Scène et zone de bal

Vous en avez marre de rester assis au bar ? Vous voulez dégourdir vos petits pieds sur les rythmes endiablés des meilleurs musiciens de Novlangue ? Alors faites donc un détour par la scène et venez écoutez les nouveautés sonores de la ville ! Les artistes se succéderont toute la nuit sur scène afin de régaler vos oreilles. La piste n'est certes pas immense, mais cela vous permettra de faire plus ample connaissance ! L'ambiance sera plus que chaude, c'est promis ! Alors lâchez-vous, trémoussez-vous et collez votre bassin contre celui de votre voisin ! Puisqu'on vous dit que c'est permis !

Spoiler:

Un pas, puis l'autre, il avance, majestueux. Tous les regards sont rivés vers lui. Qui est ce jeune noble, vêtu à la mode des carnavals de Venise, comme un clin d'oeil aux festivités qui se déroulent? Comme il est beau, orné de noir et de blanc... Seuls des yeux rouges luisent derrière ce masque d'une blancheur immaculée. Comment réussit-il pareil prodige? Aucun doute, ce jeune homme doit être des gratins des plus gratinés, même parmi la bourgeoisie présente... Mères et Pères doivent y marier leur jeune fille!

Haha, c'te blague, ils sont tous en admiration devant moi! Franchement, c'était une trop bonne idée celle là... Les NOD sont trop cons pour chercher des indésirables aussi voyants et tape-à-l'oeil... Et les autres qui bavent, ça m'ferait trop rire de leur dire que j'ai récupéré le costume dans un bazar du marché noir. Et gratuit en plus! Le mec était trop heureux que je l'empêche de se faire bouffé par des mites.

Bon, ça tient un peu chaud par contre.

Alors, une fois sur place, je fais quoi? La fête! Et si je peux piquer des sous par ci par là aussi... Et plus si affinité, à voir selon le portefeuille de la personne...

Je m'avance sur la scène de bal, et choisis d'autorité une victime. Prend ma voix la plus charmeuse et la plus légère...

M'accorderez vous cette danse, gente damoiselle?

*Ting, clin d'oeil!*

Ils se dirigent tous deux (trois..) vers la salle de bal, l'un saluant d'un signe de tête des connaissances, l'autre regardant autours d'elle, en essayant de cacher l'air ébahis qui menace à tout instant de lui monter au visage. En entendant la musique qui en provient, elle ne peut retenir un petit rire. Jamais Grioghar ne voudra danser avec elle sur ce genre de musique !
Qui oserait passer outre son air dur et renfermé pour venir l'inviter elle à danser ? A coup sûr, peu de monde. Pourtant, elle souhaite tant danser !
Son corps commence d'ailleurs déjà à bouger au rythme de la musique.

Il faut qu'il la laisse danser... Elle ressent ce besoin tout au fond d'elle, et sent qu'il est comme le besoin de manger, de boire : vital.

Un homme se dresse devant elle. Il ne regarde qu'elle. Ouf, peut-être n'a-t-il pas vu l'homme à ses côtés ? Elle lui sourit, mais déjà le gorile de Grioghar s'avance pour contrer l'inconscient.
Mais un regard de Grioghar le stoppe.
Il a comprit qu'elle a besoin de danser, alors, même si cela ne lui plait pas, il la laisse partir avec cet homme.

-Avec plaisir !

[venant du bar]

Lester supporta tant bien que mal d’être hélé à tout va par des dindons bruyants. Comment faisait-il pour cautionner pareille attitude ? Et il rigolait, feintait. Lester n’aimait pas la manière hypocrite qu’il avait de se comporter. Une marque de fabrique de la haute, bien évidemment. Il en avait l’habitude, et il s’estimait heureux de ne pas devoir faire toutes ses simagrées.
Il évita de faire un quelconque commentaire, car il était poli, et ne pensait pas le connaître assez pour lui faire une leçon de morale.

D’autant qu’il pouvait se vanter, lui, d’avoir bien réussi son ex-vie…

Il fut entraîné vers la piste de danse, presque bon gré mal gré. La scène était, d’après lui, kitsch à mort, avec son motif ensoleillé, ses couleurs fluorescentes et agressive. Et puis tout ses gens se trémoussant, piaillant, gesticulant. Était-ce encore de son âge ?

Pourtant, à mesure que la musique augmentait, que les décibels inondaient ses oreilles, il se rémora sa jeunesse. D’abord son enfance, apeuré, puis blasé, face à ces combinaisons blanches qui l’occultaient. L’adolescence, avec ces premiers émois sacrifiés au nom de l’Etat maître. Sa jeunesse, non pas à profiter, mais à traquer, éviscérer, battre, marteler. Les mentalistes vivaient-il toujours comme cela ? Avait-il vraiment été malheureux ? Heureux ?

Il ne pensait pas que sa vie aurait pu être meilleure : il avait fait ce pourquoi on l’avait crée. Et il dépendait d’eux, il avait besoin de sa cam, pour moins souffrir. Mais désormais, plus rien ne l’attachait, aucune responsabilité.
Il était blanc comme neige, frais, neuf.

La musique était maintenant insoutenable et les premières effluves d’haleines alcoolisées caressaient sa nuque, piquaient sa peau. Un rythme assez violent, entraînant, et comme seul lien avec la réalité le bras puissant passé par-dessus son épaule.

Seulement voilà, il ne sait pas danser. Le cursus de mentaliste ne prévoit pas de virée en boîte, ni de concert de rock dans un champ de maïs. Casser du grain, moudre les consciences réfractaires, bourrer la cervelle de propagande aux oignons. Voilà le credo : la manipulation, l’art scientifique de la psychologie/psychiatrie, le contrôle de l’humain. Comment voulez-vous pouvoir vous amuser quand chaque regard est une invitation à sonder un esprit ?

- Hum, je ne sais pas si c’est une bonne idée, en fin de compte.

Il se rendit alors compte que, pour tout ce qui était du plaisir de la vie, il n’était qu’un enfant, un vulgaire embryon. Et Phil Mason, des entreprises Mason même, son initiateur. Etrange situation, étrange sensation. Le voilà qui redevenait adolescent, avec ses maîtres sévères et ses éducateurs sadiques et briseurs des derniers morceaux d’enfance encore cachés dans son cœur.

Un petit éclat de mélancolie luit, avant qu’il ne le cache. Définitivement.

*J’arriverais bien à me débrider. Est-ce si dur, finalement ?*

Pourtant il aimerait danser. Il ne demande que cela, il le sait. Il en est juste incapable. Et il paraît bête et stupide, grand dadet, de rester comme cela, à regarder de son œil de chien battu Phil.

Et puis finalement. N'avait-il pas dit qu'il était un grand garçon, désormais ?

- Allons-y. On nous attend ! Le ridicule ne tue pas. Et puis, je n'avais plus de fierté, cent ans avant, alors maintenant...
Quand on a un jour dormi dans ses poubelles, totalement défoncé, ou retrouvé à poil avec quatre inconnus dans une ruelle sombre, on se dit que non, niveau déchet humain, on peut pas faire pire...

Je regarde avec étonnement la jeune fille que j'ai impudemment accostée. Son visage me dit quelque chose. Mais quoi? Une jeune fille de la haute, impossible qu'on se connaisse. Je confond, surement.

Bon, alors c'est parti.

Je pose ma main sur sa taille, une autre sur son épaule. Je ne sais pas ce qu'on danse à Venise, je ne danse pas très bien d'ailleurs, mais j'avais dansé, une fois, il y a bien longtemps. Un jour où j'avais été libéré momentanément de mon implant, où j'avais pu retrouvé mes émotions humaines pour quelques jours... J'avais dansé dans un parc avec une inconnue comme elle.
Maintenant que je suis libre de tout composant électronique, cette danse aura-t-elle le même gout? Sera-t-elle meilleure?
Je ne sais pas. Je n'arrive pas bien à comprendre la musique crachoté dans les hauts-parleurs, ni à quel rythme on est sensés danser dessus.

Ca ira pour elle?

Elle est riche, elle a été élevée dans un monde de princesse, un monde d'or et de verre, de miroirs et de faux-semblants. Et si elle était une enfant, cet univers aura fini par la ronger, la pervertir et la transformer, semblable aux adultes et à ceux qui l'ont créée. Je ne dois pas oublier qui elle est. Une ennemie.

Ne pense pas trop à son plaisir, juste assez pour pouvoir la berner.

Comment réagir face à une personne telle que celui en face de moi ? A part ses yeux, je ne peux rien voir, aucune expression sur son visage, rien. Son visage est comme mon esprit, vide de toute chose. C'est un drôle de mélange, mais nous allons plutôt bien ensemble. Au moins avons-nous un point commun.
D'où peut-il bien venir ?
En tout cas, il est très beau. J'ai beau ne rien me souvenir de mon passé, éprouver des sentiments reste tout de même à ma portée, et là, je me sens fière. Fière qu'il soit venu vers moi, qu'il m'ait choisi moi entre toutes les femmes qui arpentent les lieux. Je ne veux pas savoir pourquoi il m'a choisi. Je veux juste profiter de cette sensation que j'avais oublié. Et danser... Danser.

J'ai aussi oublié ce qu'est le contact rapproché entre un homme et une femme. Et là, ça me fait bizarre. Je me sens... Maladroite. Mes mains montent doucement, et se posent sur son torse. Je n'ose pas encore monter mes yeux dans les siens. D'abord, faire semblant de s'inspirer de son habit... Puis regarder les autres danseurs.
Ou pas... Faut-il vraiment danser ainsi ? Je ne sais pas si...
Allez... Tentons. Tout en suivant des yeux cette femme – un brin dénudée – mon corps imite ses gestes. Un petit geste des hanches du côté de sa main. Mes mains remontent vers ses épaules. Un petit coup de bassin de l'autre côté.
Mes yeux se ferment. Vraiment ? Il faut faire ça aussi ?

Je ne m'en sens pas capable, elle a l'air d'une tigresse prête à manger sa proie. Je ne suis qu'un chaton apeuré. Alors, je fais comme je le sens. Je pose ma tête contre son torse, je me laisse aller contre lui, et je me balance doucement, pour commencer, voir s'il me suit, s'il nous fait faire autre chose.

Voila enfin que Lester acceptait de se dérider. Au plus grand bonheur de monsieur Mason. Pour une raison inconnue mais qui devait certainement émanée de leur saut dans le temps commun, il éprouvait une forme de sympathie pour cet inconnu. Et puis, ils avaient commencé à faire connaissance juste au moment où Phil avait glissé cent ans dans le futur, et il n'aimait pas laisser les choses inachevées. Il se souvint alors de l'automate avec qui il avait commencé de torrides ébats dans son bureau, ça, ça restera inachevé.
Tant pis, pensa-t-il, il y en a plein d'autres ! Et peut-être qu'en cent ans les pratiques se sont libertinées. Oh oh ! Je vais devoir vérifier.
Il rit à ses pensées et se rattrapa, il n'allait tout de même converser sur le sexe alors qu'il connaissait à peine Lester, ce dernier était déjà assez timide comme ça, presque coincé. Et cela amusait Phil au plus haut point.
Tout en échangeant quelques pas de danse, la curiosité de Phil l'emporta et il l'interrogea :

- Alors, qu'est-ce que c'est que cette histoire de fierté perdue ? demanda-t-il, sérieux pour la première fois depuis le début de la soirée. Désolé mais c'est plus fort que moi, finit-il avec un sourire amical cette fois.

Lester aurait imaginé que Phil lui demande tout, sauf cela. Un instant, il parut se perdre dans le vague, le visage bas, jusqu’à ce qu’il relève la tête. Non, il n’avait pas honte, et non, il n’allait pas lui mentir, ni omettre de détails, dans l’absolu.
Après tout, c’était son dernier « ami », sa seule et unique connaissance. Il n’avait jamais eu beaucoup de chances avec les relations amicales, et ne parlons même pas des relations amoureuses ! Il espérait que le saut dans la faille lui permette un nouveau départ, et de tisser des nouveaux liens. Une telle expérience commune ne pouvait qu’en créer de fort, d’unique. Tout du moins, il l’espérait sincèrement, profondément même.

- Fierté Perdue…
Petit raclement de gorge.
- Disons, pour synthétiser, que ma première existence n’a pas été très reluisante. Je me complaisais dans le malheur, dans le pathétique. Je n’étais qu’un déchet humain, pour des causes qui me sont propres : le lieu n’est certainement pas approprié pour en parler. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas de fierté. Je ne suis rien. Encore maintenant, je ne suis pas en mesure de savoir si j’ai changé. C’est trop tôt. Je ne sais pas encore tout ce qui a changé de moi. Et cette époque m’est trop étrangère pour que je sache si j’y serais plus adapté. J’ai de sérieux doutes…

C’était le passé. Pourtant, impossible pour lui de le ranger, comme si c’était encore le présent. Mais la vie n’est-elle pas une continuité ?

- Enfin bon, ce n’est pas un sujet de conversation agréable pour vous, je suppose. Vous devez en être à des lieux de cela, dans votre monde. Le mien et le vôtre sont si différents…
Regard, sourire en coin.
- Et puis, je n’ai pas besoin de psy. Je m’y étais habitué, il me semble. Et je m’y adapterais encore, si jamais je suis condamné à revivre la même chose. Mais il y aura indubitablement des variantes.

Lester n’en laissait rien paraître, sous le masque d’impassibilité de mentaliste. L’entraînement, l’habitude du métier. A la place, il chassa ses pensées d’un revers de main virtuel, puis se saisit de la sienne. Il l’entraîna au plus profondément dans la foule.

- Ne sommes-nous pas là pour danser ? Je ma lance. Du moment que vous riez modérément, ou que vous dansiez aussi mal que moi…
Il commençait à s’acclimater à la présence de son hôte. Du moins assez pour se détendre et laisser libre court à l’envie de danser.

Il dut paraître maladroit, mais cela importait-il vraiment ?

Étrange... Tout en elle est étrange.
Sa façon de danser pour commencer. D'abord hésitante, bancale, elle s'est ensuite calmée, pour devenir plus douce. Plus naturelle d'une certaine façon. Pourquoi?

Elle est douce aussi, dans sa façon d'être, de vous regarder, de se laisser aller contre vous. D'être, tout simplement. Elle ne ressemble pas aux autres filles, couvertes de paillettes et d'hypocrisie, qui la jalousent à présent. J'en oublierais même sa condition, si éloignée de la mienne pourtant. Robin des Bois et Belle Marianne, c'est un peu ça non?

Pour une danse, je peux bien oublier qui elle est, et juste profiter de ces instants, non? Même si je suis hors-la-loi, je peux, non? J'ai le droit?
Je veux croire qu'elle est une princesse, une vraie, celle qui est gentille, avec un sourire très doux. Je veux oublier, car après je me transformerais en salaud, et elle en une sale prétentieuse, gâtée par le fric et les privilèges.

Je me prépare à l'idée pour abandonner tout sentiment de déception le moment venu, et en attendant j'oublie. Je me laisse aller à son rythme doux. Puis me vient une idée. Lentement, je nous fais glisser vers la scène, là où jouent les musiciens. Ils jouent quoi d'ailleurs? J'écoute pas. Mais ça, ça va changer.

Je m'arrête un instant, attend un peu avant de lâcher sa main pour ne pas l'attrister.

Veuillez m'excuser Belle Marianne, je reviens tout de suite.

Et hop, je grimpe sur la scène!

Les musiciens ne s'y attendaient pas, ils sont surpris. Tant mieux!

Excusez moi messieurs, à présent je veux du violon!

"Et qu'ça saute!" indiquent mes sourcils froncés. Ah, mais ils ne les voient pas... Tant pis, ça marchera aussi bien.

Je retourne auprès de ma damoiselle, lui reprend la main. Sans dire un mot.

Le violon s'élève, timide, puis prend de l'assurance. Vas y le violoniste, lâche toi, c'est pas tous les jours que tu pourras en jouer comme ça!

Moi aussi je me lâche, avec ce violon, je voudrais m'envoler...

La danse reprend de plus bel, plus rapide, plus vivante. Est-ce que ça lui plait?

Spoiler:

Enfin, nous y sommes. Il lâche prise et profite de la soirée, pensa Phil. J'ai cru que jamais je ne le débriderai !
Les deux comparses entamèrent donc quelques pas, Lester quelque peu maladroit au début, ne sachant quel mouvement effectué ou quel rythme adopté mais il commençait apparemment à se laisser simplement porter par la musique et à s'en sortir.
Allez l'ami, un pas après l'autre, lâche toi et ressens simplement la musique, les basses, le rythme primal qui tape dans la poitrine, peut être qu'il faut un autre verre ?
Phil quant à lui, se laissait complètement aller, fermant de temps en temps les yeux, brièvement, afin de mieux tomber de son délire éthylique, et ça tourne, ça danse, ça oublie complètement que le monde existe.

Lester commençait à apprécier. Le rythme insoutenable l’empêchait de penser, et donc de remuer en boucle les mêmes idées négatives. A la place, il essayait de suivre Phil.
Petit à petit, il se débrida. Il prenait de plus en plus de plaisir à laisser venir ses voisins/voisines, faire quelques pas avec, quelques sourires.
Comment résister, quand on vous sourie ? La joie de vivre, de profiter, cela se transmet.
Il se rapprocha d’une personne, et ils dansèrent ensemble cinq bonnes minutes durant, à quelques centimètres l’un de l’autre. C’était un ballet des corps, une étreinte invisible.

Et dire que le plaisir était réservé à une élite. A tous les regarder, comme cela, il se serait cru des décennies en arrières, voire des centaines d’années dans le passé ! Il se rappela les images de bal dansant des années quarante. La robe flottante des jeunes filles, les sourires en coin, le papillonnement de l’accordéoniste. Pour un peu, il se serait imaginé l’odeur muscée des sueurs, celle de la campagne.

Puis Phil lui proposa à boire. Et Lester en fut ravi.

- Avec joie. Attend, ne t’embêtes pas, j’y vais. Je te prends quoi ?

Il n’avait pas tout fait remarqué qu’il venait de le tutoyer. Cela lui faisait l’effet d’une promiscuité agréable et rassurante. Mais ce n’était qu’illusion. Il le connaissait depuis moins d’une heure, et, même s’ils s’entendaient pour le moment bien, il ne pouvait pas prétendre à ne serait-ce que la moitié de ce que son tutoiement impliquait.

Il attendit sa réponse, un peu gêné, puis alla en vitesse chercher tout cela.

Et il comprit qu’en fin de compte, ce n’était pas important…

Lester venait de partir pour le bar afin de les abreuver et Phil se retrouva un moment seul, sur la piste de danse. Quelques coups d'œil malicieux, des sourires, des hochements de tête à tout va pour saluer la foule, les banalités mondaines de monsieur Mason. Mais ce soir il avait envie de laisser un peu tout cela de côté et de profiter lui aussi, marre de faire semblant, tout ce qu'il voulait, s'était amusé. Il venait de passer un mois entier de bataille juridique pour retrouver ses biens et voulait désormais relâcher la pression. Il se mit alors à l'écart, proche de l'entrée afin que son nouveau compagnon de soirée le retrouve facilement, il n'allait certainement pas se permettre de le perdre.

Tout en attendant, il se prit à observer la foule, étudiant la mode de 2140, les manières de se comporter, les façons de danser, les choses avaient changées certes, mais pas autant que ce qu'il aurait pu supposer. A croire que les convenances étaient intemporelles. Il remarqua quelques "spécimens", comme il aimait les appeler, et commença à rire d'eux. Il était moqueur, c'était plus fort que lui, il adorait rire en regardant les gens et en essayant de trouver les plus drôles. Il en trouva quelques un particulièrement moches à son goût et détourna vite le regard sur des individus plus attrayants.

A peine eu-t-il le temps de poser les yeux ailleurs et de commencer à fantasmer que soudainement, une paire de bras l'empoigna par le dos, le serrant contre un torse encore non identifié. Son cœur faillit s'arrêter sur le coup, il fallait être inconscient pour oser faire pareille chose ! On prévient avant de surgir de nulle part. Il sentait désormais la chaleur d'un souffle dans sa nuque, puis celle du cou de son agresseurs surprise contre le sien. L'alcool et son abstinence d'un mois engendrèrent une réaction physique purement mécanique qui s'éteint presque aussi vite qu'elle était arrivée, la personne et ses intentions n'étant toujours pas identifiés, il n'allait tout de même pas laisser le contrôle à sa libido, bien que cela ne fut pas rare de par le passé. Il ne voyait pas, mais pouvait sentir que les lèvres étrangères étaient toutes proches d'être collée à son oreille. Il frissonna, espérant que cette bouche allait vite s'éloigner d'une des zones les plus érogènes qu'il se connaissait.

- Et si on allait faire un tour dans la loge toi et moi mon mignon ? Questionna enfin la personne mystère.

Phil reconnu aussitôt la voix et éclata de rire. Comment avait-il pu se laisser berner, il était en 2140, ne connaissait plus personne, qui d'autre aurait pu se permettre pareille étreinte ?

- Ça dépend, tu ramènes tes potes ? demanda-t-il en guise de réponse tout en se retournant afin de faire face à Henry.
- On est dix, tu vas tenir ?
- Plus on est de fous ... lança Phil.
- Et plus on jouit. conclu Henry.

Les deux compagnons d'enfance éclatèrent de rire et se serrèrent de toute leur force avant de s'embrasser furtivement. Puis ils se fixèrent dans le blanc des yeux, front contre front.

- On l'a fait mon grand ! se réjouit Henry. Ils sont aux anges.
- Et ce n'est que le début, crois-moi.
- On va leur prendre jusqu'à la dernière pièce, les pressurer !
- Oh oui ! Les pressurer ! cria Phil, hilare. Chuuuut, ils vont nous entendre ces abrutis, finit il toujours en riant, doigt sur la bouche.

Ils étaient lancés, les deux se mirent à rire et à raconter n'importe quoi, pouffant à la moindre phrase, se souvenant d'anecdotes plus farfelues les unes que les autres, et bien entendu, se moquant des invités dès que l'un d'eux passaient.

Lester revient quelques minutes plus tard, il avait mit un certain temps, ce qui indiquait à Phil que le bar devait certainement être pris d'assaut et il entendit le bruit de la caisse enregistreuse dans sa tête, aux anges.

- Ah ! Lester ! s'exclama-t-il en essuyant une larme d'hilarité. Je te présente Henry, ami d'enfance, précieux conseiller et ... un amant exceptionnel.

Henry faillit recracher le contenu de son verre face à cette déclaration inattendue.

- Enfin, à ce qu'on m'a dit, je n'ai jamais testé ce grand gaillard ! finit-il en lui donnant une tape dans le dos.

Lester ramenait ces deux verres. Lorsqu’il revint, il eu la déroutante impression de faire face à une armé brutale, à voir tous ces corps qui se fonçaient dedans, qui se jetaient les uns contre les autres. Comment ne pas avoir la certitude que ce n’était pas un comportement agressif ? S’il avait été un autochtone…
Mais il n’en était pas un. A la place, il n’était qu’un mentaliste revenu du passé et qui essayait de s’y faire.

Il mit un temps qu’il jugea monstrueux pour trouver Phil, et lorsqu’il se rapprocha, il remarqua la promiscuité de son nouvel ami avec un autre homme. Ils riaient à gorges déployées, se tenaient l’un à l’autre. Il avait l’air en confiance, à mi-chemin entre les anciennes mondanité, et un rire franc.

Piqué par la curiosité, il se rapprocha, trancha au milieu de la foule. C’était tout sauf désagréable, ces corps qui se pressaient au votre, furtivement, une abondante chevelure qui, tout à coup, se presse contre votre torse en leur lot d’effluves discrets.

C’était ça la vie, le plaisir.

Il avait un peu peur de déranger Phil, mais pour le moment, même si leurs gestes étaient proches, un réel contact intime ne s’était pas formé. Mais franchement, ils étaient à la limite de se pincer les fesses. En tout cas ça ne l’aurait pas étonné.

- Bonjour.
Comment pouvait-on être successivement conseiller, ami d’enfance, et amant exceptionnel ? Il aurait fallu lui expliquer, parce que déjà dans sa première vie, il n’avait connu aucun des trois…
- Dans ce cas, Henry est très… polyvalent. Enchanté.
Ce n’était pas parce que l’alcool réchauffait déjà les idées qu’il fallait omettre d’être à peu près convenable, en toute situation.
- Tiens, ton verre. Il tendit l’alcool à Phil, puis demanda, en un sourire :
- Vous voulez que je vous ramène quelque chose Henry ?
Autant se faire agréable.

Mais il était bête : il avait beau faire son beau, il n’était qu’un mentaliste, et dans ce monde-ci, un petit rien. Et les automates n’ont que faire des petits rien. Ils s’en amusent quelques minutes, puis ils les jettent. A quoi cela pouvait-il lui servir de se rabaisser de la sorte, comme s’ils étaient amis, alors que bientôt, lui retournerait dans sa rue et Phil dans ses grattes-ciels…

Pas le même monde, non.

Lester venait de revenir et Phil lui fit les présentations de façon singulière. Ce dernier était désormais intenable, dix minutes avec Henry avait finit de le fourvoyer et qu'il comptait bien faire la fête comme il y a cent ans, lorsqu'il était encore le roi des nuits Novlanguaises.

- Vous voulez que je vous ramène quelque chose Henry ? demanda Lester.
- Oh, merci, mais j'ai déjà le mien, répondit Henry en levant son verre. D'ailleurs, santé monsieur Lester.

Ces derniers trinquèrent ensemble et Henry enchaîna :

- Excusez-moi pour la question, on dira que c'est l'alcool. Mais ne viendrez-vous pas de 2040 ? Vous avez cet air légèrement perdu que nous arborons tous.

Lester n'eut pas le temps de répondre que le chef de la sécurité arriva à leur hauteur et se pencha à l'oreille de Phil. Ce dernier qui s'était penché vers son interlocuteur, un grand sourire aux lèvres, perdit rapidement celui-ci. Ses sourcils se froncèrent sévèrement et sa mâchoire se crispa. S'il y avait bien une chose que monsieur Mason ne supportait pas, c'était un grain de sable dans les rouages. La bonne humeur qui l'envahissait quelques secondes plus tôt avait fait place à du sang bouillonnant, une fureur qui ne demandait qu'à éclater. Mais il n'exploserait pas, il gardait toujours son calme, laissant sa colère s'échapper lentement mais de manière redoutable. Il ne fallait surtout pas contrecarrer ses plans, où alors, la mort ne serait que douces vacances comparées à l'enfer qu'il vous ferait vivre. Phil n'avait pas l'habitude de tuer, mais il pouvait faire en sorte de vous briser et de vous mener la vie dure dans tous les domaines et ce jusqu'à trépas. L'argent et le pouvoir amènent des moyens plus qu'efficaces, lorsque l'on sait à qui s'adresser, et son carnet d'adresse était plein.

Le chef de la sécurité s'en alla et Phil finit de se calmer pour revenir à sa face enjouée, mais il ne paraissait pas naturel comme auparavant, il était manifeste qu'il se tenait pour ne pas gâcher la conversation ni inquiéter ses interlocuteurs.

- Lester, je suis désolé mais Henry et moi-même allons devoir nous absenter un moment. Il y a un apparemment un problème de logistique que nous devons aller régler tout de suite. C'est mon côté maniaque, je dois tout vérifier moi-même. Mais vas-y, profites de la soirée, en plus tu as open bar, balades-toi et au cas où on ne se recroiserait pas, tiens.

Phil lui tendit une carte portant son blason familiale, devenu logo des Entreprises Mason à leur création, avec ses coordonnés.

- Bon c'est le numéro de mon bureau mais je n'ai que ces cartes là sur moi, relationnel oblige dans ce genre d'événement. Appelles-moi, il faut qu'on parle, finit-il avec un clin d'oeil.

Sur ces mots, il emboîta le pas à Henry qui avait déjà deux mètres d'avance. Arrivé à sa hauteur, son ami l'interrogea :

- Alors ? Quel est le problème ?
- Un pièce d'exposition s'est fait la malle, trancha Phil, toujours passablement énervé. On va à la Foire, je veux savoir qui est le con qui est responsable de ce merdier.

Ils dirigèrent d'un pas pressé, fendant la foule jusqu'à la Foire.

Bon ici ça sera parfais, tout le monde a l'air de s'amuser...s'amuser, quelle drôle d'idée...à mon avis il y a plus d'un criminel dans le coin.

...

Mais qu'est-ce que...celui la a un grand sourire au visage, il a l'air bien content...

"Hey toi là !" ...bon sang il entend rien ce con...

Jim s'approche du jeune homme qui semble prendre autant de plaisir sur la piste, il l'attrape par le bras ce qui surprend la personne, d'autant plus que celui qui vient de l'attraper est un Nod.

"espèce de délinquant, efface moi ce sourire de ton visage ou je t'embarque pour plaisir non autorisé !
-hein ? mais nan je...heu nan...je...je fais que imiter les gens...je..heu...je fais comme tout le monde vous voy...
-ferme la un peu, tire toi et si je te revois à t'amuser...ou imiter les gens ça sera pas joli à voir...
-oh merci..merci j'y vais...désolé...hum...
-casse toi !"

Reste calme Jim...tu avais dis que tu n'arrêterais personne ce soir, juste de la surveillance tu te rappelles ? bon, passons à autre chose, si je m'arrête pour arrêter tous les criminels que je vois, ça en fera fuir plus que ce que je pourrais attraper...il est temps que je me mêle un peu à la foule...

La scène était passée inaperçue dans le bruit de la musique et dans les bousculades des gens ivres de musique...et d'alcool. Le tout dans une ambiance en libérant plus d'un sur le "dance floor". Tout ça était parfait, une petite mine d'or pour son fichier de criminels à traquer.
Il vit l'organisateur de la soirée passer en furie à juste quelques mètres mais ce n'était pas le genre de cible qu'il pouvait se permettre pour le moment, Il fallait éviter les automates le temps que ses chefs lui laissent un peu plus de liberté. Surtout après ton dernier coups d'éclat...

Quelque chose d'autre attira l'attention du Nod pendant un moment.
Qu'est-ce qu'il fou sur la scène celui là...et c'est quoi ce costume bizarre ? A croire qu'il fait tout pour se faire remarquer...bah de toutes manières j'ai pas de temps à perdre avec un tel excentrique...

Finalement le Nod s'inséra sur la piste de danse, ne sachant pas vraiment ce qu'il faisait là, pourquoi être allé là ? pour surveiller de plus près peut-être ? mais maintenant s'il ne bougeait pas il attirerait trop l'attention...il continua donc de traverser la piste de danse pour arriver sûr un coté, laissant les gens à leur mouvements agités, il était incapable de danser au milieu de tous ces gens...de tous ces dangers, le relâchement n'était pas une option, il fallait surveiller et la danse serait une perte de temps.
Jim restait donc là, planté sur le coté presque épuisé par sa traversée, gêné comme il l'a rarement été, hésitant à retourner au bar s'en jeter un.

Secouant là tête: Bordel pourquoi je pense à de telles conneries, je suis pas là pour me saouler ni pour danser, putain quel con, je fou quoi ici ?

Il posa la main sûr son arme, qui était cachée par son uniforme, mais elle était toujours là, dans son étui, inaccessible mais toujours là...une présence rassurante qui l'aida à retrouver l'esprit...la chasse devait continuer.

Mais... Mais...
Mais putain de bordel de chiottes de merde à la con, foutredieu de mégacouille en balais à chiottes!
Je n'ai absolument rien compris!

Ca se passait à la foire, le garde allait m'exploser la tronche quand ses collègues lui ont sauté dessus. Moi j'ai pas demandé mon reste et me suis tiré aussi vite que j'ai pu. La télécommande avait disparu, mon acte n'avait pas été vain.
Mais quand même, faudra m'expliquer pourquoi on ne m’a pas tiré dessus. J'ai une chance de cocu, je suis cocu célibataire!

Je me retrouve donc au milieu de la foule, une foule qui danse sur une musique étrange. Ca n'a pas beaucoup changé depuis 2040, je dirais même que la ressemblance rend la chose monotone.
Je n'aime pas vraiment la foule, sans que ça me dérange pour autant. C'est juste qu'on a du mal à bien discerner les choses, et un accident est si vite arrivé. Un accident ou un drame, une attaque, un coup, une altercation, un meurtre...

On vit, on meurt, on rencontre des gens ou on reste seuls, tout dépend de notre chance. La foule, c'est l'un des rares endroits où on ne peut absolument rien voir venir. On va obligatoirement à la rencontre de notre destin, d'ailleurs le mien vient de pointer le bout de son nez. Je dirais même qu'il se dresse là, devant moi. Armé, bien habillé, il se demande ce qu'il fait ici. Il n'est pas endimanché, il est sérieux, il a l'air fort: moi en plus jeune, la classe en moins.

Il est nerveux aussi, il n'aime pas vraiment l'endroit. Il n'est pas là pour son plaisir, il n'a probablement pas la notion du plaisir. Il se moque de plaisir et de la fête, il est là pour son boulot, pour la traque. Un prédateur, comme moi il y a quelques années, la classe en moins.

Bon, il a un certain charisme, mais il donne l'impression d'être un mur. Il doit s'ennuyer, et quand on s'ennuie on n’a pas la classe. Il a du potentiel qu'il n'utilise pas, c'est tellement dommage.

Je ne devrais pas, non, c'est pas bien! Mais c'est plus fort que moi, j'adore les emmerdes et les événements qu'elles amènent avec elles. Un peu d'action, je reste un ancien NOD après tout. Et puis il pourrait être tellement bien s'il ne s'emprisonnait pas dans son job... C'est décidé: je vais le faire chier.

Je vais me poster quelques mètres devant lui, pour qu'il puisse me voir tout en étant protégé par la foule. Je plonge mon regard dans les yeux et esquisse un petit sourire. Il me voit, j'en suis sûr, alors je lui fais un clin d'œil avant de disparaître dans la foule en l'invitant à me suivre d'un signe de la main.

Je me dirige vers l'orchestre, il est temps de jouer!

Il n'y avait pas à dire, Phil n'appréciait rien plus qu'un joint et un verre de scotch pour calmer ses nerfs. Et le stupéfiant avait largement fait son effet, lui qui n'avait pas fumé depuis un mois, il se retrouvait sur un nuage depuis lequel il avait désormais envie de donner l'accolade à tout le monde. Il n'avait pas oublié la fugitive qui traînait quelque part pour autant, mais ne pouvant rien y faire, il allait tout de même profiter de sa soirée, laissant le soin au Nod de la retrouver, et avec un peu de chance, elle n'était peut être déjà plus au Carnival. Il fendit la foule doucement, prenant son temps pour échanger une phrase ou deux avec le public, s'attardant avec certains qui le faisaient rire, il y avait encore donc encore des gens pour faire de l'esprit, il fut soulagé, lui qui n'avait croisé que des crétins et leurs pintades, les intellectuels n'avaient pas disparus.

Il monta sur scène à la fin de la chanson et prit le micro. Tout le monde se tourna bien évidemment vers lui, rien de plus efficace que de couper la musique.

- Mesdames, mesdemoiselles et messieurs ! annonça-t-il. Je suis ravi de vous voir que tout le monde s'amuse, vraiment, vous êtes tous formidables, de vrais fêtards comme on les aime ! Mais que serait un Carnaval sans sa tombola ?

Il marqua une pause, laissant à tous ses invités, probablement aussi ivres que lui, digérer l'information qui venait de tomber de nul part.

- Histoire de finir cette soirée en beauté, à partir de maintenant, vous vous-verrez assigné un bracelet avec numéro au prochain verre que vous prendrez au bar. A la fin de la nuit, nous tirerons au sort trois gagnants. Mais je ne vais pas interrompre la fête plus longtemps, alors bonne soirée et continuez comme ça, vous êtes géniaux !

Il fit quelque pas et ayant oublié quelque chose, revint au micro.

- J'oubliais, les bracelets ont bien entendu un verrou magnétique qui ne sera déverrouillé qu'à la fin de la tombola, ou si vous nous quittez avant. Si vous commenciez à les cumuler, ce ne seraient pas fair-play, conclu-t-il un clin d'oeil.

Puis il quitta la scène en leur envoyant théâtralement un baiser de la main.

Voila, la surprise était lancée, l'inconvénient c'est qu'ils allaient prendre le bar d'assaut les bougres ! Phil, assoifé, fila tout droit au comptoir pour arriver avant la marée humaine.

Un verre brisé plus tard, je débarque dans la salle de... Salle de quoi déjà ?
Y'a de la musique, donc ce doit être la salle de bal.

Du monde, de la musique, de la fumée et de l'alcool. C'est une fête comme on en révérais... A un détail prés : Un bracelet magnétique ?... Au prochain verre ?... J'ai bien fait de boire avant l'annonce, parce que je n'y toucherai plus.

Je n'ai jamais aimé danser. J'ai toujours l'impression d'avoir l'air profondément con... C'est la raison pour laquelle je ne vais justement pas mettre un pied sur la scène... Juste rester ici, dan un coin, à regarder....

Hm... Je me demande ce qu'il va se passer ensuite...

Malgré les protestations du barman, Evra avait continué d’avancé. Elle s’était ensuite rendue dans la sal de bal. Des centaines de personne dansaient au son de la musique. Quelle horreur la danse ! Quelle horreur la musique ! Deux choses – parmi tant d’autres - qui l’exaspéraient. Voir toutes ces personnes bouger leur cul de façon si ridicule !

Elle balaya la salle du regard à la recherche d’un on-ne-sait-quoi qui pourrait éventuellement l’intéresser.

Sur votre gauche du gibier, sur votre droite du gibier. Du gibier, du gibier, et encore du gibier ! Que des victimes potentielles, mais rien qui se démarquait du reste.

Quoi que… Quelque part là-bas, un type tout seul. Ben tiens, une vague connaissance. C’était le type qui avait lâché l’autre hystérique au bar.

Elle eut un petit rire bref, puis reprit son sérieux. C’était lui à la base le responsable des affreuses marques de griffures qui venaient abimer le doux visage de la pauvre Evra.

*Un beau salaud, comme je les aime.*

Elle mit une mèche de cheveux devant la blessure pour un peu la camoufler, puis elle s’avança vers l’inconnu, donnant des petits coups de coude par-ci par-là avec des « pardon » pas très sincères.

- Pauvre petit, on t’a abandonné ?

Elle s’installa en face de lui sans même prendre la peine de lui demander l’autorisation. Après tout, ce n’était pas chez lui ici.

Depuis qu'il était dans cet endroit et que l'homme masqué avait fait son interruption sur la scène, rien d'autre n'était venu perturber Jim, qui restait là à surveiller les allées et venue des danseurs, visiteurs ou alcooliques. Rien de bien surprenant, intriguant voire même intéressant.
Tout le monde dansait, s'amusait, prenait du plaisir sur cette piste, une petite perle de vidéo permettrait de grossir son dossier de chasseur, plus de cibles, donc plus de boulot, mais plus de résultat donc plus d'argent en fin de mois. Le tout était de ne pas arrêter des innocent, mais à s'écouter personne n'était vraiment innocent selon le Nod...il se considérait presque lui-même comme un coupable potentiel, surtout qu'aucune puce ne le limitait.

Mais tandis qu'il était dans ses pensée à regarder, sans vraiment se concentrer, vers la piste de danse, quelque chose ou plutôt quelqu'un attira son attention.
Qu'est-ce qu'il a à me regarder comme ça celui là ? Il y avait face à lui, mais à quelque mètres, perdu au milieu des danseurs, un homme qui était figé là, tel un miroir face au Nod perplexe, son "reflet" était cependant différent.
En effet celui qui se tenait face à lui semblait moqueur, supérieur ou peut-être juste amusé par la présence d'un uniforme dans cet endroit. L'ancien Nod semblait jouer avec son collègue qui lui servait toujours dans l'organisation, lui faisant un clin d'œil avant de se diriger vers la scène, la réaction ne se fit pas attendre et Jim commença à le suivre. S'était peut-être ce qu'il pouvait faire de plus stupide dans ce genre d'endroit mais l'ennui était tel qu'un peu d'action ferait une bonne occupation.
Samuel semblait se diriger bel et bien vers la scène, quitte à monter dessus.
Qu'est-ce qu'il fou ? encore un autre excentrique ? bon si il monte au moins ça sera plus facile de l'identifier voire même de l'arrêter...
Mais la course poursuite (qui se déroulait au ralenti dans cette foule plutôt dense) fut interrompue, il ne l'avait pas vu mais le chef de cérémonie était retourné lui aussi vers la scène, ceci-dit il y était arrivé bien plus rapidement et commençait son petit discours, ce qui interrompit les deux Nods ancien et actif, qui se surveillait mutuellement pendant le discours de l'automate.

Une fois le discours fini les deux, chat et souris (bien que qui est quoi reste une question), se regardèrent mutuellement, Jim attendant une réaction face à l'annonce, cet homme étrange qui se trouvait plus loin allait il reprendre son ascension vers la scène ? ou changer de direction peut-être vers le bar...

C'est bon, il me suit! Il accepte de rompre son attente monotone et de mettre un peu de piment dans ma vie.
Plus deux points! C'est bien, tu es maintenant à 9998 points en dessous de zéro, brave gamin!

Je me moque, ce n’est pas bien. Et puis selon ses critères je dois être plutôt pitoyable moi aussi, peut être même carrément gênant ou à éliminer. Après tout je suis un insurgé et lui un NOD, moi voleur lui policier, un rat contre un chat. Nous jouons tout deux un jeu noble et dangereux, où l'on met tout en jeu. Chasseur chassé et proie chasseresse, qui gagnera, qui perdra?

Je suis plus ou moins en sécurité, il ne peut pas dégainer son arme ici. Pas au milieu de la foule et pas maintenant, pas avec toutes les pontes qu'il y a dans les environs. Mais malgré tout j'ai du souci à me faire, il pourrait me rattraper et je ne sais pas quoi faire maintenant.

Mais voilà que la musique s'arrête et qu'un illuminé, ivre, annonce une tombola.
"Hmmm, un nouvel objectif, une nouvelle attraction, c'est là que se passeront les choses intéressantes. De plus, il y aura là un rassemblement de personnes avides et de riches, de quoi me remplir les poches pour aider les insurgés."
Penser cela aurait été aussi classe qu'intelligent, mais ce qui a traversé mon cerveau avait plus la forme de "bière+cadeau= je veuuuuuuux!". Quoi qu'il en soit, ma direction est maintenant modifiée et je dois trouver un moyen d'amener mon nouveau copain avec moi, parce que j'ai eu une idée, un plan génialissime.

Hop! Je m’abaisse d'un coup et me dissimule comme je peux parmi les badauds qui constituent cette mer vivante. Une mer elle aussi attirée par la lune, qui se transforme en une véritable marée vivante se dirigeant vers le bar à la promesse d'un gain incertain.

Je crois qu'il m'a perdu de vue, faut dire que je suis dans le même cas, mais quel con! Si ça tombe, il va me tomber dessus. Vite vite, je vais me mettre dans un coin pour observer. En tant qu'insurgé j'ai l'habitude de la foule, et ai développé quelques talents de pickpocket, j'ai donc l'avantage du terrain.

Là, le voilà! Hop hop hop, on se faufile entre deux jolies dames. D'ailleurs l'une d'elle à les fesses bien douces, mais ne me demandez pas comment je le sais: ma réponse serait indécente. Enfin, ce n'est pas vraiment ma faute: quand on se retrouve collé à tant de personnes, il y a forcément des gestes maladroits qui se perdent par-ci par-là. Mais revenons à nos moutons, enfin notre mouton puisqu'il est seul.

Il ne me voit pas, la chance est de mon côté, pourvu qu'elle ne soit pas capricieuse. J'arrive à m'approcher par derrière, jusqu'à être assez prêt pour qu'il m'entende. Il a l'air malmené le pauvre, voudrait il baisser les bras?

Alors, on fatigue mon brave?

Ouh là, il a de bons réflexes le bougre! Plus 5 points! Heureusement moi aussi, j'ai réussi à m'écarter avant qu'il ne m'attrape. Mais j'en ai trop fait et suis maintenant emporté contre mon gré, il faut que je crie.

Le dernier au bar paye un verre à l'autre !

Je lui tourne le dos, il est temps de fuir ou sinon il va me faire la peau. Destination: La bibine et la tombola!

Je ne suis pas resté seul longtemps. Une fille s'est installée en face de moi et elle semble savoir à propos de l'autre fille.

« Oui. Ou le contraire, je ne sais plus. Je suis dans une humeur plus que bizarre en ce moment, pas très stable émotionnelle ment... »

J'ai repoussé ma chaise pour mettre mes pieds à l'aise sous la table, totalement étendus.

« Rien de grave, c'est juste que... C'est un peu difficile en ce moment, mais rien qui ne se résolve avec le temps. »

Elle est étrange avec sa mèche de cheveux qui lui tombe devant les yeux. J'espère ne pas être tombé sur une névrosée, une psychopathe ou quelque chose du genre... J'ai pas envie d'être écharpé avant la fin de la soirée. Je suis un aimant à fou.

« Moi, c'est Krebs. Vous etes ? »

Evra essaya de paraitre la plus… naturelle possible, mais c’était assez difficile du fait qu’elle n’avait même pas pris la peine de nettoyer le sang qu’elle avait dans la nuque et que sa blessure à l’abdomen menaçait de se remettre à saigner à tout moment.

L’inconnu, Krebs l’apprit-elle plus tard, lui parla de sa situation émotionnelle du moment.

*Si tu savais à quel point j’en ai rien à foutre…*

Mais elle fit l'effort de garder un demi sourire, qu’elle faillit perdre lors de LA question.

- Moi, c'est Krebs. Vous êtes ?

Qui était-elle ? Toujours le même problème. Dire ou non son vrai nom. Faire confiance ou non à la personne d’en face.

Après tout, il était en 2140 à présent. S’il venait de cette époque, il ne pouvait sans doute pas la connaitre. Et s’il venait de 2040… Et puis merde ! Fallait bien faire confiance de temps en temps, et puis il avait bel gueule.

Alors toujours avec un grand sourire, une main tendue vers l’autre, elle se présenta :

- Eva Ramirez Sanchez, première et sans doute dernière du nom. Mais vous pouvez m’appeler Evra.

- Eva Ramirez Sanchez, première et sans doute dernière du nom. Mais vous pouvez m’appeler Evra.

Ça tombe bien, je comptais pas t'appeler autre chose qu'Eva. Je n'aime pas la hiérarchie et je ne suis pas fan des prouts-prouts qui se font appeler par leurs quarante prénom pour faire croire qu'ils valent plus que les autres.

« Ravi de faire votre connaissance... Vous vouliez me dire quelque chose en particulier ou juste jubiler à propos de ma prise de bec d'il y a quelques minutes ? »

Pourquoi elle vient me parler ? Surtout pour remuer le couteau dans la plaie...

Soupir...

J'ai envie de m'en aller... L'ambiance ne parait pas si enjouée et je ne me sens pas à ma place. Envie d'être partout, mais partout ailleurs.

Cet homme n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler un gentleman. Au contraire, il avait des sales manières. Tout dans sa voix montrait qu’il n’avait aucune envie d’être en la compagnie d’Evra. Mais cela de découragea pas la jeune femme. Elle garda exprès un petit sourire pour bien lui montrer qu’elle n’en avait strictement rien à foutre de le déranger, et enchaina :

- J’espère bien vous déranger, sinon ce ne serait pas drôle. Et puis, faut-il forcément avoir une raison pour venir parler à un bel homme tel que vous ? Loin de moi l’idée de me foutre de vous. J’ai bien compris tout à l’heure que ce n’était pas la meilleure chose à faire tout à l’heure avec votre amie.

Elle mit la mèche de cheveux derrière l’oreille et découvrit les marques de griffure.

- J’avoue qu’en 2040 ce n’aurait pas été de simple plaies telles que celles-là qui m’aurait freinée, mais depuis qu’on m’a implanté cette merde – elle désigna furieusement sa nuque – ça ne me plait même plus de me moquer. Et je crois que cette maudite faille y est aussi pour quelque chose.

Elle fit une brève pause puis reprit :

- Ceci étant dit, n’en parlons plus. Ne sommes nous pas à une fêtes ? Alors amusons nous tant que nous le pouvons. Et décoincez vous un peu, ça ne vous ferait pas de mal…

D’un coup, la jeune femme perdit son sourire et tourna la tête en direction de la foule. Elle balaya la salle du regard comme si elle cherchait quelqu’un pour ensuite se retourner vers son interlocuteur. Elle fut soudainement troublée sans savoir exactement pourquoi. Mais cela ne dura pas.

- Vous voulez peut-être danser ? J’espère sincèrement que non parce que personnellement j’en n’ai pas envie.

Elle ne montrait plus aucune émotion mais au fond d’elle, quelque chose n’allait pas. Elle avait une drôle de sensation. Elle ne se sentait pas bien. Peut être couvrait-elle simplement quelque chose.

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Scène et zone de bal

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