Ici, on parle à voix basse, les lumières sont tamisés à la limite de l'obscurité, et la musique aux allures de jazz vous échauffe les sens. Sur des estrades, des danseurs(euses) ondulent lentement entre les ombres afin d'éveiller vos appétits les plus inavouables. Un moment de détente ? Un flirt ? Ou encore une torride escapade loin des regards indiscrets ? Tout a été prévu pour les plaisirs interdits de la chair en ce lieu de perdition absolument exquis. Canapé, banquette pour deux ou plusieurs, ici, personne ne vous jugera, alors laissez faire votre imagination ...

J'espère que personne ne m'aura suivit depuis le bar. En tout cas, ici, je me sent moins épiée. Il fait assez sombre pour que je reste discrète même avec un bras en plus.

Mais on est où là ?
Lumière tamisée, musique jazz, danseuses en string... danseuses en string ?! Ok, j'ai atterri dans une boite de striptease. Bah au moins, ya plus de chance qu'on reluque les demoiselles sur scène que mon troisième bras.

Je vais m'installer là, dans ce coin où ya personne.
Confortable cette banquette... un peu trop confortable... quelque chose me dit qu'ici, on ne fait pas que regarder. Raison de plus pour être discrète.

Je me cale bien dans le coin gauche de la banquette, le deuxième bras gauche planqué contre l'accoudoir, le premier au dessus, et... et je sais pas, si on me voit, j'ai qu'à faire mine d'attendre quelqu'un ou d'être très occupée... occupée à quoi ? euh... je trouverais bien.
Voilà ! si quelqu'un approche, j'aurais qu'à lui dire que je me sent pas bien, que j'ai la nausée. Que je suis malade. Malade et contagieuse, tient, pourquoi pas. Si avec ça on ne me laisse pas tranquille... mais ya pas de raison. Tout le monde s'en fiche que ce soit là, je n'existe même pas.
Je suis invisible.
Mais oui, je suis dans un coin, il fait sombre, on ne me voit surement pas, et si on me voit, on s'en fout. Ya pas de quoi s'inquiéter.

J'aurais du embarquer un verre de la salle d'à côté. Ça m'aurait aidé à me détendre.

Voila des heures qu'il rôdait sans but entre les différentes attractions de l'événement, un événement que tous qualifiaient de grandiose ...
A la vérité, Zoltan s'y ennuyait quelque peu ...

Vagabondant, pour une fois, seul, sans ses gardes du corps qu'il avait préféré laisser à la maison pour une fois, il entra dans cet endroit chaud et mystérieux qu'était la Loge.
Quelques heures plus tôt, c'était sans le moindre problème qu'il avait passé les portes du parc grâce à l'invitation que lui avait fourni l'un de ses plus proches clients...

Lewis Clarke était un de ces Automates aux moeurs les plus légères ... et notamment franc partisan des Bacchanales, ces orgies qui pouvaient durer des jours, ces événements que Zoltan avait coutume d'organiser en secret le premier samedi de chaque mois ...

Lewis lui avait vendu le Carnival comme un événement à ne pas louper mais sitôt ce dernier lui avait il fait passé les portes, qu'il avait cherché à fuir son client, préférant ne pas trop attirer l'attention sur lui et disparaissant dans la foule compacte.

Il fut cependant assez satisfait de l'ambiance calme et reposante qu'il trouvait là dans la Loge ... Il pût notemment relever la douceur des femmes et l'exotisme d'une musique qu'il n'avait pas coutume de savourer ...
Il commanda un verre de Scotch avant de zigzaguer entre les tables ou les coussins où il pouvait à peine distinguer les formes de spectateurs, certains nus, d'autres non, se complaisant dans ce manque de visibilité pour quelques aventures fugaces ...

Il mit un moment à trouver une place libre ... enfin libre ... pas vraiment ...
Il put reconnaître une femme assise seul dans un coin sur une banquette. Ne pouvant pas clairement distinguer ses traits et ne pouvant pas déterminer si cette femme faisait partie de la sécurité ou des invités, il se calla sur la banquette d'en face, glissant à peine un : "Permettez ..." ne lui laissant cependant pas la possibilité pour elle de refuser ... se présentant à elle, à voix basse :

"Dean Davis, enchanté ..."

Phil entra dans la Loge et chercha immédiatement un endroit libre. Quelle idée brillante il avait eu de faire installer ce coin, les endroits isolés où il ne serait pas interpellé ne manquaient pas, et il s'installa à sur une petite banquette avec table, dans un coin. Il ferma les yeux et bascula la tête en arrière, écoutant simplement la musique, essayant de se souvenir de son solfège pour reconnaitre chaque note. Il but une gorgée et laissa son esprit vagabonder quelques minutes. Depuis combien de temps d'ailleurs, il n'avait pas touché à sa guitare basse ? Cinq ans ? Dix ? Elle qui ne devait d'ailleurs plus existé, avait fini dans un placard, avec les autres souvenirs de "jeunesse" de Phil. Une fois la trentaine atteinte, il avait fait un grand ménage de sa vie et ranger tout ce qui faisait ses vingt ans, ne les reniant pas pour autant ; c'était juste un besoin de passer à autre chose, à un autre palier. Ayant désormais trente-sept ans, cela devait faire entre cinq et sept ans qu'il n'avait donc plus joué de musique. Il faudrait qu'il se fasse une petite impro' avec Henry, un jour, quand ils auraient le temps, histoire de se rappeler le bon vieux temps, quand ils étaient dans les années 2030.

Voila, il se détendait enfin et pensait à autre chose. Il décida de rester un bon quart d'heure, confortablement assis, sirotant son verre et attendant.

Il fallait que ça m'arrive à moi.
Ya pas assez de place dans la pièce pour qu'il vienne se planter là devant moi ?!
Bon pas d'panique, pas d'panique.
Il veut juste discuter un peu, c'est pas la mer à boire.
Alors on lâche cet air de constipée, on lui fait un ptit sourire, un ptit coucou de la main droite -euh non, ça c'était crétin, le ptit coucou, tant pis, trop tard- et on écrase bien son deuxième bras gauche dans l'accoudoir, la main planquer contre la cuisse, presque en dessous et l'autre main gauche par dessus, posée sur le côté de la cuisse. Comme ça, s'il arrive à voir quelque chose, c'est vraiment qu'il cherche.
Et puis on se présente aussi, histoire de rester polie et de pas montrer qu'on a la trouille :

-Em... Emma... Emma Spoon.

Arf, c'est trop bidon comme nom ! Mais j'avais pas trop le temps de réfléchir et c'est le premier truc qui m'est venu à l'esprit.

-... enchantée

Ça se voit que je suis nerveuse ? Naaaaaan, si peu...
Allez, un ptit effort pour garder l'air naturel et à peu près décontracté. Je tapote des doigts de la main droite sur le coussin à côté de moi, comme ça, l'air dégagé... je fais mine de regarder la déco...

J'ai la chair de poule et des sueurs froides quand il s'approche et me murmure à l'oreille.
Faites qu'il ait vraiment juste envie de discuter.

Et bah non, voilà qu'il veut me détendre... pourquoi faire ?
Allons, c'est surement juste pour être gentil. C'est vrai quoi, les gens n'agissent pas toujours par intérêt. C'est pas comme s'il allait me vendre à un montreur de monstres... mouais, vaut mieux rester prudente.

C'est quoi ces petits machins qu'il me donne ?
Ah... c'est de la drogue hein ? ben oui. Vas savoir à quel point c'est efficace pour "détendre".
Et qu'est-ce qu'il compte faire de moi une fois que je serais bien shootée ?
Vu l'endroit ou je le rencontre, c'est certainement un pervers. C'est malheureux quand même de devoir employer de telle méthode pour arriver à tirer un coup. Ou bien il a quelques fantasmes bien tordus que personne n'accepterais d'assouvir de son plein gré.

Bon, j'en fais quoi de ses merdes ?
je les prend dans ma main et...

-euh... merci...

Non mais je vais pas les prendre quand même ! Je veux bien être aimable, mais faut pas pousser ! Surtout qu'il est surement pas net le gars.

-...euh en fait, non merci. Je... ne touche pas à ça.

Et je lui tend la main avec les ptits capsules dedans, pour qu'il les reprenne.

Un homme d'affaire... une crapule oui !
Bon, du moment qu'il n'insiste pas...

La lumière s'éteint.
Qu'est-ce qui se passe ?
Panne de courant ?

Ça dure un peu...
je peux peut-être en profiter pour filer loin de ce type louche.
Zut ! trop tard, la lumière revient. Je me replaque vite contre mon accoudoir. On n'a rien vu... on a rien vu ? j'espère. Et s'il me dit avoir vu un troisième bras, je n'aurais qu'à lui dire que je ne le crois pas, qu'il a du abuser de la boisson ou de ses trucs qu'il prétend ne pas consommer.

Il a vu ? Il veut me dire un truc... finalement non.
Ouf ! sauvée par la danseuse.
Je profite qu'il bave, les yeux rivés sur elle pour bien me replace dans la banquette.
Je ne vais plus avoir de sang dans le bras à force de l'écraser comme ça dans la banquette !
Mais je ne peux ni le montrer ni m'en aller, sinon on risque de le voir... ou peut-être en longeant le mur, bien de profil... c'est risqué quand même.
Si je pouvait gardé l'accoudoir et partir avec... mais je sais pas ce qui est le plus louche, un troisième bras ou se balader avec un morceau de banquette.

Et puis pour aller où de toute façon ? Dehors c'est pire, ya plein de gens et plus de lumière.
La poisse ! Je crois bien que je suis coincée ici.

La lumière se coupa brièvement tandis que Phil cherchait ses cigarettes, toujours installé dans un coin.

Non ... Pas encore ... pensa-t-il.

Mais la lumière revient quelques secondes plus tard et la musique démarra pour laisser place au numéro d'une danseuse.

Tiens ? J'avais oublié qu'on avait prévu ça.

Les derniers événements l'avaient vraiment troublé, il y avait une insurgée en cavale en ces lieux, et il fallait la retrouver le plus vite possible. Ce n'était pas son domaine de compétence malheureusement, chacun le sien, et il devait donc se contenter d'attendre. Il regarda sa montre, devenue désormais une antiquité, l'équivalent (avec moins de classe cela dit) d'une montre à gousset pour son époque ; il avait encore une demi-heure à tuer avant de devoir rejoindre la scène pour son annonce.
Il se redressa afin de mieux observer ce qui se passait aux alentours. Sur la petite estrade, la danseuse faisait son travail, à droite on commençait à entendre des bruits d'embrassade démonstrative tel deux poulpes, à gauche ça se promenait où alors ça draguait, et en face de lui, il remarqua une fille, toute crispée, collée dans le coin du canapé, un homme à ses côtés qui regardait captivé, la danseuse sur scène.

Tiens ! Voila la prude de service, ça manquait, pensa-t-il. Ça vient ici, ça a envie cul mais non, ça va jouer les saintes-nitouches. Et une fois sautée, on fait celle qui ne se souvient pas, qui a trop bu, qui est choquée par ce qu'elle a fait, bla bla bla ... Bah, ça doit bien encore en exciter, sinon il n'y en aura des comme elle.

Il sourit en buvant une gorgée, il n'était pas si perdu tout compte fait, certaines choses sont apparemment immuables. Il se recala contre le dossier et s'affala légèrement. Il réentreprit de chercher ses cigarettes dans sa veste et il tomba sur un étui en métal.

Ooooooh ! Bonsoir toi, je t'avais complètement oublié, pensa-t-il gaiement. Il ouvrit l'étui et laissa apparaître deux joints d'herbe. Il n'avait pas refumé depuis qu'il était arrivé en 2140 et se fit une joie de l'allumer.

Il tira quelques bouffées dessus et se laissa aller.

Une demi-heure plus tard, à la mi-soirée, il se rendit à la scène pour faire l'annonce.

Ohoh.... il sait ce que je cache ? Il a vu ? Merde !
Et pourquoi il veut qu'on sorte ? Dehors il y a plein de gens et des NODs. Il va me dénoncer, c'est ça ?

J'ai du le regarder comme un monstre, avant qu'il ne me tende son manteau.
Je ne suis toujours pas sûre de ses intentions, mais un grand manteau comme ça, c'est une chance à ne pas rater, même si une fois que je l'aurais enfilé, il faudra que je sorte d'ici avec lui.
Je me demande : est-ce qu'il est en train de me sauver ou de me piéger ?
Ou peut-être que je me fais des idées. Peut-être qu'il n'est pas au courant pour mon 5ème membre, qu'il m'a juste trouvée tendue alors il veut m'emmener prendre l'air... et il me prête son beau manteau, par galanterie... Il fait vraiment froid dehors ?

Bon, peu importe, du moment que j'ai enfin de quoi cacher ce bras.

Il faut que je me lève pour l'enfiler. Je fais ça vite, avec les bras gauches du côté du mur, pour les cacher le plus possible, surtout le deuxième. Avec l'obscurité, peut-être qu'il n'aura rien vu. Une fois que je j'ai passé deux de mes bras dans les manches, je prend soin de garder le troisième bien le long de corps et surtout, de fermer le manteau.
Il est un peu grand pour moi et c'est tant mieux. Ça fait du bien de ne plus avoir ce membre écrabouillé.

-merci

bon bah euh... on y va ?

Je suis pas franchement pressée de sortir. Et si les gens reconnaissaient mon visage ? Oh allez, ils en ont surement rien à ciré. Ils ont peut-être même déjà oublié. Et sinon, c'est une mutante à trois bras qu'ils cherchent, pas la brune aux yeux verts qui accompagne cet homme riche et galant.
Si ça se trouve, c'est un automate connu. Il n'y a qu'à voir sa tenu propre et chic. Si je suis avec lui, je ne risque rien, hein ? On ne viendra pas m'embêter... à par lui peut-être, l'homme qui m'a proposé de la drogue en venant se rincer l'œil devant les danseuses nues. Il m'inquiète un peu, mais c'est mon billet de sortie. Alors mieux vaut éviter de le contrarier.
On fait comme il a dit, nous sortons.

Venant de la foire Lester et Phil entrèrent bruyamment dans la Loge, plusieurs personnes se retournèrent sur eux, les blâmants d'un regard noir. De quel droit se permettaient-ils de déranger la tranquillité de ces lieux ? Mais les plaintes silencieuses se dissipèrent rapidement lorsqu'ils reconnurent leur hôte. Un des privilèges d'être aussi important, lorsque vous mettez le bazar dans vos soirées, on ne peut rien vous dire, ça ne se fait pas et surtout, personne ne veut se disputer avec celui qui peut vous interdire de mettre le pied dans l'intégralité de ses établissements.

Bras dessus, bras dessous, ils déambulaient en riant dans les allées de la loge, Lester tenant légèrement Phil qui titubait par moment, sous l'effet de son hilarité la plus totale.
Mason était au septième ciel, complètement ivre, l'euphorie avait pris ses quartiers dans sa tête, et elle ne partirait que le lendemain, laissant place à sa cousine, la migraine. Mais pour le moment, pas de temps pour penser à l'aspirine du matin, la fête bâtait son plein, il avait trouvé un camarade digne de ses plus belles soirées passées, et il comptait bien en profiter.

Il lâcha Lester et se dirigea vers un canapé proche, intimant d'un geste de la main aux deux filles qui s'y trouvaient, de bien vouloir faire place ; vieille habitude narcissique qui marchait à son époque. Hors, cette fois-ci, sa réputation ne le précédait pas, lui qui au final avait peut être fondé les Entreprises Mason, il n'était cent ans, qu'on nom de marque, un illustre inconnu qui commençait tout juste à être apprécié.

Il détestait ce nouvel anonymat, passer en une seconde de la popularité exemplaire à Oblivion n'était pas chose facile, surtout lorsqu'on y a prit goût. Où étaient passées les poupées glousseuses qu'il faisait semblant de draguer par jeu, juste pour se foutre d'elles ? Et les vieux portefeuilles ambulants qui se faisaient prendre en photo avec lui ? Ou encore les jeunes hommes parfaitement sculptés qui se bousculaient au portillon pour lui voler un baiser ? Tout était à refaire et il relevait le challenge de bon coeur certes, mais tout de même, un petit coup de pouce est toujours agréable.

- Mesdemoiselles, je vais vous expliquer un truc, dit-il. Vous êtes les invités, Je suis le maitre de cérémonie. Alors, bougez.

Les deux jeunes filles se levèrent outrées, insultant Mason de tous les noms qui leur passaient par la tête.

- Oui, oui, c'est ça, vous avez raison, allez du vent ! maugréa-t-il en s'asseyant.

Il s'installa confortablement et s'alluma une cigarette. Un employé passait par là et Phil le héla :

- Tu peux nous rapporter une bouteille s'il te plait ? Lester, qu'est-ce qu'on prend ?

[après le bar]

J'ai fouillé toutes les salles au moins deux fois. Toutes à part celle-là.
J'espérais vraiment ne pas avoir à y aller. Mais je vais tout de même pas attendre qu'il sorte. En plus si ça se trouve, il a déjà quitté la fête et je poireauterais pour rien.

Bon bah... j'entre.

C'est moins lumineux à l'intérieur, ça soulage la migraine. Enfin un peu de calme. Dommage que je ne puisse pas en profiter bien longtemps. De toute façon, vu ce qu'on y trouve, je préfère pas rester en fait.

Je balaie rapidement la salle des yeux. Il est pas là ? Bon alors je me casse. Ah non merde, il est là l'enculé.
Quand faut y aller...

Je m'avance jusque devant le canapé dans lequel il est vautré.
Mouais, il m'a l'air bien saoul et son copain aussi. J'espère qu'il va trop faire chier et me suivre sagement.

-Lester, on vous attend au Centre... au Temple !
Ma lanche à fourguée. La fatigue et l'habitude sans doute.
-Veuillez me suivre.

J'ai été aimable, j'ai fais un effort. Pour une fois, on ne dira pas que je suis violente, dangereuse, qu'il ne faut pas me confier d'armes... Et puis c'est un collègue, pas un suspect à embarquer pour le torturer, donc normalement, c'est pas la peine d'employer la force... normalement...
Allez, lève ton cul et fait pas chier !

Le Temple ne l'attend pas ? Il crois quoi, que je lui ment pour l'emmerder ?! Que je viens le chercher dans ce bordel juste par plaisir ?!

Bon, on reste calme... c'est ma première mission, autant faire ça proprement.

-Si, il vous attend.
Et inutile ou pas, j'ai pour ordre de vous y ramener... maintenant ! Vous n'aurez qu'à leur dire que vous n'êtes pas d'accord.
Veuillez me suivre, s'il vous plait.

Je suis encore aimable, là. Non ? J'ai même dit "s'il vous plait". Je devrais peut-être rajouter "et plus vite que ça" ou "magne toi ptit con", mais ça ferais mauvaise impression.
En parlant d'impression, je sent que j'ai le crâne qui va péter. Ça bat dans la tempe, j'aime pas ça. Il va pas falloir qu'il me tape sur le système trop longtemps.

Et puis il m'énerve à me regarder comme ça, avachi comme une loque et son air de rien à foutre. Je sent que ça commence à me tirer la gueule, là au coin des lèvres.

Encore un imprévu, décidément, Phil se souviendrait du Carnival toute sa vie. Allait-on le laisser en paix avec qui il voulait ? Il avait tout d'abord voulu se redresser pour se lever mais il s'était assis plus présentablement, comprenant avec retard qu'on ne s'adressait pas à lui.

Bordel ! avait-il d'abord pensé. On ne me fout donc jamais la .... le Temple ? Merde, c'est pas pour moi cette fois. Ma vanité en est à ce point ?

Mais après tout, est-ce que Phil se souciait vraiment de savoir jusqu'où sa vieille amie pouvait aller ? Sa compagne de toujours, celle qui lui donnait le toupet de faire ce que les autres n'osaient pas, celle qui lui donnait une totale confiance en lui, elle avait toujours été là pour lui et il ne comptait certainement pas la congédier. Il allait d'ailleurs la faire entrer en jeu sur le moment. Histoire de rire un peu.

Le serveur apporta la bouteille, un temps record. Avait-il eu vent de la sentence que son maître avait fait tombé auparavant sur l'un de ses collègues ? Mais il n'y avait que deux verres, un problème pour Phil, lui qui avait désormais une nouvelle invité, un problème à résoudre au plus vite.

- Hé mon mignon ! rappela Phil en s'allumant encore une cigarette. Tu veux bien nous apporter un troisième verre ? Cette ravissante demoiselle va nous rejoindre.

L'employé approuva d'un mouvement de tête qui fut salué d'un clin d'oeil de la part de son patron. C'était plus fort que lui, Phil était complètement rond et comme à chaque fois, il avait les hormones en ébullition. Le serveur parti et Phil pencha la tête afin d'admirer ce qu'il considérait comme un sublime postérieur, s'en aller. Il sourit, poussa un petit sifflement en se réadossant au canapé et remarqua tout d'un coup le silence glacial qui régnait à leur table. Les deux autres le regardaient, il eu l'impression d'être un OVNI, et cela le faisait jubiler.

- Quoi ? demanda-t-il innocemment à la mentaliste. Vous ne croyez pas que vous allez l'emmener comme ça ? Sans raison ? Ni motif ? C'est pas très sympa.

Alors lui, je sent qu'il va faire chier aussi. Mais il croit vraiment que j'ai que ça à foutre de rester boire un verre avec eux ? Il croit que c'est la fête ? Ah oui, c'est vrai, c'est la fête... mais comment peut-on permettre une chose pareil ?!

"n'oublie jamais de..."
Quoi ? Je m'apprêtais à l'envoyer chier mais il m'a semblé entendre... ça, ça veut dire que le nouveau traitement ne marche pas. C'est pas bon.

Oh allez, c'est rien, ça arrive, même avec un bon traitement. Je suis juste un peu trop tendue. Ça doit être l'ambiance, et ces deux dépravés qui me tiennent tête alors que j'ai même pas le droit de les butter. Ça et la fatigue... Ces derniers jours ont été rudes.
On respire un bon coup et ça va passer.
Et surtout, on arrête de regarder à droite à gauche à la recherche d'un ennemi invisible et on réagit avant que ça se voit de trop que j'ai les fils qui se touchent.

-C'EST UN ORDRE !!

Ça lui va comme raison ou motif pour emmener l'autre serpillère ?
Et ouais, c'est pas sympa, mais je suis pas là pour l'être sympa. J'ai une mission et si je dois ramener mon collègue par la peau du cul, je le ferais ! C'est ma première mission en tant que mentaliste, elle est pas bien compliquée, alors on va pas s'éterniser, bordel de merde !

"n'oublie jamais de... de ... de de de deee dddeeeeeeeeeeeeEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEUUUUUUUUUUUUUUUU"

Aaaaaïe !! Putaiiiiiiin ! Ya la ptite voix dans ma tête qui déconne. Ça ne veut plus s'arrêter. J'ai l'impression qu'on essaie de me décoller le cerveau avec un chausse-pied. C'est vraiment de la merde leur médoc !! Qu'ils me refilent encore une saloperie comme celle-là et je la leur ferais avaler par les orbites !

Tant pis, faut faire avec. C'est quand même pas une hallucination auditive qui va m'empêcher de faire mon travail. Alors on se lâche la tête (surtout que ça sert à rien, ça fait pas moins mal avec les doigts crispés sur le crâne) et... et le serveur reviens avec un troisième verre. Je lui laisse juste le temps de le remplir et je m'en empare. Je tourne le dos aux deux zouaves (qu'ils ne voient pas mon sourire de douleur), le temps d'abaisser mon masque et de m'enfiler ça cul sec.
Je remet le masque bien en place, me retourne tranquillement, l'air toujours sérieuse quoi qu'un peu sonnée et je pose le verre sur une table basse. Ça fait cling. Je crois que je l'ai posé un peu trop fort, le pied est pété. De la merde leurs verres à pied !

Ça fait pas sérieux tout ça, mais au moins, le son a baissé. De mon hallu, je n'entend plus qu'une espèce de grésillement continu. C'est un peu agaçant, mais supportable. Et ça fait moins mal.

-on y va, maintnant ?

C'est vrai quoi, c'est pas bientôt fini ces conneries ?! Monsieur est saoul, il veut pas faire ce qu'on lui dit, il casse les verres... ah non, ça c'est moi qui l'ai pété. Mais on s'en fout ! Il a pas intérêt à jouer au con plus longtemps. Ma patience à des limites bien limitées, bien comme il faut et c'est comme ça !

Alors voila ce qu’ils appellent la loge… Des danseuses, des seins, et des danseuses. Décidément, j’aime beaucoup cet endroit ! Y’a une de ces ambiance de loup affamé ! Minou minou minou...

Par contre pour trouver une table libre, ou intéressante c’est une autre histoire. Y’a plus de bonne place libre. Bon, ben va falloir que j’en dégage un ou deux…

Eux là-bas on l’air très cul-cul et facile à jarter. Je commence à marcher vers eux quand j’aperçois un peu plus vers là un visage familier. Je stop net et je fixe. C’est bien lui ? Et ben oui, c’est lui ! En plus il est accompagné. Bien accompagné… Un homme – mais ça je m’en fous – et une femme.

Je m’approche doucement – en tanguant comme un bateau en pleine tempête sur un océan d’alcool – tout en criant :

- Lester ! C’est bien toi vieux ! T’as survécu ! Content de te revoir collègue !

J’ai un peu l’air con de gueuler comme ça, mais je suis à moitié bourré donc je m’en fout. Si ça se trouve, demain je ne m’en souviendrais plus. Et puis si ça se trouve il sait même plus qui je suis alors j’aurai encore plus l’air con.

Allez, je me gène pas, j’m’assois avec eux !

La mentaliste avala son verre d'une traite, entrant ainsi dans le jeu de Phil, ce n'était certes qu'un verre, mais elle l'avait bu, et en service. Le premier pas était fait, mais le reste à faire était immense, elle avait l'air décidé et même si par miracle, un seul verre lui suffisait, elle emmènerai peut-être Lester avant que les effets se fassent ressentir.
Et après ? Qu'allait faire Phil une fois la femme enivrée ? Comment persuade-t-on une mentaliste d'enfreindre son ordre ? Et surtout, ne pas oublier qu'ils sont capables de choses troublantes ces gens là, Phil avait vu une fois l'étendue de leurs pouvoirs, et le résultat avait été épatant.

- On y va maintenant ? trancha-t-elle, une fois son verre terminé.

Le temps faisait plus que presser, Phil devait trouver une solution et vite. Et si Lester lui envoyait une droite ? Non, trop risqué. Profiter de la foule pour le faire fuir ? Possible.
Mais tandis qu'il réfléchissait à toute vitesse, une voix cria :

- Lester ! C’est bien toi vieux ! T’as survécu ! Content de te revoir collègue !

Une diversion ! Une magnifique diversion tombée du ciel. Phil failli sauter en l'air et exploser de joie. Il allait peut-être réussir à faire partir cette emmerdeuse. L'homme, visiblement très éméché d'après sa démarche et le ton de sa voix, avait dit collègue. Et vu qu'il appréciait apparemment Lester, il allait peut-être les aider. L'étranger s'assit sans demander son reste et s'affala dans le canapé.

Et il a suffisamment bu pour être sans gêne aucune, la situation était parfaite. Mais tout d'abord, les présentations, il fallait absolument attirer l'attention en premier et surtout être amical. Phil n'allait même pas avoir besoin de se forcer pour une fois, il était véritablement heureux de voir cette personne débarquée sans crier gare, et sa sympathie envers elle était réelle.

- Hey ! cria-t-il aussi amicalement au nouvel arrivant en lui tendant la main, avant d'enchaîner à toute vitesse. Bonsoir ! Moi c'est Phil, vous connaissez Lester alors ? Vous voulez un verre ? On a une bouteille d'un alcool encore inconnu mais je peux vous commander un autre truc.

Ouah ! Dingue ! Je salut un type et celui qui est content de me voir c’est son pote que je ne connais pas. Faut le faire quand même. N’empêche, c’est louche comme il est enthousiaste… Mais j’m’en fous. Je suis pété dans un endroit somptueux avec un vieux collègue – que, je l’avoue, ne connais pas spécialement – une nana – que je trouve suspecte vue de près – et un type sympa.

Je saisis fermement – quoi que assez maladroitement – la main qu’il me présente et répond aussi énergiquement que lui.

- Lewis. Enchanté ! Lester, c’est un collègue de 2040.

Je me penche en avant comme pour lui faire une confidence.

- Entre nous, je ne le connais pas plus que ça.

Je ris à ma propre blague. Putain, qu’est-ce que je peu être con quand je suis éméché.

- Pour la boisson, je peu vous dire qu’au point ou j’en suis-je peu avaler n’importe quoi sans me rendre compte de ce que c’est.

Mais c’est pas pour autant que tu peu me servir de la pisse, mec. Je suis peut être bourré, mais j’ai encore les idées assez clair pour me bastonner… … En fait nan.

Mason et son ami entrèrent bruyamment dans la loge dérangeant plusieurs personne dans leurs affaires. Les deux hommes, hilare de leurs breuvages, s’offrirent une place en dégagent sans la moindre gêne deux femme d’un geste de la main, qui se collèrent l’une à l’autre et finirent par se lever sous les mots aiguisés du maitre des lieux.Du haut de son perchoir, dans les combles de la loge, Isÿlin observait la scène parmi le fourmillement ambiant. Il lui semblait que bientôt il entrerait en scène.
Une femme masqué les rejoint en s’adressant à l’autre, Isÿlin se pencha pour mieux comprendre ce qu’il se passait.
-Lester...on... vous... attend....Centre... heuu....Temple! Il ne faisait plus aucun doute, ceux-la étaient aussi de 2040.
-Veu...é me suivre...c’est... ordre!!.
Voila qu’une troisième personne interpelle Lester. Un homme lui aussi semblant venir de «l’époque». Isÿlin sentait que les choses lui échappaient, trop de gens s’affairaient autour de Mason, trop d’imprévu alors qu’il souhaitai avoir son attention, toute... son attention. D’un geste vif il enclencha, au dessus de lui, un dispositif électronique qu’il avait préalablement placé sur les câbles d’alimentations en son et lumière de la loge faisant s’éteindre ces derniers. Les gens surpris se turent, puis le programme démarra. Une ambiance bleuté se dessina, les fumigènes crachèrent lentement leurs voluptes et dans une explosion de fumé la musique commença :


Isÿlin sauta dans la fumé et resta accroupis le temps que celle-ci se disperse, puis il se leva, lentement, au gré de la musique, regardant dans la foule Mason et s’amusant de temps a autre a cueillir le regard d’autres personnes. Son pendentif commença à luire.

Rappel:

Tout en exécutant des pas de danse lascive, appris au centre d’éducation, il commença à s’effeuiller en se dirigeant d’un pas félin vers l’automate - garde le contacte visuel Isÿ - qui ne semblait pas insensible à ce spectacle. Le valkyrie s’empara d’une femme et d’un homme sur sa droite, leur fis lécher ses abdominaux sans pour autan quitter Mason du regard puis les poussa d’un geste pressant le pas vers la table des 2040. Il était a présent tout près de lui et espérait que le titre de la musique éveillerait en Mason de vieux souvenirs - Il y a trop de monde près de lui, mais ce n’est pas grave je tente quand même, ils seront touchés et alors... - Isÿlin grimpa sur la table et s’avança de plus belle c’est alors qu’il déploya ses faculté mentales et incita toute personne à moins d’un mètre de lui a sécréter une dose massive d’ocytocine, cette hormone peptidique favorisant l’attachement, le lien et les interactions social amoureuse. Cela semblait fonctionner, Mason avait vraiment l’air emballer, ses convives aussi malgré lui, même le dernier homme à s'être joint à la table semblait déconcerté par ce qu’il pouvait ressentir à ce moment - Ils n’avaient qu’à pas tous se pointer - Isÿlin passa sa langue dans le cou de l’automate tout en lui déboutonnant la chemise. Une main parcourait son torse et atterri sur sa braguette l’autre saisi celle de Mason et la guida sur le corps bronzé et musclé du jeune homme. La musique allait bientôt se terminer, il glissa alors un papier dans la braguette ouverte de l’automate et lui murmura

- Elle est bien dur vous devriez jeter un coup d’oeil.

et fini par lui faire sécréter de l'adrénaline ainsi que de l’endorphine aussi intensément que lorsque l’on gagne au jackpot. Cette explosion final abouti sur la fin de la musique et le jeune homme se retira dans la foule en volant un baiser à l’automate excité.
La musique Jazzy repris et la table des 2040 mis quelques minute avant de retrouver leurs mots.

Petit papier:

Phil revint lentement à lui, dissipant peu à peu le brouillard qu'il avait dans la tête. C'était quoi ça ? Premièrement, ce numéro n'était en rien au programme, deuxièmement, cet homme n'était pas un employé. Phil retenait toujours les visages, il ne mettait pas forcément un nom dessus, mais il s'en souvenait. Et lui, il ne l'avait jamais vu.

Il sortit une cigarette, tira une grande bouffée et avala son verre cul sec. Il regarda sa montre et vit qu'il était bientôt l'heure de la tombola. Il rugit intérieurement, il n'avait pas le temps de s'occuper de cet intrus, le show avant tout. Il essaya tant bien que mal de reprendre son calme et de réendosser son costume d'hôte bienveillant et chaleureux, mais là, c'était la petite goutte qui faisait déborder le vase. Une insurgée qui s'échappe, Lester qui met presque K.O. un employé -quoique ceci fut extrêmement drôle-, et maintenant cet énergumène inopportun qui sabote ses installations pour lui délivrer un message.

Mais tout d'abord la tombola, la colère de monsieur Mason attendrait, sagement, ruminant les différentes manières de sévir.

Il tapa énergiquement sur la cuisse de Lester et se leva d'un bond.

- Les gars ! lança-t-il, en crie de ralliement. Ça va être l'heure de la tombola ! Direction la scène !

Puis il se tourna vers Hyena et prit sa moue de supplique.

- S'il vous plait, ils sont peut-être gagnants après tout. Juste un petit moment, le temps du tirage. Vous nous accompagnerez bien entendu, et j'offre la boisson !