeune femme semblait moins confiante que le jeune homme. Son attitude laissait paraître une certaine méfiance ainsi que de la nervosité. Elle lui répondit néanmoins:

"-On sort d'un placard mon gars, et on a aucune idée de comment on y est arrivés, alors non, pas de données supplémentaires par ici."

Ne disposant d'une information et ne trahissant aucun signe de mensonge, les deux individus ne furent donc pas catalogués comme des ennemis, du moins pour l'instant.
La femelle se calma rapidement et fit asseoir son compagnon d'infortune sur le lit tout en posant une question au cyborg:

"-Quatorze, c'est pas un nom ça, tu sors d'où?

Comme a chaque fois qu'on lui posait à une question, le Quatorze dut l'analyser et préparer sa réponse.


-Mon identité est définie comme Quatorze. N'ayant pas été identifiés comme membres de la police des pensées, vous ne disposez pas des autorisations nécessaires pour obtenir plus d'informations."

Si le Cyborg avait pu se poser des questions, il se serait demandé pourquoi les deux individus restaient si méfiants alors qu'ils étaient apparemment en règle. On peut supposer que cette questions aurait du être posée lors de la suite des événements si le protocole avait été respecté, mais le module S.U.R.V.I.E. avait classé les deux étrangers dans la catégorie des "alliés temporaires". Il y eu donc un changement de directives:


-Jeune homme, votre santé semble altérée. Auriez vous besoin de quelconques soins? Si vous avez besoin de repos faites le savoir. Pour m'a part j'aimerais solliciter votre aide pour récolter des informations et sortir d'ici en v... v. vie."

"Vie". Un mot que le cyborg n'avait jamais utilisé à propos de lui. Une multitude d'analyses et de calculs se lancèrent en parallèle de son applications principale pour approfondir le sujet. Mais cela les deux autres n'en sauraient probablement jamais rien.

La douleur lancinante. Il ferme les yeux, fronce les sourcils aussi fort que possible, vieux réflexe qui n'a pourtant jamais fait partir ses migraines...

*Tu sais que Miki a raison de s'inquiéter, il est pas normal ce type, il parle comme un distributeur automatique... Et puis je suis pas tranquille, il parle des NOD... M'étonnerais pas qu'il trempe avec eux... Il va falloir être beaucoup plus méfiant que ça Mike... C'est bien gentil de penser qu'il est pas hostile, mais si ça se trouve il attends juste le bon moment pour nous dézinguer...*
*ça suffit !!!!!*
Il pouvait bien supporter la migraine seule, mais certainement pas les questionnements incessants en plus...
*Qu'est ce qu'il y a ???*
Il tend la main vers Miki et la secoue pour lui faire comprendre que ce n'est rien.
*T'inquiète pas... ça va aller... Juste...*
*Oui, c'est encore pire que d'habitude j'ai l'impression...*
*Oui*
Langage muet, ils n'échangent même pas un regard. Et l'autre type qui reste stoïque.
*C'est clair... On le foutrait dans un épisode de Fringe qu'il se poserait pas plus de question celui-là...*
*De quoi ?*
*Oh rien, des histoires anciennes...*
Il n'a pas le temps de pousser plus loin la réflexion que l'autre reprend de plus belle.

-Jeune homme, votre santé semble altérée. Auriez vous besoin de quelconques soins? Si vous avez besoin de repos faites le savoir. Pour m'a part j'aimerais solliciter votre aide pour récolter des informations et sortir d'ici en v... v. vie."

Mike rouvre les yeux et le fixe l'air hagard... En vie ? Il n'était même pas sûr d'être encore en vie... Il avait plutôt l'air d'être mort, ou alors vivant, peut-être, mais en plein cauchemar.

-Ça ira pour moi. Ça commence déjà à passer. Mais vous avez raison, il faut sortir d'ici... Ou au moins savoir ce qu'on y fait... On débute par quoi ?

Par quoi débuter? En voilà une bonne question. Si Quatorze avait réfléchi à toutes les possibilités de scénarii pour établir le moins dangereux pour leur sécurité à tous les trois, il n'aurait pu le faire en moins de 14 secondes. Aaaaah, ces supercalculateurs "portables" ne valent décidément pas ceux qui sont disponibles dans les quartiers généraux de la police des pensées. Mais cela n'a pas vraiment d'importance, vu qu'un événement improbable se produisit:


Le cyborg allait dégainer lorsque tout revint à la normale, et il ne bougea donc presque pas. Quelques dixièmes de secondes plus tard, son terminal afficha un nouveau texte:


En face du cyborg, l'horloge accrochée au dessus du lit indiquait à présent 19 heures. Il modifia donc l'heure de son horloge interne pour être en phase avec son environnement. Il analysa ensuite les éléments durant quelques secondes, immobiles. Lorsqu'il eu terminé son analyse, il commença brusquement le discours qu'il venait de préparer, ne s'arrêtant même pas pour reprendre son souffle mécanique.

"-Veuillez m'excuser. Je devais reconsidérer mon jugement. L'horloge derrière vous indique qu'il est 19 heures. Les lieux semblent sûrs, et j'ai établi avant votre apparition que nous sommes dans le Grand Hôtel du quartier de Chinatown.
Nous sommes donc dans un hôtel de luxe à 19 heures. De plus, vous avez besoin de vous nourrir pour survivre. Que dites vous du restaurant comme destination?"

La main sur son front, puis la main dans la sienne, elle est la, elle le touche par ce qu'il aime bien ça, et que même si ça n'enlève pas la douleur il sait qu'elle est la, qu'elle reste la, avec lui, pour lui. Qu'elle va attendre a coté de lui en ouvrant son esprit en silence pour lui faire un havre ou se réfugier quand ça fait trop mal.

Le matin puis la nuit, en une seconde, comme un flash lumineux qui passerait a travers la fenêtre, elle n'a pas rêvé, le temps d'un battement de cœur ou deux la journée entière a défilé derrière les vitres, c'est une autre partie de son esprit qui remarque ça, la partie qui n'est pas restée fixée sur le visage qui s'impose a elle, qui la fixe, intensément … elle ou Mike?
*C'était quoi?*
Il ne sait pas, il a vu le visage, comme si ça suffisait pas d'avoir mal a la tête voilà maintenant que des andouilles s'amusent a lui envoyer des flashs dans les yeux. Oui, sauf qu'il avait les yeux fermés, il avait les yeux fermés avec la main posée dessus, ça duré une seconde mais il a quand même vu la femme, son visage est imprimé a l'intérieur de ses paupières. Est ce qu'il l'a vue par ce que sa sœur l'a vue, ou la femme s'est-elle simplement imposée dans son esprit sans demander la permission?
*Mais ou est-ce qu'on est tombés bordel?*
Il secoue la tête, il ne sait pas. Elle non plus, ça l'inquiète, elle n'aime pas ça, trop d'inconnues, trop de choses qu'elle ne maitrise pas et rien n'indique que ça va s'arranger. Elle voudrait se tirer d'ici, retourner a la planque, comprendre est accessoire, la sécurité d'abord, si il y a une explication a ce truc ils pourraient toujours la chercher plus tard.

Quatorze se rappelle a elle, il a esquissé un mouvement, infime, mais elle l'a sentit quand même, il l'a vue aussi?
*Je dispose pas des autorisations nécessaires et je suis pas un NOD* les paroles de l'étranger tournent dans sa tête, hou que ça pue, il n'a rien dit clairement, mais quand même suffisamment pour qu'elle décide de le garder a l'œil.
Ah il ouvre la bouche, il veut quoi maintenant?

-Veuillez m'excuser. Je devais reconsidérer mon jugement. L'horloge derrière vous indique qu'il est 19 heures. Les lieux semblent sûrs, et j'ai établi avant votre apparition que nous sommes dans le Grand Hôtel du quartier de Chinatown.
Nous sommes donc dans un hôtel de luxe à 19 heures. De plus, vous avez besoin de vous nourrir pour survivre. Que dites vous du restaurant comme destination?

-Comment tu sais ça toi? Demande-t-elle a quatorze en se levant, ignorant royalement la proposition, pourtant alléchante, de trouver quelque chose a manger, dans un restaurant en plus, comme si ils avaient le fric pour s'offrir ce genre de choses. Elle va a la fenêtre, il fait toujours nuit et elle ne voit pas grand chose dehors, elle essaie d'ouvrir, rien a faire, la poignée est coincée, elle veut casser la vitre et cherche quelque chose de suffisamment solide.
*Te fatigues pas, le verre est surement renforcé*
*J'veux sortir* elle dit en s'approchant de la lampe de chevet pour en évaluer la solidité.
*Essaie la porte* il dit en rigolant a moitié. Elle lui tire la langue mentalement, ça le fait sourire. Elle veut pas sortir par la porte, il le sait, elle veut se tirer de l'hôtel tout court en descendant la façade si il faut. L'idée de parcourir un lieu inconnu sans même avoir une idée du plan d'ensemble elle aime pas ça.
Elle voit un rectangle de plastique posé sur la table de nuit. Le truc qu'on accroche a la porte avec écrit « ne pas déranger »
-Okay laisse tomber, elle dit au cyborg qui avait commencé les explications. Elle lui met le morceau de plastique dans les mains, en dessous du traditionnel « ne pas déranger » il y a un logo énorme et doré, celui du grand hôtel, le même que sur la façade.
*Bon en fait il me donne faim a parler de nourriture lui. j'ai la dalle, et je veux me tirer d'ici, on trouve a manger et on se casse okay?*
Mike approuve, il a pas l'air complètement convaincu, mais la tout de suite il est d'accord avec a peu prés tout.
-Bon, proposition acceptée, on va au resto, on aura qu'a partir en courant avant qu'ils nous présentent la facture. Elle ouvre la porte en grand. Après toi dit-elle a quatorze avec un petit geste de la main.

La femme semblait toujours méfiante. Elle demanda au cyborg comment il pouvait savoir "ça". Mais que pouvait signifier le mot "ça". Cela avait sans doute un rapport avec sa dernière réplique, mais il ne pouvait identifier lequel.
Il expliqua donc presque tout: Comment il avait exploré la pièce et pu identifier son emplacement grâce aux marques des essuies, comment il avait déduit que l'hôtel avait un restaurant, et qu'ils étaient des êtres humains ayant besoin de manger.

Tout en parlant, il ne la quitta pas des yeux. Elle semblait nerveuse, comme les insurgés qu'il avait pu observer dans les prisons de la police des pensées. En bien meilleure santé, mais tout aussi stressée. Elle l'interrompit et lui mit un objet dans les mains.
"-Bon, proposition acceptée, on va au resto, on aura qu'a partir en courant avant qu'ils nous présentent la facture. Après toi."

Il passa donc devant, et repéra les lieux. L'ascenseur se trouvait à leur droite de l'autre côté du couloir. Il allait prendre cette direction quand il entendit un bruit de vitre brisée droit devant lui, dans la chambre 212. Le cyborg dégaina son arme et la pointa vers la porte.


Chose surprenante, Quatorze n'obéit cette fois ci ni à son programme centrale ni au module de S.U.R.V.I.E. mais expliqua toute la situation aux jumeaux qui étaient maintenant dans le couloir, juste derrière lui.

"-Signes de vie détectés dans la chambre qui nous fait face, il y a eu un bruit de vitre brisée. Nous pouvons aller voir ou nous rendre au restaurant. La deuxième option serait plus prudente du au risque élevé de la présence d'ennemis dans pièce et la facilité d'y préparer une embuscade."

L'acensceur était à leur étage, et les portes étaient ouverte. La fuite était facile et l'affrontement dangereux. Mais le choix appartenait aux humains et non à une machine juste bonne à obéir.

Elle entre sans frapper, sans crier garde. Culottée ou transparente ?
Peu importe, elle vous salue, vous sourie et vous invite pour le repas du soir.

Vous n’aviez pas fait attention à l’heure ? C’est ballot.

20 heures dans le Restaurant de l'hôtel, soirée habillée.

Elle repart comme elle est arrivée.

Il y a eu l'absence totale de souvenir, le placard, l'autre, la migraine, conscience... Il y a eu le temps qui s'affole, cette fille, qui le regardait lui ou Miki, peu importait... Il y a eu les regards échangés pour se confirmer, se rassurer... Pour rien finalement, c'était encore pire... Il y a eu tout cela et bien plus encore... On approchait une forme de panique chez les jumeaux... Et il préférait se dire que tout ça n'était qu'une vaste plaisanterie... Au moins essayait-il de ne pas montrer ses inquiétudes...

*Si tu penses qu'on va crever ici, autant lui dire maintenant... Vous profiterez mieux des derniers instants...*
*Profiter ?*
*Ah bah oui évidemment c'est le genre de mot proscrit... Tu connais pas... Laisse tomber à mon avis t'auras pas le temps d'appliquer mes explications...*

Il secoue la tête. Miki a raison il faut sortir, avant qu'il ne devienne fou pour de bon... Rien ne va plus...
*Les jeux sont faits... Oui c'est le cas de le dire... Je nous imagine bien en pion là tout de suite...*

Pas le temps de réfléchir, le chiffre sur patte vient de dégainer...
*Quand je te disais que K2000 allait nous dézinguer à la première occasion... Ah non c'est pas pour nous...*

"-Signes de vie détectés dans la chambre qui nous fait face, il y a eu un bruit de vitre brisée. Nous pouvons aller voir ou nous rendre au restaurant. La deuxième option serait plus prudente du au risque élevé de la présence d'ennemis dans pièce et la facilité d'y préparer une embuscade."

*Mike... On peut rester sage pour une fois ? On est dans un hôtel... Et dans un hôtel, les gens font des tas de choses qu'ils ne font pas chez eux... Comme casser le matériel qui ne leur appartient pas et se tirer sans payer la note... Ils peuvent bien refaire toute la déco derrière cette porte, on s'en balance...*

C'est pas le temps de répondre cette fois, une employée débarque.

20 heures dans le Restaurant de l'hôtel, soirée habillée.

Miki lui fait des yeux tout ronds. On a pas compris la question... Soirée habillée ? Pourquoi c'est dévêtu habituellement ?
*Idiot... ça veut dire bien habillé... Genre pas sapés comme vous trois... Smoking, robe de soirée, quelque chose de mieux que trois bouts de tissus recousus.*
Il entends déjà le *on s'en fout* de Miki, hausse les épaules et tourne la tête vers Quatorze.
-Je crois qu'elle a répondu à la question... Il faut descendre...

D'ailleurs, la serveuse venait d'ouvrir la porte de l'autre chambre sous leur nez, sans être inquiétée plus que ça par une quelconque embuscade...

Sans que Quatorze détecte son arrivée, une jeune serveuse était arrivée, leur dit qu'il y a une soirée habillée à 20 heures au grand restaurant, avant d'entrer dans la chambre 212 puis d'en ressortir et de continuer son chemin comme si de rien était.

"-Je crois qu'elle a répondu à la question... Il faut descendre... "

Il avait facile l'humain là. Mais pour Quatorze c'était une toute autre affaire: Ses systèmes de détections avaient été mis en échec par une simple employée, et cette dernière les avait invité à une soirée. Une soirée ça voulait dire beaucoup de gens, donc de grandes chances de retrouver des amis... ou des ennemis.
Ça carburait sec dans la tête du cyborg, déjà 5 secondes qu'il analysait encore et encore les données en sa possession sans pouvoir prendre de décision. Il était dans une impasse et risquait la surchauffe. Mais sans qu'aucun ordre n'émane de son implant, il introduit sa main gauche dans l'une de ses poches et en ressorti une pièce. C'était à peine audible, mais le cyborg murmura:

"-Face on reste, pile on va au restaurant. Et si ça tombe sur la tranche j'les explose tous."

Sa voix était étrange. Toujours synthétique, mais différente... comme s'il y avait eu des émotions.
Avant même que la phrase soit finie, il lança la pièce. Trop fort, elle alla ricocher sur le plafond puis sur le mur avant de rouler sur le sol et de s'arrêter entre les pieds du cyborg: Pile.
La voix mécanique résonna alors:

"-S'en remettre au hasard n'est pas logique, mais lorsque qu'il n'y a pas de meilleur choix cela me semble acceptable. Allons donc au restaurant."
Quatorze n’ayant pas de conscience propre, il n’avait pu s’étonner de décider de son sort à pile ou face alors qu’il n’était qu’une machine. A la place il avait conclu que c’était un programme sous-jacent qui devait intervenir lors des situations qui ne pouvait être résolues de manières classique.
Il alla appeler l'ascenseur où il entra avec les deux insurgés. Direction le restaurant.